Frappe, cogne, une droite, un gauche, pied, genoux, tibias. Ça tape fort, de gros bruits, le bruit de tous les membres de ton corps qui s’écrases en puissance contre le sac de sable. Sac qui voltige dans tout les sens à l’impact de tes coups, personne pour le retenir, faut dire que personne n’a envie de s’approcher. Des gouttes perles sur ton front, tu les laisses couler, jusqu’à ton cou, s’échouant sur le col de ton t-shirt.
Jordan, des années que tu viens ici, ici c’est un peu comme ta maison, cette salle dans laquelle les gens te connaisses, savent ton nom et le fait qu’il est compliqué de combattre contre toi. ton maître ton considère d’ailleurs presque comme sa fille.
Ici des fois t’effrayes, alors les gens te laissent tranquille, peut de monde acceptent de monter sur le ring contre toi, souvent des petits nouveaux qui n’ont pas vu les moments où tu te laisses prendre par tes émotions. La rage dans le ventre il est parfois difficile de te contrôler, t’as eu de nombreux avertissements, mais ton maître sait, il connaît ton histoire, il sait pourquoi tu viens ici depuis que tu as l’âge autorisé pour combattre. Il sait que te couper ça, c’est le risque que tu pètes un câble dehors, alors il te garde ouais, à chaque fois, il refuse que tu vrilles, que tu foires ta vie comme ça.
Lancée dans tes coups qui s’enfoncent dans le sable, tu remarques à peine qu’un nouveau est entré dans la salle, qu’il s’approche désormais de toi, l’air intrigué. Pourtant quand sa voix arrive à tes oreilles, tu tournes la tête rapidement, retenant d’une main le sac qui revient vers toi avec la même puissance que ce qu’il est parti.
Tu hausses un sourcil, pas vraiment du genre sociable, pas vraiment du genre à vouloir faire la conversation. T’as plus envie de continuer ta session qu’autre chose là.
« y a un problème ? » que tu lâches le plus froidement du monde, t’es pas méchante Jordan, tu te méfies simplement, t’as peur, peur des gens.

Alors que tu frappes, que tu te défoules, y a ce gars qui débarque, ce gars qui essaye tant bien que mal de faire la conversation, un nouveau c’est certain parce que les habitués savent, ils savent qu’il ne faut pas te déranger quand tu extériorise ta rage, quand tu sors toutes les émotions négatives qui remplissent ton corps, ton âme.
Jordan, si colérique, incontrôlable, c’est comme ça que les autres te définissent, tu les détestes tous, tout ceux qui semblent te comprendre, tout ceux qui te définissent par des mots comme ceux là alors qu’ils ne savent rien, absolument rien, bien trop cons pour savoir quoi que ce soit.
Tu hausses un sourcil à sa réponse, hausses ou fronces, un peu des deux, des yeux qui crachent des flammes, y a rien à admirer, rien à admirer parce qu’il n’y a rien de beau dans la colère que tu laisses actuellement sortir de ton corps.
« C’est une blague ? » lui apprendre, quel intérêt, pourquoi est-il là si il a besoin d’apprendre, pourquoi il s’adresse à toi et pas aux profs de cette salle. « si tu veux apprendre va les voir eux » que tu lâches en pointant du doigts les profs qui discutent dans le fond de la pièce.
Pas du genre à vouloir qu’on s’occupe de toi, qu’on te change les idées ou quoi que ce soit, tout ce que tu veux, que les gens te laissent tranquille, qu’ils te laissent faire ta vie, seule, loin de tous, loin des risques, loin de ce que tu pourrais leur faire.

@Ji-Sung Lee
- bim bam bum

Jordan tu n’aimes pas les gens, tu en aimes quelques uns, deux ou trois, mais ça s’arrête là, tu n’aimes pas qu’on vienne te parler, parce que tu as peur, tu as peur qu’on se moque de toi, qu’on ne vienne pas pour de bonnes intentions. Tu n’aimes pas qu’on te force la main non plus, tu te braques, encore plus, phobie sociale quand tu nous tiens. Difficile de s’en défaire, difficile de s’ouvrir.
« Je ne cherche pas à l’être », que tu lâches le regardant fixement, dans ton regard il n’y a rien de chaleureux, ton visage fermé, tu veux le faire fuir, c’est ta seule idée. Pourtant il ne semble pas vouloir lâcher l’affaire, tu vois bien à sa façon de parler qu’il est le genre sur de lui, le genre que tout le monde apprécie, le genre qui te méprise, qui se moque et te rabaisse à la moindre occasion, alors tu restes cette fille renfermée. « écoute, si tu viens pour te foutre de ma gueule, ou quoi que ce soit, ça sert à rien, j’te donnerais pas ce plaisir » les sourcils froncés, le visage crispé. Tu n’as confiance en personne, c’est difficile, difficile quand tu as l’habitude de souffrir de la présence des autres, difficile de sentir les regards moqueurs posés sur toi. Alors tu te renfermes, encore plus. Il te parle de bonne action et tu n’en a que faire, ça ne t’intéresse pas, tu ne lui feras pas ce plaisir. Tu sais comment ils sont ces gars là, ils t’amadouent, te brossent dans le sens du poil, te font croire qu’ils sont gentils mais dès que tu leurs offre un peu de ta confiance alors ils s’en servent, la déchiquette, la piétine, la bousille. Ils te font regretter une fois de plus de leur avoir donner cette opportunité, d’avoir été trop faible encore une fois.
« Laisse tomber, vraiment, ça marchera pas, pas avec moi » puis tu lui tournes le dos, essayant tant bien que mal de te replonger dans ton entraînement.