Les examens de fin d'année approchent et tu es prête, on ne peut pas dire le contraire. Malgré tout, tu passes toujours la plupart de ton temps la tête dans les bouquins. Lorsque tu ne te trouves pas au Drink en train de servir des verres ou au centre communautaire Darnell à donner un coup de main à DeSean, tu es à la bibliothèque ou chez toi en train de réviser tes cours parce que tu es une stressée de la vie. Il faut dire que si certains ont les moyens de perdre leur bourse ou de se faire financer une nouvelle année par leurs parents, ce n'est pas ton cas. Tu as failli arrêté à plusieurs reprises car les fin de mois sont parfois -et souvent- difficiles. Tu veux offrir ce qu'il y a de meilleur à ton frère et tu te dis qu'en réussissant médecine, tu auras les moyens de changer d'appartement, d'investir dans quelque chose de plus grand tout en gardant vos dernières économies au cas où. Tu as vu tes parents se défonçaient au travail et ton père redoubler d'imagination pour joindre les deux bouts et pouvoir payer un traitement à maman. Ce n'est pas pour imaginer le pire mais, si Isaiah devait être atteint de la même maladie, tu souhaites garder un tant soit peu d'argent pour pouvoir aboutir à une guérison totale. Et puis, ça te permet aussi de rendre hommage à tes parents, de leur prouver qu'ils n'ont pas bosser dur pour rien. Tu veux que de là-haut, ils soient fiers de toi. Tu ne peux donc pas te permettre de jouer avec le feu. Quand tu as perdu ton job en tant que libraire, t'as voulu arrêté les études pour trouver un job qui payait plus. T'as longtemps scruté les petites annonces sans trouver la pépite. Il fallait toujours de l'expérience ou un certain diplôme. Tu as beau avoir fait pas mal de petit job dans la vie, rien ne te permettait vraiment d'obtenir une bonne place dans la société. Au lieu de ça, t'es tombé sur Wesley qui t'a orienté vers Liam. Aujourd'hui, t'es plus que ravie de pouvoir associer tes études à ton job de serveuse.

Tu sors donc de l'université, prends directement la direction de l'appartement pour manger rapidement quelque chose, prendre une douche et avoir le temps de réviser encore un peu avant ton service. Fiches coincées entre les pages de ton bouquin de pathologies, tu lèves à peine la tête pour appuyer sur le bouton de l'ascenseur. Lorsque tu pénètres à l'intérieur, tu manques de te manger la porte, trop discrète pour voir qu'elle n'était pas encore complètement ouverte. Déjà là, si t'étais été plus attentive, t'aurais bien vu que le bordel, il commençait à faiblir ! Mais bref, passons. Tu appuies sur le quatrième étage et attends patiemment que les portes se referment quand une voix se fait entendre. Toujours la yeux rivés sur ton livre, tu termines ta phrase tout en plaçant le pied entre les portes pour maintenir l'ascenseur ouvert. Lorsque tu relèves la tête, c'est pour adresser un faible sourire à ton voisin, Gaël. Tu ne lui adresses pas la porte pour autant. T'as toujours peur que sa folle de petite-amie vous observe et qu'elle se mette à aboyer, comme à son habitude. Tu n'aimes pas dire que les gens sont cinglés mais elle, elle a un véritable problème psychologique et de l'aide lui ferait le plus grand bien. Soit, ce ne sont pas tes affaires. Tu replonges dans ta lecture quand une petite secousse se fait ressentir, suivi des paroles peu rassurantes de Gael, en panique. D'abord, tu lèves la tête vers lui. Tu l'observes en silence jusqu'à le voir s'énerver contre les touches de l'ascenseur alors, tu poses délicatement ta main sur son épaule. Hey, je crois pas que ça va nous aider... Si tu casses tout, on restera coincés encore plus longtemps... T'as l'impression de l'avoir sorti de sa transe ou de ses pensées et là, tu croises les doigts pour qu'il ne soit pas claustrophobe. Tu te déplaces un peu pour analyser le tableau, voir s'il n'y a pas un bouton d'urgence. Peut-être que t'aurais du choisir un appartement sans ascenseur ou moins déglingué que celui-ci... mais bon, c'était le seul qui était disponible et qui rentrait dans le budget à l'époque !

