« Le moins mortel, justement. » Mais et l’aventure Mila ? Regarde, elle est juste là. Je suis certain que si tu cherches un peu, tu parviendras, toi aussi, à la toucher du bout de tes si jolis doigts. Etrangement, pour une fois, j’aimerai qu’elle ne soit pas si cérébrale, qu’elle se rapproche un peu plus de la jeune femme que j’ai sauvé en soirée, bien que nous ayons, tous les deux, depuis, bien évolués.

Alors je tente le tout pour le tout, histoire de la convaincre. Lui dire que si je me décide à la rejoindre, on aura de quoi se battre de la meilleure façon qu’il soit. « Le ménage, la cuisine, jouer avec Lucas pendant que je dors... » Elle en rigole, de sa bêtise, et je ne me retiens pas de lui planter un « Espèce de rabat-joie. » car elle sait pertinemment que je ne parlais pas de ça. Je suis en manque de ma copine, il n’y a pas plus explicite. Je suis incroyablement affamé, et j’estime, pour cette envie, ne pas être à blâmer. « On pourrait oui... Si tu n'es pas mort ou congelé ! Et puisque je ne suis intéressée ni par la nécrophilie ni par les glaçons dans mon lit, il va falloir attendre. » cette fois, j’en grogne carrément. Toujours la meilleure perspective dans son esprit, apparemment. « Dutch n'est pas avec toi ? » Putain, je ne m’y attendais pas à celle là.

Tellement que je me mets à rire pour de bon, comme un sacré con. Et ajoute sans cacher l’outrage qui se trouve dans mon ton « Dutch, ce n’est pas mon type. » Je ne suis pas du genre à aimer ... me les limer. Les dents, s'entend. Sans déconner, à force de trop rire avec mes potes sur le fait d’être potentiellement gay, je crois que la phrase a fini par me rattraper. « Et pour te répondre, non, il n’est pas là. » il brave la tempête, pour les femmes qui lui font tourner la tête. « Il cherche sa … » copine ou je ne sais quoi. On n’est pas du genre à s’épancher sur ces sujets là, il n’a d’ailleurs jamais rencontré Mila en presque six mois. « Sa dulcinée ne l’a pas confiné, figure-toi ! »  

Moi ? Rabat-joie ? Jamais. Je ne peux m'empêcher de glousser comme une andouille. Je sais bien que pour Snow, je suis tout sauf fun, trop coincée et probablement chiante sur les bords mais c'est celle que je suis. J'ai grandi trop vite et je n'ai connu que ça : la responsabilité d'élever des enfants, de grandir avec mes propres règles pour ne pas partir dans tous les sens. L'enfance difficile que j'ai eu m'a forgé plus que je ne l'aurais souhaité, bien entendu. Mais c'est ainsi. Je ne peux pas aller contre, je ne peux pas tout déconstruire et, pour être complètement honnête, je n'en ai pas envie. Je suis enfin bien comme je suis, des brins de folie dans un pré de sérénité ; ça me correspond si bien. Ah bon ? C'est pas ton type ? Je souris largement, mon coeur réchauffé par son rire et par la tournure que prend la conversation. Je ne veux pas que l'on ne parle que de bêtises. Et si moi je suis accompagnée pour ces quelques jours de neiges intenses, je me demande si c'est le cas de mon petit ami. Mais son meilleur ami n'est pas là. Merde. Il va donc être tout seul ? Tu veux que je te confine ? Que je demande en haussant les sourcils. Pendant les vacances scolaires, on pourrait se confiner tous les deux au futur nouvel appartement. J'enverrais les garçons chez leurs frères... Que je dis avec un sourire sur le visage. Personne n'aura à prendre de risque comme ça, t'en dis quoi ? Bien entendu que j'ai envie de l'avoir avec moi mais c'est difficile. Il prendrait énormément de risque et ce n'est pas ce dont j'ai envie.

« Ah bon ? C'est pas ton type ? » Ouais, non, pas vraiment, je les aime avec moins de poils et plus de poitrine. Qu’est-ce que tu veux, le vrai cliché du macho qu’un homme ne touchera jamais. Mais il semblerait que Mila ait besoin d’une piqûre de rappel en ce qui concerne mes préférences au niveau de ce qu’il se passe au moment de se coucher. Ou d’autres horaires de la journée, je ne suis pas du genre, compliqué. « Tu veux que je te confine ? » Et pourquoi, je sens que ce qu’elle va me dire, me plaira mais pas tant que ça ? « Pendant les vacances scolaires, on pourrait se confiner tous les deux au futur nouvel appartement. J'enverrais les garçons chez leurs frères... » Proposition alléchante, mais ce n’est pas ce que je voulais, les vacances. « Personne n'aura à prendre de risque comme ça, t'en dis quoi ? » Ce que j’en dis moi… c’est que « Je crois que ça ne compte pas. » ce que je veux, désire, et qui se résume le plus souvent à toi. « Moi, j’aimais l’idée de te la faire oublier, cette tempête. » et ce sous la couette. Je sais, c'est une pensée bête. « Mais j’imagine qu’en pauvre malheureux que je suis… » Malaimé, maltraité, qui veut se faire plaindre, tout ça. « Je vais devoir accepter ce plan-là. » Enfin, jusqu’à demain, n’est-ce pas ?

