Le diable s'habille en DolceÉcouteurs dans les oreilles, tailleur et jupe crayon, j’avais l’air d’une véritable femme d’affaire, ce n’était pas difficile de ce faire passer pour ce que l’on n’est pas, ou plutôt pas encore. Je venais de sortir d’un bar où j’avais pris un café en écrivant la fin de ma dissertation pour mon cours de droit pénal de demain matin. J’aurais bien pu le faire à la maison, mais pour être honnête je venais de m’embrouiller avec monsieur tout en un et je ne voulais pas qu’il sache où je me trouve. Bon je savais que c’était peine perdue et qu’il savait sans doute où je traînais mes Louboutins, mais qu’importe, ça me faisait du bien de croire que pour une fois je contrôlais quelques choses. Le vent extérieur était gelé, je resserrais mon col contre mon cou, pestant d’avoir oublié mon écharpe pour sortir. Je n’en avais que pour une bonne dizaine de minutes de marche pour rentrer à la maison, mais en talons aiguilles, avec un vent plus que frisquet et une petite pluie qui semblait pointer le bout de son nez, ça commençait tout de suite plus long que ça ne le serait réellement, mais bon le temps était toujours moins pourris que depuis quelque jour et cette foutue tempête.
Je poussais un petit soupire, j’attendais avec impatience le retour du beau temps et du printemps, me disant même qu’aux prochaines vacances je m’offrirais des vacances, mais je savais aussi que c’était totalement faux, il me faudrait travailler pour Emerson, préparer mes examens, et si j’avais quelques jours de libres, il faudrait sans doute rendre visite à mes parents, bref des vacances au soleil ça paraissait tout de suite loin très loin… D’ailleurs mes dernières véritables vacances au soleil, c’était lorsque j’étais encore avec Dutch, et que mon père enrageait que je ne fréquente pas quelqu’un de « mon monde », je ne pu retenir un sourire en me disant qu’il serait fou de rage si il savait que je me tapais le chien de garde qu’il avait collé à mes fesses. J’étais perdue dans mes souvenirs, ce premier regard qui m’avait totalement fait fondre lors d’une visite au commissariat pour un client avec mon ancien maître de stage, le prestige de l’homme en uniforme sans doute, avec ses jolies fesses bien moulée dans son treillis du SWAT. Autant chasser cette image rapidement, j’étais bien assez de mauvaise humeur comme ça.
Un choc me fit perdre le fil de mes pensées, je grognais intérieurement contre la personne qui venait de me rentrer dedans alors que mes cheveux ne semblaient pas d’accord avec l’idée de rester bien sage avec le vent qui les ébouriffait. Je les coinçais dans mon col avant de redresser la tête pour m’excuser, même si j’avais plutôt envie d’hurler, ce ne serait pas constructif, un bon avocat devait savoir garder son sang froid. Et croyez moi, ce n’est pas toujours si simple, pendant quelques secondes je crus devenir folle, je dus d’ailleurs me mordre l’intérieur de la lèvre pour vérifier que je n’étais pas en train de faire un cauchemar. Il y a bien ce proverbe, quand on parle du loup et tout le tralalala mais là ce n’était pas possible. Je fis quelques pas en arrière, m’éloignant de quelques pas, c’était évident, je devais confondre, Dutch avait disparu de la circulation depuis un moment, et, et il n’y avait aucune raison valable de croire qu’il venait de réapparaître. J’aurais sans doute du dire quelque chose, mais j’étais bloquée, bouche ouverte, sourcils légèrement froncé, il me fallut plusieurs longues, très longues, trop longues secondes pour me reprendre. Secouant la tête, je repris mes esprits, mon cerveau me jouait juste des tours à cause des souvenirs dans lesquels je m’étais plongé :
« Désolé. »
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Charles Street
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Une heure à tuer. Compteur à l’appui sur le pourtour de mon poignet, je me suis laissé emporter par les vagues de passants qui reprennent petit à petit leurs laborieuses activités, flots cycliques qui martèlent le trottoir dans un chaos désordonné. Il y a de tout, du plus jeune qui va chercher de quoi se sustenter rapidement les cours, adeptes des fastfoods qui sauront les contenter toujours, jusqu’au plus vieux qui trainent devant les kiosques à chercher inlassablement de la petite monnaie pour leur quotidien qu’ils ne liront qu’une fois chez eux devant la télé. Une heure, le temps d’un claquement de doigt pour certains, le temps que ma voiture retrouve de son éclat. Je jure par tous les Dieux que si je reprends Snow à faire monter son chien sur un siège auto… Heureusement que je suis bon client de ce garage discret qui ne me demande jamais rien de plus qu’une pièce d’identité falsifiée sans broncher. La Bmw, la maison…. Tout, toutes mes possessions sont au nom de Snow pour une question pratique, le mien étant entaché par un avis de recherche depuis quelques temps déjà.
