@D. Jewell Kaine || Samedi 04 Decembre, soir || Quand j'avais vu sa face dans le journal, je l'ai déchiré de nerfs. Ce truc ici. Toute la rage ressentie à sa disparition est remontée d'un coup. Il faut croire que le destin se faisait chier. Le soir même, j'avais decidé d'aller à cet endroit. Je ne savais pas trop ce que ça allait donner. Mais il n'allait pas être deçu du voyage. Robe et cuissarde, une grosse moumoute. Et je m'étais fait belle juste pour aller à sa rencontre. J'avais attendu un moment avant de le voir. Le coeur se serre. Tête digne, je me lève. Un doigt d'honneur quand je me fais siffler. J'arrive jusqu'au comptoir que je contourne. Rien à foutre des regards. J'attrape le premier verre qui passe près de ma main et je le jette sur le blond suivi d'une bonne baffe. Tiens, je t'aide à te remettre les couilles en place. Quoi que tu mérites que je te les ecrase.

Je devais continuer à assurer, malgré la perte de Soan, show must go on comme on dit et clairement Papa K n’aurait pas accepté qu’on baisse les bras. Sujet de dispute avec Elvira, elle aurait préféré que je reste avec elle, je le sais, mais promesse de ne pas rentrer tard et d’éviter la cage pour quelques jours, je pouvais au moins faire ça pour elle. De plus je savais que dans mon état c’était risqué, le départ de Circus me restait encore sur le cœur. C’est derrière le bar que je me trouve, donné un coup de main à l’équipe, le samedi soir nous ne sommes jamais de trop. Avec le monde je ne remarque même pas son arrivés, je reçois le verre en pleine face avant même de voir qui m’a attaqué de la sorte, clairement ce n’étais pas la bonne période pour me chauffer. Nerfs qui montent, je m’essuis les yeux prêts à hurler sur la personne, mais c’est elle... et le cœur rate un battement, je me revois des mois en arrière et je reste comme un con la bouche ouverte pendant quelques secondes. Je retrouve mes esprits, freine le mec de la sécurité “Salut Elie...” c’est tout ce que je trouve à dire, je regarde autour de moi, informe que je m’absente quelques minutes et je contourne le mirage, me retourne “T’a envie de m’engueuler ce n’est pas un souci, mais pas ici je vais préserver ta voix tu ne seras pas obligé de crier plus fort que les basses pour que je t’entende. Mon bureau est au bout du couloir, tu me suis ou tu prefere t’en aller ?”

Je m'attendais à plus d'éclats de sa part, à me faire emporter par le bras mais non, il conserve son calme. Je réfléchis faussement mais non, j'avais envie de connaitre le mensonge qu'il allait me servir sur un plateau. Alors je le suis jusqu'à son bureau et je pose mes fesses dessus. Je sais que je peux être surprenante le matin .. Mais le coup de quitter la ville, on ne me l'avait pas encore faite. T'as eu des morpions dans le cul, qui t'ont dit d'être lâche. Que vas-tu inventé Jewell ? Regard dédaigneux sur sa personne. Et dire que je l'avais aimé et offert âme, corps, temps et tout ce que je pouvais pour me faire abandonner comme un plat avarié. On m'y reprendra pas. C'est bien fait pour moi, finalement, je ne me suis pas méfiée voulant ce conte de fée à la con. Je ne peux m'en prendre qu'à moi d'avoir plongé bêtement. C'était bien trop beau, fluide et d'une évidence pour que ce soit vrai. Torchon que je suis, à fait son service et hop linge sale.

