Matinée voluptueuse, elle a aujourd’hui, l’âme rieuse, à la lisière de se sentir chanceuse, perturbée par l’envie de dire heureuse. Les doigts de Joey parcourent en silence le torse de cet amant débarqué chez elle afin d’étendre la courbe du temps. Son corps, faute de leurs moments de luxure, elle le connaît sur le bout des ongles, et son pouce dénote les cicatrices présentes, d’une à l’autre, il jongle, anciennes blessures, parfaites fêlures. Et elle s’attarde plus longuement sur celle à proximité de son cœur, celle dont elle ne sait l’origine mais aussi celle qui engendre le plus de peur.
Elle a encore sur les lèvres le goût de sa peau, son être souffrant de maints frissons et tressauts. Vestiges d’instants orgasmiques partagés, dont elle éprouve toujours les effets. A peine ses iris se voilent qu’elle est acculée d’images de lui qui prend possession d’elle à tous les niveaux. Lui faisant endurer les meilleurs des maux. Un léger sourire se décline sur son visage, satisfaite qu’il soit venu réaliser, de sa nuit, les mirages. Joséphine ancre son menton sur son buste, elle repose sur le tempo de sa respiration, quand le bleu de ses yeux va chercher le vert des siens. Elle se dit, ridicule, que cet homme lui fait un peu trop de bien. Mais elle n’osera jamais le dire la première, elle aurait trop peur qu’il croie que c’est un jeu, étant donné la façon dont les choses ont commencé pour tous les deux.
Ses phalanges ne dessinent plus le sinueux de son derme, elles s’attardent à pianoter, elle s’interroge sur le fait, que ce soit que dans sa tête, leur complicité. Ce ne serait pas la première fois, que Joey imagine une chose qui n’existe pas. Faute des drogues ingurgités qui alternent sa raison, parfois. « On m’a demandé si c’était sérieux, toi et moi. » Elle balance cette phrase, comme ça, elle flotte entre leurs corps dénudés, entre leurs souffles qui reprennent un rythme moins affolé. Elle a su répondre, évidemment, mais elle voudrait savoir ce qu'il en est, vraiment.
Si autrefois j’aurais tout donné pour m’éclipser dès les aurores naissantes en les délaissant dans leurs draps froissés, aujourd’hui je me surprends à venir la rejoindre une fois l’astre levé. C’est un nouveau rituel qui mine de rien change progressivement ma perception de la vie, me fait l’apprécier pour ce qu’elle est et à juste titre, quitte à craindre un peu plus pour la mienne chaque fois que je suis amené à prendre des risques. Les habitudes sans la moindre affection se sont soustraites d'elles-mêmes à des gestes qu’il y a peu de temps encore nous auraient parus très surfaits, preuves d’une tendresse qui à l’origine ne devait être qu’une baise pour parapher cette alliance dénouée de sens et encore… Mon lit n’était qu’une prime qu’elle était en droit de refuser.
Ses doigts se perdent en caresses explicites lorsqu’ils s’amourachent de ces marques qui me parsèment. Cela ne fait que quelques instants que nous nous sommes encore prouvés de la force de notre attachement et malgré çà j'éprouve un apaisement singulier à savourer l’instant présent, détournant la tête vers la fenêtre d’où s’élèvent de bruit de la ville qui s’anime et le pas régulier des passants à cotés. Il n’y aura rien cette fois pour nous déranger, je n’ai rien à faire de ma journée et les affaires daigneront attendre que le ciel s’obscurcisse une fois de plus pour de nouveau rentrer dans mes priorités. Ma paume sur sa hanche flatte ses courbes jusqu’à gagner du terrain, redessine le creux de ses reins pour aller se perdre sur les rondeurs qu’il me plait tant de heurter lors de nos élans.
