Le vent de jalousie avait soufflé sur mon corps. Il avait su s’inviter à l’intérieur de mon cœur. Gamin qui ressentait tout ça sans le comprendre. Gosse perdu qui parvenait à se sentir apaisé aux propos du plus que meilleur ami. Il chassait la jalousie brûlant mon être et je me sentais plus serein à l’idée que personne ne puisse réellement profiter du même spectacle que moi. Un spectacle foutrement hypnotisant. Peut-être qu’il en serait de même avec d’autres personnes sur scène lors d’un concours de cuisine. Pas pour moi bien sûr parce que je savais que ce n’était que Lukas qui me captivait comme ça. Je m’étais demandé si la cuisine me captivait et j’avais trouvé une émission culinaire à regarder. Une émission qui m’avait ennuyé car ce n’était pas mon meilleur ami qui préparait. Ce n’était que lui qui me captivait alors aucun risque que mon regard soit attiré ailleurs s’il organisait un concours de cuisine en suivant mes folles idées. Parce que oui, je ne parlais pas d’un seul concours. J’étais déjà en train d’en évoquer un peu trop. La question de Lukas m’arrachait un rire et j’acquiesçais vivement « Ouiiiii, j’veux être jury… Quoique… Être jury c’est aussi prendre l’risque de goûter à des choses dégueulasses peut-être… » La moue de réflexion enfantine s’installait sur mon visage alors que je n’étais plus certain d’accepter cette place. Le rouge s’invitait sur mes joues lorsqu’il parlait de m’embaucher comme créateur d’idée. Moi, le gamin censé être discret et invisible. Moi, le gosse censé se la fermer et tout garder pour lui. Mes prunelles se baissaient lorsque ces pensées s’invitaient. Et, Lukas semblait contre ce comportement puisqu’il tentait de me faire parler d’autres idées. Je mordillais nerveusement ma lèvre hésitant avant d’hausser les épaules. Un haussement d’épaules pour dire qu’il se pourrait bien que j’ai d’autres idées. Un haussement d’épaules pour dire que je ne savais pas si je voulais en parler. Si je pouvais en parler. Pourtant, j’imaginais déjà des concours de dessin, des défilés avec des étudiants en mode, des soirées de shootings photos et peut-être moi des soirée de body painting. Je restais silencieux n’osant pas balancer tout ce qui pouvait se passer dans ma tête et je suivais Lukas pour récupérer une bière. Je le suivais cette bière en main à me parler du Sun et j’aimais ça. J’aimais le voir parler avec autant de passion et de bien-être. J’aimais me trouver face à ce meilleur ami qui semblait si heureux dans ce lieu. Le souffle admiratif passait entre mes lèvres comme si je n’étais qu’un gamin qui se retrouvait devant le super-héros à admirer. Je pensais que mon murmure n’avait pas été entendu, mais Lukas semblait vraiment un super-héros avec des supers pouvoirs. Il rétorquait à mon murmure et je rougissais ne sachant que lui répondre. Gamin invité à se sentir à sa place ici. Gosse qui ne savait pas s’il pouvait réellement. Être humain qui voulait rentrer chez lui en Italie dans au sein d’une autre vie. Je n’avais pas le temps de me laisser emporter par ces pensées puisque je me retrouvais à l’étage dans la salle de restauration à errer entre les tables. Je finissais par m’asseoir sur une table et les pensées se remettaient à chahuter à l’intérieur de mon crâne. Je retirais mon sweat déboutonnant ma chemise en dessous pour tenter de mieux respirer. Crise d’angoisse qui semblait vouloir s’inviter dans mes veines dès à présent. Crise d’angoisse que je voulais éviter alors qu’on était en train de passer un bon moment. Yeux fermés, j’étais concentré sur ma respiration lorsque Lukas revenait pizza et verre d’eau à la main. Je m’excusais de m’être fait emporté par la tornade et il soufflait que je n’avais pas à le faire avant de lancer une remarque sur la table. Une remarque incomprise pour le gamin au cerveau défoncé que j’étais. Une remarque que je tentais de comprendre jouant le curieux. Je voulais connaître le secret et il ne tardait pas à m’être révélé. Souvenirs que je n’avais pas. Flash qui ne survenait pas. Le néant absolu alors qu’il continuait