JASKA

L’impatience au bout des doigts, et l’opportunité qui se présente. Un actionnaire, son avion ; son retour à New-York après la réunion de cette semaine dont il n’a même pas pu tenir le bout de la table. Les Ellington absents, mais Jasper qui se pointe vers vingt-deux heures prendre ce bout de taule avec l’homme. Une impulsion de dernière minute, un truc qui prend aux reins. La fatigue dessinée au bord des yeux, qui finissent d’ailleurs par se fermer pour la bonne heure de vol. Il faudra prendre chaque minute de repos qui se balade. Un taxi, un hôtel, des cheveux trop longs qui s’attachent dans une queue de cheval maladroite, et un plateau qu’on pique au passage. Un nœud papillon, emprunté à l’actionnaire qui questionne mais n’obtient pas. L’attirail du serveur/majordome/type qui cède à l’appel d’un lit vide, et la tentation d’une surprise à portée de doigt. Il y aura tout le temps des déceptions et des moments où l’absence sera plus longue. Mais, tant que le corps tient, il essayera de faire les choses biens. Puisque les ombres chinoises sont dépassées, je ferme le dernier bouton de ma chemise pour parfaire la tenue, et frappe deux fois à la porte de ta chambre. La porte de notre chambre ; c’était le plan. Il faudra rentrer tôt demain afin de ne pas louper la battue pour les disparus. Mais entre deux jours à jongler avec l’horreur, il me faut une respiration. Et, ma respiration, depuis quelques mois, c’est près de toi que j’l’ai. Est-ce que toi aussi, ça te libère un poids sur la poitrine quand tu me vois ? « C’est le room service ! » Que j’scande, plateau porté fièrement sur le bout des doigts, et le sourire qui s’affiche. Tu devais pas vivre cette journée seule, j’devais avoir le debrief entre les deux rendez-vous, et t’entendre pester car j’avais pas résisté à l’envie de te décoiffer. Je devais rejoindre le patriarche, puis faire des autres instants les nôtres. Y aura que celui-là.

@Alaska Hamilton

Les mains saisissent la couette de part et d'autre, envoie d'un coup sec les pétales de roses au sol. Pas de couple ce soir. Pas de romantisme. Juste un chien fatigué de sa journée mais encore un peu excité quand même. Assez pour japper sur les pétales rouges qui tombent en cascade sur lui, s'en suit un long "chut" pour faire taire l'animal. Je finis par m'affaler lourdement sur le matelas, expulsant le stress de la journée d'un long soupir. Je me réveille complétement désorientée trente minutes plus tard. Ils sont nuls ces deux jours. J'aimais la ville. J'aimais mon travail et cette opportunité. J'aimais ces rendez-vous terrifiant. Mais, je détestais de te savoir à quelques heures d'ici. Les plans étaient chamboulés. Trop. C'est Saucisse qui se retrouve à devoir supporter mes humeurs et mes bisous à répétition. Pauvre animal qui n'a rien demandé à personne. Dernière petite balade et on remonte pour se programmer un soirée tranquille en presque solitaire. Un douche, parce que le bain ne fait plus envie quand ton absence se fait ressentir. Un plat rapide et quelques cochonneries à grignoter dans le lit. Les bouquins sont mis sur le lit dans l'espoir de les ouvrir, mais avec la fatigue, je préfère m'abrutir devant les programmes télés du moment. Une soirée en célibataire, sans enfant. Juste un chien un peu trop silencieux. Enlevez la petite voix curieuse de ma fille et je m'ennuie pour le restant de mes jours. Je somnole finalement avant de me réveiller complètement quand on frappe à ma porte, les yeux écarquillés. J'hésite à bouger, n'attendant personne. J'aurais aimé faire croire qu'il n'y a personne dans cette chambre, si seulement l'adorable créature qui m'accompagne n'avait pas pris l'habitude d'aboyer pour un oui et pour un non. Je râle. J'me tire du lit et j'ouvre pour laisser place à la surprise. Belle surprise. Les billes s'élargissent, le temps de réaction est un peu long à cause du sommeil. Saucisse te fait déjà la fête lui, quand moi j'affiche à peine le large sourire de satisfaction. Trois, deux... "MON AMOUR" que j'crie dans le couloir comme une hystérique. J'envoie valser le plateau, j'en ai que faire. Je saute littéralement à ton cou pour plaquer mes lèvres aux tiennes. Mon amour est là. 