Et dans nos regards complices, le sourire d’un secret que ni l’un ni l’autre ne souhaite aborder. Du moins c’est ce que je croyais. « On m’a demandé si c’était sérieux, toi et moi. » La question que je redoutais est déclinée ce matin à la troisième personne du singulier. Peut-être vient-elle de l'une des filles du Sidh qu'elle à l'opportunité de croiser, d'un ami un peu trop curieux, d'un ex qui chercherait encore après elle... Tant de possibilités et pourtant c'est à la pensée de la dernière que je retire ma main de son derme, les traits contrariés.
Bien… Au nombre de soirs que l’on a passés toi et moi, tous ces mois à échanger, à se chercher mutuellement allant jusqu’à se promettre de façon détournée un semblant d’une fidélité, à se trouver des qualités là ou d'autres n’apercevraient que des défauts, je crains qu’effectivement nous ne soyons rentrés dans un cercle vicieux, le serpent qui se mord la queue. « Et t'as répondu....? » Parce que de toute évidence à sa question, elle détient déjà une moitié de réponse.
Mutine, elle cherche dans ses yeux n’importe quels signes. Joséphine s’essaie à ce qu’elle ne fait jamais dans l’intimité, à tenter de lire entre les lignes. Seulement la malice quitte ses yeux, Dutch reprend son sérieux, et elle s’interroge, car elle a peut-être trop attisé le feu. Qu’après tout, ne rien dire, ne pas poser de mots sur leur jeu reste, à la finalité, le mieux. A croire que la douce a eu l’esprit trop curieux. Que l’affirmation avait trop de côtés putassier et pernicieux.
Elle en a de la difficulté à avaler quand sa main s’en vient à la quitter. De tous les mots du monde, elle sait, que Dutch s’apprête à prononcer les mauvais. Faire prendre le désastreux détour à leur aparté. L’attachement, il est si pénible à avouer. « Et t'as répondu... ? » Ce qu’elle voulait, elle, c’était de savoir ce que toi, tu aurais répondu. Pas à nouveau se sentir stupide, et perdue. Animal écorché, et les blessures attisées. L’amant ne parlera pas le premier, mais n’est-elle pas celle qui a fait l’aveu de n’avoir que lui pour accompagner ses nuits, et à présent, à l’évidence, ses matinées ?
La vie c’est comme ça tout le temps ? C’est ce qu’on gagne à vouloir se lier un peu trop aux gens ? Connaître la douleur permanente de distiller au travers de ses veines un venin cuisant ? Pourtant, elle est prête à choisir cette option, pour elle certes, mais aussi pour l’homme qui se trouve présentement dans son lit. Parce que lorsqu’il ne la rend pas folle, elle s’égare à rêver de lui.
Alors à son image, Joey se renferme à son tour, désireuse de quitter ses atours, le regard s’abaisse, en une indicible détresse. Faute de son affection, elle essuie la faiblesse, et face à cette véracité, elle met un terme à la tendresse, elle se redresse.
Et assise sur le rebord du lit, à chercher – en vain – les vêtements qui la couvraient avant qu’il ne vienne réinventer, une fois encore, le libertin. Joséphine exulte un soupir acerbe quand elle lui lance une œillade, de biais, crispée. « Oh tu sais… » elle hausse les sourcils, provocatrice et vile, elle en a ras le bol d’avancer sur un fil. « Que j’écarte les cuisses parfois. » D’un commun accord, tu vois ?
D’abord silencieuse elle se défile, se soustrait à la fois du regard et de la question en un bond, se redresse sans s’exprimer à l’image de ses émotions qu’elle sait si bien cacher, sans un mot et je sais déjà qu’en vérité ce n’était pas les paroles qu’elle espérait m’entendre prononcer. Ses mains la guident jusqu’à s’assoir sur le bord afin d’épouser du regard chaque parcelle de son parquet. Exposée au regard qui savoure ses lignes, elle cherche vraisemblablement de quoi se couvrir et me laisser ronger mon frein, spectateur impuissant de ses courbes sibyllines bordées par les rayons du matin. Mais la belle a oublié un petit détail cependant : durant l’heure qui vient de passer, nous avons dans cette tendre lutte d’autorité échangé à maintes reprises de positions. Ce qui était à elle est maintenant à moi et inversement.