Et tandis que je gratte un peu plus les dalles de ce trottoir, faisant ma place dans cette nuée sans même en prendre conscience alors que je ne cherchais qu’à m’y dissimuler, cette idée sournoise elle aussi fait son bout de chemin : il serait peut-être temps d’exister, de reprendre ce que mes parents m’avaient attribué mais que le destin m’a destitué.
Un gamin un peu plus loin semble lui aussi très intéressé par la notion de transparence, passablement accaparé par la vision que lui procure le sac ouvert de la petite vieille qui se trouve juste devant lui. Elle scrute une vitrine de jouets et il n’est pas très difficile de supposer qu’elle faut les boutiques pour l’anniversaire de l’un de ses jeunes héritiers, Noël étant bien passé. Quant à lui je le soupçonne d’avoir la main qui le démange, le regard agile, plongé sur ce qu’il pourrait contenir. Alors prétextant un manque flagrant d’espace pour bifurquer, je me suis avancé vers lui jusqu’à heurter son épaule et me figer, le taclant d’un « Avance » sèchement prononcé… On ne joue pas dans la même cour, pickpocket juvénile et trafiquant de métier. Sans se prononcer il s’est écarté jusqu’à s’accorder à la foule, sans doute en quête d’une autre proie. Moi, j’ai suivi le mouvement et me suis joins de nouveau à la partie, jetant un dernier coup d’œil à sa dernière victime pour m’assurer de sa tranquillité, le parasite écarté.
Mais juste au moment de me retourner, un autre heurt me fait brusquement me raviser. Inutile de détailler les traits de l’importune qui vient de croiser mon chemin, je ne les connais que trop bien. Elle semble tout aussi désorientée, hébétée à ne plus savoir quoi dire et j’avoue ne pas être le plus loquace aussi, troublé par les souvenirs qu'elle fait soudainement ressurgir. "Désolée". Ça fait une paye qu’on en s’était plus croisés et tout ce qu’elle trouve à me dire c’est un vulgaire désolé. « Rakel. » Parce que moi ton prénom je ne l’ai pas oublié. Un bref coup d’œil pour la détailler, l’étudiant de la tête aux pieds, et je réalise qu’elle n’a pas vraiment changé. « Toujours dans les traces de papa ? » Médisant, agressif quand il s’agit de le citer puisque à la réciproque il ne m’a jamais apprécié. Un con friqué, boursicoteur du dimanche qui ne s’est jamais salopé autre chose que les doigts sur un clavier pour gagner.
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Le diable s'habille en DolceImmédiatement je sentis mon coeur se serrer, cette façon de prononcer mon prénom qui, dans une autre vie, m’avait rendue folle. Je ne pouvais plus espérer que ce mec ressemble juste comme deux gouttes d’eau à mon ex, non c’était lui, il était devant moi après de long mois sans voir son visage. Des images me revenaient en tête, allez savoir pour quelle raison, les personnes qui vous on le plus fait souffrir sont toujours celle qui marque le plus votre âme, et aucun homme n’avait marqué la mienne comme Dutch l’avait fait. Il faut dire que je l’avais choisis plutôt que ma famille, n’hésitant pas à défier mon père alors qu’il avait eu parfaitement raison sur l’ancien flic, un pourri, qui courrait après les femmes comme un chien en rûte. Finalement je n’avais été qu’un trophée de plus pour lui, et ce n’était pas l’image de son torse musclé et de ses bras dans lequel j’aimais tant me lover qui allait changer quoi que se soit à ce qui c’était passé. Le pic qu’il venait de me balancer au visage comme si j’avais été responsable de quoi que se soit dans son malheur me fit grimacer, à croire qu’il y avait quelque chose de mal à vouloir réussir sa vie et à avoir une carrière digne de ce nom.