@Gael J. Dinkley merci de l'avoir commencé

Aucun bouton ne semble réagir, ce qui n’annonce rien de bon, et pourtant, je ne peux m’empêcher d’essayer, de recommencer plusieurs fois, parfois en le pressant qu’un dixième de seconde, d’autres fois en le maintenant enfoncé plusieurs secondes. Sentiment d’angoisse qui se manifeste en moi, je commence à trembler, à éprouver des difficultés à maintenir ma respiration régulière. Je n’étais pas spécialement claustrophobe, mais ce genre d’incident, c’était de trop, accumulé à ce que j’avais déjà enduré ces derniers jours. Comme si on me punissait… Ce qui n’était peut-être pas si absurde que cela. Après tout, j’avais commis le péché par la chair, l’adultère, et Dieu était en droit de me punir, mais savoir cela ne rendait pas le supplice plus supportable. Au contraire, je ne pouvais cesser de m’interroger, de me demander à quelles épreuves je devrais encore faire face pour expier mes péchés. Certainement de nombreuses autres, puisqu’une part de moi ne regrettait rien de cette nuit-là, d’avoir cédé à la curiosité, la facilité. Et tant que je n’aurais pas été me confesser pour cela, rien ne me serait pardonné.

Humain pensant pouvoir contrecarrer les décisions divines, je continue d'appuyer sur le bouton pour ouvrir les portes jusqu'à ce qu'une main me stoppe. Les yeux au bord des larmes, je regarde la jeune femme, coincée avec moi avant de laisser tomber mon bras le long de mon corps. Elle avait raison, ça ne servait à rien… Je me recule pour me laisser tomber le long de la paroi du fond, ramenant mes jambes contre moi, le front contre les genoux.C'était trop pour moi, ce stress, cette angoisse. Je voulais juste retourner en sécurité, dans mon lit.

La situation n'avait rien de celles que l'on pouvait voir dans les films. Les boutons d'urgences semblaient hors service, il n'y avait pas de trappe au plafond, et je suis sûr que les portes ne pourraient pas s'ouvrir à la main. C’était glauque, effrayant, angoissant. Dans un élan de lucidité, je pense quand même à regarder mon téléphone. Le réseau ne passe pas suffisamment pour me laisser la chance de passer le moindre coup de fil, ou d’envoyer un message. Je le laisse tomber sur le sol, reposant ma tête contre mes genoux. « J’ai pas de réseau. » Je murmure ces mots doucement, constat amer qui me fait réaliser que j’allais peut-être rester ici pendant des heures avant que quelqu’un ne se rende compte que l'ascenseur était bloqué, et nous à l’intérieur. Je relève légèrement la tête vers Charlize, les yeux humides, espérant qu’elle aurait plus de chance que moi. Éventuellement. « Toi ? » De tout mon cœur, j’espère un oui, un espoir de me dire que cela ne durera pas des heures.

Malgré l'heure avancée de la journée, il te reste encore un paquet de choses à faire. Ca a toujours été ainsi. Tes journées n'en finissent plus. Il y a les études, les stages, le bénévolat à l'hôpital, le boulot, le centre dorénavant. D'abord, tu avais des horaires de jours à la librairie et, c'était intéressant parce que quand il n'y avait pas de clients, tu pouvais réviser discrètement derrière le bureau jusqu'à ce que la clochette retentisse. Mais il est vrai que les derniers jours, ce bruit était de moins en moins fréquent et au fil du temps, la boutique a du fermé. Tu ne pouvais tout bonnement pas resté sans job. T'as un peu galéré avant de Wesley te conseille de postuler au Drink. T'as tellement ramé à trouver un job étudiant que t'étais prête à arrêter les études pour pouvoir joindre les deux bouts et payer les factures. Ces deux-trois mois sans taff ont suffi à faire baisser les économies alors, autant dire que tu te rattrapes aujourd'hui.