« Oh tu sais… » Le petit instant d’hésitation explicite tend à me rendre nerveux moi aussi et n’étant pourtant pas un expert de la psychologie féminine, je sais néanmoins que c’était le but recherché. Ma main s’écrase sur le matelas cherchant vainement dans un mouvement réflexe à l’arrêter lorsqu’elle termine son incartade, visiblement contrariée. « Que j’écarte les cuisses parfois. » Plutôt souvent ces derniers temps mais inutile d’alimenter ce qui gronde en elle, c’est déjà suffisamment cuisant. « Tu m’fais quoi là ? » Alors si on reprend les choses dans l’ordre selon nos expériences passées, le regard rivé sur le plafond j’énumère l’éventail de nos possibilités. Ça ne vous est jamais arrivé de faire un arrêt sur image à un moment précis de la journée et de regarder, de vous dire : ah, c'est pas ça ma vie. Pourtant ce sont bel et bien ces petits instants qui vous la font apprécier, en particulier avec Joey.... Jadis on s’engueulait pour baiser après et sur l’oreiller tourner la page, prendre un nouveau départ. A présent les tendances se sont inversées…. Mais à quel instant précis tout a t-il donc basculé?
Alors tout comme elle je me suis flanqué sur le coté, de dos cette fois pour aller cueillir avec difficulté, au risque de me vautrer et le bras tendu, ce bout d’étoffe arraché tantôt du compas de ses cuisses. Discret et fin, bordé de dentelle qu’il ne me sera plus permis d’associer à d’autres formes que les siennes, il est gardé précieusement en ma possession lorsque je m’adosse à sa tête de lit. Entre mes doigts il est fièrement affiché à sa vue et soudain je me complais, vicieux, dans un chantage affectif lorsque je le lui tends avant de me raviser. « Tu veux m’épouser ? »
Personne n’est maitre de son destin. On ne peut contrôler un monde à la force de ses mains. Il y a toujours ces moments, ceux qui font changer l’éternelle courbe du temps. Ceux qui donnent à la vie, un nouveau tournant. Cet instant, improbable, où se lient deux êtres qui se pensaient trop indépendants. « Tu m’fais quoi là ? » Seulement, elle-même, elle ne le sait pas, elle t’offre, par souci de facilité, un nouveau combat, de peur d’affronter ce que tu es capable de faire pour elle et qu’elle ne mérite probablement pas. Et perturbée, elle en passe sa main dans ses cheveux, avec une nécessité de s’en arracher un peu. Ce qu’elle fait ? Elle tente de te montrer, de façon bancale certes, que malgré tout ses sombres côtés, au-dessus de cette âme qui aurait besoin de chirurgie, ouvrir son crâne pour modifier ses pensées, elle est accrochée. Elle est dedans, jusqu’au cou, et certainement déjà en passe de se noyer. Tu ne vois pas combien elle a du mal à respirer ?