« Et toi toujours à baiser tout ce qui te tombe sous la … main ? »
Il avait le don de me faire ressortir ce qu’il y avait de pire en moi, mais entre temps j’avais appris à me contrôler, mais d’un côté je n’avais pas vraiment le choix, sinon je finirais sans doute par claquer la tête de certains clients sur le bureau. Finalement je devais sans doute remercier mon père de m’avoir ouvert les yeux sur ce mec et son impossibilité à conserver une relation stable, ça m’avait éviter de finir avec une carrière de merde, dans un appartement minable, à attendre qu’il ai terminer de baiser la voisin pour qu’il rentre à la maison… Mais c’était l’inconvénient des relations comme celle que nous avions vécue, elles avaient une telle intensité qu’elle rendait la plus part des autres relations vides et sans goûts, c’était sans doute pour cette raison que je me contentais d’histoire de cul sans vouloir m’impliquer émotionnellement, histoire de ne plus être déçue comme j’avais pu l’être avec Dutch.
« Et pour continuer un peu plus dans les traces de mon paternel je devrais sans doute appeler tes anciens coéquipiers, ils seraient sans doute ravis d’apprendre ton retour. »
Un frisson me parcouru le dos alors que je me rapprochais de lui comme pour donner plus de poids à ma menace, mais ce fut son parfum qui venait de m’attaquer en traître, mais je n’allais tout de même pas perdre la face si facilement, si j’étais capable de regarder des assassins dans les yeux je n’allais pas perdre mes moyens devant mon ex.
« Ça ne te réussis vraiment pas tes conneries, tu as une mine affreuse. Maintenant si tu veux bien.»
J’aurais sans doute pu simplement le contourner mais allez savoir ce que me passait par la tête et je me mis à faire un geste de la main pour qu’il me laisse le chemin pour que je puisse le fuir,m’enfuir, même si je savais qu’inconsciemment je voulais prolonger ces retrouvailles.
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Je n’ai pas toujours brillé par ma sincérité, ni par ma loyauté mais je jure par tous les dieux que j’aimerais parfois redessiner les contours de ce passé obséquieux. « Et toi toujours à baiser tout ce qui te tombe sous la … main ? » C’était petit, mesquin mais totalement mérité ce qui me fait tirer au renard, les traits brusquement froncés. A l’entendre on pourrait croire que c’est une habitude mais ce n’est arrivé qu’avec une seule… Mais peut-être plusieurs fois. A ce sujet j’avoue avoir la mémoire qui déraille parce qu’entre les souvenirs d’une vie passée et ce que j’ai pu fantasmer durant mes nuits allongé à ses côtés, j’avoue que des silhouettes féminines, j’en ai pas mal rêvées. « J’avais faim. » Une excuse qui n’en n’est pas une mais je ne peux le nier : Rakel a bien été bafouée. Et il n’y a rien de plus dangereux qu’une femme souhaitant se venger, surtout lorsque le père de cette dernière dispose de moyens et de connaissances qui dépassent l’entendement. « Et pour continuer un peu plus dans les traces de mon paternel je devrais sans doute appeler tes anciens coéquipiers » Attention danger… « ils seraient sans doute ravis d’apprendre ton retour. » Impossible qu’elle soit au courant des conditions de mon retour, de l’évasion, de tout ce qui concerne mes nocturnes activités. Elle fait sans doute référence à celui qui a souhaité me voir terminer derrière les barreaux. A ce sujet d’ailleurs cela fait des mois que je tente de le croiser seul au détour d’une allée pour gentiment discuter en privé mais il se montre bien trop méfiant. Je sais, pour avoir trainé dans sa résidence, qu’il s’est séparé de sa tendre moitié, qu’il a changé de voiture pour une sportive hors de prix qu’il n’avait avant çà pas les moyens de s’acheter.
Et tandis que j’énumère les étranges coïncidences qui parsèment mon existence Rakel s’est rapprochée, juste suffisamment pour me laisser le loisir d’en apprécier les effluves, le doux parfum qui se dégage de sa chevelure battue par la brise. « Ça ne te réussis vraiment pas tes conneries, tu as une mine affreuse. Maintenant si tu veux bien.» Je prendrais çà pour un compliment la connaissant parce que l’idée lui est pourtant venue de me détailler. Et c’est qu’elle m’intimerait presque de lui libérer le chemin lorsqu'elle s'enorgueillit d'un geste de la main, histoire de me pousser un peu plus à bout parce qu'elle me connait bien, défaillant lorsqu’il est question de me soumettre à certains idéaux, certaines personnalités. Alors je n’ai pas bougé, ai baissé la tête pour me mettre à en rire nerveusement puis relever le regard sur tout ce qui nous entoure, hilare. « C’est ma ville Rakel. » Autant que la tienne. Puis soudainement mon sourire s’efface au détriment d’un sentiment beaucoup plus tenace : cette piqure de rappel quant à mes anciens collègues qu'elle serait prête à aller retrouver. « Et je ne compte pas en bouger, » quoique tu en dises et quoique tu fasses, nous sommes destinés encore et encore à nous recroiser.
