lukas était bercé par l'émotion,
ça s'déroulait dans sa voix comme une rivière qui suit son lit.
la beauté de la mélodie, la force des paroles... on y voyait la complexité des sentiments du patron face à neal,
et madison avait la pudeur de le laisser à son esprit et son coeur.
il s'effaçait sans jamais empêcher ses doigts de courir sur le clavier.
pour que lukas s'exprime pleinement.
aucun public.
même madi s'empêchait de l'être, offrir à lukas son moment de bulle qui caresse.

et puis le petit doigt sur un do, la chanson s'éteint dans l'enceinte du sunrock.
lukas propose autre chose.

je peux te faire changer de répertoire ?
enfin... de mood complet ? un truc rock mais très... punchy ?

et il prendrait autant de plaisir à la jouer que lukas à la chanter.

les premières accords de livin' on a prayer démarraient sur le piano.
bon jovi.
l'un des plus grands groupes, une musique qui claque.
tout ce qu'adorait madison.
est-ce que lukas allait suivre ?
c'était à voir...

au piano, donner un rythme aussi intense était ce qui excitait le plus madison.
les notes se chevauchaient, rebondissaient et donnaient l'impression qu'il avait quatre mains.
puis lukas se lâchait, libérer l'esprit musicien et s'donner la possibilité de cracher le morceau en chanson.

c'était terriblement révélateur parce que ça prouvait les besoins de l'homme d'extérioser.
tous les êtres humains en général.

puis finalement, quand l'boss prit la décision de changer d'chanson,
une idée lui vint en tête...
il fit courir ses doigts sur les touches blanches et noires.

first i was afraid, i was petrified !
qu'il chante d'une voix de tête pour que lukas le suive.
du gloria gaynor, ça mettait toujours de bonne humeur parce que c'était catchy as fuck !

du punch.
de l'excitation.
de la vie.
c'était ce qui rendait madi vivant; au détriment des tristesses que le monde laissait tomber sur eux.
sur lukas, là, en l'occurrence.
il avait une profonde envie de lui offrir toute la paix sur terre.
c'était alors la seule façon de lui donner un peu de temps,
que d'être présent pour lui, non ?
alors au moins, à défaut de lui enlever ses peines,
il pouvait les mettre en pause.
avec son piano et sa voix,
sa motivation à vouloir révolutionner les émotions.

lukas donnait de la voix, vivait tout ce qu'il pouvait,
il serrait ses poings et transpirait de passion.
et madison, lui, repoussait le tabouret,
tapait des doigts sur le clavier, se donnait aussi à fond dans ce qu'il entreprenait.

et puis les dernières notes retentirent,
le son se fit silence.
et le boss remercia l'employé.
pendant ces instants, il n'y avait pas de hiérarchie.
il s'agissait juste de deux hommes en train de se libérer de leurs émotions,
de vibrer la vibe de la mélodie.

avec grand plaisir, chef.
il se relevait et fit semblant de faire une révérence,
avec humour.
on pourra faire ça quand il y aura du public,
crois moi, on pourrait mettre de l'ambiance !