Tu ne peux pas te perdre t'arriver en retard au Drink et c'est bien pour ça que tu optimises ton temps. En rentrant chez toi pour te changer, prendre une douche et grignoter un petit truc, tu révises pour les derniers examens. C'était sans compter sur le capricieux ascenseur qui faisait de nouveau des siennes. Avec ta maladresse légendaire, tu t'es dit que tu serais capable de te casser une jambe dans les escaliers avec ton bouquin alors, t'as opté pour la seconde option. C'est pas super convainquant puisque toi et ton charmant voisin bordélique, vous vous retrouvez coincés. Tu ne remarques pas tout de suite jusqu'à ce que tu entendes le bruit des boutons. Il appuie partout alors, tu refermes ton bouquin pour lui demander d'arrêter. Tu n'as pas spécialement envie de rester quatre heures ici !

Il s'arrête, attrape son portable pour regarder l'écran. Tu patientes en essayant de relativiser. Tu respires profondément pour ne pas juger. Tu peux peux pas être en retard au travail, tu viens à peine de commencer !il s'installe à même le sol en précisant qu'il n'a pas de réseau. Tu te bouffes l'intérieur de la joue. Et merde ! Tu le penses si fort que tu te dis qu'il l'a peut-être entendu. Pour ta part, inutile de sortir ton portable du sac... J'ai plus de batterie depuis quatorze heures... Il doit te maudire. Déjà que tu es certaine qu'il ne t'apprécie pas grandement là, il doit te détester davantage. Tu n'es plus seulement la voisine casse couille qui révise en permanence, celle qu'on dévisage dans les couloirs parce qu'elle a osé venir toquer une ou deux fois pour qu'il baisse le volume sonore maintenant, tu sais aussi la voisine inutile ! La palme d'or de la pire demoiselle de l'immeuble doit surement te revenir et s'il ne le pense pas, sa copine aurait déjà émis cette conclusion depuis bien longtemps. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? @Gael J. Dinkley

C’est avec amertume que je constate qu’aucun bouton ne semble vouloir refonctionner. Seul celui de notre étage était resté allumé, comme pour nous narguer de cet objectif que l’on ne pourrait pas atteindre. En tout cas, pas dans l’immédiat. Le reste des boutons, eux, sont éteints, et j’ai beau appuyer dessus, ils le restent, comme si l’ascenseur s’était figé dans le temps. Visiblement ce n’est pas le système électrique qui est tombé en panne, puisque les lumières fonctionnent toujours - Dieu merci - mais juste un problème technique lié à l’ascenseur. Un problème qu’on ne pouvait pas résoudre d’ici, ni moi, ni ma voisine, puisqu’aucun de nous deux semblait avoir de quelconques compétences dans le domaine. Et même si nous en avions eu, il aurait certainement fallu être à l’extérieur pour pouvoir faire quelque chose, puisque d’un regard autour de nous, je remarque qu’il n’y a aucun tableau électrique, aucune manivelle ou quoique ce soit d’autre à porté de nous que nous pourrions trafiquer. Ce que je n’aurais surement pas fait malgré tout, vu comment la malchance semblait décidée à me punir ces derniers jours.

