(alvon) skyfall

Ca faisait quelques temps que tu te posais la question sur tes origines, sur qui tu étais, qui étaient ces parents qui n'avaient pas su assumer ta venue au monde. Mais t'as franchi le pas après l'affaire Linbergh. T'as pris les devants pour faire ce test ADN, trouver les correspondances possibles, et t'avais peur. Peur d'apprendre des choses à leurs sujets. Peur que t'aies été issue d'un acte non consenti, d'un couple en cavale qui t'a donné une chance d'échapper à la déchirure familiale d'une visite au parloir dès ton plus jeune âge. Et t'as attendu, comme un oiseau blessé, les fameux résultats. Et quad tu les as enfin eu entre tes mains, t'as senti une pression t'envahir, une peur panique d'apprendre la vérité. Ou d'apprendre qu'il n'y a rien qui te rattache à personne. Pourtant, t'as ouvert ce courrier et t'as lu chaque ligne plusieurs fois, pour être sûre de ne pas délirer. Correspondance partielle avec un gamin du nom d'Avery, sept ans plus jeune que toi. Et là, tu as commencé ta traque, comme un félin qui se tapie dans la savane, dans l'attente de sa proie. T'as cherché toutes les choses le concernant, tombant par la même occasion sur la revue de presse parlant de l'accident qui a coûté la vie à ses parents. Et tu découvres que tu n'auras jamais l'occasion de rencontrer ta mère biologique. Mais tu as eu un nom, tu as pu mettre un visage sur cette femme au gré de tes investigations.
Tu as passé tant de temps à filer ce demi-frère que tu connais ses habitudes, les lieux qu'il fréquente le plus. T'as carrément un carnet où t'as noté toutes ces informations, et tu te dis souvent que ce que tu fais, c'est mal. Mais tu ne sais pas comment l'aborder autrement. Alors tu épies et notes toutes les informations que tu trouves. Si bien que ce matin là, t'es déjà dans ce café, à attendre son arrivée, te posant mille et une questions.

@Shannon Dinkley Retour plutôt chaotique à Boston, plus tard que prévu à cause de la tempête. Pourtant tu restes ce que tu es, et à l'habitude tu prends les choses avec positivisme. T'es finalement rentré, t'as même eu le droit à quelques jours de "vacances" supplémentaires en floride et tous tes proches vont très bien alors que demander de plus ? Au café, tu reprends tes habitudes, grand latte à emporter pour rejoindre les cours de bon matin et de bonne humeur. Ravi que la jolie serveuse blonde ai remarqué ton absence pendant les vacances, tu la remercies de ton habituel sourire en tentant même un clin d'œil cette fois-ci. Son visage ne se froisse pas, au contraire son sourire s'étire, peut être que la prochaine fois tu oseras enfin lui demander son numéro de téléphone ? Bref, en attendant tu ne dois pas te présenter en retard pour la reprise alors tu vas pour quitter le café mais, encore trop absorbé par l'échange de regards que tu viens de partager avec elle, tu ne remarques pas tout de suite que t'es clairement en train de foncer dans quelqu'un. Tu frôles la catastrophe, à savoir renverser ton gobelet sur l'inconnu mais arrives finalement à bien retenir fermement la boisson entre tes mains. "oh toutes mes excuses." tu redresses finalement le nez pour découvrir une jeune femme devant toi, qui au lieu de t'incendier ou bien passer son chemin, ne fait rien d'autre que de rester figée le temps de quelques secondes. "on se connait ?" Ses traits ne te disent pas particulièrement quelque chose pourtant la question est sortie comme d'instinct, une intuition peut être ?

Plus tu te tiens dans ce café, plus tu te demandes si c'est une bonne idée de te trouver là, parce que tu sais que tu vas bouleverser la vie de ce gamin en une fraction de seconde, qu'au mieux il te dira que t'es cinglée et qu'au pire, tu sauras que c'est peine perdue, que t'aurais mieux fait de rester dans l'ignorance la plus totale. Que ça aurait sans doute empêché tout un scandale dans un lieu public, que la vie de ce jeune homme ne s'en trouverait pas secouée par ta faute. Par cette obsession que t'as gardée profondément au fond de toi jusqu'à ne plus rien avoir. Tu fais en sorte de croiser sa route, tu provoques presque ce contact entre vous, et tu rencontres un gamin charmant, solaire et joyeux. Si bien que tu bafouilles un peu, toi, la femme assurée en toutes circonstances. « Je.. C'est rien, c'est moi.. » Tu souris légèrement, mais tu ne te pousses pas, t'as pas cette force de le laisser filer pourtant. Bordel, c'est ton petit frère biologique. Demi-frère. Sa mère, c'est la tienne. Cette femme que lui a eu la chance de connaître. « J'serai tentée de dire oui et non, mais ça serait compliqué à argumenter, Avery. T'as un peu de temps devant toi ? » T'es tentée de sortir ta plaque pour le forcer à rester là, à écouter ce qu'il considèrera sans doute comme des élucubrations calomnieuses, mais tu optes pour la façon plus diplomate. T'as une table libre sur ta droite, et tu l'invites à prendre place. « J'te fournirai une excuse si t'as cours dans peu de temps, t'en fais pas. »

@Shannon Dinkley Des excuses bredouillées par ses soins, et ton traditionnel sourire qui étire alors tes lèvres. C'est rien en soit, et même que si son ou ton café ne s'était renversé, ça aurait rien été non plus et tu aurais alors simplement repris une nouvelle boisson. Puis l'instant s'étire un peu, pas gênant mais surtout… perturbant. Toi qu'est d'habitude plus que dérangé par le silence, là c'est différent parce que mile questions défilent dans ta tête. La seule qui arrive pourtant à passer la barrière de tes lèvres, puis tes sourcils qui se haussent lorsqu'elle reprend la parole et énonce ton prénom. Oh merde, qui est-ce ? Est-ce que tu as des problèmes ? Est-ce que c'est une fille que tu as dragué un jour et qui va se vexer que tu ne te souviennes pas d'elle ? Pour l'instant, tu préfères jouer à l'indifférent et acceptes de la suivre, surtout piqué par la curiosité en fait. Tu hoches la tête à sa question, comme soudainement complétement démuni de la parole, toi qui d'habitude la considère comme ta meilleure amie. Elle te désigne une table du menton et tu t'y installes en commençant à siroter doucement ton café, fronçant quelque peu les sourcils alors. T'adoptes alors le tutoiement aussi, tentes de rendre la situation plus légère d'un petit rire, en vain "j'ai cours dans vingt minutes mais là je suis intrigué." Puis d'un coup tu commences à paniquer, à prendre peur, comme si la réalité te rattrapait. Est-ce qu'il se passe quelque chose avec ta famille ? Est-ce quelqu'un à un problème ?! Tu commences très sérieusement à paniquer à cet instant et il est indéniable que cela sait se voir dans ton regard.