Le réveil a été rude… Ce n’est pas la première fois que je bois jusqu’à l’ivresse, ça m’est déjà arrivé avec Theo, notamment. Mais de là, à en arriver d’oublier ce que j’ai fait, c’est la première fois. Ce réveil fut difficile pour mon cerveau, encore plus quand le corps presque nu de Nadia Sherwood se trouvait contre le mien, avec pour seul vêtement un boxer. C’est sûr que je ne risquais pas de me rendormir pour être sûr que c’est un rêve… Non, le souffle de Nadia est beaucoup trop réel pour mon pauvre cœur. Je remonte le drap jusqu’à ses épaules et parvient à quitter le lit pour m’enfuir jusqu’à la salle de bain.
Une fois à l’intérieur, je cherche à me souvenir de ce qu’il s’est passé. Je me souviens d’être entré dans le pub avec des amis, d’avoir vu Nadia et avoir saisi l’occasion de boire un verre avec elle. Voir peut-être même deux… Le rouge me monte encore plus aux joues quand je me souviens de ces lèvres qui viennent m’embrasser. Je ferme les yeux, caresse mes lèvres du bout des doigts… Wow… mais ensuite ? C’est un blackout complet pour moi. Et quand je vois nos tenues… je me dis que… peut-être ? L’aurait-on fait ? Possible.

Je me rafraichis au maximum dans la salle de bain et attrape mes affaires pour enfiler un pantalon et t-shirt. J’utilise l’application de l’hôtel pour commander un petit déjeuner avec un médicament spécial gueule de bois, en doublon. Je m’installe au pied du lit avec les plateaux bien encombrés, fermant les yeux pour essayer de retrouver mes esprits. J’entends la voix de la jeune femme. « Oui ? » Lorsque je tourne la tête, je tombe nez à nez avec le corps nu de Nadia. Encore. Je tombe à la renverse, au sol, surpris par la jeune femme. « Pardon. » Mon esprit voudrait complimenter cette beauté mais je m’y refuse. « Je ne me souviens plus très bien… après le baiser, c’est flou pour moi… » dis-je, le regardant fixant le sol pour ne pas regarder Nadia… Ces foutus hormones voudraient bien. Sans parler du souvenir de ce baiser qui me hante, ainsi que l’éventualité qu’il y ait eu… plus ? « Tu devrais t’habiller… on en parlera pendant qu’on mange… »

Je dois avouer que la surprise est un peu douloureuse même si au fond, ce n’était pas le premier coup d’œil que j’ai eu à son sujet – malgré moi. Mais je maintiens à ce que je dois la respecter, surtout que je n’ai pas commencé notre rencontre de la meilleure façon qu’il soit. Surtout que si je l’ai touché davantage, c’est encore pire, non ? J’espère qu’elle était consentante, je ne veux pas qu’elle soit gentille juste parce qu’elle veut partir en seul morceau. Suis-je un monstre ?

Je n’en sais rien.

En tout cas, j’essaie de faire en sorte qu’elle s’habille et qu’on mange tranquillement. Mais la jeune femme a le don de mettre un coup dans mes neurones. La panique me gagne quand elle vient constater que je ne la regarde pas alors que je l’ai fait durant des heures à la bibliothèque. « Heiiiin ? » J’allais me retourner et je me souviens qu’elle est presque nue. Je rougis immédiatement.

« C’est faux… je te trouve magnifique… même si je suis incapable de comparer car tu es la première que je vois dans cette tenue… Je trouve que tu as des courbes magnifiques… » je tilte. « mais… euh… je n’ai pas fait exprès… je te jure que je t’ai recouverte tout à l’heure… tu n’as pas apprécié la bibliothèque, si je te regardais encore, je ne voudrais pas te faire sentir mal… »

J’acquiesce quand elle me demande un vêtement. Je me lève jusqu’à ma valise pour en tirer un. Je m’approche du lit, toujours en regardant sur le côté puis m’assois. Je tends le vêtement vers elle. « J’ai des plateaux repas et un remède spécial gueule de bois, si tu veux… »

Je me sens vraiment idiot en ce moment. Nadia doit certainement avoir hâte de partir, peut-être que les plateaux, c’est trop ? En plus, c’est une manière de la faire rester. Ce qui m’arrange pour lui poser une question qui me brûle depuis le réveil.