Pour preuve, ce réseau téléphonique inexistant, et cette batterie déchargée qui nous empêchent de contacter le monde extérieur. N’importe qui aurait pu faire l’affaire, simplement pour prévenir que l’on était coincé à l’intérieur et qu’il fallait nous libérer. N’importe quelle voix m’aurait paru rassurante à cet instant. Ma tête revient se poser sur mes genoux lorsque l’espoir d’appeler quelqu’un s’envole. Je ne pouvais même pas le reprocher à la jeune femme, après tout, je suis persuadé que tout cela a pour but de me punir tant que je n’aurais pas expié ma faute, tant que je n’aurais pas cherché à me confesser pour demander pardon. Ca ne pouvait pas en être autrement pour que le sort s’acharne de la sorte. Et je me sens encore plus coupable que j’imposais cette punition à d’autres. Si je n’étais pas monté dans cet ascenseur, surement que la jeune femme ne se serait pas retrouvée bloquée ici.

Ma tête se tourne légèrement, me laissant l’observer du coin de l’oeil. Elle a l’air bien plus sereine que moi, qui suis à deux doigts de pleurer. Ce que je me retiens de faire, pour ne pas paraitre plus stupide qu’elle ne le pense surement déjà. « Peut-être que si on criait, quelqu’un nous entendrait ? » Elle va surement penser que je n’étais bon qu’à ça, que c’était ma façon de régler tous mes problèmes, alors que j’étais pourtant si épuisé par les cris et les disputes… Mais on ne pouvait pas rester enfermé pendant des heures ici, ce n’était pas possible, je ne pourrais pas le supporter. « Ou tu as une autre idée ? »

On ne peut pas dire que l'immeuble date d'hier. Les soucis d'ascenseur, ça fait plus de cinq ans que tu les subis. D'habitude, c'est un petit beug qui dure quelques secondes, comme si la cage était fatiguée et décidait de faire une petite pause pour ensuite, continuer sa course jusqu'à l'étape demandé. Seulement, aujourd'hui, ça semble plus compliqué que prévu et c'est forcément l'un de ces moments dans lesquels tu as énormément de choses à faire qu'il faut que ça se produise. Tu ne sais pas si c'est un coup du destin ou si c'est la persistance de ton voisin à cliquer sur tous les boutons mais, rien ne se produit et la panique envahit rapidement le jeune homme tandis, que tu essaies de garder ton calme. Tu laisses ton regard parcourir les murs, comme si une réponse évidente pouvait y être inscrite. Tu n'y trouves rien d'intéressant. Problème de réseau pour le jeune homme, plus de batterie de ton côté, vous êtes voués à rester coincés ici un petit moment, en tête à tête. On ne peut pas dire que vous soyez les meilleurs amis du monde. Lui, préférant baisser les yeux lorsqu'il te croise. Toi, qui toques régulièrement pour faire cesser le bruit. Tu te dis que ça pourrait peut-être mieux, t'aurais pu te trouver avec un voisin plus chaleureux. Tu te dis que ça pourrait également être pire, tu pourrais être accompagnée de sa petite-amie. Pour le coup, t'es certaine que les choses se seraient envenimées depuis longtemps. Il s'installe à même le sol et tu le regardes faire avant de poser les yeux sur ton livre toujours fermé. Tu le fixes en cherchant désespérément une solution, priant secrètement pour que l'ascenseur refonctionne, comme par magie. Tu te dis que ça ne sert à rien ni de s'énerver, ni de paniquer. Tant pis, tu seras en retard au boulot. Ce qui te dérange le plus, c'est de ne pas pouvoir prévoir Liam. Il t'offre un poste et toi, t'arrives à lui faire faux bon quelques jours plus tard. Ca fout mal ! Tu croises les doigts pour qu'il ne pense pas à te virer. T'as réellement besoin de ce travail, de cet argent pour continuer les études, pour payer le loyer, les factures... Le jeune homme se coupe dans tes pensées. Tu pivotes la tête dans sa direction. Crier. Oui ça au moins, tu sais qu'il sait le faire. Lui et sa copine. Ils sont doués dans le domaine. S'il arrive à te sortir de tes lectures, même les écouteurs dans les oreilles, tu te dis que quelqu'un entendra bien cette voix de ténor. Pour ta part, c'est autre chose. T'es beaucoup plus discrète. Crier n'est pas dans tes habitudes mais pour la cause, tu peux te faire violence. Mh... Bah... On peut toujours essayer ?! Que tu en conclues en haussant les épaules. Mais crier quoi ? Au secours ? A l'aide ? Il y a quelqu'un ? Ouais, ça serait pas mal Charlize ! Pourtant, tu restes bête.


