la lourde porte en fer qui résonne dans la ruelle quand tu la claques avec passion, avec agacement aussi. marre d'être collée, de sentir les fluides des gars douteux qui viennent se frotter comme si t'étais un arbre, t'en as ras le cul c'est tout. épaules à l'air à cause de l'intérieur où tu manques de faire un malaise, petite gazelle qui se frotte les bras pour tenter de survivre. les mains tremblantes qui fouillent dans le micro sac à main rose fuchsia pour en sortir ton paquet, et tu sais d'avance que t'as perdu ton briquet. radar à pigeon qui balaye l'horizon à la recherche d'une âme charitable sans son consentement. tu t'approches du même gars que tu vois depuis des semaines, tige au bout des lèvres. allumes-moi stp. mais aucune réaction malgré ton regard de biche, erreur, il est pas seul. toi ?! ta bouche s'ouvre si grand que ta récompense s'échappe, les traits du revenant faiblement éclairés par l'ampoule brisée.

sombre ruelle, mal éclairée, l’ampoulée pétée, clignotante. c’est craignos, ta sœur voudrait même pas trémousser ses hanches ici en pleine journée. ça pue la mort, aux rats, à l’humilité. mais toi t’es là, pour lui, le balafré du sourcils, coupe bad boy à deux balles, poils des sourcils taillés en prolongement du crâne. l’air voyous, sûrement. billes ébènes qui pointent dans les siennes, les traits sérieux. c’est si rare, deux semaines en arrière tu rigolais encore sur l’odeur station d’épu de tes pets. t’es là pour en savoir plus, avoir des informations, on t’a dit de le rencontrer lui, le sourcil coupé, il peut t’aider. silhouette qui se rapproche derrière lui, voix féminine qui résonne contre les murs de briques effrités. il se retourne, laissant tomber la fine lumière insalubre sur ton visage. c’est elle, sadique. génial. oui moi. quasiment insolent, tu l’as ghost depuis trop de temps.

l'égo qui saigne. bien la dernière personne vivante que t'espérais voir au monde. rapides flashbacks de l'après-midi où t'avais cru entrevoir quelque chose, sous la gêne et les rires, tu pensais valoir mieux que ça. tu serres tes bras, si un regard pouvait tuer, tu serais déjà à terre cent fois abderdingk. la prise sur ton sac qui s'intensifie, le rouge de tes lèvres en accord avec ton visage qui fulmine. tu m'dois des excuses. pour l'avoir appâter avant de disparaitre comme un père qui va acheter ses clopes au tabac du coin. c'est même plus de la colère à ce niveau-là, c'est un certain niveau de tristesse. on ne ghost pas sadie, ou alors on prévient avant, et lui il avait pas jouer selon les règles. j'bouge pas d'ici tant que tu m'expliques pas pourquoi. regard de défi qui doit reluire comme les yeux de chat dans la pénombre. t'en profites pour bousculer l'autre dont t'as plus rien à foutre. dégages de là toi. autrement tu seras aussi mêlé au carnage qui fera le une du boston news demain.

son teint porcelaine qui vire au rouge lucifer. tu vois ses pupilles prendre forme des couteaux aiguisés du traqueur de la nuit. elle porte bien son nom sadique. mais toi, t’as autre chose à foutre, pas le temps pour gérer ça. tu viens voir ce gars, certainement le dernier des crevards. nuit sombre, ruelle saveur pisse de clodos hydratés à l’alcool bas de gamme. sadique, elle te fait peur, t’as ghosté par la simple peur qu’elle finisse par t’écraser par son franc parler. celui qui t’attires tout autant. impossible de savoir sur quel pied danser. tes problèmes qui se sont entremêlées. tu l’as zappé. soupire qui s’extirpe de tes lèvres sèches. on peut pas voir ça plus tard ?" le ton vide, sec. t’es désolé pour elle, really, mais c’est pas le fucking moment. regard qui se croisé avec le connard bousculé par la tournade agitée. il se casse, un geste de la main, lassé. grimace qui déforme tes traits. sérieusement...?

et il dit ce qu'il faut pas, comme si on pouvait cancel la rage d'une sadie alors qu'elle se gèle le cul dehors en compagnie du ex-futur prince plus trop charmant. plus tard ? t'avances vers lui, sors ton téléphone et scrolles à travers les conversations avant de lui coller l'écran devant les yeux. plus tard comme dans un mois ? ou presque trente jours où t'avais attendu qu'il donne signe de vie, ou alors que sa mort soit annoncée dans la presse. température corporelle qui augmente de 666 degrés en une fraction de seconde, jamais le réchauffement climatique n'avait dépassé de telles limites. et j'étais supposée dire quoi à mon père quand il m'demande ce qu'il devient le débile qui l'a appelé au téléphone ? parce que ça t'avait fait hurler de rire de l'entendre raconter l'anecdote. idiot. idiot. idiot. IDIOT ! tu martèles son torse avec ton sac comme une boxeuse miniature, tu savais que t'aurais dû sortir tes énormes bagues aujourd'hui, au moins de quoi briser une côte ou deux à faire le marteau piqueur.

