Samedi 29 Mai - 23h00 - Concordia, Argentine

@Anders H. Wellington | Le myocarde bouleversé par une discussion. L’Ombre paniquée à rassurer. Discussion deviant sur un acte avorté. Moment où j’avais defailli. Tour de moto dans le désert à proximité. Journée off. L’epuisement de cette semaine est presente. Mais je me reposerais en rentrant. Tension palpable quand il etait venu nous rejoindre. Mais, soulagement, de ne pas me retrouver seul. Repousser ce que je n’arrivais pas à véritablement réaliser. Quand avions nous si facilement bousculé ? Desir meurtrissant mes songes. Il etait le tortionnaire de tant de cauchemars. Ces interdits luxueux. Une relation entre nous etait le signe d’une séparation. Les histoires de Prince tombant fou de son Garde, aucune royauté n’appréciait... Et l’idée de le perdre me broyait l’estomac. Des mots. Rien que des mots. Des mots encourageants l’imagination à outrepasser l’interdit. Des mots résonnant dans le crâne. Des regards. Des esquives. Des fuites. Et un soir autour d’un feu. Des chansons. Un repas copieux. Et puis le coucher. Nous deux dans la meme piece. Loin de nos hotes. L’intimité totale. Et pour une fois, la frayeur de me retrouver avec lui, seul, se rajoutait au couverture. Le corps et l’esprit désaxés, et je le comprends quand ma bouche s’anime sans mon accord. « Tu le pensais vraiment ce que tu as dit par message ? »

Allongé sur le dos, les bras sur le torse, les yeux rivés sur le plafond, je ne trouve pas le sommeil malgré la fatigue. Je suis tendu, clairement plus que raison, mais c'était presque devenu une seconde peau chez moi, quand j'avais accepté de devenir le garde du corps du Petit Prince, et pourtant, il y a bien des nuits pendant lesquelles ça ne m'avait pas empêché de trouver le sommeil. Seulement ce soir était différent, parce que je ressassais des choses qui n'auraient jamais dû être évoqué, des mots qui n'auraient jamais dû être prononcés, écrits. Une semaine d'intervalle entre ces deux soirées à me demander si tout ceci avait du sens, s'il y avait un tant soit peu de raison derrière ce comportement à la fois puéril et dangereux qui m'avait poussé à faire des avances à l'interdit. Des milliards d'hommes et de femmes sur Terre pouvant alimenter mes fantasmes jusqu'à la fin de mes jours et moi je jouais avec le feu, provoquant le seul que je ne pouvais avoir. Pourquoi ? Si la première fois, j'avais tenté de me persuader que tout cela n'était que provocation, pour me jouer et me venger un peu de lui, aujourd'hui, les choses avaient été bien différentes. J'avais pris le temps de réfléchir à mes mots, de les écrire, de temporiser suffisamment les choses pour avoir conscience de où elle pourrait nous mener. Et maintenant que j'étais bien engagé sur ce sentier interdit, je ne savais pas vraiment quoi faire.

Certes, cela ne restait que des mots, mais je ne pouvais nier leur impact, ni sur ma vie, ni sur celle du Prince. Et je ne pouvais encore moins nier les conséquences si ces mots se transformaient en actes. Incertitude qui empêche Morphée de me prendre dans ses bras, je me demande si ce voyage n'était pas une mauvaise idée. Si toute cette aventure qu'était Harvard ne l'était pas également. Après tout, un an, juste lui et moi, loin de la couronne… Quelqu'un devait bien s'attendre à ce que l'on fasse des conneries non ? Et pourtant, celle qui se dessinait semblait être la dernière imaginée. Aussi bien par lui que par moi, à en croire l'incertitude qui se cache derrière nos mots. « Oui... » Enfin, je crois… Je ne pouvais pas nier la proximité et l'intimité qui existait entre nous, encore moins la beauté de son être et la prestance qu'il dégageait, mais est ce que cela pouvait suffire à me faire abdiquer face aux règles forgées par mon contrat et mon esprit ? Possible. Après tout, s'il y en avait bien un qui pouvait me pousser à briser certains serments, c'était lui. Il n'était pas qu'un simple contrat. Il ne l'avait jamais été, même s'il refusait de le croire. Sang qui fuse dans mes veines, impulsivité qui nourrit mon être, je quitte mon lit pour venir me mettre à califourchon par-dessus lui, dans le sien. Il ne croyait jamais en mes mots. Peut-être que ça serait différent avec des gestes. « T'as dit que tu ne me repousserais pas cette fois... »