désolé, comme j'ai pas eu les notifs, il s'est perdu dans mes sujets

Rien ne bouge autour de nous, comme si nous étions soudainement figés dans le temps. On pourrait d'ailleurs le croire suspendu, n'ayant aucun contact avec le monde extérieur. Il n'y a que le cliquetis de la montre ou l'écran du téléphone pour nous prouver que ce n'est pas le cas, ce qui n'est pas forcément plus rassurant. Je ne sais pas ce qui pouvait d'ailleurs être le plus difficile psychologiquement. Voir le temps qui passe, en ayant conscience que les choses ne bougent pas, ou bien l'ignorer, en se demandant combien de temps on pourrait encore tenir. Je ne savais pas, et en réalité, je n'avais aucune envie de le découvrir. Mais la réflexion me pousse à me demander combien de temps un être humain pouvait survivre dans cette situation. La pire question à se poser dans une telle situation était déjà bien assez angoissante comme ça. Je resserre donc un peu plus mes jambes contre moi, essayant de ne pas y penser. Non, il fallait plutôt penser à une possibilité de sortie, à un moyen d'appeler à l'aide. Littéralement. Car c'est tout ce qui me vient à l'esprit comme solution, étant donné que la technologie a décidé de se montrer inutile. Crier. Une proposition qui ne semble pas véritablement ravir la jeune femme, mais qu'elle accepte quand même, probablement consciente que nos options sont limitées. Je l'observe, silencieusement en attendant qu'elle hausse la voix pour essayer de signaler notre présence mais aucun son ne sort. Elle reste juste là, debout. Quant à moi… Je n'ai aucune envie de crier, même pour appeler à l'aide. Ça n'avait plus rien d'anodin dans mon quotidien, tant c'était récurrent. Et j'avais bien conscience du mal que ça pouvait me faire, de l'angoisse que ça pouvait faire naître, même quand c'était des inconnus qui s'exprimaient ainsi.

« Y a quelqu'un ? On est bloqué dans l'ascenseur. S'il vous plaît ! » Tentative peu convaincante puisque ma voix ne s'élève pas. Elle reste à un volume modéré, malgré la peur qui fait trembler mes mots. Je ne pouvais pas crier. Je ne voulais pas crier. J'en avais assez. A bout, je me mets cette fois à pleurer. Je n'en pouvais plus de tout ce chaos qui régnait dans ma vie. Que ce soit avec Dahlia, au travail, dans le quotidien. Tout allait de travers depuis quelques semaines, et c'était bien trop pour moi. Certes ce matin j'espérais encore pouvoir disparaître dans mon lit, mais l'ascenseur c'était différent. Ça n'avait rien de rassurant. Le front contre les genoux, je pleure à chaudes larmes, oubliant presque que je n'étais pas seul. Mais bon, étant donné que la jeune femme me détestait sûrement déjà, je suppose que ça ne changerait plus grand chose. A croire que c’était toute la ville qui me détestait désormais.

Bon nombre de personnes aurait paniqué dans ce genre de situation. Heureusement, tu as appris à tout affronter et bien que tu aies les nerfs d’arriver en retard au boulot à cause d’une histoire d’ascenseur, tu restes calme malgré tout. Ça ne servirait à rien de s’énerver, vous ne pouvez malheureusement pas changer le cours des choses. Vous avez uniquement besoin… d’un miracle ? Ouais parce que peu de personnes emprunte cet engin totalement rouillé. T’aurais du, comme à ton habitude, prendre les escaliers. T’as voulu gagné quelques secondes de revisions, la tête plongée dans ton bouquin, t’as foncé vers la cage d’ascenseur et voilà que tu en payes le prix fort.

