La tempête, elle n’a pas rendu les hommes moins bêtes, voilà ce que Joey a dans un recoin de sa tête, lorsqu’elle sert un whisky à un idiot qui lui sourit. Elle sait, pertinemment, la belle écorchée, qu’il serait capable de lui livrer tout ses secrets, en un battement de cils, elle pourrait lui donner l’occasion de tout lui confier. Et si elle était au Sidh, ce soir, et non au Nirvana, elle ne se gênerait pas afin d’obtenir des informations qui pourraient servir à Dutch ou à Vesta.

Et quand il comment une liturgie afin de s’expliquer, c’est plus que la rouquine, elle sourit. « Tu sais, au club de strip-tease, je ne suis pas habitué. » il plaide une cause qu’il n’a pas besoin de défendre, ce n’est pas comme si elle allait lui promettre un quelconque geste tendre. Et puis, elle n’est pas des plus stupides, elle sait bien, qu’ils tiennent tous le même discours pour tenter de finir la nuit entre ses reins. « Je vois. » elle répond simplement, persuadée qu’en plus de cela, il ment. « Vraiment, c’est la faute d’un de mes potes. » Bien sûr, c’est toujours facile de blâmer les autres. Elle s’accoude sur son bar, maitresse de son comptoir, qui murmure pour – presque – lui raconter une histoire ; « Et ce que tu vois ne te plaît pas ? » Elle parle évidemment, des filles qui se dénudent, mais d’elle aussi, sûrement. Alors qu’il ne sera jamais un possible amant, mais elle espère un pourboire affriolant.

Alors la manipulatrice le délaisse en faveur d’un nouveau client, non sans lui offrir, un dernier factice sourire. A coups de talons, elle s’approche de l’arrivant, mais ils sont avortés ses mouvements. Le visage, elle le détaille, il est de son passé, un étrange mirage. Les traits ont vieilli, se sont durcis, elle aurait pu croire que ce n’est pas lui. D’ailleurs, elle se trompe peut-être, car elle n’a plus le compte des années en tête. A croire que son esprit n’est plus apte a fonctionné faute de l’avoir, par de trop nombreuses addictions, malmené. Et quand enfin elle se décide à prendre la commande, elle s’entend lui demander ; « Mais qu’est-ce que tu fous ici ? » Et tant pis, si elle se trompe et que ce n’est pas lui.

hj:

La surprise ne veut pas se retirer de son expression, Joey de le voir ici, devant elle, elle en reste un peu con. Et ce rire qu’il lui sert, il la plonge bien des années en arrière. « Toi, ici ?! sérieusement ?! » Oui, vraiment. Si bien qu’elle s’en appuie sur son bar, déjà prête à écouter ce qui aurait pu le conduire jusqu’ici ce soir. Jusqu’à Boston tout court, en vérité, parce qu’on est bien loin des espaces newyorkais. « La place derrière le comptoir te va à merveille. » Elle en mord un sourire, la belle. Elle a toujours aimé la façon dont Corey l’interpelle. Entrevue qui défie le réel.

« Qu'est-ce que tu fais à boston ? ça fait des années que l'on ne s'est pas croisés.. c'est dingue de se retrouver dans un endroit pareil. » Dingue, oui, c’est le mot, et d’ailleurs elle en aurait pleins à lui dire, pour tenter de rattraper les années qui se sont trop rapidement écoulées. Quatorze, à la vérité. « D'ailleurs, comment ça se fait que tu te retrouves à bosser dans ce genre de lieu ? » Ô ça, ce n’est qu’un petit détail, à dire vrai. Mais est-ce que ça vaut réellement la peine d’en parler ? Car l’adolescente qu’il a connue n’a pas tellement changée, dans le fond, elle a juste laissé plus de contrôle et de liberté à ses propres démons.

Alors elle lève les mains, pour le faire taire, ou ralentir, tout du moins, dans ses questionnements, parce qu’il y a bien trop d’informations à la fois, et qu’il faut commencer par le commencement, n’est-ce pas ? Amusée, elle craque un sourire avant de reprendre. « D’abord, merci ? » pour la place derrière le comptoir qui lui sied, bien que l’ironie elle l’a comprise, Joséphine préfère jouer. « Ensuite… » parce qu’avant tout, il faut pallier le manque d’alcool dans l’équation, bien qu’elle soit encore dans ses heures de fonction. Elle s’octroie le droit de trinquer, à une vieille amitié. « Whisky ? » et entre eux, elle pose deux verres, avant que son regard, planté à nouveau dans le sien, s’éclaire. Animé par cette espièglerie qui la caractérise parfois, la jolie. « Je n’ai pas été gentille au pensionnat. » Parce que c’est pour cette raison que son père l’a envoyé à Boston quand elle était plus jeune, pour laisser son éducation aux mains de dirigeants d’une pension. « Alors j’ai fait naufrage au Nirvana. » avec quelques détours, évidemment, mais pas la peine de faire de longs discours, il n’est pas très admirable, son parcours. « Et toi ? » et quand elle le questionne, elle remplit les récipients, d’une double dose.