Encore une fois, il me prend de court. Cœur et ses triples looping. Comment pouvait-il venir sur moi aussi aisément ? Je le fixe. Couverture qui protège nos raisons. Respiration perdant sa tranquillité. Le fruit défendu. J’observe son visage. Ce regard fauve empli d’une excitation détermination. Un homme que je ne connais pas. Un homme qui faisait gonfler un désir cuisant. Je me redresse, le gardant dans sa position. Nos torses se frôlant. Je glisse mes mains le long de sa musculature. Comme si je découvrais une œuvre divine. Il était d’une puissante beauté. Mes mains se pose sur ses joues. Le dépassant légèrement. Je pose mon front contre le sien et ferme les yeux. « Tu ne réalises pas les tourments que tu provoques. Sexuellement. Émotionnellement. Non, tu ne sais pas. » Je soupire, las. « Je suis épuisé de te résister » De sauver sa peau. De le repousser. De lui eviter de perdre son emploi. J’ouvre les yeux. « Dis moi non A.. Dis moi que tu tiens plus a ton emploi qu’a me toucher. Rappelle moi que c’est mal. » Mais il est si dur de résister. Mes lèvres frôlent les siennes. « Dis le A., c’est impossible nous. Raisonne moi. » Ou nous allons plonger dans les abysses d’une relation inouïe.

Je ne sais pas pourquoi je me comporte ainsi, pourquoi je le provoque, espère que rien ne nous stoppera cette fois. Ni nos hôtes, ni nos compagnons de voyages qui couchent dans une autre pièce. Encore une fois, il n'y avait que lui et moi, et ça renversait la balance. Pas de rôle à tenir, de statut ou de rang à honorer, et c'est ce qui me permettait de redevenir un peu le gamin qu'il avait connu il y a dix ans. Qui s'était attaché à lui. Pas parce que c'était mon devoir ou ma mission, mais parce que j'en avais eu envie. Mais ce gamin avait grandi, et lui aussi, et désormais, certains aspects de notre relation avaient changé. Notamment en privé, lorsqu’on se permettait certaines taquineries, certaines questions ou commentaires intimes qui n’auraient jamais vu le jour si je m’étais contenté de faire mon boulot comme n’importe quel garde. Peut-être que le problème était là d’ailleurs. Je n’étais pas un simple garde, payé pour assurer sa sécurité. J’étais aussi son ami, et les sentiments que j’éprouvais pour lui, quel qu’ils soient, me poussaient aussi à m’inquiéter de son état, physique, mental et émotionnel, de ce qui pouvait le rendre heureux, le faire sourire. Innocemment. Mais consciemment. Parce que même si cette envie de franchir un cap dans notre intimité était récente, l’envie de le voir heureux, elle, ne datait pas d’hier. Même si lui n’y avait jamais cru.

Pourtant, là, je ne peux pas assurer que ce qu’il se passait le rendait heureux. Excité, sûrement, s’il était dans le même état que la dernière fois, mais heureux… Est-ce que c’était ce qu’il voulait ? Depuis quand ? Ca semblait tellement venir de nul part. Même mon propre comportement… Était-il possible de refouler un désir aussi puissant pendant si longtemps ? Parce que jusque là, je ne m’étais jamais posé de questions, je n’avais jamais vraiment pris conscience du désir qu’il faisait naître chez moi. Bien sûr, je l’avais toujours trouvé bel homme, comme beaucoup d’autres, pourtant, je ne me mettais pas soudainement à espérer les avoir dans mon lit. Alors pourquoi lui ? Pour braver l’interdit ? Possible. Parce qu’il y avait quelque chose de plus profond que je ne voulais bien l’admettre ? Possible également.