Dans cet ascenseur, tu n’es pas seule mais, peut-être que tu aurais préféré. T’aurais préféré te retrouver en compagnie de ton frère qui aurait sûrement raconté des blagues douteuses jusqu’à ce que quelqu’un vous vienne en aide. T’aurais préféré te retrouver avec la mamie du deuxième qui aurait peut-être fait un arrêt au moment où les choses seraient revenues à la normale mais tant pis, t’as les bases pour lui venir en aide. Au lieu de ca, tu te retrouves avec le petit jeune qui vit avec sa copine, qui crie à longueur de journée. Tu ne sais pas trop ce qu’il se passe chez eux mais c’est toujours un bordel monstre. Il y a des voix qui s’élèvent et des choses qui se brisent. T’aimes pas trop ça. Et encore une fois, le jeune homme semble vouloir utiliser sa voix pour résoudre un problème. Tu approuves l’idée mais tu ne cries pas pour autant. A quoi ça servirait franchement ? Tu ne vois personne à l’horizon et ta petite voix ne porte pas assez.

Tu grimaces, tu te mords la lèvre et tentes de trouver un autre moyen tandis qu’il demande de l’aide… une aide sûrement entendue par toi aussi. Tu inspires profondément et reprends tes esprits seulement lorsque tu comprends que le voisin est en train de sangloter. Ok, ce genre de situation, tu sais le gérer. T’as eu à faire à des crises d’angoisse à plusieurs reprises au boulot et ce n’est pas aujourd’hui que tu vas te dégonfler. Tu t’approches de lui, t’agenouillant à ses côtés. Tu poses une main sur son épaule pour le rassurer, esquivant un sourire qui se veut bienveillant. C’est sûrement pas le comportement qu’il aurait espéré que tu aies à son égard. Hey, quelqu’un finira bien pour arriver tu sais… Tu lâches ton livre. Tant pis pour les revisions… On ne va pas rester coincer ici très longtemps faut juste… que tu respires doucement et que tu t’imagines ailleurs. T’es douée pour les projections. T’y as souvent recours. @Gael J. Dinkley

Il ne me faut que quelques minutes pour craquer, pour fondre en larmes, désespéré d’être enfermé dans cette cage de métal qui ne possède qu’une seule porte de sortie, condamnée. Je n’en pouvais plus de toutes ces épreuves affrontées ces dernières semaines, je n’en pouvais plus d’avoir le sentiment que le sort s’acharnait sur moi. Et je n’avais plus la force de l’affronter. Alors je me recroqueville, laisse les larmes couler pour trouver un moyen d’évacuer toute cette détresse en moi. Ce n’est qu’au contact de ma jeune voisine que je relève la tête, avec un léger mouvement de recul, la surprise et la peur évidemment exprimées à ce contact. Sourire doux sur son visage, je bats plusieurs fois des paupières et essuie mes yeux, encore surpris par son attitude. Je n’aurais jamais cru qu’elle puisse faire preuve de bienveillance ou de compassion envers moi. Je tente d’ignorer sa main sur mon épaule et de faire ce qu’elle me recommande. Paupières qui se ferment, je prends une grande inspiration, m’imaginant à Los Angeles, sur ses plages, dans cette maison où j’ai grandi, entouré par ma famille. Mes parents, mes frères, mes sœurs. J’imagine les gens que j’aime, avec moi dans cette épreuve. Ce qui n’était pas complètement faux. Shannon, Roxy, elles étaient là, elles, elles me soutiendraient si je les appelais et leurs disaient que les choses n’allaient pas. Mais il y avait tellement de choses, et certaines restaient confuses.