JASKA

Le temps est long, entre les bruits contre ta porte, ma voix qui s’élève et toi qui tilte. Une deux secondes d’hésitations, où j’en viens à me demander si j’ai bien fait. J’suis pas très doué pour les surprises. Pour les réussir vraiment, j’veux dire, sans me trahir avant. T’es peut-être crevée, ou t’avais peut-être envie d’une soirée seule, toi qui ne t’en accordes jamais. Sans exclamations d’enfant, bien souvent rejointes par les miennes. Et encore, ça c’est quand on ne mêle pas à notre joyeux bordel ma progéniture. Dans ce chaos, peut-être avais-tu envie d’autre-chose, de te rappeler le bruit du silence, ou le gout des décisions qu’on ne prend que pour soi-même. Alors tu vois, j’ai un doute, jusqu’à : "MON AMOUR" et tes lèvres contre les miennes. Le plateau qui se barre, et échoue sur le tapis qui étouffe son cri de douleur. Mes doigts sur tes hanches, et ma bouche qui répond. Mes doigts sur tes cuisses, qui te hissent jusqu’à ce que tu t’accroches à ma taille. On dira que la cliente était heureuse de recevoir sa commande. Chien joyeux, qui s’fait cordialement ignorer sur l’instant. Il faut disparaitre dans la pièce, laisser le couloir vide et la chambre animée, ton dos plaqué contre la porte qui se ferme. Reprendre un peu de tes lèvres, et oublier de te laisser respirer. T’es la respiration dans cet enfer, les disparitions, le passé tortueux. T’es celle qui accorde la pause, et je gratte chaque jour que je peux. Ca devait être nous ce soir, et j’allais pas laisser un fait divers nous éloigner de ça. Même si on nous impute du jour ; n’accordant qu’une nuit. Quand les lèvres s’éloignent, elles ne s’écartent que peu. La respiration profonde, et la voix qui souffle : « Faudra que je sois parti pour six heures, y a une battue demain. » Je nous délimite l’horloge, l’avion déjà prévu pour le retour. Mais puisque là-bas on ne parle que de disparitions, il nous fallait retrouver l’inverse. Nous retrouver un peu, bien que nos doigts ne se perdent que rarement. Que mes lèvres finissent déjà sur ton cou, réveillant chaque parcelle de peau croisée. « Mais juste pour qu’on soit clair, ça compte pas comme notre week-end. » On avait demandé deux jours ; ça ne sera qu’une triche, un morceau arraché pour tenir jusqu’au prochain.

