t'as pas dormi Morgan, t'es dans un piteux état mais tu sembles plutôt à l'aise assis sur ce petit pond. Tes pieds sont en suspend au dessus du petit ruisseau. Le soleil s'est levé depuis plusieurs minutes déjà. Toujours une cigarette entre tes lèvres, tu as bien du fumer un paquet entier la nuit dernier. Tu es toujours sans nouvelle de Asher, tu n'as pas pu rester à l'hôpital. Tu n'as jamais aimé cette ambiance, alors t'es aller te réfugier dans un lieux bien à toi. Attendant que les nouvelles viennent à toi, t'encaisses mal les choses de ce genre. Ouai, t'es le genre de mec à te défiler au moindre complication. T'es comme sa. Un pauvre con mais tes frères et ta soeur te connaissent. Tu ne changeras pas. Un bruit derrière toi, attire ton attention. Tu tournes la tête et fronces les yeux. Cette fille, tu la connais. Vous aviez passer plusieurs jours ensemble, loin de la réalité que tu redoutais. Elle connaissait plus de chose que n'importe qui. Etrange puisqu'elle ne restait pas moins une étrangère pour toi. " T'en fait pas ! je vais pas sauter hein " dis-tu assez fort pour qu'elle entende et qu'elle sorte de son trou. Autant qu'elle vienne se joindre à toi.

Le monde était plus aisé, quand on s’éloignait un peu pour mieux le regarder. Entre les disparus retrouvés, dont Alex qui restait silencieux à ses messages, et l’agression d’Orphéa, le quotidien lui prenait le ventre. La solitude étant impossible à obtenir dans leur maison, Billie s’était écartée. Empruntant le premier bus qui passait, elle avait enchainé ainsi plusieurs transports, jusqu’à se trouver ici. A croire que nos chemins finissent toujours par se croiser, puisque je te vois, toi l’homme croisé lors de cette énième recherche de silence. De prise d’air. Je te reconnais à ta silhouette. D’abord, je doute, et il faut bien quelques secondes pour que ce doute devienne certitude. Je t’avais laissé sur cette route. Nos chemins s’étaient séparés, après cette parenthèse. Les parenthèses ne sont pas faites pour se rouvrir. Surtout quand j’ai posé entre tes doigts mes secrets et mes craintes. Alors, chose qui ne m’arrive que trop rarement, je manque de mot. Et de courage, restant dans ton dos. Jusqu’à : " T'en fait pas ! je vais pas sauter hein " Les billes qui vrillent vers le haut, et le corps n’a pas d’autres choix que de se poster à tes côtés, les jambes dans le vide. « Je peux toujours te pousser. » Qu’elle balance, en relevant ses prunelles transparentes sur toi. « On s’était dit au-revoir pourtant. » Sans se confier nos villes d’appartenance, ni nos prénoms. Tout ceci devait être temporaire 

t'es bien là. Le silence t'apaise et pour le moment, tu as besoin d'être apaisé Morgan. Tes phalanges te font mal. Pas très malin de taper dans le mur du couloir de l'hôpital. Mur = 1 ; Morgan = 0. L'inconnue qui n'en est pas une approche. Elle s'assoit à côté de toi et tu esquisses un léger sourire. " bon courage, je dois faire le double de ton poids " plume légère, tu ne donnais même pas une chance à cette demoiselle. Ton visage se tourne légèrement vers elle, les sourcils encore froncé. Tu hausses les épaules et finis par lui dire : " Faut croire que le destin n'était pas d'accord. " le destin.. parlons de ce putain de destin. Tes mains serrent un peu trop fort le rebord du pont. " tu ne m'as peut être pas tout dit la dernière fois ? " pourtant, tu en avais appris beaucoup sur elle en très peu de temps. Habituellement, les choses étaient différentes. Vous aviez inversés la tendance le temps d'une soirée. " qu'est-ce que tu fais ici ? t'as envie de sauter toi ? " ouai, s'était bizarre que tu sois assis ici mais il était tout aussi surprenant de la voir là aussitôt dans la journée.  

