Spring Break particulier pour moi, bien loin des frasques que j’ai pu faire autrefois. On s’aménage toutefois quelques temps libres avec Quinn. Elle a besoin de voir ses amies et moi les miens. Alors te retrouver, c’est un comme respirer une bonne bouffée d’oxygène, avec tout ça, ça fait plusieurs semaines qu’on s’est pas vu, qu’on a pas pu se taper un délire comme il se doit. Je te retrouve au point de rendez-vous, sourire aux lèvres. « Nickel et toi ? » Je ne sais même pas où t’en es niveau actualités, mais je doute pas que tu vas venir me raconter tout ça. Pour l’heure, on est là pour délirer et je me marre lorsque tu me laisses entrevoir l’uniforme du film culte. « Trop bien trouvé ! » T’as toujours des idées de génie et je fredonne le générique tout en mimant quelques pas de danse. « Tu veux que je t’apprenne à peindre ? » ça t’irait bien en vrai, artiste un peu maudit et éthéré, avec ta belle gueule, un drôle de remix de Rimbaud quand on y pense. Dans la ruelle plus déserte, je viens retirer mes couches de vêtements sans aucune gêne jusqu’à me retrouver en débardeur et boxer. « Tout ça pour me reluquer t’abuses. » Coup d’épaule contre la tienne, je saute dans la combi en me dandinant. « On va les éblouir. » Pour dire, la Nouvelle Orléans ne pourra que se rappeler de nous. « Prêt mon bichon ? » Ce que tu es beau. On va faire des malheurs.

Ça me fait du bien de te retrouver, de renouer avec nos folies et surtout nos incessantes conneries. Les choses avaient toujours été faciles entre toi et moi. Pas un pour relever l’autre, et des exploits trop grands pour être cités. Tu ne manques pas à la tradition aujourd’hui en inventant une nouvelle folie. Ghostbusters, c’est juste culte et fun , et je nous y vois déjà. Me tortillant eu passage pour enfiler la combi comme il se doit. « T’es un dingue, c’est génial. Pas de problème mon bichon, pour te filer quelques tuyaux. » Mes paroles s’accompagnent d’un regard équivoque, parce que c’est moi et qu’on nous changera pas. « Nickel. » La musique démarre et je mime quelques pas. « Attends, repasse-moi la choré. » On regarde ainsi quelques instants un tuto sur la danse à exécuter et mémorisant les pas principaux, je me sens prêt à nous lancer. « Ready mon sucre ! » Cette fois la musique démarre pour de bon et on amorce le trajet, pas exécutés sans grande difficulté pour ma part, j’ai la danse dans le sang, et toi tu te démerdes plutôt bien faut avouer. Je me marre. Plus encore de voir les gens nous suivre dans le délire, prendre des photos, j’en rajoute des caisses, mimant le chasseur de fantômes, effectuant quelques mouvements fantasques qui arrachent des rires au public improvisé. Me tournant enfin, je commence à peindre, voulant rendre hommage à cet endroit qui nous aura offert une putain de belle pause. « Je trace les lignes, et laisse-toi aller avec les couleurs bro’, je te guiderai au fur et à mesure. » Ne doutant pas qu’on fera quelques pauses danse au milieu des travaux de peinture.

Je peux compter sur toi pour nourrir toujours un peu plus nos délires, alimenter de folies nos rencontres. Bien qu’on se sache se soutenir aussi dans nos moments plus noirs. Notre amitié a cette force de rassembler toutes nos facettes. De nous permettre d’être qui nous sommes réellement sans se soucier du reste. Je mime donc la chorégraphie qui ne m’a pas posé de difficultés particulières bien au contraire. J’aime toujours laisser mon corps s’exprimer et la danse est pour moi un art naturel que j’aime pour autant perfectionner. Jetant quelques regards en arrière, je vois que tu suis et avec un certain talent en prime sous le regard amusé des badauds. « C’est bon ça bébé ! » Clin d’œil assumé alors que je continue de mon côté mes propres mouvements. Viens le moment de se mettre au travail et je trace quelques lignes regroupant plusieurs inspirations de mon voyage, dessins du bayou, d’une prophétesse enchanteresse et de groupes de musiques, sans oublier les fantômes qui ne manquent pas à l’œuvre. Te sommant d’ajouter des couleurs à mes encres, tu ne te fais pas prier m’arrosant au passage d’un jet de couleur. « Petit con. » ma voix résonne alors que je me marre. Tu ne perds rien pour attendre. Empoignant, l’arrière de ton crâne je viens frotter ma joue contre la tienne, tel un chat, parsemant ainsi ton propre visage de la même couleur, ce qui fait marrer l’attroupement une fois de plus. Je me concentre à nouveau sur le travail, heureux de pouvoir réaliser quelque chose qui restera un peu après nous, viendra marquer ce moment. « Tu aimes ? » dis-je en te regardant. L’œuvre en elle-même mais également le fait d’y participer à ta manière.