son histoire. Des trucs gravés sur la table. Il s’approchait pour me montrer des doigts les dessins gravés. Je suivais ses doigts des yeux frissonnant lorsqu’il effleurait mes cuisses. Sans pouvoir me contrôler, je soufflais un « M’allumes pas… » presque gémis peut-être alors que je sentais ma température grimper en flèche. Prostitué dans ma tête qui devait se contrôler incessamment face au manque qui pulsait. Prostitué que je n’étais plus, mais qui restait gravé dans le corps bien trop désireux. Je me concentrais sur les gravures sur la table souriant devant tous ces dessins. Ces dessins que je ne me souvenais pas avoir fait. Ces dessins qui témoignaient de mon existence ici. Cette existence si effacée. L’aveu de Lukas me faisait sourire. Je l’imaginais venir ici et se perdre à regarder la table. Se perdre dans les souvenirs qu’il avait avant de commencer le boulot. Vidant le verre d’eau, je ne lançais pas une seule remarque parce que je n’étais pas prêt à questionner sur tout ce que je pouvais avoir gravé. Je restais silencieux à me redresser prêt à le suivre dans le bureau pour manger. Un bureau qui n’était pas loin. Nous passions la porte et mes prunelles détaillaient l’endroit. J’avançais de quelques pas dans la pièce n’osant pas m’approcher des cadres photos. Je n’étais pas certain d’être prêt à voir des photos d’une vie qui m’avait été volée par un bout de métal. Mon regard tombait sur le bureau. Flash. Des objets qui valsaient hors du bureau. Un corps nu allongé sur ce bureau avec les poignets emprisonnés. Moi tout aussi nu contre ce corps. Je sentais mes joues chauffer sous ce souvenir soudain et imprévu qui venait de s’inviter. Soufflant un coup, je me raclais la gorge avant de me diriger vers le canapé. Je m’installais aux côtés de Lukas restant un peu trop silencieux à fixer la pizza.

La moue de réflexion enfantine ne quittait pas mon visage tandis que je tentais de dessiner la situation de jury à l’intérieur de ma tête. Être jury de ce concours de cuisine au sein du Sun Rock… Cela pouvait me permettre de goûter à des plats qui seraient sans doute délicieux. Cependant, cela pouvait également me conduire sur le chemin de plats peut-être bien immangeables. Et, surtout, cela m’obligerait à m’installer devant tout le monde pour goûter non ? Peut-être. Je n’en savais rien. Ce serait logique que je sois mis en lumière dans ce rôle et ça ne me plaisait pas vraiment. Gamin qui haïssait être le centre d’attention. Gosse qui voulait juste disparaître la majorité du temps. Enfin, de toute manière, ce n’était qu’une idée folle qui s’était dessinée dans ma tête et que j’avais lancé comme ça sur le ton de la conversation. Ce n’était qu’une idée que mon plus que meilleur ami ne mettrait peut-être pas en place. Quoique… Il semblait réellement tenté par cette idée et par ma position de jury. Il tentait même de me vendre la place avec ces arguments devant lesquels je ne pouvais qu’acquiescer. Oui il avait raison. J’avais plus de chance de goûter à de bonnes choses qu’à de mauvaises choses. Beaucoup plus de chance. Mâchouillant ma lèvre, j’hésitais un bref instant avant de lui offrir un grand sourire en hochant la tête et en rétorquant « Si t’fais un concours, je serai jury alors… Mais, faut pas que tu sois un des participants sinon j’serai pas impartial… » Baissant la tête, je sentais mes joues se colorer de rouge suite à cet aveu qui laissait clairement sous-entendre qu’il gagnerait toujours dans un tel concours si j’étais le jury. Mes joues s’enflammaient encore plus lorsque Lukas mettait en avant l’idée que je puisse participer au Sun Rock de façon active en tant que créateur d’idées. Ça ne me plaisait pas vraiment. Ça ne collait pas à la place que je me devais d’avoir. Cette place qui résonnait dans mon crâne de façon incessante avec la voix d’Antonio. Soumis. Effacé. Silencieux. C’était ce que j’étais censé être et un créateur d’idée était bien tout le contraire de ça. Mon plus que meilleur ami m’encourageait pourtant à ce rôle avec ce doux sourire sur son visage. Ce