Le corps de Dutch plonge de l’autre côté, et elle observe son manège, toujours contrariée. Ce n’est aucun qui s’est perdu à vraiment l’apprécier, la rouquine émaciée. Objet de désir, certes, mais dont on ne veut savoir ce qui se déroule dans sa tête. Et il se redresse avec, entre ses doigts, le tissu qui cachait, il y a peu, l’antre de sa silhouette. Il feint de lui rendre, et elle pourrait presque, à sa comédie, s’y prendre. Car elle entame de le récupérer quand il avorte son geste d’un ; « Tu veux m’épouser ? » Choquée. De battre, son cœur s’est arrêté. Un parfait loupé. Elle en clôt lentement ses paupières en se mettant à pouffer. Puisqu’il ne peut en être autrement, de sa bêtise, la belle se détend. Rire à demi, pour s’en revenir à lui. Et là voilà qui s’approche, perfide et vilaine, parce qu’elle ne sait que trop bien qu’elle l’adore… jusqu’à la haine. Féline quand ses doigts harponnent son propre sous-vêtement, et qu’elle en profite pour aller mordre la lèvre de Dutch de ses dents. Sur le goût de la morsure, elle murmure « Non. » elle se sert de sa langue pour aller panser sa doucereuse torture. Souffle un dessus un ; « Pauvre con. »
Et sur la saveur de sa bouche, elle se relève, lui laissant la dentelle entre les phalanges, taquine, quand une fois hors du lit, elle laisse le soleil se refléter sur la blancheur de sa peau, lui laisse volontairement le loisir de contempler ce tableau. Puis elle récupère le t-shirt de son amant, elle passe le tissu sur elle, se surprend à apprécier porter son odeur… bien évidemment qu’il a flanché son cœur. Toujours dos à lui, quand elle fait virevolter ses cheveux au dehors de sa robe improvisée, et que s’élève à nouveau sa voix ; « Ça l’est. » Sérieux, pour moi. Joséphine sonne le glas.
La question déportée sur une note allègre la pique comme souhaité, en proie à la surprise parce que cette proposition n’a rien de concret même si un jour ce sera forcément une finalité. N’est-ce pas le but d’une relation ? Se lier au point de vouloir partager plus que de simples moments d’affection ? J’avoue que pour l’heure l’état dans lequel végète notre complicité me satisfait et aux vues de mes activités et de mes relations – professionnelles j’entends – vouloir la voir pénétrer dans mon monde n’a été qu’une preuve d’égoïsme, ne pensant dans cette histoire qu’à mes intérêts. Elle en rit les yeux fermés avant de chiper dans une détente singulière ce qui lui revient de droits, les doigts subitement enserrés sur la dentelle que je détiens toujours en mon emprise. Ni l’un ni l’autre ne lâchera prise et sans doute est-ce dans une tentative de diversion qu’elle s’approche encore pour venir dans un tête à tête suspendre son cœur à mes lèvres dans une morsure grisante qu’elle atténue de sa langue. « Non. Pauvre con. » L’affront n’est que plus provocant lorsqu’elle se redresse et réaffirme son indépendance, matérialisant la perfection de ses courbes sous un nouveau jour, mon regard toujours plus envieux lorsque je me laisse retomber, les bras croisés et paumes jointes derrière ma nuque, me délectant silencieusement de ce spectacle bercé par les rayons dorés.
Les convenances, les règles de bienséance, elle les balaye du pied alors qu’elle se fraye un chemin dans sa chambre, une traversée derrière les façades urbaines et expose au petit jour ses lignes qui enflamment mes sens. A défaut de trouver ce qui la couvrait tantôt elle s’approprie ce qui a flirté avec le mien de derme et se glisse sous l’étoffe, apprivoise le textile qui épouse ses courbes comme une seconde peau. Elle l’apprécie, en inspire les essences longuement comme si elle goûtait de cet instant pleinement l’intensité, ajustant ses gestes d’une parole qui me fait ciller. « Ça l’est. » Ma main se perdant sur mon torse je me suis laissé aller à quelques secondes pour lui céder ce qui me brule moi aussi depuis ce qui me semble être une éternité. « Pour moi aussi. » Le regard ancré sur les quelques difformités de son faux-plafond je n’ai eu l’écho de ses premières réactions et pourtant je me suis redressé pour aller jusqu’à elle, trainant le pied et les yeux plissés à mesure que mes pas me rapprochent de cette fenêtre devant laquelle elle s’est embusquée. Beaucoup pourraient chaque matin en profiter, spectateurs de son impudeur et c’est une idée qui - étrangement - me plait lorsque ma paume vient épouser ses rondeurs: Les savoir derrière les vitres de leur vie à la lécher du regard lorsqu’elle se met en lumière, actrice épanouie qui leur offre à son insu ou en parfaite connaissance son corps à nu. Mais tu m’appartiens aujourd’hui. Et le temps de venir caler machinalement ma tempe contre la sienne et l’enserrer, cintrant sa gracile silhouette dissimulée sous la largeur de mon t-shirt entre mes bras, quelques mots en réponse aux précédents lui sont susurrés : « Et depuis un moment » . Mais à la simple vision des rayons se réverbérant dans les fenêtres de son vis-à-vis, il me vient un désir que d’un mouvement de lèvres je lui confie, sans la moindre hésitation : « Tu sais ce qui m’plairait ? Te prendre là, sur le bord de ta fenêtre » la prochaine fois, offrir à un public ou à qui voudra le spectacle de nos ébats, l’audace de tes courbes contre les miennes dans une exhibition prononcée, qu’ils sachent tous que tu es mienne désormais.
