Devant la maison de couture collaborative – dont il faudrait absolument trouver un nom plus court, comme la Factory mais c’était déjà prit – Suzy patiente, regarde autour d’elle. A intervalles réguliers, elle zieute l’heure sur son téléphone. Elle vérifie quand même l’heure, effectue un rapide calcul pour être sûre qu’elle a raison de râler, que le quart d’heure promis était un leurre, un mensonge, une facétie. A chaque personne qui s’approche d’elle, elle espère reconnaître Johan, même lorsque le passant ne ressemble en aucuns points au danois. Mais après vingt minutes – donc cinq interminables, telles des heures – elle aperçoit la tignasse de @Johan de Monpezat s’approcher. « Bonjour. T’es en retard. » lança-t-un sourire en coin. « J’sais pas comment tu fais pour gérer cet endroit si tu ne sais même pas gérer ton réveil » pouffe-t-elle, joueuse. Elle avait rencontré Johan ici, en mettant les pieds dans cette maison collaborative. Rapidement amoureuse de l’endroit, elle y venait de plus en plus à tel point que d’ici quelques mois, elle fera partie des meubles.

Notre maison, mon havre de paix. Reve de créateurs esperant user de sa monnaie pour donner l’impulsion aux artistes du meme accabit. Au dela d’être célèbre pour mes créations, je veux etre connu comme celui qui aide. Que chacun puisse se concentrer sur son talent. Certains venaient un jour tandis que d’autres étaient présents depuis la création de la maison. Endroit avec des puits de lumiere. Lieu au chaos artistique. Et nous avions super residente pleine de peps. Suzy. Multicolore dont la créativité me fascine et qui va surtout m’engueuler parce que je suis en retard. Et ca ne manque pas quand je fais d’être essoufflé. J’ai pas courru une seule fois. Je lui tire la langue. « La notion de temps est abstraite pour les artistes que nous sommes. » Sauf pour les dates butoires. J’entre le code de la première porte pour la porte coulissante avec une clé normale. Sécurité oblige pour preserver la propriété intellectuelle de nous tous. Je jette mon manteau sur le canapé de ce qui peut ressembler au salon offrant une vue sur un parc fleuri. Visible de l’intérieur mais de l’extérieur, personne ne peut voir. Il y a que de grands panneaux publicitaires avec qui j’ai un contrat. Location dont les ressources financieres aident à entretenir les murs. Enfin .. Goutte sur mon epaule quand je me dirige vers le frigo. Une seconde. Je releve la tete pour y voir une fissure tachetee. « Je crois qu’on va vite devoir appeler. On a une infiltration. » Je soupire.

La jeune femme croisa les bras en le regardant s’approcher. « Ouais … » peu convaincue par son excuse, elle qui détestait tant attendre. A l’intérieur, elle imita Johan en laissant sa veste sur un canapé, avant de s’affaler dans un autre, laissant le cuir du canapé épouser la forme de son corps. « Mais avant de te prendre pour Einstein à vouloir révolutionner la conception du temps, essaies au moins d’être à l’heure, lui au moins devait être ponctuel » qu’elle se met à pouffer en dégainant son téléphone. Au fond, maintenant qu’ils étaient là, elle se fichait bien qu’il ait pu la faire attendre cinq ou dix minutes. Mais Suzy était joueuse, et elle aimait s’inventer des histoires là où il n’y en avait pas. Aux mots de Johan, elle lève la tête, fixant le plafond d’un regard presque bovin. « Ah là, faut … tout changer » se risqua-t-elle, totalement inculte en la matière. « Enfin j’en sais rien. Tu penses que c’est « grave » ? que ça peut couvrir une plus grande zone ? » . Elle grimaça à l’idée que l’infiltration puisse avoir fait plus de dégâts, puis se leva. Elle s’approcha de la tâche, comme si mieux voir lui apporterait des réponses. Ploc. Une goûte contre son avant bras.« J’espère que ça n’a pas affecté de l’électrique, ou du matos » .

J'allais répliquer sur le fait qu'Einstein et son incroyable Q.I devaient absolument pas être à l'heure. Mais nous avions un problème bien plus conséquent. Et ça me fait râler en danois, très fortement. Suzy questionne et je hausse les épaules. Je voyais surtout des semaines à devoir fermer par sécurité. Mais aussi impacter les artistes dont nous deux. J'espère que ce n'est que minime. Je me mords les lèvres, pour ne pas pester plus encore. Regarde les autres pièces et prends des tas de photos. Je vais appeler l'assurance pour qu'ils règlent ça rapidement. Je grimpe à l'étage, pour m'assurer qu'on ne perd rien. Je passe une main dans mes cheveux, tout en soufflant. Je prends en photo le plafond et grimpe à l'étage. J'entre dans les cinq pièces et découvre un robinet coulant à petit jet. Je vais étrangler qui ? Je referme le robinet. Et découvre un trou non loin. Ceci explique cela. Je ne saurais évaluer l'ampleur des dégâts. Je fais le reste des lieux. Rassuré, l'eau s'est éparpillé qu'à deux endroits. je retourne vers Suzy. Bon, y'a que la pièce principale et celle du dessus. Un robinet oublié. Heureusement pas à grande eau. Donc, je suppose qu'on pourra toujours travailler mais pas de pièces pour se détendre. Désolé. On peut toujours s'atteler à la tâche pour se changer les idées.

Sans un mot, la blonde se leva, téléphone en main. A chacune des pièces qu’elle traversait, elle mitraillait l’endroit de photos. Dans une autre vie, elle aurait pu être paparazzi tant elle avait le geste facile. « Quelques tâches mais rien de vraiment grave là où je suis allée » dit-elle avant d’hocher la tête lorsqu’il lui répondit. « si les dégâts sont minimes, ça va alors » , fit-elle pour elle-même, comme si elle cherchait à se rassurer. Parce que la blonde tenait à cet endroit et ne voudrait pas avoir à s’en passer à cause d’un simple oubli de robinet.

« Ouais si tu veux » . Elle fouilla dans l’un des tiroirs pour en sortir deux bombes de peinture. Elle en tendu une à Johan, puis attendit qu’il pose la planche sur laquelle ils allaient graffer. « T’as une idée de quand l’assureur pourra se déplacer ? » . Elle débouchonna sa bombe de peinture, fixant la planche, circonspecte. Par où allait-elle commencer ?

Contrarié, je l'étais mais je ne montrais rien. J'étais habitué aux imprévues. Tout se résout forcément. Mais ce dégât touchait pas uniquement moi, mais tous les résidents de La Maison. Et c'était pour eux que je l'étais. De ne pas pouvoir leur offrir un endroit safe. Mais bon, j'allais rapidement régler tout cela, quitte à changer d'endroit. J'attrape la bombe, et fixe la planche. Sans véritablement savoir quoi faire et pourtant, je la secouais. Puis je redresse la tête quand la question tombe. Je vais récupérer les photos que tu as fait, créer un litige sur le site de l'assurance et j'espère qu'il sera là après demain, grand maximum. Était-ce un vœu pieu ? Je regarde autour de nous. En faite, savoir qu'on perd une pièce m'oppresse. Tu veux pas qu'on déménage ? On prend plus grand et pour plus de monde ? Ca serait quoi ton lieu idéal ?