doux sourire qui me poussait à rester silencieux. Je ne refusais pas sur le champs la proposition. Mais, je ne l’acceptais pas pour autant non plus. Je laissais simplement planer le voile du doute et de l’incertain. Rien n’était joué pour le futur. Bière à la main, je suivais Lukas l’observant parler du Sun avec tant de passion et de bonheur que ça accélérait mon cœur. C’était plaisant de le voir comme ça. Aussi vivant et enjoué. Nous arrivions dans la salle de restauration et, pendant que Lukas s’évaporait en cuisine, je m’installais sur l’une des tables venant retirer mon pull lorsque mon esprit commençait à chahuter. Je déboutonnais ma chemise sentant la chaleur s’emparer de mon corps. Je fermais les yeux sentant mon cœur cogner beaucoup trop fort dans ma poitrine. Je n’aimais pas ça. La crise d’angoisse semblait vouloir s’inviter ce soir et je n’en avais pas envie. Je ne voulais pas foutre en l’air cet instant que mon plus que meilleur ami avait préparé. Heureusement pour moi, il débarquait presque comme un sauveur avec la pizza et un verre d’eau. Il débarquait et il lançait une remarque sur mon perchoir qui me captait. Une remarque qui me poussait à l’interroger et à me concentrer sur la réponse qu’il m’offrait. Une réponse faite de gestes et d’un frôlement. Il m’effleurait et je réagissais au quart de tour lançant la demande dans un souffle. Qu’il ne m’allume pas. Lukas avait presque aussitôt un mouvement de recul. Avais-je été trop brutal dans mes propos ? Il ne me semblait pas, mais je n’en savais rien. Nos regards se captaient un quart de secondes et il s’excusait. Mimant un désolé du bout des lèvres, je me concentrais sur les marques de la table. Ces marques qui prouvaient que Lukas ne mentait pas et que j’avais réellement une vie par ici. Une vie avec lui. Vidant le verre d’eau, je finissais par me redresser pour suivre mon plus que meilleur ami au sein de son bureau. Un bureau qui n’était pas loin et que je n’osais pas réellement explorer. Un bureau au sein duquel le flash survenait. Brutal. Brûlant. Réel. Lukas et moi sur ce bureau dans une scène interdite aux plus de dix-huit ans. Je me détournais bien vite de ce souvenir me raclant la gorge avant de m’installer sur le canapé aux côtés de mon plus que meilleur ami. Le silence s’installait aussitôt. Yeux rivés sur la pizza, je ne parvenais pas à croire que ce flash pouvait s’avérer réel. Je ne parvenais pas à me dire que tout ça pouvait avoir eu lieu. Moi dominant. Moi avec Lukas. Ça semblait tellement fou. Sursautant lorsque mon second prénom résonnait, mon regard se posait sur Lukas rencontrant son sourire doux. L’invitation tombait et je mordillais nerveusement ma lèvre. J’haussais les épaules incertain de pouvoir parler librement. Incertain d’avoir réellement le droit de le faire. Virant mes chaussures, je m’installais en tailleur avant d’attraper une part de pizza. Et, après une première bouchée, je babillais « J’sais pas… Il y a plein de chose possible… Des concours de dessin avec des thèmes lancés par les gens présents dans la salle… Des défilés où il faut choisir la meilleure tenue… Des soirées de shootings photos avec la possibilité de faire un concours de la meilleure photo, de la plus fun et tout plein de catégories… Tu peux aller encore plus loin avec… Des concours de mécanique sur des petites pièces… Ou des concours de création sur le bois ou sur l’argile… Des concours de musiques bien sûr… Et… Des soirées body painting ça peut être chouette avec des catégories de remise de prix… Le plus réaliste, le plus fou, le plus joli… Tu peux aussi faire des concours de boisson… Genre qui prépare le meilleur cocktail ou qui le prépare le plus vite… Enfin je… Il… Y a pas mal de choses que tu peux faire… » J’hochais la tête comme pour confirmer tous mes mots. J’hochais la tête et je baissais rapidement les yeux parce que j’avais beaucoup trop parlé. J’avais pris tellement de liberté. Yeux rivés au sol, je grignotais ma pizza dans le silence et dans l’attente de la réaction de mon plus que meilleur ami.