Les secondes s’éternisent à la force d’un soupir, juste le temps d’imaginer le pire, avant qu’il n’amorce la chute, la tangible certitude qu’ils vont forcément en souffrir. « Pour moi aussi. » car l’entente de ces trois mots lui font assurément trop de bien, et elle sait, à l'excès, qu’elle va devoir endurer les caprices du destin. Joey se dira, qu’elle ne le mérite pas, qu’elle n’est pas assez, ou trop parfois, qu’elle va devoir se vomir pour tenter de le garder. Que lui aussi, un jour, va remarquer, que son corps n’est pas parfait et que son mental ne peut rattraper. Atroce vérité dont elle ne parvient, que très rarement, à se dépêtrer. Elle est fichue faute de trop l'apprécier. Et malgré cela, s’il lui file entre les doigts, c’est dans le néant qu’elle plongera. Trop de contradictions pour un aparté déjà fort en émotions. Frôle la déraison.
Alors elle chasse son fourbe émoi fugace, pour le troquer contre un ressenti plus plaisant et plus vivace. Elle esquisse un sourire, satisfaite au point qu’elle ne peut le dire. Quand elle le remarque par le biais de son reflet dans la fenêtre, visible à demi, et qu’il approche pour l’attraper, Joséphine réalise qu’elle ne peut plus s’envoler. Joue contre joue, inconscients de miser sur ce pari fou. « Et depuis un moment » Pour rien au monde elle ne trahirait cet instant. Ses phalanges vont épouser les siennes naturellement, elle inspire lentement, pleinement comme elle ne le fait que très rarement, de la réciprocité de son attachement elle en éprouve le soulagement. Jamais elle n’aurait pu penser et pourtant...
Lorsque les lèvres de Dutch effleurent son oreille afin de lui psalmodier une exquise volonté ; « Tu sais ce qui m’plairait ? Te prendre là, sur le bord de ta fenêtre » elle sait. Ce n'est plus un besoin rien physique, ça défi toute logique. Un désir de s'appartenir. Et déjà la rouquine s’en délecte. Elle se fond dans une humeur d’autant plus joueuse, tout en restant entre ses bras, elle se retourne, allumeuse, son visage face au sien, trahissant, en humidifiant sa bouche à l’aide de sa langue, son envie de lui. Que ça lui plairait aussi.
Si les paumes de Joséphine ont d’abord éraflé la musculature de ses épaules, c’est très rapidement qu’elles dégringolent. L’une d’elles reste agrippée à sa hanche, quand l’autre de son appétit s’épanche. « Parce que tu pourrais ? » Comme il est encore dénudé d’une main ferme, elle empoigne, sexuelle, ce qu’elle vient de revendiquer et confirmer comme furieusement « à elle ». En posant cette question, elle ne remet pas en cause son impudicité, elle est seulement, railleuse sur le sujet de ses capacités. Car ils viennent à peine de faire une trêve dans leurs charnels amusements, elle mord son inférieure pour l’interroger sournoisement, vicieuse comme trop souvent ; « On peut aussi manger tes croissants, pour te donner plus de temps. » Et afin de relâcher la pression de ses doigts qu’elle faisait aller et venir sur toi, elle choisit ce moment.