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Le diable s'habille en DolceSa réponse me fit lever un sourcil, décidément il n’avait rien d’un gentleman… Décidément je ne savais pas se qui avait bien pu me faire craquer chez ce type, sauf peut être son physique et le prestige de l’uniforme. Non nous n’avions clairement rien en commun, mais n’était ce pas ce que l’on disait, les contraires s’attirent ou une connerie dans le genre ? Il faut tout de même avouer que j’avais totalement craqué pour cet homme, c’était sans doute pour cette raison que j’avais été si blessée par cette tromperie. Nous n’avions jamais eu une relation parfaitement normale, elle n’aurait sans doute menée nulle part, donc la finalité était probablement la même, mais j’aurais aimé que ça soit fait dans les règles de l’art, plutôt que d’apprendre par mon père que mon mec se tapait une autre nana dans mon dos…
« La grande classe comme toujours. »
Et oui deux mondes différents, et c’était sans doute pour ça que nous avions fini ensemble. Je devais le reconnaître à ses côtés je ressentais le frisson, celui de côtoyer un bad boy. Sauf que j’avais clairement oublié que lorsque l’on fréquente ce genre de mec il faut s’attendre à ce genre de comportement. Et pourtant il m’arrivait de regretter quelques doux instant que nous avions partagé, même si je ne l’avouerais jamais. Son parfum fit naître un petit frisson le long de mon dos, il suffisait parfois de peu de chose pour que des souvenirs se frayent un chemin jusqu’à vous. Son comportement de coq m’agaçait, j’avais cette impression de perdre mon temps, quoi que je fasse je n’arriverais pas à changer ni le passé, ni ce qu’il était. Je relevais la tête l’observant quelques instants. Je me surprise à penser qu’il était beau, mais ça je ne pouvais pas le nier, de toute façon je n’aurais pas pu avoir une relation avec quelqu’un que je ne trouvais pas beau, mais Dutch avait ce côté sauvage, il m’offrait cette montée d’adrénaline que personne d’autre ne pouvait m’offrir. Il restait tout de même impensable que je retombe dans ses bras, je ne serais jamais un second choix.
Je ne pus retenir un petit sourire en voyant que ma menace avait fait son petit chemin, difficile de croire que j’étais capable de faire naître ne serait ce qu’une lueur d’inquiétude chez un gars comme Dutch. C’était une preuve de plus que ce type ne me connaissait pas, je n’étais pas en contact avec ses anciens collègues, même si je savais que le mari cocu l’avait prit bien plus mal que moi. Ce n’était qu’une menace en l’air, le simple plaisir de déstabiliser quelqu’un qui m’avait fait beaucoup de mal. Il voulait affirmer qu’il était ici chez lui, très bien, je m’en fichais pas mal, je n’étais pas plus chez moi ici qu’ailleurs, et ça je le devais à mon père, déménager sans cesse m’avait apprit à être chez moi partout et nul part.
« Je sais, ça l’a toujours été, non ? »
Boston avait toujours été associé à Dutch, il en avait été le « shérif » si j’ose dire et son ombre planerait toujours dans cette ville, même si notre histoire était terminée depuis longtemps je pouvais le voir dans presque tous les coins de cette foutue ville. La seule chose qui faisait que je reste ici c’était Harvard, je ne laisserais pas tomber l’université la plus prestigieuse du pays voir du monde juste pour éviter de tomber sur lui. J’étais peut être une petite chose fragile, mais certainement pas à ce point là.
« Et bien ne bouge pas, de toute façon ça a toujours été comme ça avec toi, il n’y a que ta petite personne qui t’intéresse. »
Une bouffée de colère m’envahit, c’était idiot, mais il venait clairement gâché ma journée, je m’en voulais de lui donner un pouvoir pareil à ce type, mais c’était physique, il avait ce pouvoir sur moi, comme il arrivait à me rendre si heureuse quelques fois.
« Rassure toi, dans quelques années j’aurais terminé mes études et nous n’aurons plus à nous croiser. »
Je le défiais du regard, plongeant mon regard dans le sien. Même si je l’avouerais jamais, mon coeur ne pouvait pas ce mentir, je ressentais toujours des choses pour lui.