Malgré tout, la technique de la jeune femme fonctionne. Mes sanglots se calment, mes larmes aussi. Je finis par rouvrir les yeux, mon regard intimidé se posant sur la jeune femme qui continue de se faire rassurante. « Je suis désolé… » Nous ne sommes toujours pas libres, mais après cette crise, je me découvre un peu plus de courage à l’idée d’affronter cette épreuve. Je regarde autour de nous, essayant de voir quelque chose que je n’avais pas remarqué jusqu’à maintenant. Quelque chose qui pourrait nous aider à sortir d’ici. Mais rien. Je ne remarque qu’un manuel scolaire, assez imposant que je ramasse pour en observer la couverture. Médecine. Était-elle étudiante ? Surement. Et je comprenais mieux le problème que représentaient mes disputes quotidiennes avec Dahlia. Surtout en ce moment. Je lui tends le livre, le regard fuyant. « Je suis désolé pour le bruit. Je comprends que ce ne soit pas facile de réviser dans ces conditions. » Encore moins alors que les examens approchaient. C’était l’une des préoccupations majeures de ces prochains jours pour tous les étudiants de la ville. « Tu… Tu peux continuer à réviser. Ça va aller pour moi. » Je me sentais déjà bien assez coupable de savoir que nos disputes avec ma petite amie pouvaient représenter un frein à ses études, je ne voulais pas en rajouter. Malgré l’angoisse évidente de la situation à mes yeux, ça restait désormais un endroit où personne ne viendrait nous déranger pendant un petit moment, alors je suppose que ça serait toujours ça de pris pour elle. « Ça fait longtemps que tu étudies la médecine ? »

Tu vois bien que le petit, il est pas serein. Il te fait un peu penser à ton frère. Il joue les gros durs, il propose des solutions mais si ça ne fonctionne pas, il perd ses moyens et il a besoin des autres. Heureusement, tu sais ty prendre. T’aimes pas que les gens pleurent mais, tu sais y faire. Alors tu lâches ton bouquin. Tu le poses par terre pour pouvoir lui accorder toute ton attention. Tu te penses, poses une main rassurante sur son épaule. Il sursaute et tu lèves l’autre main en signe de paix. Tu sais que les crises de panique peuvent être hard core. Tu n’imagines pas tout ce qu’il peut vivre au quotidien le voisin. Tu lui demandes de respirer calmement, de prendre le temps de se concentrer sur autre chose. Un souvenir merveilleux ou un endroit où il souhaiterait se trouver.

Avec le temps, les larmes finissent par cesser et sa respiration reprend un rythme à peu près correct. Tu esquives un petit sourire. Tu n’as pas a t’excuser. Ça peut arriver à tout le monde. Toi aussi t’en fais parfois. Souvent la nuit. Au bout milieu d’un cauchemar, ton cœur se serre et ta respiration n’est plus efficace. Tu finis par te lever pour boire de l’eau et marcher tranquillement dans l’appartement pour que ça se calme. Il s’excuse à nouveau, pour le bruit cette fois-ci. Tu ne réponds pas tout de suite. Finalement, tu esquives un nouveau sourire en haussant les épaules. Mh.. ouais. Enfin, je sais aussi que je suis chiante parfois. Je veux dire, vous êtes jeunes, il faut en profiter. Enfin en profiter… ils se disputent plus qu’autre chose. Elle n’a pas l’air simple sa copine.

Tu t’assoies à ses côtés, ramassant ton bouquin pour le mettre sur tes genoux sans pour autant l’ouvrir. T’as tout le temps pour réviser. Et puis, sans mentir, tu es déjà au point ! Je suis en avant dernière année. Je serais diplômée en 2022 si tout se passe bien. Tu croises les doigts pour te donner du courage avant de rire. Et toi ? Tu es étudiant ? Apres tout, vous avez beau habiter juste à côté, vous ne connaissez rien l’un de l’autre malgré tout.