Dans ce partage de mes pensées lubriques, elle répond sans mot dire dans un premier temps, juste au touché de ses doigts qui doucement se délient des miens pour trouver la position qui convient. Voir la douceur de son visage m’inspire au quotidien, sentir la chaleur de sa peau un viscéral besoin. Et lorsqu’elle frôle de ses ongles mes épaules et allume ses lèvres d’un lustré qui me rappelle à de bien délicieux souvenirs, sa main dégringole jusqu’à me mettre en difficulté. « Parce que tu pourrais ? » Malicieuse et mesquine lorsqu’elle m’empoigne et me provoque là où le bât blesse. D’une légère pression sur ses reins mes paumes lui font comprendre que le reste de mon corps n’est pas toujours enclin à ses avances, pas dans l’immédiat, question de mécanique pourtant bien rodée. « Doucement. » Ce n’est pas un jouet que tu tiens entre tes mains, juste le fruit d’une hérédité qui un jour peut-être prouvera de sa naturelle fonction : engendrer. Mais elle coupe court à cette bien étrange pensée lorsque son sourire se peaufine davantage sur ses traits, railleuse, proposant une trêve momentanée. « On peut aussi manger tes croissants, pour te donner plus de temps. » A nouveau ses doigts relâchent la douce pression exercée. Nul mot ne sera associé à cette accalmie, juste mes lèvres trouvant les siennes après que mes phalanges ne se soient procurées le plaisir d’étreindre sa mâchoire enjouée. D’un hochement de tête j’approuve silencieusement sa proposition pour me soustraire de l’équation, allant jusqu’à l’extrémité du lit d’où je réenfile rapidement mon caleçon, jetant une brève œillade à celle avec qui j’apprécie partager bien plus qu’un simple lit. Sentiment mesquin que je subis, que j’exècre autant que j’apprécie. On dit que l’amour rend con et j’en suis malgré moi le témoin.
Et parce que l’indécence lui sied, parce qu’elle est telle qu’elle est, femme d’un soir trouvée dans un bar devenue au fil des nuits une habituée, la favorite de mes soirées, je mourrais cent mille fois pour l’une de ses caresses, accepterais n’importe lequel des supplices en contrepartie de l’une de ses douces ivresses dont elle a le secret. Une fois brièvement habillé, du strict minimum endossé, je l’ai rejointe dans la pièce à coté et me suis installé à la table où elle s’est placée pour sournoisement lui grogner : « Ta jambe…. Je la casserais bien en deux. » Parce que c’est la première chose sur laquelle mon regard s’est perdu, jambes dénudées, entrecroisées ne laissant qu’agréablement imaginer le fruit caché.
Les grandes choses ont de petits commencements. Des riens, qui deviennent tout. De cette nuit où ils se sont rencontrés, au détour d’orgueils mitigés, à cette matinée où se partagent leurs mutuels intérêts. « Doucement. » Il intime lorsqu’elle déplore, d’un acte moqueur, son manque de vigueur. Etonnée par le mot utilisé et sa saveur, car tous les deux, ils sont bien loin d’avoir un penchant pour la douceur.
Propriété redéfinie, quand sa main enserre son visage, et qu’il baise furtivement sa bouche, avec cette faible rage. Satisfaite de son effet, de l’impact que sur lui elle arrive à effectuer.
Elle se détourne finalement, traverse la petitesse de son appartement. Elle s’approche de la table où ils ont été délaissés, les croissants. Son rapport à la nourriture n’a jamais été des plus parfait, alors il ne lui avait fallu qu’une seconde afin de décider de taire son appétence en une plus provocante, langoureuse danse. Un besoin lorsqu'il n'est pas là qui se transforme vite en manque.