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« Je sais, ça l’a toujours été, non ? » Certes, ma ville, mes règles et à défaut d’être toujours dans la légalité, je me parfais à présent dans ce domaine dans lequel j’excelle même si cela doit me couter. Toujours dans l’ombre à craindre d’être un jour chopé et Rakel, de ma chute, pourrait en être la clef si sa langue venait par mégarde à fourcher. Je n’ai aucune idée de ce que son père pourrait bien en penser si d’aventure elle venait à lui parler de notre entrevue, lui qui ne m’a jamais porté dans son cœur et c’est d’ailleurs à se demander s’il n’a pas chèrement payé pour se le faire retirer. Mais je suppose qu’il doit avoir de bien plus gros poissons à ferrer, ce qui me met pour le moment hors de sa portée. « Et bien ne bouge pas, de toute façon ça a toujours été comme ça avec toi, il n’y a que ta petite personne qui t’intéresse. » Quoi ? Les sourcils froncés, presque touché par les mots prononcés, j’ai recherché à quel moment de notre relation j’ai pu un instant le lui faire penser. On était jeunes, pas de beaucoup plus mais néanmoins assez matures l’un et l’autre pour se dédier suffisamment d’attention. Non, je suis juste allé voir ailleurs par dépit faute de trouver une femme frigide presque tous les soirs dans mon lit. Rakel, c’est… Comment dire… Un avion de chasse que seuls des militaires entrainés peuvent manœuvrer en toute sécurité et encore… Elle a été dressée par son père et à son image ne sait aimer, éprouver une quelconque once de pitié et ce n’est pas faute de l’avoir pratiquée. Elle est bornée tout comme son géniteur.
Alors sans même y songer, j’ai maugréé, le souffle vicié face aux souvenirs peu mémorables de cette époque, révolue pour notre plus grand bien, même si certains d’entre eux n’étaient pas désagréables, « Les chiens ne font pas des chats » à mi-voix. « Rassure toi, dans quelques années j’aurais terminé mes études et nous n’aurons plus à nous croiser. » Plait-il ? C’est d’ailleurs de mémoire ce que ta mère me disait me semble-t-il lorsque je jurais devant elle pour le peu qu’on m’autorisait à fouler du pied leur sanctuaire.
« Mais ça ne me dérange pas, » bien au contraire tu vois. « Mes problèmes, je parviens à les ignorer. » Navré d’être à ce point une bavure dans le décor que ton père parviendra très certainement à embellir grâce à son porte-monnaie et çà, juste à ta demande. Pourtant il y a un détail qui, dans son geste précédent, a attiré malgré moi mon attention sous les craintifs rayons : l’éclat argenté à son annulaire qui aurait pu faire naitre l’étincelle de jalousie si seulement je n’étais pas déjà animé par une pointe d’animosité. Alors ma main est venue chercher vivement la sienne, la baguée, pour la tirer sous nos yeux et lui cracher « Et toi... Il est ici? Ou t’as pensé qu’à ta carrière en le laissant derrière pour rester étudier ? » Parce que si c’est pour le laisser sur Boston dans quelques années, c'est que tu ne vaux pas mieux que moi tu sais…
Le diable s'habille en DolceDutch était clairement ma kryptonite. Le voir faisait faire un bon à mon petit coeur. Honnêtement pour ce type j’aurais été prête à tout, et c’était sans doute pour cette raison que la chute avait été si dure. Je l’avais idéalisé, lui et son joli petit cul moulé dans son uniforme. Notre relation était clairement devenue toxique, n’importe qui aurait pu le voir, sauf moi à cet instant je crois… J’avais l’impression de jouer à une bataille navale. Chacun est touché, et tout le monde veut un coulé. Sauf qu’à ce jeu là il n’y avait aucun gagnant. Je sentais mon coeur se serrer, tout comme ma mâchoire. Etre traitée de problèmes, ça me fendait le coeur, même si je ne l’avouerais pas, du moins pas à lui. Sans doute que je verserais encore quelques larmes pour lui ce soir allongée sous mes draps en satin... Il avait de nombreux de reproches à me faire visiblement, sans doute histoire de me prouver que je n’étais pas le petit ange que j’aimais montrer, mais contrairement à ce qu’il pensait, je n’avais jamais été au courant que mes parents montraient ouvertement leur hostilité durant notre relation, alors oui il ne s’était pas caché de me dire qu’il n’approuvait pas notre relation, et qu’il le surveillerait de près, mais je ne savais pas qu’il lui avait montré qu’il n’était pas à la hauteur. Je devais avouer que je m’en voulais un peu d’avoir été aussi aveugle, peut être que les choses auraient pu être différentes si j’avais été plus attentive et que j’aurais pu prendre ouvertement sa défense.