L’esprit fonctionne à vive allure, les souvenirs remontent de façons assez violentes, la première fois que j’avais croisé son regard à la sortit d’un combat qui avais plutôt mal tournée pour moi c’est elle qui avait tenus à ma soigné je ne sais pas pourquoi d’ailleurs, nous n’avions pas beaucoup parlé ce soir-là, juste cet échange de regard qui était resté gravé en moi, qui m’avais hanté plusieurs jours avant que je la recroise et tout c’était enchainé si vite, c’était fort, intense, irréaliste, une femme surprenante, une putain de belle histoire qui m’avais mis en vrac... Elle ne décolère pas et je la connais assez pour savoir que ça ne va pas s’arranger en un claquement de doigt, en avait-elle seulement envie ? Elle s’installe sur le bureau et je fuis son regard alors que les reproches tombent, justifié bien évidemment je ne pouvais lui en vouloir. Je me dirige vers mon placard, j’avais toujours des affaires de rechange dans mon bureau pour les soirs de combat où simplement si je passais la nuit ici, je retire mon t shirt pour le coup je me félicite de ne pas avoir combattu ses derniers jours et ne pas avoir de marque trop visible, elle aurait été capable de m’enchainer aussi pour ça, même si l’envie de combattre grondais de plus en plus. T shirt que je jette sur la chaise “Je ne suis pas partis parce que je ne voulais plus de toi Elie...” que je réponds doucement toujours en fuyant son regard, j’enfile un nouveau t shirt, passe mes mains sur le visage et porte mes couilles en me mettant face à elle. Je reste silencieux quelques secondes ou minutes je ne sais pas alors que je me perds dans son regard, “Tu veux la vérité...” Nathaniel dans l’esprit et j’entends aussi la voix de Circus en train de me hurler dessus, mes deux putains de regret tambourine dans l’esprit. Est-ce que ça m’avait servi de leçon ?  Je baisse la tête, ferme les yeux quelques secondes avant de remonter mon regard dans le siens “Je suis partis parce que je t’aimais Elie, comme un dingue, putain de sentiment qui m’ont pris aux tripes... mais dans ma vie, dans cette vie je ne peux pas ressentir ça, je n’ai pas le droit je...” le cœur cogne fort, les angoisses montent à la surface “Je sais que tu ne comprends pas ce que je dis et que sans doute que tu ne me crois pas... et entre nous Est-ce que ca vaut vraiment le coup que je mette mon cœur sur la table ? Ca changeras quoi hein ? La finalité c’est que tu vas m’en coller une et repartir d’ici comme t’es venus. J’ai fait une erreur, j’aurais dû m’y prendre autrement, mais je ne peux pas remonter le temps Elie. Tu as voulu une réponse tu l’as.” Vulnérable, je venais de lui donner les pleins pouvoir de m'achever.

Détourner le regard quand il se change ? Puis quoi encore ? Les orbes détaillent chaque relief de son derme. Corps ayant fait vibrer le mien. Ame apaisant la mien. Il m’avait libéré de ces angoisses. J’étais avec lui. Il etait mon present. Il est ma decheance. Je ne le quitte pas des yeux, comme si les fermer allaient me le faire disparaître de nouveau. C’est mieux non ? Il se place devant mais je ne baisse pas le regard. Maelström des sentiments. Baisser la garder et l’aimer. Hurler et … anéantir comme il avait fait. Je l’écoute. Je ris. Tristement. Peine. Colere. Amour. Ca boue en moi. Il me noie. Encore. Je me redresse, attrape sa nuque et l’embrasse. Germe de quietude dont je me délecte quelques secondes. Puis je finis par attraper ses couilles. Je fais quoi de ce que tu me dis la ? Hein Jewell ! Tu penses que ca me rend heureuse de savoir que tu m’as abandonné mais avec amour. Tu sais combien de nuits j’ai hurlé parce que notre lit etait vide ? Combien de fois j’ai hai mon reflet parce que tu as emis la certitude que je ne mérite pas d’etre aimée ? Mes entrailles retournees parce que tu as réussi a tout détruire ? Je me suis dégoûtée d’avoir accepté un homme comme piliers… Nombre de nuits a cuver et me droguer pour ne plus voir ton reflet. Et spoile alert … Je fouille dans le triple font de ma besace et sors un sachet tout blanc que je pose sur le bureau. … J’en ai encore besoin parce que … maintenant quand les gens s’attachent a moi ou osent me parler d’avenir, j’ai peur. Alors Jewell maintenant que je sais que tu m’as aimé a durée déterminée, je fais quoi ? Ca me donne juste envie de conclure que je suis une grosse pute pansement. Merci Jewell Larmes bordant les muqueuses, je me rassois, imposer une distance. C’est quoi la recette pour faire taire ce personnage de haine que tu as cree avec tant d’autres gens ?