Rabat-joie. Voilà ce que j'ai envie de lui rétorquer mais que je ne fais pas. Pourquoi ? Tout simplement parce que ça ne servirait à rien. On est tous les deux sur deux points bien distants de la vie. Pas que nous soyons différents au point de ne pouvoir composer mais il faut le dire, je la joue beaucoup plus safe que lui. Quand il dit que ça ne compte pas, je fais une mine triste, presque un regard de chien battu en direction de la caméra de l'appareil. Si ça ne compte pas alors... Me voilà dans une merde sans nom. J'ai envie de lui dire de venir, de nous rejoindre, de se confiner ici, de rester bloquer avec nous mais je sais qu'il le fera et n'aura pas la conscience de se dire que c'est risqué. Je saurais me faire pardonner... Mais je préfère te savoir en sécurité qu'en danger sous la tempête. Et je tiens tellement à lui que toutes mes envies, mes désirs et mes besoins, je suis prête à les mettre sur pause. Accepte le et je te promets qu'il sera tout ce qu'il y a de plus alléchant. Je lui offre un clin d'oeil et souris. Si on s'était pris plus tôt, je t'aurais même fait une place pour ta brosse à dents. Mais la réalité est là : ça nous a tous pris de cours. Je ne m'attendais pas à de telles chutes de neige. MOI JE VEUX QUE SNOW VIENNE ! J'hausse un sourcil et regarde mon écran avant de tourner le visage vers les chambres. Dis voir, tu les as payé ? Pour me faire sentir coupable de la sorte. Mais une chose est claire, je suis contente que Lucas réclame mon petit ami de la sorte, ça fait du bien, beaucoup de bien. Je sais qu'il est bien avec l'américain dans nos vies et c'est tout ce qu'il me faut pour être en paix.

« Je saurais me faire pardonner... Mais je préfère te savoir en sécurité qu'en danger sous la tempête. » La phrase avait pourtant si bien commencé. A me dire qu’elle allait se faire pardonner, j’arrivais presque à l’imaginer, avant qu’elle ne vienne tout casser. Madame sécurité. C’est à penser comme petit surnom énamouré.

« Accepte le et je te promets qu'il sera tout ce qu'il y a de plus alléchant. » Ai-je réellement le choix, de toutes les façons ? N’a-t-elle pas déjà décidé pour moi ? A quel moment de la conversation j’ai perdu mes couilles, moi ? « Si on s'était pris plus tôt, je t'aurais même fait une place pour ta brosse à dents. » Avec des « si » c’est le monde tout entier qu’on refait Mila. Cependant je tique bel et bien sur cette histoire de brosse à dents. On parle de confinement ou d’emménagement ? Alors mon souffle je le reprends, mais c’est là que j’entends ; « MOI JE VEUX QUE SNOW VIENNE ! » La bonne parole du jour. La seule a retenir. « Dis voir, tu les as payé ? » Directement, je réagis, outré. « Moi ?! » j’aurais pu, dans un autre contexte, c’est vrai. « JAMAIS ! » je m’exclame pour me dédouaner. Et pour son manque de confiance envers ma personne, à dire vrai.

Léger sourire sur mes lèvres, tout de même, à me dire que les monstres dont elle a la responsabilité m’ont accepté. « On ne t’a jamais dit que la vérité sort de la bouche des enfants ? » Et bien que je dise cela, dans ma tête, je l’avoue, j’abdique, enfin, un peu quoi. « J’ai la sensation que tu ne vas pas t’ennuyer en tous cas. » Durant ces quelques jours pendant que moi, pauvre malheureux, je moisirai seul chez moi. « Je te laisse si tu veux ? » je comprends, et j’saurai attendre pour un nouveau moment à deux.