Comme une envie de pause, dans le brouhaha constant. Maverick s’est éclipsé, pour quelques jours qui pourraient durer des semaines. Et sans lui, la maison a moins de saveur.  Alors, l’envie d’ailleurs reprends le ventre. Il lui faut bouger, s’orienter au hasard, et te retrouver. A croire que nos chemins sont faits pour se croiser. Que ma frêle silhouette ne peut effectivement lutter, contre la tienne. Qu’on ne peut lutter tout court, contre ces routes qui s’entremêlent, et qui ne connaissent visiblement pas le panneau stop. Le corps assis, à côté du tien. Je note que tes traits se sont obscurcis, et tes billes avec. « Je t’en ai dit suffisamment. » Soufflé. Entre mes yeux qui voient ce qui est invisible pour les autres, et ma famille qui tague le mot folie dans mon dos, j’ai confié entre tes doigts trop de choses. Et tu es désormais bien trop près de mon quotidien. Ingénue rajoute : « Et surement beaucoup trop. » Les jambes se balancent dans le vide. « Peut-être. » Un sourire qui se pointe aux commissures. « Tu crois que l’eau est froide ? » Penses-tu qu’on se sent davantage vivante, quand l’eau gelée vient confronter notre peau ? Le regard droit devant, puis deux-trois secondes, et il se pose sur toi. « J’pensais pas te revoir. » Et je sais même pas ce que je ressens, si c’est la surprise, la joie ou les regrets qui prédominent.   

t'es pourtant pas instable morgan... c'est ce que tu te dis dans ta tête secrètement. Tu te considères comme un homme réfléchis avec des pulsions mais pas instable. Tu grimaces légèrement, ce soir, il n'est pas bon de te laisser seul alors sans grande animosité. Tu laisses rentré celle qui connait tout tes secrets. Billie, jeune fille éphémère. Qui apparait et disparait avec tes secrets. Tu en as à lui dire ce soir. Ton frère est entre la vie et la mort. " on s'est dit trop de chose " que tu rectifies. Elle était lucide. Tes sourcils se froncent à sa réponse. Tu ne peux réprimander, ton petit sourire qui s'affiche. Tu regardes l'eau et finis par lui dire : " hm je sais pas " t'hésites. Une légère fumé s'en dégage, la logique voudrait que l'eau soit plus chaude que l'air ambiant. " je pense pas, regarde la fumée. Elle ne doit pas être très chaude mais elle n'est pas aussi froide que l'air qui nous entoure " tu pars loin mais sa t'occupes. Tu n'es pas tenté de lui dire ta véritable raison du pourquoi tu es ici. Tu tournes de nouveau le visage. " Moi non plus, je m'étais fait à l'idée. " tu souris et tu hausses les épaules. " Autant en profiter non ? " ouai, elle t'avait autrefois fait penser à autre choses. T'espérais qu'elle puisse faire pareille à cet instant. " avec moi ou pas ? " tu lui tends ta main endoloris sans en dire plus. Une nouvelle aventure, de nouveau mystère, voilà ce que tu lui proposais.  

Dans mon enfer, les démons ne sont jamais loin. Ils susurrent des paroles que parfois, j’ai du mal à ignorer. Alors, il me faut fuir. Partir. Chercher la nouveauté, un air libérateur, et des visages inconnus. C’est raté, car mes prunelles se sont posées sur ta silhouette. Pour la seconde fois. A croire que lorsque mes pas cherchent à fuir la route tracée, ils vont toujours vers toi. Toi dont j’ai même pas connaissance du prénom, mais toi dont je connais le pire, ce qui se cache sous la surface. On a commencé par la fin. Et désormais, mes secrets confiés entre tes doigts d’inconnu, ne me paraissent plus autant en sécurité. « J’suis d’accord. » Comment on fait pour oublier, désormais ? Comment on fait pour revenir en arrière, avant que nos lèvres ne soient plus capables de filtrer nos pensées ? « J’te connais sans vraiment te connaitre. C’est plutôt étrange. » On a grillé les étapes, on a dégagé celles chiantes, les superficielles, et on s’est vautré dans les vérités, celles qui sont moins jolies. On a évincé la pudeur. « Mais ça m’déplait pas. » Repris avec un fin sourire aux commissures, les doigts qui attrapent ceux tendus. « Avec toi. » Avec moi, ensemble, on aura qu’à s’échapper sans bouger, fuir sans courir. La malice déborde. « On saute ? » Du pont, dans cette flotte ; on saute, dans cet espèce d’inconnu sans secret.