Sauf que l’on ne peut pas refaire le passé, et que le présent ne me plaisait pas à cet instant. Je pris une profonde respiration pour garder mon sang froid, c’était simple de paraître fort, de blesser l’autre mais c’était clairement moins facile d’encaisser les coups, et cette fois il avait fait fort, à cet instant je me sentais propulsée à cette affreuse journée où mon père m’avait tendu ces affreuses photos. Ce n’était pas si facile que ça de se mélanger avec des personnes d’une classe sociale, les règles étaient différentes, et visiblement il y avait beaucoup de non dits, beaucoup de douleurs, beaucoup d’erreurs.
A cet instant je ne voulais qu’une chose, je voulais fuir, je voulais rejoindre Malone pour une partie de jambe en l’air réparatrice, sans le moindre sentiment. C’était réparateur, parce qu’il maquillait les blessures. C’était une chose que je me pensais incapable de faire avant cette histoire. Il faut dire que c’était aussi une merveilleuse façon de me « venger » de mon père et de ses révélations fracassantes, je baisais avec le mec qu’il m’avait mit dans les pattes pour me surveiller.
Mon coeur rata une nouvelle fois alors que sa main attrapa la mienne. Rien n’était tout blanc ou tout noir dans une relation. Nous avions tous les deux nos tords, même si moi je n’étais pas tombée sur une bite le temps d’une photo et plus si infinité. J’observais ma main et la jolie bague qui y trônait avant de passer à ses doigts. Aie ma fille, tu arrives vraiment pas à l’oublier…
« Où tout simplement il me suivra au bout du monde et ne fuis pas à la première difficultés ? Lui... »
C’était petit de lui laisser croire qu’il y avait quelqu’un dans ma vie, mais c’était une arme pour me défendre de l’effet qu’il avait sur moi, surtout que la bague était une cartier qui valait une petite fortune. Ca le confortait sans doute dans l’image de fille à papa qu’il voulait à tout prix me coller.
« Et puis ne fais pas l’abruti, tu sais très bien que pour toi je serais restée ici, mais plus rien ne me retient. »
Ce n’était pas tout à fait vrai, il y avait mes amis, mais ils n’avaient pas besoin de ma présence quotidienne. Au final je ne serais pas sans revenir ici, mais qu’importe je n’avais pas à dévoiler mes projets de vie à mon ex.
« Et honnêtement c’est pas en me collant tous sur le dos que tu seras moins coupable de se qu’il s’est passé… Alors oui j’ai peut être été aveugle, mais je ne peux pas deviner ce que tout le monde cache, et la base d’un couple c’est pas sensé être la communication ? Quoi qu’il en soit le problème tentera de t’éviter à présent, histoire de ne plus te déranger dans TA ville. »
Je tirais ma main pour retrouver ma liberté.
@Dutch B. Cooper
T'en fait pas aucun soucis
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Et ce qui trône à son doigt ne saurait mentir ou c’est que j’ai depuis le temps perdu le fil, oublié certaines notions sur cet épineux sujet. Main droite ou main gauche pour une catastrophe à venir ? Peu importe puisque c’est à cette phalange bien précise qu’il réside. « Où tout simplement il me suivra au bout du monde et ne fuis pas à la première difficulté ? Lui... » Sourire amer qui impose à la réflexion, à en regretter presque mes paroles pour marmonner, consterné. « Le pauvre con. Faudrait me le présenter » que je puisse le mettre en garde avant qu'il ne soit trop tard et qu’il ne se décide à s’élinguer. Il ne sait vraisemblablement pas dans quoi il s’apprête à foutre les pieds, peut-être très docile et capable de tout endurer, une étrange complémentarité qui me fait frémir à les imaginer tous les deux dans un moment partagé. « Et puis ne fais pas l’abruti, tu sais très bien que pour toi je serais restée ici, mais plus rien ne me retient. » Pour moi sur Boston alors qu’un grand destin t’attend par-delà les murs de cette ville apparemment ? Et mon regard qui s’écorche derechef sur les reflets argentés, mes lèvres crachant ce qui m’apparait comme une vérité. « Peut-être, mais d'la mienne tu t’en serais lassée » parce qu’avec mon ridicule salaire de l’époque je n’aurais jamais été en mesure de lui payer ce qu’elle se pensait être en droit de mériter.
