Le shopping, une institution assez bizarre que je n’ai jamais compris. Ma mère adore le shopping, qui plus être, c’est l’une des personnes qui adore plus le shopping que son devoir royal si ça se trouve. En fait, je ne sais pas. J’aime pas trop les lieux remplis de monde qui se regardent, se jugent et qui décident clairement d’être à la pointe de la mode. Mais la mode, c’est nous qui la créons.

J’ai promis à Cléo de l’aider à choisir le robe. Honnêtement, de base, je ne voulais pas aller au bal, parce que clairement, ce n’était pas mon style. Je suis certes prince mais je suis avant tout malade. Donc ce type de réception des semaines en avance, sans savoir comment je suis, ce n’est pas pour moi. Je fixe alors le téléphone, nous devons nous rendre à l’endroit prévu pour commencer l’après-midi « shopping pour trouver une robe à Cléo ». Quelle idée de l’avoir inviter, si ça se trouve, elle ne voulait même pas y aller ou même pire, elle ne voulait pas y aller avec moi. Je me pose pas mal de questions mais le chauffeur me sort de ma rêverie rapidement. Oui, même pour un bipolaire, j’ai le droit d’être dans la lune. Le plus difficile est d’en sortir, mais tu ne devrais pas t’attarder sur ça, tu devrais t’attarder sur le fait que je vais avoir le droit à un défilé pendant des heures de Cléo. Le paradis.

Le rendez-vous était au début de la rue piétonne remplie de magasin. Je regardais l’homme qui m’ouvrit la porte de la voiture pour observer autour de moi. Des gens à gauche, à droite, devant, derrière. Souffle, respire et tout ira bien. Le scénario négatif serait clairement une crise maintenant, sans mon petit frère ou même Reyes pour réussir à me calmer. Le scénario positif serait qu’une robe aille parfaitement bien à Cléo et là, je serais comblé réellement. Je vois la voiture partir, je reste seul au point de rendez-vous, en espérant qu’elle ne m’est pas oublié ..

@Cleo Salazar

La proposition de Léo avait pas mal étonné Cleo, mais elle avait pris cette proposition avec plaisir. Il y avait clairement plus déplaisant que Léo comme cavalier de bal, et puis elle appréciait cet homme, qui était un bon ami. Elle préférait y aller avec un ami plutôt qu’avec quelqu’un qu’elle ne connaissait qu’à peine, avec qui elle pouvait s’embrouiller pour rien ou n’importe quelle autre raison idiote. Et puis, il lui avait aussi proposé de choisir sa robe ensemble, ce qu’elle ne pouvait refuser. Faire du shopping, ce n’est pas son fort non plus. Elle préférait les friperies où elle trouvait toujours son bonheur, quitte à faire une ou deux retouches pour que ça taille parfaitement. Et puis, c’était dans son éthique, dans sa façon de vivre, de ne pas consommer neuf. Mais pour le bal, elle pouvait bien faire une exception, même si elle redoutait un peu de ne pas trouver quelque chose à son goût.

Elle devait rejoindre Léo au début de la rue commerçante. Si ici, ils ne trouvaient pas chaussure à son pied, ou plutôt robe à sa taille, il n’y aurait nulle part d’autre où aller. Alors elle prit le bus bondé, comme à son habitude, puisque la rue était un peu éloignée de son lieu d’habitation. Le véhicule ballottait les passagers dans tous les sens, les personnes âgées et des femmes enceintes occupant déjà la plus grosse partie des sièges. Un arrêt un peu long, Cleo fixait sa montre. Elle qui déteste être en retard, ça ne louperait pas cette fois-ci. Sortant à l’arrêt suivant, elle hâta le pas pour ne pas trop faire attendre Léo, pour qu’il ne reste pas seul trop longtemps dans un environnement pareil. Et finalement, elle l’aperçut au début de la rue, au point indiqué, qui l’attendait déjà. Elle s’approcha de lui et lui offrit un grand sourire. "Désolée de t’avoir fait attendre, retard de bus ! Comment vas- tu vas aujourd’hui ?" Elle savait très bien que son ami pouvait avoir une humeur changeante, et elle ne s’en offusquait jamais, mais elle prenait toujours le temps de lui demander. "Je laisse à mon cavalier le soin de choisir la première boutique", annonça-t-elle. A vrai dire, elle lui faisait confiance, il devait être plus habitué qu’elle à fréquenter ce genre de boutiques, qui, malgré tout, lui restaient assez inconnues.