But somewhere along the line it gets easier
—It gets easier - Kalandra

w/ @Alexis Callaghan @Dutch B. Cooper & @Connor Bulger  

Lundi 30 novembre aux alentours de 19h30,

Vient le temps de la pause, du retrait. Après quelques jours apaisés, je m’apprête à me recentrer sur moi. Parfois, je me plais à imaginer que les ténèbres sont oubliées. Que le meilleur est à venir. Les choses sont en ordre, tout est prêt pour Lui. Et j’aime omettre les angoisses qui me rongent. Cette impression tenace d’être épiée, surveillée. Mon ventre s’arrondit et devient de plus en plus imposant, changeant perceptiblement l’axe de ma démarche. Je n’en perds pas pour autant mon allure. Après avoir mis tout en ordre et laissé les dernières consignes à mon assistante, je décide de rentrer à la maison. Ne prêtant pas réellement attention à la pluie qui s’abat au dehors, celle-ci ne tardera pas  à se transformer en neige et je dois me dépêcher. J’envoie un message à Lex pour l’informer que je quitte enfin le travail, je me prépare mentalement à me faire enguirlander pour être partie aussi tard. Démarrant la voiture, qui se verra bientôt préférée au cadeau d’Hadès, je lance une musique apaisante de mes terres natales. Le moteur vrombit et la route défile sous mes orbes, la fatigue me gagne et mes pensées s’occupent comme à leur habitude à milles choses. Si bien que je ne devine pas tout de suite, le manque de réactivité de ma pédale de freinage, ni même la direction qui faiblit sous mes doigts. Lancée à une certaine vitesse, un brusque ralentissement m’oblige à freiner plus fortement, mais tout échappe à mon contrôle, le cœur se suspend, les paupières en un réflexe désespéré se ferment, comme pour protéger ce qui est inévitable. L’enfant. Un cri se suspend dans ma gorge et n’a pas même le temps de sortir lorsque la violence du choc le laisse agoniser dans mon sternum.

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But somewhere along
the line it gets easier

@Deirdre M. Wheelan

Elle a fini par montrer le bout de son nez, enfin, après deux heures à glander à la terrasse abritée d’un café situé au carrefour qui dessert son lieu de travail et les grandes avenues inlassablement empruntées. Je ferais presque parti des ces murs si seulement j’avais pour habitude de boire un arabica corsé à dix-neuf heures passées. Cela fait quelques jours que la filature s’accentue autour de ses départs, sans doute parce qu’elle arrivera bientôt à termes et que ce n’est plus elle seule qu’il faille surveiller mais son enfant à venir aussi, un léger détail que Connor n’avait pas cru bon de mentionner. Mais à présent que je la vois se mouvoir avec ce ventre bien arrondi, nul doute est permis.
Pourboire laissé à la disposition de la serveuse qui viendra débarrasser ma table plus tard, j’emboite le pas vers cette berline fraichement achetée, au nom de Burns forcément puisque je suis destiné à la clandestinité. Ce fut un achat nécessaire puisque trahi récemment par mes habitudes répétées, je me suis fait griller par cette folle assignée elle aussi à sa garde rapprochée : une brune impulsive manquant de doigté. Cela-dit vous m'direz... Je ne suis pas là pour en juger lorsqu'elles se retrouvent toutes les deux une fois la nuit tombée.

