C’est un quotidien que je dois encore apprivoiser, un rythme pour le moment chaotique, mais je suis aidée et je ne m’en sors pas si mal. J’aime plus que jamais mon nouveau rôle de maman et je me surprends à contempler mon fils pendant des heures. J’ai eu quelques visites mais à flot réduit en raison de la tempête, je ne m’en plains pas, je peux ainsi préserver ma bulle avec mon fils et reprendre pied avec la vie progressivement. Des coups viennent retentir à la porte. Cain niché au creux de ma poitrine, je le porte très souvent en écharpe, ce qui s’avère être redoutablement pratique. Je ne suis pas apprêtée comme habituellement mais pas débraillée pour autant, les cheveux relevés en chignon, j’ai opté pour une tenue simple et confortable qui me permet d’allaiter facilement et ma mine est pour le moins resplendissante même en l’absence de maquillage. On me répète que la maternité me va comme un gant. Laissant se découper ta silhouette dans mes murs, je te souris avant de me reculer. « Bonjour Liam, je t’en prie entre. » Te laissant passer, je viens refermer la porte. « Le petit dort pour le moment. » Entrouvrant l’écharpe davantage, je te laisse toutefois entrevoir son visage paisiblement endormi. « Tu as l’air d’aller bien ! » Rien à voir avec la dernière fois. « Merci ! » dis-je en prenant les cadeaux. Rigolant à chacun d’eux. « Avec tout ça, il aura la classe ultime. »

Je souris de te voir un peu gauche et malhabile. Toi habituellement si sûr de toi, qui évolue dans un monde que tu ne connais définitivement pas. Pourtant tu l’apprivoises cet univers, avec quelques années de retard concernant ton fils mais tout de même. J’écarte le tissu de mon écharpe pour que tu puisses voir Cain endormi contre moi. Ton compliment me fait plaisir, naturellement, je trouve qu’il est le plus beau de la terre. « Merci, pas de mode d’emploi mais un certain entraînement. » Le sourire s’accentue tandis que mon regard s’habille d’une lueur complice, il faut dire que nous avons eu une certaine pratique commune dans cette acquisition d’expérience. « Je suis contente pour toi. » Mon sourire s’accentue et j’ai plus ou moins su que Gemma était revenue d’entre les morts sans avoir les détails. « Raconte-moi ce retour ! » Puisque je t’ai désormais avec moi pour me le raconter en live. « Tu veux boire quelque chose ? » Je ris concernant tes cadeaux. « Il me surpasse déjà. » Ce n’est pas difficile en même temps, il est plus que parfait.

Heureuse que la joie te parsème à nouveau. Je flotte moi-même sur mon nuage, m’attendrissant de voir une certaine douceur sur tes traits lorsque tu contemples mon fils. On est loin de nos enfers, de nos sombres appartenances. Regarde-nous comme on grandit. Je suis étonnée de parvenir à faire face de la sorte, malgré son absence à Lui. Malgré le fait que les traits de mon fils soient en grande partie similaires avec les siens et je ne doute pas que les choses iront en s’accentuant. Les De Belgique sont doués pour marquer leur territoire. Mais je me concentre surtout sur le retour de ta belle au bois. « Avec tous les détails évidemment. » Mes épaules se haussent et un sourire complice étire mes traits resplendissants. « Goyave, parfait, je te le fais à l’extracteur. » Te mouchant ainsi au passage, mais depuis l’accouchement, je fais une cure du jus alors j’ai tout ce qu’il faut. Je reviens avec nos boissons, prête à t’écouter. « Naturellement, mais tu te laveras les mains avant, je ne sais pas où elles peuvent trainer encore. » Et de mon expérience, pas toujours à des endroits recommandables.