@Eros K. Delrio | 05 Aout 2021 - Miami | 08h45 | Je ne me rappelle pas de tout. Juste de la douleur vive. Du sang expulsé en toussant. De moi, mes paumes sur mes genoux puis la main droite tenant mon flanc. Je ne comprends pas. J’étais juste parti faire un footing. Et puis je me suis vu tomber. Le reste, je ne saurais le dire. Je me vois courir dans ce couloir sombre. Ded touches de lumière montrant les visages des gens que j’aime. Un nouveau decor où la mort me les ote. Ce pere ne cessant de m’accabler. D’une mere me noyant dans ses larmes. De cette nuit volant mon innocence. Ce hurlement. Je me vois courir. Hurler. Pleurer. Je me vois.

Dans la realite, jeune homme de trente ans ramassé par une ambulance alerté par une passante. Jeune ayant perdu connaissance. Revenant a lui par intermittence. Secours se pressant. Examens détectant une commotion cérébrale due a la chute. Et une hémorragie qui se résorbé durant une opération. Des blessures mal soignées ou refermées sont également soignees. Des secouristes appelant les proches du tatoué. Ces numéros d’urgence. Lukas. Lana. Eros. Laurys. Les quatre appelés avant que le troisième annonce sa venue a l’hôpital.

Le verdict sera rendu a ce petit ami que le medecin saura plus tard : inflammation de la muqueuse de l’estomac. Autrement dit un ulcere a l’estomac. Un symptôme rapidement évoqué : le stress prolongé. Ainsi qu’un exces de prise de tabac autant qu’une consommation excessive en tout genre. Le medecin est sans appel, traitement pendant un mois et dix jours de repos.

Le tatoué entend. Mais ne reagit pas. Le corps encore lourd. La tete le faisant souffrir. Et le traitement l’endormant. Il ne sait pas s’il peut se réveiller pleinement. La réalité sera t elle pire ?

pour infos:

Je voyais le bout du tunnel, enfin. Deux semaines et demis loin de tout à me consacrer uniquement à cette foutus rééducation, retrouver peu à peu l’usage de ce corps qui avait tenté de se faire la mal plus d’une fois. Le corps médical avait été patient, certains avait même compris que mes angoisses prenaient souvent le dessus sur mon corps. J’avais tenue comme on me l’avait dit autours de moi, j’étais capable. C’est le 4 au soir que je suis sorti, Aaron débarquait en fin de journée. C’est à 19h00 que j’ai signé les papiers de sortit, taxis qui m’emmène jusqu’à l’aéroport attendre le jet de l'Ecossais qui devait atterrir dans quelques minutes. Sourire aux lèvres quand je l’aperçois c’est avec une simple béquille que je l’accueil, adieu fauteuil. Alors que je pensais qu’on allait se sauter dessus dès qu’on aurait mis un pied dans la chambre d’hôtel que j’avais loué, au lieu de ça on a discuté et c’est épuisé qu’on s'est endormis comme deux vieux.  

Rituel habituel de l’homme d’aller courir, me réveillé seul ne m’a pas surpris. L’intention d’aller à la salle de sport de l’hôtel, poursuivre les séances de musculation conseillée. Le téléphone qui sonne et la panique qui m’envahie. Je fixe le point d’ancrage, ne pas laisser le démon m’envahir. Me rendre à l’hôpital, se souvenir de respirer normalement. Le chercher du regard, me rendre devant la chambre et me concentrer sur ce que le médecin dit : Ulcère, commotion à cause de la chute, blessure mal soignée. Je n’enregistre pas tout, en panique, je veux le voir.  

Ce n’est pas grand-chose, ça se soigne, ce n’est rien. Phrase qui tourne en boucle dans ma tête, dû au stress. Il est allongé, même endormis il a les traits fatigués trop de stress. Les mains tremblent légèrement, l’esprits est perdus stress prolongé. Larme aux yeux, je m’installe sur le siège à côté de son lit, les yeux attirés par les machines. Je baisse le regard sur mon poignet, la gourmette, le tatouage plus haut. Point d’ancrage. Trop de stresse. Voix qui hurle dans ma tête. C’est ta faute Delrio.

Se reveiller enfin. Ouvrir les yeux. Odeur que je reconnais. Parfum que je hais. Je cligne plusieurs des yeux. Mal de crane infect. Je tente de me redresser. Je grimace de douleur. Réfléchir a comment m’enfuir de ce lieu cauchemardesque. J’ai déjà donné avec Eros. Et là, je me dis que je suis bien dans la merde. Était-il arrivé ? Tour d’horizon. Il etait là. Postré. « Pleure pas bebe, c’est rien » Je dis ca sans vraiment savoir ce que j’avais. « Aide moi a m’habiller, on rentre. » J’avais la nausée a être resté ici. Être enregistré dans un lieu public. Et cela signifiait que le pere K. le saura. Et je voulais pas entendre me faire la morale. Je veux bouger mais je me sens tellement lourd. « Dis rien a personne.. C’est rien. Rien du tout. » Ne pas paniquer. Exercice de respiration. « Je dois sortir » Me voir avec ces fils me donne l’impression d’être accroché et étranglé. « Appelle le medecin. Je veux rentrer » Tete de mule gronde.

