« Des fois, ça me fait flipper oui. » un sourire étreint mes lèvres lorsqu’elle me confie ce détail-là, parce que je vois Deirdre comme une femme forte, bien plus courageuse que moi, alors un tel aveu, j’avoue que j’en suis charmée, je la trouve mignonne mon amie, à la vérité.

Et le film défile sous nos yeux, et je ne mentirai pas, j’avoue que je sursaute parfois. Elle est belle celle qui se dit sans peur. Les minutes s’amoncèlent, et nous voilà dans la voiture quand elle me demande « Prête pour l’aventure ? » Toujours. Et je démarre afin de nous conduire, dans cette maison oui nous allons vivre la suite de notre programme du jour. Kilomètres parcourus, nous voilà garées et prêtes à affronter les montres, mythes et fantômes le temps d’une nuit déjà bien entamée. « Y’a une pièce que tu veux voir en premier ? » Avant de lui répondre, je m’extirpe de la voiture, la brune à ma suite, tandis que je lui tends le bras. Tactile pour pas un sou, mais puisque nous allons droit vers l’ennemis, autant se raccrocher, l’une à l’autre, pas vrai ? Puis… Je n’accuse pas la future maman d’être fatiguée, mais, dans le fond, on ne sait jamais.

Hésitation présente sur mon visage, je réfléchis, alors que j’observe la maison dans laquelle nous allons faire naufrage. « Au choix… » que je commence, prunelles toujours posées sur les fenêtres lorsque je lui dis ce que j’ai en tête. « Soit, on entre dans le vif du sujet, et on va faire un tour dans la cave. » après tout, on est équipées, avec nos lampes torches. Chasseuses de fantômes en herbe. « Ou la chambre. » parce que ça me semble tout aussi dérangeant, mais plus soft certainement. Une chose est certaine, moi, je trouve ça excitant.

(Hj ; excuse le temps de réponse )   

Les Ghostbusters n’ont qu’à bien se tenir. Suffit de voir le duo de Brunes débarquer. Lampes de poches en main. Pull épais et baskets, troqués contre la robe et les escarpins habituels pour ma part. Boucles brunes et liées, et les prunelles rivées sur la bâtisse. Je prends de ma main le bras offert, rassurée par ta proximité, mais excitée aussi par la découverte de l’endroit. Petit rire nerveux et flûté qui s’échappe de ma gorge. Je prends le temps de la réflexion. « Commençons par la cave. » Sourire complice aux lèvres. J’ai peur mais je ne suis pas du genre à me dégonfler. Une cave est réputée pour être le lieu qui recèle les pires secrets, les cauchemars d’un foyer. Porte d’entrée poussée et silence qui rôde. La maison sera l’attraction d’Halloween à coup sûr, mais pour le moment, elle demeure assez calme. Je laisse un halo blanchâtre s’éprendre de l’endroit pour en contempler les détails, elle a quelque chose d’un brin… artificiel. « Ici. » dis-je en en t’entraînant le long du couloir sur le côté, porte poussée et qui grince, laissant entrevoir dans le sombre du repère une ligne d’escaliers. J’entame la descente, souriante et apeurée sur les marches qui viennent grincer. « Tu aurais peut-être dû passer en premier, je ne suis plus un poids plume. » Pour mon propre malheur, je poursuis la descente, espérant tout simplement ne pas passer au travers…

Je le sais bien que Deirdre est plus téméraire que moi, et lorsque j’ai lancé mes propositions, je connaissais déjà sa réponse, dans le fond. « Commençons par la cave. » D’accord, et j’en garde mon calme, car après tout, de paniquer, pour l’instant, il n’y a aucune raison. Et nos pas assurés nous guident jusque l’intérieur obscur de la maison.

Mon souffle retenu, et le regard complice que je lance à mon amie alors que nous nous lançons dans l’inconnu. Et dire que j’ai pensé que ça pouvait m’exciter. Je suis concrètement à deux doigts de crier. Pour rien en plus, je crois bien que c’est ça le pire. De constater que mon courage n’a pas attendu cinq minutes pour se tirer. « Ici. » qu’elle me dit en nous guidant vers la porte qui semble être celle qui nous intéresse. Et forcément, quand on l’ouvre, cette dernière, elle grince.

Elle commence la descente des escaliers non sans me préciser ; « Tu aurais peut-être dû passer en premier, je ne suis plus un poids plume. » Il est clair que dans les rôles de chasseuses, on est… on ne peut plus parfaites. Exemplaires. La peureuse et la future mère. Et alors qu’on arrive saines et sauves – tous mes dieux soient loués – au bas des marches, je m’accroche à ma lampe torche, non plus comme on le fait avec une lampe, mais plus à l’image d’une matraque. Ça y est, dans ma tête, c’est la débâcle. D’ailleurs … « Qui a eu cette idée, déjà ? » le plus stupide dans tout ça, c’est qu’à la vérité, je crois que cette sortie vient de moi.