Révélation faite, je ne m’en pensais pas capable, vraiment pas, mais les voix autoritaires du p’tit prince et de la déesse hurlent dans la tête, remontrance extrême, comprendre que j’avais foirés, ne pas savoir si c’était vraiment une bonne idée de lui dire, mais je lui devais au moins la vérité. Sa main qui attrape ma nuque et ses lèvres affolent le palpitant sévèrement, les souvenirs qui remontent encore plus, les sentiments qui crie qu’ils n’ont jamais été bien loin, fermer les yeux quelques seconde quand le baiser s’achève, bien trop court, les rouvrir rapidement quand sa main attrape le service trois pièce, grognement je me mord la lèvre alors que je l’écoute. Cette femme a toujours eu de la poigne, je dois bien le reconnaitre. J’écoute ses mots, réalise tout ce que j’ai fait, tout ce que je lui ai fait, je souffle quand elle me lâche, cachet qu’elle sort de son sac et larme qui menace de coulé de mon côté. Je secoue la tête à ses mots. Main qui passe sur le visage “Elie... je …" je suis en rage, en colère contre moi-même, contre cette croyance que l’amour peut rendre faible, en colère contre Hunter de m’avoir rendue comme ça, je fais les cents pas dans le bureau, j’ai envie de hurler, de cogner... poingt qui viens s’abattre contre la porte de mon armoire, visiblement de mauvaise qualité vu le trou béant qui y règne maintenant, comme dans mon cœur en carton. Je me rapproche d’elle, respecte la distance qu’elle impose malgré tout “Je n’ai jamais voulus ça, jamais voulu te faire de mal, tu n’as jamais été un putain de pansement Elie retire toi ça de la tête !” je radoucis ma voix, me rendant compte que je suis en train de crier contre elle “Ne crois pas que t’abandonner a été facile pour moi, que j’ai ranger mes sentiments en un claquement de doigts, te laisser a été l’une des choses les plus dur que j’ai dû faire, tourner le dos à quelqu’un qu’on aime ce n’est pas quelque chose que je fais aisément... je... c’est juste qu’on m’a appris à fuir tout ça, que je l’ai appris à mes dépens que l’amour c’est... et ouai je te le dis j’ai une putain de trouille d’être amoureux, une putain de peur de laisser mon cœur entre les mains de quelqu’un, de laisser la possibilité à quelqu’un de m’anéantir...” je tente de capter son regard, les larmes au bord des yeux “Cette histoire... notre histoire... j’ai rien oublié Elie, tout est gravé en moi, comme tout le reste... tu n’as pas été un pansement, loin de là... tu es... tu as été... je suis désolé de t’avoir foutu en l’air... je ne suis pas parti parce que je ne voulais pas de toi, je suis parti parce que je ne voulais que toi... que tu l’accepte ou pas elle est là la vérité...”

Sursaut quand il frappe l'armoire. Et je ne peux m'empêcher de me dire que ça aurait pu être moi. Non, impossible. Pas lui. Pas cet homme qui m'a rendu si ivre de la Vie. Impossible. Il a été ce refuge quand le monde s'assombrissait. Il ne m'a jamais violenté. Pas contre mon gré en tout cas. Alors non, pas dans le même sac. Je prie quand même, qu'il n'ait rien remarqué. Il ne me lâcherait pas sinon. Je soutiens le regard quand il s'exprime. Il hausse le ton mais je ne vacille pas. Les mots veulent s'imprimer dans ma tête. Le cœur veut y croire. La raison se barricade. Le visage demeure stoïque alors qu'au fond, j'ai envie de pleurer. Il ruine ces idées que je m'étais forgé. Je detourne le visage quand il parle d'anéantir.  - Culot que je souffle. Qui venait de détruire qui ?  - Je ne voulais que t'aimer que je rajoute, dans un murmure. Meuf pathétique que je suis. Je prends une grande inspiration. Belle erreur d'être ici. Je me bats avec moi-même à présent. Je descends de son bureau, attristée qu'énervée. - Je te souhaite de trouver la personne qui ne te donnera pas envie de fuir dans ce cas. J'ai été ravie d'être une expérience pour te faire comprendre la souffrance que tu infliges aux autres qui ne demandent rien. Sincèrement, je veux que tu sois heureux. Je m'approche et embrasse sa joue.  - Félicitations pour ton bar. Je prends mon sac et je quitte son bureau. Plaquée contre le mur, les larmes dévalent. Je devais partir. Je ne suis pas forte. Je ne suis pas indépendante. Juste bien trop amoureuse pour continuer de le haïr. J'aurais aimé lui dire de revenir, de continuer, de recommencer. Mais non, il est parti une fois, il le refera. Je dois m'accrocher à cette certitude.

Fin.