Les yeux rivés sur la gourmette, les bips comme bruit de fond, je sursaute quand j’entends sa voix. Avant-bras qui passe devant les yeux pour essuyer les larmes qui avait coulés sans que je m’en rende vraiment compte. Sourire triste, jouer la comédie, ne pas être crédible. Déjà il commence à remuer, je m’en doutais. Main qui vient se poser sur son torse “Reste tranquille tu veux ! Le médecin va arriver” je devrais être rassuré de le voir râler de la sorte, pour autant ça ne me calme pas trop de stress. “Je n’ai rien dis à personne, mais ils avaient déjà appelé Lukas, Lana et Laurys quand je suis arrivé” j’ignore si je dois prévenir quelqu’un qu’il est réveillé, pour le moment je n’en ai pas très envie. Je me redresse sur la chaise, joue nerveusement avec mes doigts “Ils m'ont dit ulcère à l’estomac... trop de stress... de tabac qui n’a pas aidé... tu t’es cogné en tombant, commotion tu vas devoir rester en observation au moins cette nuit … et ils ont aussi parlé de blessure récente mal soigné...” ma voix tremble d’émotions, je n’ai pas envie de m’effondrer, je me retiens. Après tout, lui, ne s'est jamais effondré quand j’étais à l’hôpital. “Je... comment tu te sens ?”

« Comme un type coincé dans une prison qui sent la merde. Tu veux que je me sente comment là ? » Je gueule. Mais pas réellement contre lui. Mais contre moi-même. Ces putain de medecin avaient alerté tout le monde. Alors que ca m’insupporte. Ils allaient tous s’inquiéter inutilement. Je persiste et signe. Je souffle enervé par moi-même. « Excuse moi. J’ai juste mal au crane. Et au ventre. Mais ca va. Ecris aux autres que ca va. Je veux pas leur causer d’ennuis. » C’était ma priorité, rassurer tout ce petit monde. « Et toi ca va ? Ta cote ? »

"T’énerver ne va pas arranger la situation Aaron, t’a le droit de sortir contre avis médical si tu signe la décharge, mais si tu t’énerve comme ça t’a décharge tu peux te la foutre là où je pense.” Je hausse un peu le ton, parce que faire l’ours grincheux dans toutes les situations ne changeras rien dans ce cas précis, alors comme un enfant je le dispute. Il se calme légèrement et je tente de m’apaiser de mon côté je hoche la tête et sors mon téléphone un sms général à tout le monde “Je suis avec Aaron, il va bien ulcère à l’estomac, il vous appellera quand il se seras reposer” je montre le sms pour validation et appuie sur envoyer. “Tu sais, je ne pense pas qu’un simple sms va les calmer, y’a moyens qu’ils soient déjà en route.” je m’approche de lui, lui prend la main, même si ça ne lui plait pas, moi j’en ai besoin “Ce n’est pas eux qui sont dans un lit d’hôpital bébé, ne t’en fais pas ils vont bien” il s’inquiète pour moi, je roule des yeux. “La côte et mon corps en général vont bien.” je le regarde quelques secondes, baisse les yeux, calme ma respiration “Je suis désolé Aaron... t’aurais jamais dû te retrouver là...”

Pour info, pour le sms:

Colère. Culpabilité. Contrarié. Je soupire. Impuissant. Coincé. « Une nuit. Juste une. Et on part. C’est toi que je vais foutre au cul. » Si le médecin dit repos total, je le mords. Et ce scénario m’enerve davantage. On devait feter nos retrouvailles a froisser les draps durant une semaine. Mâchoires salement fermées. J’ose plus rien dire. Trentenaire qui boude. Je regarde quand meme le sms. Et je prie pour qu’aucun ne débarque. Je me recale sur mon oreiller. Derniere phrase de la moitié qui me fait rouler des yeux, jusqu’à Marseille. Et je realise que je dois me calmer, il allait faire une crise. « Faut croire qu’il me fallait un jour et une nuit de repos complet. Demain nos vacances commencent. » Je refuse qu’un truc a la con d’ulcère ne gâche tout. « Mais pour le moment, tu veux bien commander des burgers. Trois. S’il te plait. » Regard de chiot.

Sourire sur les lèvres “J’attendais que ça, mais à croire que ça ne te manque pas tant que ça” tenter de rire pour calmer le démon, calmer l’angoisse qui se serre dans ma gorge, assez en colère comme ça inutile que j’en rajoute une couche c’était prendre le risque de se prendre la tête pour rien. Jambe qui remue toute seule “Il fallait me le dire si tu voulais ton infirmière au gros sein toi aussi, je me serais arrangé pour que tu rencontres ma kiné” sourire en coin, jouer l’humour encore une fois alors que j’ai juste envie d’exploser. Je laisse le mal gronder à l’intérieur de moi, jusqu’à ce que j’implose d’une manière ou d’une autre. Je roule des yeux à sa demande “Je ne suis pas sûr que les burgers soient conseillés pour ton régime alimentaire” Je l’entends déjà grogner et je secoue la tête, je me lève “Calme toi schtroumpf grognon, je vais te les chercher y’en a un côté” je me lève, béquille dans la main droite et je me penche pour l’embrasse, chuchote “le faire dans un hôpital, c’est un de tes fantasmes ?” je souris et m'apprête à quitter la chambre

Regard noir quand il insinue que l’abstinence forcée me plaisait. C’est ce detail qui aurait pu foutre en l’air notre … relation. Et je ne prefere pas desserrer la mâchoire. Rictus en coin quand La Galere se tente a l’humour. Haussement d’épaules. « Sois mon kiné » Tentative de me priver de Burger.  Mais je les aurais quand meme. « On s’y mettra a bouffer des graines. » Retour du cul sur le tapis. Il veut ma mort.