On ne me changera pas de si tôt. Il peut faire et dire ce qu'il veut, me faire miroiter une partie de jambe en l'air de folie, je ne craquerais pas. Je préfère qu'il fasse sa sale tronche de cake pendant trois jours plutôt que de le perdre à tout jamais. Pendant mon adolescence, entre les jobs le week end et les heures de bénévolat, j'ai connu bien du monde. Des gens fortunés que je détestais mais aussi des sans abris, des gens pas si chanceux que moi - et je sais que je l'étais, chanceuse, dans tout ce malheur - et je me souviens des ces engelures, de ces destins brisés d'une exposition trop importante au froid. Bien sûr, Snow serait couvert et protégé au maximum des températures glaciales mais mon esprit ne peut s'empêcher de penser à tout ce qui pourrait arriver de mal et de mauvais. Alors, c'est du sens que j'essaye d'entrer dans son cerveau. Il n'est pas idiot, je le sais. Et voilà que Lucas se met à le réclamer. Ouai ouai ouai... Soudoie pas mes gamins toi. Ils l'aiment sans ça et ce cri du coeur le prouve plus que tout. Je regarde Snow et lève les yeux au ciel quand il dit que la vérité sort de la bouche des enfants. J'en lâche même un Nia nia nia. Pour la forme. Bien sûr que je voudrais crier comme Lucas. Mon coeur le crie mais j'ai besoin d'être responsable. Non, tu peux rester... Il boude de toute façon. Interdiction de sortir dans la neige et de te voir pendant plusieurs jours... Il ne va plus sortir de sa chambre. Je souris légèrement, me lève et me dirige vers la partie nuit de la maison qui ne sera bientôt plus notre logis. Il me fait sa crise d'ado à huit ans. J'en ris mais ce n'est pas facile. Par contre, je t'emmène dans ma chambre pour un peu plus d'intimité. J'hausse les sourcils et pousse la porte. Allongée sur le lit, les cheveux étalés autour de mon visage, je dis Ça fait quoi d'avoir été adopté par mes deux monstres ? Parce que si Kyllian ne dit pas ce qu'il aime, il dit ce qu'il déteste et il n'a émis aucun soucis contre Snow. Je vais bosser de folie pendant le confinement pour n'être qu'à toi une fois cette neige à la con passée. C'est une promesse que je réitère. Ça nous fera du bien et je pourrais lui prouver comment est mon coeur quand mon cerveau ne gagne pas la bataille.

« Ouai ouai ouai... Soudoie pas mes gamins toi. » Mais ce n’est pas mon genre, je suis prêt à le jurer, pour mentir j’ai toujours été doué, diplômé en baratin, et de plus, je lui offre un regard innocent. « Nia nia nia. » Ca lui va bien de jouer les femmes matures pour me répondre ça, et je ne peux pas le retenir mon rire moqueur, ma petite pique encline à la bonne humeur. « Manque flagrant d’argumentation. » mais j’abdique pour le temps de notre conversation.

« Non, tu peux rester... Il boude de toute façon. Interdiction de sortir dans la neige et de te voir pendant plusieurs jours... Il ne va plus sortir de sa chambre. » Au moins dans sa maison, il y a quelqu’un qui réclame ma présence, et j’estime que c’est une victoire. Parce que lorsque j’ai appris pour Lucas, je n’étais foutrement plus sur de rien au sujet de notre histoire. « Il me fait sa crise d'ado à huit ans. » Et là, clairement, c’est moi qui manque d’argument. Elle a beau rire, je vois bien qu’elle aimerait qu’il cesse ses caprices d’enfants. Un Snow impuissant. « Par contre, je t'emmène dans ma chambre pour un peu plus d'intimité. » Et je l’observe se lever, c’est un programme qui me plaît. L’intimité.

« Ça fait quoi d'avoir été adopté par mes deux monstres ? » Elle me demande alors qu’elle s’est allongée sur son lit, et qu’elle est aussi belle qu’elle peut l’être. « Ce que ça me fait ? » je répète alors que je caresse mon clébard qui ne veut pas me lâcher. « Ca me fera chier le jour où tu voudras me jeter. » C’est peut-être con de le dire comme ça, mais ça prouve que s’ils tiennent à moi, la réciproque marche aussi pour moi.

« Je vais bosser de folie pendant le confinement pour n'être qu'à toi une fois cette neige à la con passée. » La prévision me plaît, tellement que je m’aventure à demander. « Seulement toi ? » ils peuvent m’avoir adopté, mais c’est d’elle seule que j’aimerai profiter.