Bref timidement mes feux lèchent le chemin que la sienne vient d’emprunter, me distançant suffisamment pour ne pas me faire remarquer. Elle va de plus en plus vite ce qui peut naturellement s’expliquer par un désir impérieux de rentrer puisque d’ordinaire jamais elle ne sort de son bunker après les 18h00. Les feux dans cette obscurité noyée altèrent la perception de la réalité, au point d'en oublier les distances de sécurité lorsque je me remets d'une lecture rapide du dernier texto reçu. Un rouge carmin embrase soudainement mon parebrise détrempé et sans comprendre pourquoi mes réflexes me conduisent brusquement à une embardée sur le bas coté, frôlant de peu un muret. Les doigts clampés sur le cuir neuf, ce n'est que quelques mètres plus loin que je me suis arrêté, jetant un coup d’œil dans le rétroviseur avant de me retourner. Est-ce qu'elle fait partie des voitures accidentées? Sous ce déluge, impossible de l'affirmer sans y aller. Alors j'ai couru sur le trottoir jusqu'à atteindre les premiers curieux venus se lamenter sur les lieux, ai cherché du regard cette voiture tantôt pour en apercevoir les feux. La carrosserie explosée laisse deviner en son cœur déchiré une mécanique autrefois bien huilée, laissant apparaitre au sol des coulures nacrées. Certains hésitent à se lancer, d'autres ont cette réaction débile de filmer et moi dans tout çà, je cherche à savoir s'il y a du mouvement dans cet habitacle défiguré. D'un coup d'épaule franc et volontaire le téléphone le plus proche est envoyé valser tandis que je m'approche de la carcasse et tente d'ouvrir la portière gondolée. Ce n'est finalement qu'en cassant la vitre du coté passager que je parviens à faire sauter la sécurité. Elle est là, amochée mais qui respire encore. « Je ne vais pas pouvoir rester. Vous m'entendez? » Elle est vivante, c'est tout ce qui m'importe, çà et le fait de couper définitivement le contact avant de repartir me mêler aux passants, mes doigts essuyant les larmes du temps se mêlant aux mots qui partiront par une simple pression sur cet écran.

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Hébétude. Désarroi. Tout est arrivé si vite. Simplement secouée par le choc, le ballon d’airbag qui s’était déployé de toute sa puissance. Je ne sais pas si quelques secondes ou si plusieurs minutes se sont écoulées. Une voix me sort de ma torpeur, alors que par réflexe je tente de bouger mes jambes, mes doigts « Je ne vais pas pouvoir rester. Vous m'entendez? »  Mes paupières s’entrouvrent pour à nouveau se plisser, comme pour tenter de me frayer un chemin de cette bulle inextricable, le souffle encore coupé.   « Je… » Réalise ce qu’il vient de se passer. Machinalement, ma paume se pose sur mon ventre comme pour vérifier qu’il est encore là.  « Le bébé… » dis-je tout à coup paniquée. Passant une main sous mon nez pour y découvrir un filet écarlate sur mes doigts tremblant. La violence du choc sans doute. Ma respiration s’accélère, alors que je tente de bouger mais j’en suis incapable. L’homme a disparu, je vois quelques personnes amassées au loin alors qu’une nouvelle se rapproche, tente de me rassurer. Les larmes coulent dans mon silence alors que le reste de mon corps reste comme paralysée seulement secoué des frissons consécutifs au choc. Cela semble à la fois passer à la vitesse de l’éclair et très lentement. Les secours arrivent, me mettent dans une ambulance. Tout s’enchaîne. Arrivée à l’hôpital, on me fait rapidement tous les examens, dont une échographie. Je crois que je me remets à respirer pleinement lorsqu’on me dit que tout va bien. Qu’on va me garder quelques temps pour observer que rien ne se complique. Que j’ai eu beaucoup de chance. A présent baignée des lueurs artificiels et blanchâtres, la solitude vient se faire entendre une nouvelle fois, les angoisses apaisées, mais de nouvelles questions en tête…

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La ville défile trop vite, à la fenêtre de son audi vrombissante. Les gants laissés en vrac sur le tatami, et la sueur qui s’accumule sur la peau angoissée. En plein entrainement, interrompue par un sms qui change tout. Tout au programme, à la vitesse du cœur, et à la quiétude qui semblait solidement s’installer dans la vie de Callaghan. C’était l’orage jusqu’à il y a peu. Désormais, les journées semblaient s’inscrire dans une routine plus calme et apaisée. Elle y prenait goût. Tellement, qu’il a fallu relire plusieurs fois le message, pour croire en cette interruption de calme. On froisse la feuille, et on en redémarre une nouvelle, en courant, la boxeuse dans la voiture, la voiture dans la ville, et la ville animée par le bruit de l’ambulance. Croisée, sur la route. Mais, la route continue jusqu’au véhicule reconnu, et sérieusement abimé. Sort du métal, questionne, cherche sans trouver Dutch, et après quelques infos d’un bedeau, reprend la route en marche arrière. Jusqu’à l’hôpital, où furie retrouvée, vous la verrez poser ses mains trop fort sur le comptoir de l’accueil. Parler trop fort. Flipper trop fort. On lui indique les urgences, des examens, et elle est pas bien sûre qu’on t’ai pas perdu dans cet enfer. « Deirdre ?! » Ecarte quelques rideaux, répète le prénom, encore davantage et plus fort ; et au détour d’une porte, dans une chambre, te retrouve. Un soupire, et le corps fond sur le tien, emporté par le soulagement de te voir les yeux ouverts. « Putain j’ai eu tellement peur. » L’esprit se rappelle, et exige au corps de s’écarter un peu. De ne pas s’imposer. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Comment tu vas ? » Les yeux, qui descendent sur ton ventre, les doigts qui s’arrêtent non loin. « Comment il va ? » Puisqu’il faut désormais s’inquiéter de deux personnes.