« Dis… » je marque une petite pause. « Toi et moi, on a … ? » J’hésite à dire le mot. Mais je n’ai pas le courage, beaucoup trop timide. « on a fait « la chose » ? Vu qu’on était nus, je me suis demandé si… » si j’avais fait ma première fois avec toi…

Je sens déjà mes neurones se déconnecter l’un après l’autre lorsqu’elle émet l’idée que je sois, moi aussi, nu sous ces yeux. A vrai dire, je sais que je ne suis pas gros mais je ne me sens pas à l’aise à l’idée qu’elle me scrute, Nadia a beaucoup trop de charisme pour que je m’en sorte indemne. Et j’ai peur que mon cerveau s’imagine des choses alors que nous serions tous les deux dans une tenue… aussi légère. Je secoue la tête négativement alors qu’elle me rappelle de la première fois que l’on s’est parlé.

Je m’en souviens encore.

« Je sais… »

En réalité, je me sens tellement ridicule en repensant à ce moment-là. Depuis des semaines, je la regardais de loin sans avoir jamais osé faire le premier pas en dehors d’un poème qu’elle m’a inspiré. A ce jour, c’est plus facile pour moi de lui parler, maintenant que la glace a été brisée. En tout cas, la jeune femme décide de cacher la source de mes tourments. La savoir encore nue, à ma portée, mes idées commençaient à germer, des idées qui n’étaient pas vraiment platoniques. Et ça non plus, je ne le formulerais pas à haute voix. Bien qu’elle m’arrache un rougissement lorsqu’elle se lève du lit. Même si elle a mis un tee-shirt, le fessier de la jeune femme était évident lorsqu’elle va dans la salle de bain. Mon regard se détourne, rougissant à nouveau.

Je refais les draps et dépose les plateaux sur le lit. C’est à ce moment-là, tenant la brioche entre mes doigts, prêt à la savourer, que je lui pose la question qui me taraude. L’a-t-on fait tous les deux ? Je m’attendais à un « Oui » ou à un « Non », mais pas à ce qu’elle me retourne la question. Si je veux le faire avec elle ? Ma première fois ? Ma bouche croque dans la brioche, qui s’écrase aussi sous mes doigts, mes joues rougissent et trahissent les mille images qui ont traversés mon esprit à ce moment-là. Je m’étouffe violemment, attrapant une serviette pour recracher la brioche dedans.

« Tu n’as pas répondu à ma question. »

Je garde la tête tournée dans une autre direction que la sienne. Je ne veux pas qu’elle voit que l’homme que je suis a été trahi par ses émotions. J’ai beau être vierge, ça ne m’empêche pas d’avoir des désirs. Surtout pour une femme comme elle dont j’admire la beauté physique et sa personnalité.

Elle cherche à savoir ce que je ressens pour elle. Est-ce qu’elle m’attire ? Dans ma tête, je lui ai déjà répondu depuis longtemps. Mais ma bouche refuse de laisser passer les mots, elle est bien trop timide pour avouer la faiblesse de mon esprit. Malheureusement, Nadia est bien plus forte que moi et je sens que l’approche de la jeune femme est le signe que je suis qu’une proie en face d’une lionne. C’est l’image que j’en ai car je me sens sans aucune défense face à elle, hypnotisé par son regard… par cette beauté…

Cette hypnose ne dure pas, elle a déjà sauté sur sa proie. Je suis renversé, et sans que je ne puisse vraiment comprendre, elle est déjà assise sur mes hanches. Dès la première seconde, je sais que je suis foutue. Avec elle… avec mon propre corps qui vient d’entrer dans un état d’alerte. La sensation de son corps contre le mien, ça me rend dingue. Je la détaille, remarquant de çà et là les détails de sa peau. Mais je n’ai pas le temps car c’est son regard qui me transperce.

A cet instant, j’ai l’impression que mon cœur va flancher. Je le sens palpiter dans mes oreilles. Ma bouche reste silencieuse alors que mon âme lui crie de me toucher. Je n’aurais jamais cru que je sois exaucé. Mon inspiration remonte d’un coup quand sa main touche mon ventre, remonte sur mon torse et m’offre un millier de sensations. J’ai à la fois chaud et froid. A la fois excité et apeuré. Je suis partagé entre le désir que j’aie pour cette femme, cette déesse nordique. Mais apeuré par moi-même et mon inexpérience des femmes.