Le rire de mon plus que meilleur ami résonnait à mes oreilles après ma remarque lancée nerveusement. Cette remarque sur sa participation à un concours de cuisine si j’étais le jury. Cette remarque qui avouait que le résultat serait truqué en quelque sorte s’il était l’un des participants. Lui que je choisirais toujours pour la cuisine. Lui que je semblais avoir choisi pour tant d’autres choses aussi. Je mordillais nerveusement ma lèvre lorsque les questions tombaient. Gamin qui n’était pas certain d’avoir le droit d’autant s’exprimer. Gosse qui ne se sentait pas à sa place lorsque la parole lui était donnée Levant les yeux sur Lukas, je rétorquais un « Merci… » comme pour lui faire savoir que j’étais reconnaissant qu’il accepte de ne pas participer à un concours que je jugerai. Cependant, c’était bien plus que ça. Je le remerciais pour prendre le temps de m’écouter. Je le remerciais pour prendre en compte mes propos. La remarque se lançait et il acceptait de revoir sa position pour ne pas me mettre mal. Enfin… C’était ainsi que je voyais les choses et peut-être que je me trompais. Peut-être qu’il n’avait juste aucune envie de participer à un concours de cuisine dans son établissement allez savoir. En revanche, le musicien semblait d’accord pour faire le jury avec moi cherchant déjà à savoir comment faire en cas d’égalité. Je triturais nerveusement mes doigts entre eux avant de souffler « Nan… Je… Faut un nombre impair dans le jury comme ça il ne peut pas y avoir d’égalité entre deux participants… » C’était mieux de cette manière. Ou peut-être que ce n’était que moi qui trouvait que les choses étaient mieux ainsi parce que mon père répétait toujours qu’il y avait un gagnant et des perdants. Il ne pouvait pas y avoir deux gagnants sinon la victoire n’avait plus le même goût et le même impact dans la vie. Un nombre impair dans le jury permettait d’éviter l’égalité et de désigner un unique gagnant. C’était bien. Tout comme il était bien que je sois soumis, effacé et silencieux. Antonio le soufflait. C’était là ma place. C’était ainsi que je me devais d’être. Alors… Être le créateur d’idées pour le Sun Rock ce n’était pas un bon plan pour moi. Ce n’était guère un rôle qui était fait pour l’être que j’étais. Aussi, malgré le doux sourire encourageant de mon plus que meilleur ami, je ne parvenais pas à accepter un tel rôle et je préférais rester silencieux. Je ne voulais pas ouvrir la bouche et blesser Lukas en refusant vivement sa proposition. Heureusement pour moi, nous finissions par bouger pour rejoindre l’espace restauration où le musicien m’abandonnait. Moi le gamin qui flânait dans les lieux. Moi le gosse qui avait l’impression de découvrir un endroit pas vraiment oublié. Je m’installais sur une des tables et ça montait en un rien de temps. Les rouages de la tête s’étaient mis à tourner. Le cœur s’accélérait. La chaleur montait dans mon corps tant et si bien que je retirais mon pull et déboutonnait ma chemise. Mes iris sombres se fermaient pour éviter la chute trop violente lorsque Lukas revenait près de moi. Une pizza et une verre d’eau en main, il lançait une remarque sur mon perchoir. Une remarque me permettant de me concentrer sur autre chose et d’oublier l’horreur de la tête. Lukas agissait me poussant à être totalement focus sur ses mots et ses gestes. Je l’étais tellement que je finissais par lui demander de ne pas m’allumer comme ça. Lui qui m’avait frôlé sans même le vouloir. Lui qui se reculait vivement comme si mes propos avaient brûlé. Il s’excusait et je m’empressais de m’excuser à mon tour du bout des lèvres. Je ne voulais pas le heurter alors qu’il était presque toujours à mes côtés. Je ne voulais pas le blesser alors qu’il faisait tant pour m’aider. Mon plus que meilleur ami m’adressait un mince sourire et je posais mon regard sur les marques ornant la table. Ces marques