Aucune réponse claire au flux de pensées qui martèle mon cerveau et qui pourtant disparaît à la seconde même où ses mains se posent sur moi. Je le regarde se redresser, coller son front au mien, prononcer des mots qui lèvent un voile sur cet étrange comportement passif-agressif qu’il pouvait parfois avoir avec moi. Il luttait. « Ca n’a jamais été vrai Johan. Tu pourras penser aussi longtemps que tu le voudras que je suis du genre à faire passer mon boulot avant l’humain, ça ne le rendra pas vrai pour autant. » Ca ne l’avait jamais été. L’armée, sa désintox en était la preuve. Je préférais me prendre des droites ou me faire virer pour ce que j’estimais juste humainement plutôt que de courber naïvement l’échine. Peut-être que finalement, j’étais trop dissident pour ce genre de job. Ses lèvres au bord des miennes, je sais qu’il ne me suffirait que de quelques petits centimètres pour les capturer, mais je ne bouge pas. Pas encore. « Depuis combien de temps tu fantasmes sur nous Johan ? » L’heure n’était sûrement plus aux questions, mais je voulais savoir depuis quand l’idée avait vu le jour dans sa tête, depuis quand il m’en faisait baver tout en espérant secrètement ce moment.

J’entends Wilde hurler dans sa tombe face à nos tergiversations. Mais malgré l’enfer que je lui faisais vivre, je tenais a lui. J’ai hurlé son nom tant de fois. Annee de soins loin de lui, le coeur s’est fissuré. Depuis, je ne lui pardonne pas. Depuis, je le tiens a distance. Je ris. Je rale. Mais je le veux. Là est tout le problème. Un desir qui se mue en un sentiment bien plus noble. Là est tout le problème. Question qui tombe, a contrario de me faire engueuler. Je soupire. « Quand tu es devenu mon meilleur ami. Quand Elise m’a craché cette vérité a la gueule. Le coeur battant pour deux etres. Elle a accepté, ce que je nie encore maintenant. » Vérité tombant. Orbes fuyants. Non, je n’assumais pas de ressentir haine et amour pour son etre. Dualité des sentiments que je ne savais pas toujours gerer. La jalousie qu’il avait provoqué sans le savoir. La luxure qui s’était éveillée a notre repas d’anniversaire. Mes mains glissent le long de son corps et se nichent au creux de ses reins. « Et toi ? »

Je m’attendais à de nombreuses réponses de sa part, notamment aux pires, consistant à briser les récents espoirs qui naissaient en moi ou bien à me ridiculiser, surtout après l’année qu’il m’avait fait subir. Beaucoup de stress, de rejet, quelques petits moments de complicité, c’est vrai, mais toujours entaché par un reproche, le même reproche que je ne digérais plus. Le même reproche qui prenait un tout autre sens face à ses révélations qui me laissent sans voix. Je n’aurais jamais cru ça de lui. Pas à cette époque en tout cas. Ni même maintenant en réalité. Vraiment, s’il m’avait à nouveau repoussé en prétextant une blague ou autre, je n’aurais pas été surpris. Ce qui me surprenait par contre, c’est que ce désir n’était pas juste une lubie qu’il se découvrait soudainement par manque ou par envie de jouer avec le feu. C’était quelque chose de plus profond, plus ancré en lui que tout ce que je pouvais imaginer. Il l’avait nié pendant des années, continuait de le faire et je comprends mieux pourquoi il était las de lutter. D’autant plus que je ne l’avais pas vraiment aidé ces derniers temps. Mais j’étais si loin d’imaginer cela, que mes provocations, mes sous entendus puissent avoir le moindre effet sur lui.

Ses mains continuent de glisser le long de mon corps, sans se faire trop osées pour le moment. Le ferait-il si je continuais à l'entraîner sur cette voie, si je continuais à abattre les murs qu’il avait bâti entre nous ? La question m’est retournée, le silence se fait, le temps de la réflexion. « Quand on m’a demandé d’être ton garde du corps, je savais qu’il y avait déjà quelque chose de fort entre nous. » Autrement, je n’aurais jamais accepté le poste. Quand bien même j’avais toujours ce besoin d’adrénaline et était bon combattant, je n’aurais jamais accepté cette responsabilité et ce danger pour un inconnu. C’est parce que c’était sur lui qu’il fallait veiller que j’avais dit oui. « Mais j’ai eu la sensation de te découvrir cette année. Ou du moins, te redécouvrir. T’as attisé ma curiosité, à bien des niveaux, doucement, mais sûrement. » Ce n’était pas seulement physique, car j’avais su apprécier pleinement sa beauté seulement quelques années après la majorité, mais c’était cette année que j’avais voulu en apprendre plus sur l’homme qu’il était devenu, en dehors de son rang et de son statut. Quelque part, je voulais connaître cet homme que tout un royaume s’était efforcé de cacher. Je voulais connaître toutes les facettes de sa personnalité, que ce soit beau à voir ou non. Et je suppose que vouloir le découvrir intimement faisait partie de ces choses qu’il me restait à découvrir de lui. Mais je ne pouvais pas être le seul à en décider. « Est ce que tu veux toujours lutter ? »