Je mets du temps. Faut que je me réveille, que j'ordonne au corps de bouger pour venir t'ouvrir. D'ailleurs, si j'avais su que c'était toi derrière la porte, le corps aura été bien plus rapide, l'esprit aussi. Tu le vois quand l'information arrive à bon port... Ni une, ni deux, je te saute au cou pour t'accueillir, laissant ma joie transparaitre. Je n'aimais pas tant la solitude, tu sais. J'me plaisais essentiellement quand la vivacité de ma fille était là pour rythmer mes journées. Quand tes paroles résonnaient pour me titiller. C'est certainement pour cela qu'il y a le bar. Pour contrebalancer le silence des expositions, des lectures et des écrits. J'ai besoin que ma vie me fatigue. Tu sais, la bonne fatigue. Celle où à la fin de ta journée, quand tu t'allonges dans ton lit, tu laisses l'air sortir et tu te sens bien. D'accord, ce soir j'étais fatiguée, mais il manquait mon éclat de la journée. Jusqu'à ce que tu arrives. Mes lèvres trouvent les tiennes sans attendre un instant de plus. Envoie valser le plateau de serveur, ordonne au chien de suivre et claque la porte pour s'enfermer dans ce qui aurait dû être notre chambre d'hôtel. Plaquée contre le bois de la première, mes cuisses ressent leur emprise sur ta taille. Impossible de te laisser t'échapper, ni même respirer. J'prends tout ce que tu as à me donner. J'prends plus qu'il ne faudrait même. Je rattrape les heures perdues, oublies l'idée de dormir cette nuit. « Faudra que je sois parti pour six heures, y a une battue demain. » Les lèvres attaquent la mâchoire pendant quelques secondes, retrouvent les tiennes avant même la fin du dernier mot. J'ai l'impression que ça va passer trop vite encore. Et c'était complètement idiot, puisqu'au final, nous étions séparés peu de temps l'un de l'autre. Le plus difficile, c'était de passer d'un moment en amoureux à un moment en solitaire - plus si solitaire. Alors les heures sont comptées et tu rattraperas le sommeil dans l'avion au petit matin. « Mais juste pour qu’on soit clair, ça compte pas comme notre week-end. » - " J'espère bi- " les mots se meurent, le souffle se coupe quand tes lèvres s'attaquent à ma peau. Puis, les pupilles s'ouvrent soudainement. " Attends... On va... On va faire comme ci... " Tu sais, comme si tu étais là depuis le début. Descends des bras, cours en direction du lit avec le chien à mes trousses. Je secoue la couette pour la remettre maladroitement, attrape des poignées de pétales pour les balancer dans un geste artistique sur la couverture. " Si t'oublies le pyjama, c'est parfait... " Non ?  

JASKA

Le temps pèse, l’homme sent chaque minute, chaque seconde, peser sur ses épaules. Quand l’existence de ces individus appuient sur son dos, il prend conscience de l’horloge qui fait son boulot. De lui, qui ne sait plus très bien ce que c’est, que son travail. S’intègre dans une enquête plus qu’il ne le devrait, et ressent la pression de cette procédure qui avance sans se conclure. Une battue. C’est bien la première fois qu’il y participerait. Et, dans le monde de cet homme qui maitrise chaque centimètre de son existence, toutes ces inconnues lui serrent le bide. Y a trop de X dans l’énoncé. On ne sait plus comment résoudre le problème. Alors, quand l’air manque, Ellington vient trouver une inspiration contre ta bouche. C’est ce qui marche ces derniers mois. Quand il suffoque, quand plus rien ne va, il débarque chez toi. Partout, dans n’importe quelle pièce qui pourrait t’appartenir. Et, désormais qu’il en a le droit, il prend possession de ta silhouette. Il faudra que tes baisers fassent encore du bon boulot, et gomment les angoisses qui prennent à l’échine, qui raidissent les nerfs. Ce soir, peut-être qu’on sera un peu moins parents réguliers, discrets ; peut-être qu’on sera un peu moins assagis par les petites mains prêtes à se glisser à n’importe quel moment sur les poignées. J’ai laissé tout ce qui pèse là-bas. J’ai laissé tous les bagages avant de monter dans l’avion, j’ai même pas pensé à prendre de valise. Y avait juste l’urgence de te voir, et de ne pas te laisser dans cette pièce trop grande pour ta solitude. Il faut la meubler de respirations mêlées, de porte qui claque motivée par un dos plaqué, et de réplique coupée par des attaques traitres contre ta peau. " Attends... On va... On va faire comme ci... " Et tu t’échappes. Les bras ballants de l’homme à qui on coupe un bout d’énergie, qui t’regardes avec l’air idiot du type qu’on a interrompu. L’index passe sur la bouche, comme pour en apaiser la brûlure et en accuser le vide. Les prunelles regardent. Le chien, tes mains qui s’agitent et les pétales qui volètent pour s’écraser contre la couette. " Si t'oublies le pyjama, c'est parfait... " Un coup d’œil sur ta tenue, et les lèvres qui se soulignent en un fin sourire amusé. J’avais même pas fait gaffe. « Alors que moi, j’suis en costard. » Les doigts sur ce nœud papillon emprunté à l’accueil, à l’arrache. « Faut qu’on améliore ça. » Attrape quelques pétales sur le lit, et en plante une dans les cheveux bruns de l’éveillée. Une, tentée d’être accrochée au haut de ton pyjama. « J’ai été styliste dans une autre vie, tu savais ? » Comme un gosse qui accessoirise sa poupée. Plusieurs pétales viennent orner, quelques secondes, le temps qu’elles tiennent, ta silhouette. « Parfaite. » Mes doigts qui te font tourner. Dans cette vie, on sera des danseurs magnifiques.