« Et honnêtement c’est pas en me collant tous sur le dos que tu seras moins coupable de ce qu’il s’est passé… » Mais je ne nie pas avoir merdé, bien au contraire même si je n’irais pas jusqu’à le crier sur tous les toi et surtout devant toi. « Alors oui j’ai peut-être été aveugle, mais je ne peux pas deviner ce que tout le monde cache, et la base d’un couple c’est pas censé être la communication ? » J’ai dû rater un wagon, tentant de comprendre le front marqué ce qu’elle semble insinuer. Lui en parler nous aurait permis de tout effacer pour recommencer ? J’avoue être un peu paumé parce que la connaissant il n’en aurait jamais été question. « Quoi qu’il en soit le problème tentera de t’éviter à présent, histoire de ne plus te déranger dans TA ville. » Les femmes et leur…. Susceptibilité, agressive lorsqu’elle a rompu ce contact qui n'était étrangement pas déplaisant, un passé ramené au présent. « T'as fini. » Parce que je ne compte pas non plus disparaitre complètement de sa vie maintenant que j’en connais l’impact et puisque nous serons amenés à nous recroiser encore quelques années, autant que ce soit avec amabilité même si elle n'est que simulée. « Un café, t'as l'temps? » Quelques minutes de ton temps, je ne crois pas que ce soit beaucoup te demander. « Et tu pourras peut-être me dire par qui tu m'as remplacé. » Parce que je suis curieux de savoir quel genre de gars c'est et ce qu'il peut bien faire de ses journées.
Le diable s'habille en DolceC’était facile de laisser Dutch croire que j’avais quelqu’un dans ma vie, plus que d’admettre que j’étais seule parce que j’arrivais plus à faire confiance à quelqu’un, et que je n’arrivais pas à l’oublier. Parce que je crevais d’envie qu’il me prenne dans ses bras, et en même temps cette idée me hérissait les poils des bras, je n’avais pas la moindre envie de retomber là dedans… Non je disais n’importe quoi, je crevais d’envie de me loger dans ses bras. Ah foutu esprit faible… Je gardais un sourire pincé. Lui présenter ? Malone ferait son petit effet, beau, charmant, et prévenant, j’étais persuadée qu’il pourrait rendre jaloux Dutch, mais était-ce réellement ce que je désirais ? Il fallait l’avouer, depuis que nous n’étions plus ensemble, ce que je désirais réellement le concernant était incroyablement flou. Je voulais qu’il souffre, qu’il disparaisse, puis quand c’était ce qui c’était produit, j’avais pleuré toutes les larmes de mon corps, squattant ses réseaux sociaux pour obtenir la moindre petite information, qui n’arrivait pas bien sûr. Envoyant des messages à son téléphone qui n’arrivait jamais, comme si ce téléphone avait été détruit. J’avais même harcelé mon père pour savoir où il était, après tout si quelqu’un pouvait le retrouvé c’était bien lui. Il m’avait fallut de longs mois sans réponse pour que je passe à autre chose, et il fallait qu’il se pointe devant moi pour que tout revienne…
J’avais pourtant l’impression d’être devenue forte, de l’avoir oublié, mais ce n’était qu’une façade, une façade qui venait de s’écrouler en à peine 10 minutes à sa présence. Je prenais chacune de ses remarques en pleine face, comme si j’étais une sorcière qui l’avait poussé à la faute avec tous mes défauts…
« Si tu le dis… Mais en vrai tu n’en sais rien, c’était juste que tu te sentais inférieur à cause de la position sociale de ma famille, tu t’es collé en tête que tu ne pourrais pas m’offrir les choses qui me rendrait heureuse, sauf que je n’ai besoin d’aucun homme pour m’acheter ce que je veux, j’ai besoin d’un homme pour être à mes côtés, et m’offrir tout se qui ne s’achète pas... »
Parce que oui, Dutch m’avait beaucoup apporté, il m’avait offert de ne plus être prisonnière de cette prison dorée que mon père avait construit autour de moi. J’avais adoré son appartement où je flânais installée à moitié nue dans son lit révisant mes cours en attendant qu’il rentre du boulot. J’adorais cette vie normal qu’il m’avait offert, le soucis c’était que la chute tout aussi « normale » m’avait beaucoup moins plu. Rien de plus classe moyenne que de se faire tromper par son conjoint sans même le savoir. Dans notre monde ce genre de chose coûte trop chers, un divorce c’est la perte de la moitié de la fortune, dans le meilleur des cas, alors soit on le fait avec l’accord de l’autre, soit on trouve un arrangement mais on ne reçoit pas ce genre de photo de la part de son paternel. Et oui poupée tu avais voulu une vie normale, et bien la voilà…
Je l’observais en silence alors qu’il me proposait un café, il fallait l’avouer, il était outrageusement beau, et même si je ne devrais pas, je ne pouvais m’empêcher de le déshabiller du regard, je connaissais son corps par coeur, même si il avait sans doute hérité de quelques marques supplémentaires avec le temps, on pouvait bien voir malgré les vêtements que son torse et ses bras étaient toujours parfaitement dessiné, et même si il ne me tournait pas le dos j’étais persuadée que ses fesses feraient toujours du meilleur des effets dans son uniforme… Enfin Rakel reprend toi ! J’hésitais, me pinçant les lèvres jusqu’à ce qu’il mentionne son remplaçant, je tiquais, après tout qu’est ce que ça pouvait bien lui faire.