Je l’écoute attentivement. Des questions se bousculent. Plus brutales les unes que les autres. Mais ... L’esprit brumeux et tempetueux m’empêche d’user du verbe a bon escient. Question qui tombe. Mes orbes dans les siens. Etreinte qui se resserre. Frayeur grandissante, éliminant des certitudes. « Je veux plus te perdre A. C’est aussi douloureux que de vivre sans Elise. Ca m’ecorche d’etre loin ... de toi. Tout comme ... » Je déglutis difficilement. Reparler de ce qui fache. Serrer encore plus mon etreinte. « cette annee de soins sans toi. Comme un mauvais film murmurant un disclaimer. Il tourne en boucle. Me rappeler que tu ne peux rien faire contre des murs. » C’est, malheureux tout ce que je retiens, douloureusement : son absence. « Je ... Pas ta faute... Mais je veux .. Toi autant ... Que je fuis... Te repousser fait aussi mal que bien ... Tu paies ce que tu n’as jamais provoqué » Là etait tout le problème. Il n’y est pour rien. Et je l’accepte pas. « J’ai un David qui ne peut rien contre Goliath. Et j’accepte pas. » Je secoue la tete, peiné. Le silence se fait. Question raisonne dans l’esprit. « Suis exténué de lutter »

Chaque mot qu’il prononce sonne comme une révélation. J’étais à mille lieux d’imaginer tout cela, cette confession. Ca semblait si improbable, si illusoire. Comme si tout ceci n’était qu’un rêve. Comme si je n’avais jamais quitté mon lit et que j’allais soudainement ouvrir les yeux et m’y retrouver, retrouvant par la même occasion cette relation sinueuse qui est la nôtre. Mais le rêve ne s’arrête pas. Il continue de parler, je continue de sentir son parfum, la chaleur de sa peau, je peux entendre le bruit du vent à l'extérieur, le tic tac d’une montre brisant le silence entre nous. Tout est bien réel, trop précis pour que mon esprit puisse l’imaginer à lui seul. Ce n’était pas le genre de chose dont j’étais capable. Mes rêves à moi étaient bien plus chaotiques.

La peine dans sa voix est facilement identifiable, lorsqu’il mentionne la douleur qu’il a éprouvé à ne pas m’avoir vu franchir cette putain de porte plus souvent. Je n’avais jamais douté des difficultés auxquelles il avait dû faire face à ce moment-là, mais j’avais je n’avais jamais eut conscience de la réelle détresse dans laquelle il s’était retrouvé à cause de moi, même si j’avais fait tout mon possible pour changer ça, pour qu’il ne soit pas seul, qu’il puisse avoir un peu de compagnie. Main qui se lève pour venir se poser sur son visage, je viens doucement caresser sa joue. « Je suis navré Johan. J’ai essayé, je te le jure, mais personne n’a voulu m’entendre. » C’était mon échec, ma faute, j’avais merdé, échoué dans ma mission, et mes antécédents n’avaient pas joué en ma faveur. Une erreur que j’allais payer longtemps, pas seulement avec lui, mais aussi avec la couronne ou moi-même.