Les yeux sur l'écran, je me retiens de faire un joli doigt d'honneur à Snow quand il parle de mon manque d'argumentation après avoir balancé un joli "nia nia nia", comme une gosse de douze ans. Mais pour ne pas paraître vulgaire, je tire simplement la langue, plissant les yeux. Je vis avec un adolescent réellement en crise et un gamin qui tente de montrer ce qui lui plait et ne lui plait pas alors j'en perds ma contenance. Rapidement, je file dans ma chambre pour un peu plus d'intimité et parce que les garçons savent qu'une fois que cette porte est fermée, on ne laisse plus trainer ses oreilles un peu partout. On a toujours manqué d'intimité ici mais depuis le départ récent des filles, la vie est bien différente. C'est pas tous les jours facile mais ça me fait du bien, je ne peux le nier. Allongée, je regarde l'écran et me retient de lever les yeux au ciel pour ne pas montrer mon léger agacement face à ses mots. Au lieu de ça, je tente de la jouer à l'humour, si tenté est que ça marche. Ah. Bon, je vais décaler ce plan au moins prochain du coup. Je ne sais pas si Snow se rend compte de la place qu'il a dans ma vie et aussi du fait que je refuse de le laisser partir. Le présenter aux garçons, ça a été quelque chose de gros et d'important, je ne vais pas le nier. Alors qu'il ne s'attende pas à ce que je le sorte de ma vie de si tôt. Je ne sais pas où on va mais je crois - non je sais - qu'on y va ensemble. Et il y a des tas de choses à faire, à mettre entre parenthèse, à faire avancer. Oui. Je me débrouillerais avec Liam pour qu'il garde Lucas. J'ai envie d'être une petite amie pour un petit moment. Et non pas une mère petite amie. Bien sûr, je vais vérifier mon téléphone pour être sûre qu'il capte bien, que la sonnerie est actionnée et tout ce qui va avec mais ça sera plus sympa. Et puis, je pose ma main sur mes lèvres, me rendant compte que je viens de m'auto proclamé petite amie de Snow. On en a jamais trop parlé. Mais pour moi, ça coule de source.

Je la connais assez pour deviner quand ce que je lui dis ne lui plaît pas. Mais le problème, c’est qu’elle ne perçoit même pas, qu’en prononçant une phrase comme celle là, ça prouve juste que je tiens à elle, et à eux, par extension. Et que si on finit par se séparer, les dommages collatéraux vont vraiment me faire chier. « Ah. Bon, je vais décaler ce plan au moins prochain du coup. » Eviter le sujet, partir sur l’humour, faire les autruches, c’est mon éternel crédo. Alors je ne me fais pas prier, pour en suivre ce chemin qu’elle vient de tracer. Le sérieux, pour l’instant, on peut encore le garder un brin secret. « C’est con, le mois prochain, c’est la Saint Valentin. » et pour faire des cadeaux je suis doué, putain.

Et même si je les aime bien, ses enfants, le fait est que j’aimerai l’avoir pour moi, de temps en temps, gourmand, mais assez respectueux pour ne pas dire souvent. « Oui. Je me débrouillerais avec Liam pour qu'il garde Lucas. J'ai envie d'être une petite amie pour un petit moment. » Un petit moment ça me va, comme le fait que tu te proclames comme ma petite amie, et que j’aime ça. Elle m’a transformé, cette femme là. Elle est entrée, et elle a foutu un beau bordel, si bien que Snow Burns en a récupéré ses ailes. « Un petit moment ? » l’humour, toujours. « Moi qui pensais à un simple diner. » en tête à tête, un truc bien niais. « Mais bon un petit moment… » hésitation mesurée. « J’sais pas si Dutch pourra se garder. » Tout seul. Tout ça. C’est pas que, mais c’est mon chat de gouttière, ramassé dans la rue, et dont je dois assurer les arrières. Je déconne, évidemment, c'est plus que bien, un petit moment.

Tout se passe très bien avec Snow, parfaitement bien et je ne veux donc pas penser au pire. Peut-être que c'est lui, mon éternité et je l'espère vraiment. On fait un peu tâche, vu de l'extérieur, mais on se complète tellement que je me fiche bien de l'avis des personnes autour de moi. Il me fait sourire, me motive comme personne ne l'a jamais fais. Et qu'est-ce qu'il me fait rire. À ses mots, je glousse doucement et dis Bon. On décale ça à mars du coup. Après la Saint Valentin et ton anniversaire. Ça serait con de faire sauter les deux. Je ne peux m'empêcher de rire à tout cela. J'espère qu'il se rend bien compte que tout ça, ce n'est que des conneries et que je n'ai aucune envie de le quitter que ce soit demain ou dans un mois, deux ou trois. Et je sais bien que nous n'avons pas une vie de couple 'normal', comme si on pouvait décider de la normalité d'une chose aussi incompréhensible que celle là. Chaque couple a son rythme, sa normalité et puis c'est ainsi. Nous, on cherche encore la notre et je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel, un sourire au visage. Tu veux que je lui trouve un babysitter ? Y a des gosses dans le quartiers qui cherchent des petits jobs... Et c'est clairement moqueuse que je dis cela. Je n'ai toujours pas rencontré le-dit Dutch mais je vois bien qu'il compte énormément pour Snow. Et je peux même l'ajouter à la mission garderie de Liam si tu veux. Cette fois-ci, j'éclate de rire et mets quelques secondes à me calmer. Si j'arrive à lâcher prise, t'y arriveras aussi, tu crois pas ? Un regard de défi lancé à travers l'objectif de mon appareil photo. On va s'en sortir, avec nos gosses respectifs. On va y arriver.