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Méfiant. Sur ses gardes. C'était des termes qui qualifiaient la vie de Connor depuis sa tendre enfance. C'était sans considération pour sa propre vie. S'il était sur ses gardes c'était pour faire ses preuves, pour ne pas faire honte à sa famille... Ou pour protéger la vie d'une personne qui lui était chère. C'était pour cette raison qu'il avait mis Dutch sur le coup.

C'est également pour cette raison que son cœur s'arrêta de battre pendant un instant qu'il vit le message de son homme. Installé dans son bureau au Nephilim, il se leva d'un bond, attrapa sa canne et se mit à descendre en quatrième vitesse. Ce n'était pas si loin, même dans sa condition, il pouvait y être rapidement et avec la neige qui tombait dehors, ce n'était même pas la peine d'essayer de prendre la moto.

Mais elle était déjà partie lorsqu'il arriva sur place. Les victimes avaient déjà été évacués. Attrapant une cigarette pour ne pas perdre pied, il retrouva rapidement Dutch grâce à un message afin que ce dernier ne l'emmène à l'hopital. Il n'était pas très difficile de savoir où elle serait, il n'y en avait qu'un à des kilomètres à la ronde qui était équipé pour les accidents de la route.

Une fois sur place, sa canne claqua sur le sol dans un rythme irrégulier à la recherche de sa rose obsidienne, la peur manquant de le faire chuter à plusieurs reprises. Il ne s'arrêta que lorsqu'il trouva finalement la chambre. A bout de souffle, sa silhouette décharnée s'approcha de lit. Il adressa à peine un regard à Alexis, présente sur place, trop inquiété de la situation. Il posa ses doigts glacées sur le front de Deirdre, prenant la place de la faucheuse pour l'éloigner d'elle. Il humecta ses lèvres pour essayer de prononcer un mot mais rien n'arriva, il avait la gorge trop nouée.

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Je suis encore sonnée par tout ça. Ne comprenant pas vraiment tout ce qui s’est passé. Ça tourne en boucle comme un film machiavélique dans ma tête. Tout est arrivé si vite. J’aurais pu tout perdre une fois de plus et je pense que je ne m’en serai tout simplement pas remise. Mais heureusement, le pire a été évité. Je n’explique pas toutefois le manque de contrôle que j’ai pu avoir sur la voiture. Mon regard glisse au travers de la baie vitrée, contemplant une Boston placide et animée. Comme si rien ne s’était passé, la ville et la vie continuent leur chemin. Une voix vient résonner. Et je la reconnais immédiatement. Tentant de me redresser sur l’épaisseur du matelas. La Furie Callaghan ne tarde pas à s’engouffrer dans la pièce. « Ne t’inquiète pas ça va… » Enfin je crois. Oui ça ira. Ils n’auront pas ma peau et mon fils a tout simplement prouvé qu’il était aussi fort que sa mère. Prenant de ma main gauche celle de Lex, j’entends une canne claquer contre le sol. Ils ont été prévenus et je ne sais pas par qui. Peut-être cette voix dans la voiture… Connor arrive à son tour, silencieux et grave, passablement chamboulé par l’évènement. Chacun y réagissant à sa façon. Lex par la colère, Connor par le mutisme. Je ferme les paupières lorsque je sens ses doigts glacés venant se poser sur la tiédeur de mon front. « Tout va bien. » que je répète en le regardant lui cette fois. Ma main droite prenant à son tour la sienne. Épaulée comme il se doit, je n’ai rien à craindre si vous êtes là. Qu’importe les Prince. Qu’importe les Rois. C’est contre les enfers que vous viendrez me protéger. Mon regard se tourne vers un petit appareil duquel sort un papier sur un rythme progressif et continu, un écran donnant l’indication du cœur du bébé. « Là vous voyez tout va bien, ils ont mis le monitoring pour surveiller mais il n’y a pas lieu de s’inquiéter. » Et d’ailleurs, le petit s’était fait discret mais il recommence tranquillement à bouger. « La voiture ne répondait plus. » Et c’est là, la véritable inquiétude qui me tenaille.  