Dans mon angoisse, je ne réalise pas qu’on mon rythme cardiaque s’accélère, si bien que ma paranoïa naissante m’exaspère. Et quand j’ai cette sensation que quelqu’un me frôle le dos, je me retourne en un saut. Etouffant un petit cri, alors que je vois une souri. « Ouais, bon d’accord, je faisais plus la maligne devant Freddy. » je prononce en servant une grimace à l’intention de mon amie. Sortez-moi d’ici.

Nous descendons dans la cave puisque quitte à éprouver des sensations fortes, autant y aller franchement. Les marches grincent sous mon poids et une grimace se dessine sur mes traits. Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée mais nous sommes désormais lancées. Alors, je continue et finalement nous parvenons sur le sol. Taylor, échouée contre moi, semble se décomposer littéralement. Un petit rire s’échappe de ma gorge. « Il me semble que c’est toi. » Regard de connivence parce que concernant les mauvaises idées nous sommes plutôt solidaires. La torche s’applique aux murs lugubres et je n’en mène pas large bien que davantage que ma voisine. Enfin, elle sursaute, m’entraînant dans son délire fantasque, mais le visage reste impassible que alors que Tay lâche un petit cri. Je ris. « Elle est trop mignonne ! » Et elle a sans doute eu plus peur que nous encore. « allons-voir les étages. » Quelque chose me dit, que nous n’allons pas participer l’éternité ici. « c’est la première fois que tu visites une maison hantée ? » Moi je ne l’ai jamais fait, j’ai plus pour habitude de venir hanter la nature en pleine nuit, mais j’aime le frisson que ça peut provoquer. Finalement plus courageuse en situation que devant les films. Toi et moi, on se complète.    

Il ne faudra retenir de cet aparté qu’une seule et unique évidence à dire vrai : dans quelques jours, une fois la honte passée, nous pourrons en rigoler. Comme elle se met à le faire, quand je lui demande qui a eu le bon sens de venir jusqu’ici, mais je ne tente pas vraiment de me dédouaner, cela dit. « Il me semble que c’est toi. » Je grimace, et approuve d’un hochement de tête, très succinct, de toutes les manières elle était d’accord alors c’est aussi de son fait.

Et me voilà en train de sursauter, comme une gamine, pucelle qui face à une souris s’incline. Forcée par ma folie, Deirdre sursaute aussi, mais si pour ma part je cris, elle, elle rit. « Elle est trop mignonne ! » Sur cette phrase, je me sens, encore plus conne. « Allons-voir les étages. » Tant qu’à y être, autant ne pas le faire à moitié, on a qu’à passer par les combles et aussi le grenier, car je ne saurais dire si un jour je reviendrais chercher l’aventure, entre ses murs.

« C’est la première fois que tu visites une maison hantée ? » Oui très chère, car moi, tu vois, je préfère laisser le diable à ses Enfers, et les fantômes, loin derrière. « Je ne suis pas une grande aventurière. » je lui confie, la désolation dans le regard, moi, c’est plutôt le nez dans les bouquins que je passais mes soirées, à potasser mes cas et mes devoirs. Je préfère vivre la peur par procuration que de devoir gérer un surplus d’émotion. « Du coup, escaliers ? » que je lui demande vu que l’honneur nous incombe d’explorer. Mais une fois le tour fait et la première marche regagnée, je ne bouge plus faute d’hésiter. « Alors là. » oui, je suis devant un dilemme, que seule une Taylor, folle à liée, verra. « Je suis mitigée. Sois tu passes en premier, et je serais là pour te rattraper si tombes, ce qui veut dire que je serai la première à mourir si jamais... » Une chose se cache ici. Porte poisse, mais on ne sait jamais. « Soit on fait l’inverse, mais là, c’est toi qui mourras. » Trop de films d’horreur, tu vois. Un soupir, prendre le temps de te dire. « Allez, j’assure tes arrières. » Faible sourire, drôle de tournure pour te dire, que je serai toujours là, pour le bon comme le pire.

Et notre exploration perdurera, une bonne partie de la nuit, moi pas assez courageuse, et toi, à te moquer gentiment de moi. Entrevue qu’on achèvera, à boire un café, dans un de ces établissements qui ne ferment jamais, à rire de notre excursion et à papoter. Profiter et rattraper les ratés, faute de temps, de notre amitié.

FIN DU RP