prouvant mon existence. Ces marques dont je me détournais vidant mon verre d’eau avant de suivre le musicien en direction de son bureau. Un nouveau lieu que je pouvais explorer comme je le souhaitais. Un nouvel endroit que je regardais brièvement peu désireux de m’attarder à découvrir ma vie oubliée. Un nouvel espace qui faisait resurgir le flash dans ma tête. Ce flash aussi brutal que brûlant. Ce flash aussi réel que dérangeant. Je me raclais la gorge pour éradiquer ces souvenirs de ma tête avant d’aller m’installer en silence aux côtés de Lukas sur le canapé. Malheureusement un raclement de la gorge ne parvenait pas à effacer les images qui se jouaient et se rejouaient dans ma tête. Des images qui, malgré moi, donnaient trop chaud. Des images qui me poussaient à oublier la réalité à tel point que je sursautais lorsque la voix de Lukas résonnait. L’invitation tombait pour que je parle et j’haussais doucement les épaules incertain de pouvoir le faire. Moi qui devait souvent me taire. Moi qui n’était pas fait pour donner les idées. Moi qui était juste fait pour obéir. Obéir… C’était peut-être ce que je devais faire là. Mon plus que meilleur ami voulait que je parle et ça pouvait être pris comme un ordre non ? Retirant mes chaussures, je m’installais en tailleur sur le canapé avant d’attraper un morceau de pizza. Et, après avoir mâchouillé un bout, je soufflais ce trop plein d’idées qui fourmillaient à l’intérieur de ma tête. Je lançais tout ce qui se dessinait dans mon esprit avant de vite baisser les yeux sentant la culpabilité d’avoir trop parlé me prendre aux tripes. La voix de Lukas résonnait et je me contentais d’acquiescer aux mots lancés. Organiser des semaines à thème était une bonne idée. Et bien sûr, les concours pouvaient n’être que des prestations d’artistes. Le rouge ne tardait pas à me monter aux joues lorsque les compliments glissaient me poussant à baisser encore plus la tête et à mâchouiller ma part de pizza. J’haussais les épaules incapable d’accepter le compliment. Le musicien revenait parler du body painting et je l’écoutais sagement. J’étais attentif tout en dégustant ma pizza. Lorsque la question tombait, je relevais les yeux pour croiser les siens et j’hochais encore une fois la tête pour dire que je voyais ce qu’il voulait dire. Le temps se mettait à filer. Les secondes se transformaient en minutes sans même que je n’en ai conscience. Lukas et moi dévorions la pizza tout en discutant des projets pour le Sun Rock. J’ouvrais peu la bouche, mais j’acceptais de lui parler me détendant de plus en plus au fil des secondes. La pizza se terminait trop vite et j’ignorais la suite des événements. Allions-nous rentrer dans cet appartement censé être le mien ? Allions nous encore rester ici à parler ? Oh… Apparemment Lukas avait décidé. Il se levait me tendant sa main un sourire aux lèvres. Je fronçais les sourcils en entendant l’invitation. Mâchouillant nerveusement ma lèvre, je marmonnais « Suis… J’suis pas… Pas certain que j’sais… Que j’sais danser… » Non, je ne savais pas. Je ne connaissais pas l’impact de cette balle qui s’était logée dans ma tête et je préférais le prévenir comme pour lui faire savoir que ce n’était pas obligatoire. Je ne me souvenais même pas avoir dansé au cours de mon existence… Enfin, pas le genre de danse que Lukas semblait avoir en tête. Mes mots ne semblaient pas le freiner. La main demeurait tendue vers moi. Alors, j’acceptais l’invitation. Me relevant du canapé, je glissais ma main dans la sienne sentant les frissons courir le long de mon échine. Le cœur loupait un battement et, comme pour l’ignorer, je soufflais « Tu… Une seule danse et… Tu… Tu diriges… Steuplait… » Lui laisser les reines pour mener la danse. Lui offrir le pouvoir pour guider mes pas. Lui donner les pleins pouvoirs. Et avouer à demi-mots que je lui faisais totalement confiance.