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Le palpitant qui s’emballe, et la respiration qui galère à se frayer un chemin dans la gorge serrée. Demoiselle suffoque et hurle en même temps. Foutrait le feu à l’hôpital pour ne retrouver que ses précieux, soigneusement protégés des flammes. Rien ne compte à part eux. C’est pour ça qu’ils méritent protection ; une protection misérablement échouée. Si la voir ainsi, les yeux bien ouverts et les doigts venant chercher ceux tremblants, rassure, c’était un scénario qui aurait dû être évité. Alors, la poitrine se soulève encore dans un rythme bien trop saccadé. Les prunelles fixées sur la peau amie, cherchant une rayure qu’elle lui aurait caché, une fêlure dissimulée pour rassurer. « Tout ne va pas bien, tu as eu un accident. » Connor, à ses côtés désormais, glissé dans le paysage avec un silence si peu maitrisé par l’endiablée. Le regard se pose sur le fané, s’attarde quelques secondes. Suffisamment pour maitriser la voix, et la mâchoire compactée. Se broyer les dents, à force de retenir un hurlement et une colère qui pulse. « Ca n’aurait jamais dû arriver. » C’est pour ça qu’on la protège, c’est pour ça qu’on est trois. Comment fait-il pour rester si calme ? Les orbes noires s’acharnent, puis se dérobent, cherchant un nouveau point d’accroche. Cette page, là, qui est le dialogue direct du futur. On ôte quelques kilos de rage de ses épaules, dans l’instant. On reporte à plus tard les comptes, puisqu’Il nous fait des textes en braille. « Tu vas rester combien de temps à l’hôpital ? » Le corps s’assoit sur le bord du lit, et les doigts serrent davantage ceux plus froids. « La chaussée était peut-être glissante ? » Je te savais parfois imprudente quand Il n’était pas là. Mais désormais, je t’imagine incapable de vous mettre en danger par un excès de vitesse, ou un virage prit trop vite. « Comment ça s’est passé ? » Refaire le même chemin, pour en éviter cette fois les pièges.  

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Il avait toujours détesté les hôpitaux. L'odeur, l'ambiance, la mort qui flottait dans les airs... Il avait du s'y rendre un nombre incalculable de fois dans sa vie et ça n'avait jamais été des bons souvenirs. Alors voir l'une des femmes de sa vie dans ce contexte lui était insupportable. Les mots lui étaient difficiles depuis presque un an et aujourd'hui encore au lieu d'hurler sa rage et sa colère, il restait silencieux... Il n'était plus capable de s'exprimer normalement.

Les doigts glacées sur son front tiède, son regard croise le sien. Il ne cherchait pas à savoir si elle lui disait la vérité ou non, il savait qu'elle ne lui mentirait pas. Comme il ne lui mentirait jamais. Il serra sa main aussi fermement que possible pour lui signaler son soutien et sa présence. Il était inquiet... Mais le montrait ne lui ferait que plus de mal. Pour elle aussi, il était prêt à masquer son mal.

En effet, ça n'aurait jamais du arriver... Si la voiture avait été sabotée, Dutch aurait du s'en rendre compte, ça faisait partie des instructions qu'il lui avait donné alors comment...? Était-ce vraiment un accident ? Non c'était une hypothèse peu probable.

Son regard croise parfois celui de Alexis et il voit à son expression qu'elle ne comprend pas ce qui peut lui passer à travers l'occipital. Comme tant d'autres avant elle. Il s'installa sur le bord du lit, attendant qu'elle explique la situation.

Son esprit cherchait des solutions pour la mettre à l'abri. Il ne pouvait pas mobiliser d'autres hommes malheureusement, le gang risquait de ne pas l'accepter. Alors où se trouvait cette solution ? Posant la canne contre le lit, il caressa la main de la rose obsidienne avant que la seconde ne glisse doucement vers son ventre à la recherche d'un signe.