Son esprit semble tellement déchiré, ce que je n’aurais jamais cru possible. Une dualité marquée dans ce qu’il éprouvait pour moi et dont je prenais seulement conscience avec l’espoir de l’apaiser un peu. « Ne lutte plus alors Johan. » Nager à contre-courant ne lui apporterait rien, ne nous apporterait rien. Il ne ferait que se flageller psychologiquement et le savoir dans une telle souffrance ne me ferait pas plus de bien. « Je peux t’aider Johan. T’aider à ne plus lutter. » Je n’avais toujours voulu que son bien, son bonheur, le voir épanoui, et c’est pour cela que je l’avais accompagné jusqu’à Boston, pour le voir réussir dans sa quête du bonheur. Mais ce soir, il lui manquait quelque chose pour l’aider à avancer dans cette quête, quelque chose que moi seul pouvait lui offrir. Doucement, je fais disparaître la distance qu’il restait entre nos deux visages, venant déposer tendrement mes lèvres sur les siennes.

La Tentation perdure. Elle n'a jamais été aussi près. Aussi dangereux autant que les risques encourus. Céder c'st le faire virer. Et je ne l'oubliais pas. Est-ce que le voir uniquement comme un ami sera plus supportable ? Je doute que la Couronne accepte qu'il reste à mes côtés. Non, ils y verraient une trahison, la mauvaise influence. Celui qui se fout d'eux. Mais .. C'est bien au creux de mes reins que le désir pour sa personne se matérialise. C'est lui que je veux. Ardemment. Lui qui me rend si fébrile. Si grumpy quand la réalité de ses obligations tabassent mes fantasmes. J'aimerais lui demander comment pouvait-il m'aider sans risquer de le perdre ? Sans subir son absence ? Mais l'heure n'est plus aux questions visiblement. Plus de distance. Baiser qui se mue en plus langoureux. Râle rauque qui m'échappe. Vision flou. Les barrières s'étiolent. Mains avides de le découvrir autrement, je me saisis de son haut pour le jeter au loin. Le serrer davantage contre moi. Le cœur prêt à exploser. Est-ce véritablement ce que tu le veux véritablement ? Tu es conscient que .. Je ne saurais pas me comporter comme le simple Prince par la suite ? Non, c'était bien trop me demander. Je ne pourrais faire semblant en privé. Me retenir de l'approcher. De l'aimer. Non, l'exercice sera raté.

Douceur d’un baiser qui semble suspendre le temps. Première fois que je goûte à ses lèvres, que l’on se laisse aller à cette intimité lui et moi, et rapidement, le désir gagne encore plus de terrain. Ce contact tendre se mue en un baiser plus langoureux, plus passionné. Ce n’est plus seulement mes lèvres qui le découvrent, mais aussi ma langue, curieuse de rencontrer sa jumelle. A croire que l’on avait longtemps refoulé quelque chose lui et moi. Le souffle court, nos lèvres se séparent pour nous permettre de respirer. Pourtant, la distance entre nous reste moindre, car je ne bouge pas. Frisson qui me parcourt lorsqu’il commence à remonter mon t-shirt, je me décolle que très légèrement de lui, seulement pour lui permettre de passer le tissu au-dessus de ma tête. Corps à moitié nu qui se colle au sien, je regrette de ne pas encore pouvoir sentir sa peau contre la mienne, même si je peux d’ores et déjà sentir la chaleur qui le dévore. Mon front revient se coller au sien, permettant à mon regard de s’ancrer dans le sien sans qu’il ait la possibilité de le fuir. « Parce que tu crois que je sais me comporter en simple garde du corps ? » Sans même qu’il soit question de cette intimité entre nous, de ce désir, notre relation ne s’était jamais limitée à quelque chose de professionnel. Il était mon ami avant d’être ma mission, et bien sûr, cela s’était ressenti de nombreuses fois. La familiarité que l’on se permettait, les plaisanteries, voir les libertés que je lui laissais parfois, aucun autre garde du corps se serait permis cela. Moi je le fais parce qu’il était avant tout mon ami. Nos statuts étaient publics, c’était un fait, mais quand on était tous les deux, pour moi, on était simplement Johan et Anders. Je me redresse, à la limite de rompre tout contact avec lui pour repousser la couverture qui était restée comme une barrière entre nous avant de reprendre ma position initiale, cette fois, son corps contre le mien, mes mains venant trouver refuge sur son torse, sous son haut. « Soit toi Johan. Pas le Prince, toi. » Mots que je souffle pour l’encourager à ne plus se forcer de jouer au Prince parfait que tout le monde espérait qu’il soit. Moi, je l’appréciais tel qu’il était réellement.