Que puis-je lui répondre ? Toutes mes émotions sont amplifiées par la pression qu’exerce la jeune femme à connaitre la réponse. Je me surprends à fermer les yeux quand ces lèvres me font croire qu’elle va m’embrasser. Je suis faible… je ne suis qu’un homme faible face à ces désirs primaires. Si je me maitrise, c’est bien parce que je ne veux pas être comme tous ceux qu’elle pourrait faire faiblir d’un simple regard…

Et pourtant, lorsqu’elle descend sa main vers cette partie la plus intime de mon corps, je me sens obligé de réagir. Mes doigts s’entremêlent aux siens et attire ses mains dans son dos. Je me relève soudainement pour me retrouver presque face à face avec la jeune femme, lui offrant la réponse : « Mon désir pour toi est plus qu’évident bien avant que l’on se parle à la bibliothèque. Chaque parcelle de mon corps est en feu pour toi à chaque seconde que tu es à mes côtés… » En parlant, je me rends compte que mon souffle est mélangé au sien. C’est encore plus difficile pour moi, car l’homme que je suis aimerait en savourer le goût.

Mais ce n’est pas une proposition qu’elle me fait. Alors, je

« Mais combien même je te désire… ça ne fait pas une situation réciproque, je le sais bien… j’ai repris l’écriture grâce à toi, ta personnalité est inspirante… ta beauté est si douce… j’aimerais pouvoir te revoir plus tard, encore et encore… je ne veux pas perdre tout ça... »

Mes doigts quittent ses mains, la libérant de mon emprise soudaine. Je me rends compte que j’ai été très téméraire. Mes doigts profitent de la douceur de ces cheveux bleus. Je me permets d’y glisser mes doigts le long de ses longueurs avant de me laisser tomber sur le lit. Elle a eu sa réponse… elle arrêtera certainement de jouer avec mon cœur. Il ne pourrait plus tenir avec tout ce que je vis au Spring Break.

« Je le pourrais ? Te revoir ? » je questionne ma muse, espérant une réponse à mon tour en la dévisageant...

Le courage que j’ai eu a aspiré mon âme et surtout, l’énergie dont elle est la source. Je ne savais pas que j’étais capable d’avoir la capacité de reprendre les rênes face à une femme avec autant de personnalité que Nadia. Son aura m’a toujours enveloppé dès l’instant où j’étais proche d’elle. Depuis ce jour-là, à la bibliothèque, je ne peux pas dire que ce n’est qu’une simple admiration à présent. Tout simplement parce que je commence à effleurer la femme qu’elle est, je la découvre. Même si je ne dis pas un mot quand je découvre des aspects de sa personnalité, que ce soit hier soir ou ce matin, j’apprends à les connaitre. Et à survivre à leur assaut. Car oui, elle me fait vivre un assaut par sa présence sur moi. Ce n’est pas de la gêne, au contraire, je me rends compte que j’ai plaisir à l’avoir près de moi. Cette beauté si lointaine ne l’est plus vraiment. Malheureusement, je suis enchainé à la bienséance. Je sais que n’importe quel homme aurait déjà sauté sur les lèvres de la jeune femme, effleurer sa chaire et jouer avec les points sensibles une fois découverts…

Je lâche un soupir de soulagement quand elle me dit que nous nous reverrons. Et qu’elle m’avoue que nous avons rien fait. La réalité est légèrement différente de ce qu’elle me dit. J’ouvre les yeux, glissant mes doigts sur ses hanches pour me hisser jusqu’à elle. Je sens mon cœur battre à la chamade dès l’instant où je le fais. C’est agréable, ce geste si anodin et pourtant… « ça m’aurait ennuyé de n’avoir aucun souvenir de ce moment… j’aurais tellement peur de ne pas avoir été correct avec toi à cause de l’alcool… Tu n’es pas n’importe qui pour moi. » Je pourrais avouer bien plus encore mais je ne suis pas sûr de pouvoir survivre à l’idée qu’elle fuit ces aveux bien trop fragiles.

Mon corps reprend son approvisionnement d’air, parler me rend nerveux avec la jolie bleue. Une idée ou alors une envie, me traverse l’esprit. Je me rends compte que je réfléchis trop avec Nadia, comme avec n’importe qui. Mais à la différence, c’est que Nadia m’importe beaucoup. Pourrais-je la perdre ? L’idée est inconfortable et la seule chose qui me vient pour lâcher prise est de rompre la distance entre son visage et le mien afin de déposer mes lèvres sur les siennes. Doucement, mes doigts s’enfoncent dans sa peau pour la tenir encore plus fermement contre moi. A cet instant, je me sens beaucoup plus léger, comme si je venais de faire ce que je retenais depuis longtemps…