Assise à table, à s’interroger, sur des détails futiles, comme celui de devoir oui ou non lui proposer un café. Un cognac ou un thé. Le regard échoué sur le sachet de viennoiserie, elle se laisse surprendre, lorsque sa silhouette s’impose au tapage de son esprit. Il s’installe, face à elle, et l’instant la révèle perplexe dû à ce côté indéniablement naturel. L’évidence est telle ; ce couple est bel et bien réel. « Ta jambe…. Je la casserais bien en deux. » Morsure délicieuse de son âme belliqueuse.
Elle n'est pas de celles qui se pourraient être choquée par des paroles telle qu'elles. Bien au contraire, ça fait ressortir ses vilaines manières. Celles qu'elle préfère.
Allumeuse quand, elle soupire, minaudeuse, factice actrice, qui tortille ses cheveux, qui plante son regard dans ses yeux. Et cette dite œillade, elle défaille, subrepticement, vers le bas en un sourcillement. Afin de lui indiquer que le spectacle va commencer. Car avec une lenteur maitrisée, elle les décroise, prenant la peine de laisser choir une de ses mains sur la peau de sa cuisse, lui offre durant une fraction de seconde la vision de son caprice, pour échanger sa jambe droite contre sa jumelle, trahissant son affection envers les inclinaisons sexuelles. Joséphine, plus encore avec lui, elle est éprise du charnel. Elle se délecte de l’envie que, sur ses traits, elle lit. Attrape un croissant et le pousse face à lui. « Bon appétit. »
ft. @Joséphine Porter |
Œillade qui invite et incite à un spectacle gourmand lorsqu’elle cille en direction de ce mets séduisant, je me suis recalé contre le dossier pour mieux jouir de la vue, inclinant la tête très légèrement. Personne ne t’observe excepté moi, le regard éconduit vers cette terre promise que tu effeuilles d'un simple mouvement. Tu soulèves une jambe pour te dégager et glisse ton mollet sur la peau laiteuse de ta cuisse qu’il me plairait d’embrasser pour en dévoiler brièvement l’intimité, encore chaude et moite comme cette tasse de café où mes doigts sont venus s’enlacer.
Dans le silence d’un soupir suspendu, un simple sourire à l’évidente complicité suffit à lui seul pour lui confier qu’elle m’a eu, soufflant sur les braises de mon plaisir qu’elle vient de rallumer à cette plaisante vue. Et tandis qu’elle fait tomber le rideau en réalignant le bout de tissu, je me remets de mes émotions, mon autre main réajustant mon les plis de mon caleçon. Et à défaut de continuer à exhiber de tous les maux l’objet, elle apprivoise de ses phalanges le friand d’un croissant qu’elle pousse vers moi délicatement. « Bon appétit. » Paupières plissées face à l’ironie de la situation parce que pour l’heure j’ai bien d’autres aspirations, j’accepte volontiers son offrande en récupérant la viennoiserie qui est médicalement disséquée. Elle ? Rien ne sert de la forcer, elle n’a de faim que celle d’un oiseau, toujours rassasiée sauf lorsqu’il s’agit de lubricité. Et la mie entre les doigts, le mouvement avorté, je me suis attardé sur la vision de la pièce de dentelle laissée sur le lit de côté. « T’as refusé le mariage » et je ne l’en blâmerai pas, parce qu’il n’est jamais bon de s’engager avec légèreté dans ces choses-là. Mais un demi-sourire, de ceux qui sont mesquins et sournois, se profile sur mon faciès à l’idée de ce qui germe. « Mais. Et pour le voyage ? » Tu sais bien, celui qui va souvent de pair avec, cet aparté lubrique aux destinations généralement exotiques qui scelle une relation sincère. Parce dans tous les cas j’en ressens déjà le besoin, partir loin ne serait-ce que pour une semaine, à flirter avec les douanes comme autrefois sous un nom d'emprunt et parce que qu’on ne laisse pas Joey dans un coin.
|
|