le type se taille, remettant ta quête désespérée à plus tard. niveau de probabilités pour trouver la poupée de porcelaine ici ? zéro. probablement plus de chance de gagner au loto. dans un sens, c’est cool qu’il se casse. tu veux pas que ça se sache, encore moins par ton date zappé d’un mois passé. un soupire, souffle coupé quand ses poings martèlent ton torse. grimace de douleur qui défigure ta tête de con. mains énormes qui entourent ses poignets fragiles. une poigne assez forte, suffisamment pour stopper ses attaques répétées, pas assez pour lui faire totalement mal. ecoutes j’suis désolé, vraiment. c’est sincère, tu parles pas dans l’vide, toi, l’âme sincère. tu tiens ses poignets contre ton torse, chaleur de la paume de ses mains. j’avais peur que ton père me déteste et refuse notre amour tu vois. tu tentes l’humour, vite fait.

c'est même plus des excuses que t'exiges, mais qu'il se mette à genoux pour implorer ton pardon, qu'il se supplie d'accepter de reposer sur lui autre chose qu'un regard plus noir que ton café le matin. il ose t'entraver en plus, alors que le châtiment n'aurait duré ... qu'éternellement ? oh oui, tu vas être désolé. à commencer par aujourd'hui, quand c'est son tour de vouloir te réduire comme un tas de purée ikea mal assaisonnée. tu veux te dégager, la blague qui te reste en travers de la gorge façon poils de chat mal léché. t'as perdu ton charme damian, tu m'amuses plus. alors que tous tes rires avaient été sincères pendant votre sortie, douce moquerie mêlée à des réels crampes aux joues face au charme décalé. je veux la vérité et je la veux maintenant, comme ça j'peux faire demi tour et retourner profiter de ma soirée. tu libères tes mains après un énième essai sans reculer, s'il faut y aller en lui tirant les vers tu nez t'es prête.

ton humour merdique ne l’a fait plus rire, t’es dans la sauce. possiblement la seule chose qui pourrait l’attirer vers toi et maintenant c’est foiré. tu peux compter uniquement sur tes beaux yeux marrons totalement lambda et tes excuses. deux options, la même fin : nada. poupée de cire énervée, elle attend des explications. tu sais celles que t’as absolument pas envie de dévoiler. t’es déjà incapable d’annoncer tes problèmes à ta sœur comment tu pourrais le cracher à une parfaite inconnue qui te fait rougir. vous êtes liés après tout, le pouvoir sacré d’un onion rings passés à son doigt dans ce restaurant à l’hygiène plus que mauvaise. mais est ce que dans tous les mariages il n’y a que la vérité qui parle ? tes valeurs te hurlent que oui, la réalité vient l’étouffer. elle se détache de ton emprise. tu souffles, encore. une main dans tes cheveux encore intacts de toute calvitie. j’ai eu pas mal de problème. le genre qui se gueule pas sur tous les toits tu vois ? qui se gueule pas tout court enfaîte. au final qu’est ce que tu perds à avouer à une parfaite inconnue, hm ? je t’avais pas oublié t'sais, je voulais juste te recontacter quand mes esprits seraient plus clairs. techniquement.. ça aurait put être très long.

à croire qu'on peut te prendre puis te déposer dans un casier le temps de régler ses affaires, et revenir chercher une sadie intacte. il a vu ça où lui ? comme si t'étais une location à durée indéterminée, un service, tes sentiment et le reste, ils sont importants aussi. comme si t'étais le seul à avoir des problèmes. toi tu galères à savoir quel sac assortir le matin à tes chaussures, pire quand t'as aussi les cheveux attachés et que le scrunchy doit compléter le look. tu fais abstraction de tout, même son air de chiot qu'on engueule parce qu'il a pissé par terre, alors qu'il t'avait fait craquer avec la même expression pour finir ton assiette au restaurant. ah ouais ? quand j'aurais été vieille et moche ? tu pointes ton visage du doigt pour en prouver la fraîcheur actuelle, à consommer de préférence avant les trente ans. on la connait la chanson, le besoin de respirer, d'aller voir ailleurs en gardant sous le coude la princesse sadie. t'es vraiment trop con dam, tu m'soules. à encore avoir cette tête d'innocent quand t'es l'inverse.

parfois l’ombre de l’égoïsme. tu te crois seul toi. seul à avoir des problèmes, comme ci le monde devait t’attendre. sauf qu’il continue de tourner, loin de graviter autour du boulet que t’es. au fond t’es triste. triste d’être un gros naze. mister looser. t’es le genre rancunier à te tenir loin des personnes qui peuvent te zapper en l’espace d’une journée mais tu te crois irréprochable. t’es triste pour elle. sa gueule d’ange démoniaque. triste d’être peut-être passé à côté de quelque chose pour une sombre nouvelle qui ne pourrait être que mensonge. problème ? tu sais pas t’excuser, t’es nul à chier. digne d’un pigeon dans ces émissions à la con pour apprendre à draguer. plus maladroit que titeuf avec nadia. je suis désolé. tu tentes d’aligner quatre neurones pour réfléchir à ce que tu peux bien dire qui ne serait pas mal compris. notre sortie était cool, vraiment. un sourire qui se décroche de tes lèvres. tu tentes le terrain mignon après l’humour foireux, cool. comment je peux me faire pardonner ?