« Ok si tu me dis pourquoi ça t’intéresse autant. Il y a le Murphy à quelques rues de là si tu veux. »
Je préférais éviter le bar d’où je venais, parce que je ne voulais pas le mélanger avec mon présent, et le Murphy correspondait plus aux lieux que nous fréquentions ensemble, un peu moins bobo, de la musique rock en fond sonore une légère odeur de clope, qui venait du gérant qui fumait dans la réserve, bref, un lieu que je ne fréquentais plus depuis quelques années, mais qui me ramenait des années en arrière, lorsque je commençais mes études, un bon dans le temps, quoi de plus logique avec cette rencontre ? Je l’invitais à marcher auprès de moi, remontant le col de ma veste pour empêcher le vent d’y pénétré, et laissant mes cheveux voler au vent. Ma main frôla la sienne et je sentis une décharge me parcourir, je pris un peu plus mes distances.
« Et toi tu deviens quoi ? »
@Dutch B. Cooper
ft. @Rakel Peleonor |
Et sa psychologie à deux balles je l’écoute pourtant me la déverser parce que même s’il me coute de l’avouer, il y a là-dedans une part de vérité. C’était vrai, je n’aurais jamais pu à l’époque lui offrir ce qu’elle était en droit d’espérer, ce qu’aujourd’hui elle semble avoir trouvé. C’est tout le mal que je peux lui souhaiter bien que j’aimerais, par simple curiosité, savoir ce que lui fait de son côté. « …j’ai besoin d’un homme pour être à mes côtés, et m’offrir tout se qui ne s’achète pas... » Moralisatrice jusqu’au bout des doigts, parce que je ne donne pas cher de son couple si tel est le cas. Elle n’a toujours pas compris les besoins masculins, ce pourquoi je suis allé quelques soirs me vider entre d’autres cuisses que les siennes. Outre le fait de devoir aimer il y a aussi ce besoin d’assurer parce que même si les temps ont changé et qu’elles ont maintenant la capacité de s’assumer, de notre côté, la nécessité de rapporter plus que la femme est toujours bien ancrée dans les mœurs et les idéaux. « Ok si tu me dis pourquoi ça t’intéresse autant. » Question de principe. J’aime savoir qui passe derrière moi et s’il tient aussi bien la route au lit, être le seul qui t’ai amenée proche de la rupture, si lui aussi te fait couiner jusqu’à l’usure. « Il y a le Murphy à quelques rues de là si tu veux. » Le Murphy ? Très bien. D’un hochement de tête c’est acté et je lui emboite le pas vers l’adresse proposée, changement de cap allant à l’encontre de ce que je m’étais programmé pour la journée. Le Murphy n’est qu’à quelques rues alors la conversation suit son fil durant le trajet, un effleurement en étant le déclencheur. J’avoue avoir brièvement détourné vers elle le regard au moment où sa main a frôlé la mienne, surpris par un geste qui ne lui ressemble pas, sans conteste involontaire.
« Et toi tu deviens quoi ? » Le pas ralentit à hauteur de la réflexion que cette question engendre. Attention, il s’agit de Rakel et chaque réponse se doit être murement réfléchie. « J’ai changé, » de voie, de métier, c’est un fait même si elle n’est au courant des évènements qui ont marqué la précédente année, passée à l’ombre pour un délit que je n’ai jamais commis mais qui m’a été reproché. Comme certains diraient, « j’ai pris du plomb dans l’crane, » ai morflé et pourtant je m’en suis tiré, ai su me relever. Quelques passants s’écartent de notre chemin dont un type qui semble surpris de nous voir débouler, silhouette qui s’arrête à peine nous l’avons dépassée. « Cooper ? » Et sur mes traits déjà se traduit une certaine contrariété. « Hey mais c’est Peleonor. » Wong, une connaissance du temps de l’université qui jouait lui aussi dans l’équipe de la faculté. Sauf que lui a souhaité continuer et qu’il doit toujours y étudier.
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