L'excitation met un temps à remonter. Mais une fois qu'elle est là, elle en deviendrait presque incontrôlable. J'te saute dans les bras comme une nana folle amoureuse, et c'est ce que j'étais. Folle amoureuse, heureuse de la surprise que tu venais de faire. Je ne m'attendais pas à t'avoir à mes côtés pour ces deux jours à New York, ni même pour cette soirée et j'étais bien contente que tu viennes me sauver de ma solitude. Écrasons la contre cette porte, peut-être qu'elle s'échappera par la serrure pour m'attendre jusqu'au petit matin dans le couloir. En attendant, on taira les mots qu'on ose pas encore dire et l'attachement certain pour se dévorer de ces baisers enflammés. Lèvres que je sépare pourtant. Tout n'est pas parfait. On s'en fiche que tu me diras quand je réveille la frustration. J'ai demandé une suite avec des pétales de rose, du champagne et des peignoirs blancs. Alors, on va rembobiner et on va remettre en place les éléments, maladroitement. J'finis ma course en me posant au bout du lit comme une pin-up. On oubliera le pyjama qui ne met rien en valeur. « Alors que moi, j’suis en costard. » Dresse les épaules comme pour te dire que je m'en fous. " Le costard c'est tellement 2019 de toute façon ". Et puis, c'est pas comme ci tu allais finir à poils, hein. Tu t'avances et rien que ça, il y a l'estomac qui se tord dans tous les sens sous le coup de l'excitation. Un rien, juste ta présence près de la mienne et ton regard qui embrase le mien. Tes doigts qui s'approchent pour attraper des pétales de roses. « Faut qu’on améliore ça. » Mes sourcils épais se dressent tandis que mes yeux ne quittent pas son visage. Il y a le sourire qui s’agrandit et le rire qui résonne dans la chambre quand les pétales dégringole. « J’ai été styliste dans une autre vie, tu savais ? » Les lippes se pincent. " Ça se voit pas " que je chuchote comme une insolente. Je te cherche parce que j'ai qu'une seule envie ; que tu me dévores de passion. « Parfaite. » Le sourire ne désemplit pas. Je me lève quand tes doigts attrapent les miennes et je tourne sur moi-même quand tu m'en donnes l’impulsion. Toutes les pétales tombent au sol et mon corps revient inévitablement contre le tien. " Fais moi l'amour Ellington " Je souffle, j’ordonne. Je presse mon corps scandaleusement. Mes lèvres effleurent les tiennes sans pour autant te donner ce dont tu as envie. Je te cherche, encore. Montre-moi comme tu tiens à moi.

JASKA

Le plan devait se passer sans accroc. Les gamins confiés aux proches, la chambre d’hôtel réservée, et pour les détails, tu t’étais chargée de faire de cette pièce un cocon qu’on a jamais vraiment eu. C’est ça d’être parent parait-il. C’est ça l’plus dur. Ne pas oublier de se regarder, quand on passe la journée à garder un œil sur les progénitures. S’arracher un baiser entre deux jeux, et oublier la fatigue quand les corps se frôlent. On a appris à jongler, et après des semaines de pratique j’pense pouvoir dire qu’on s’en sort. Y a presque pas de balles sur le sol. Mais, ce week-end, on devait faire une pause, arrêter ces arts du cirque pour se rappeler que ça pouvait être simple, parfois. Aussi simple qu’une chambre fermée à double tour. J’ai juste oublié d’rentrer en même temps que toi ; mais voilà que je me rattrape. Que j’grille les étapes, passant rapidement du salut à l’envie. Ca vient en même temps quand j’te vois, j’dirais. Particulièrement quand j’parle que de morts et de disparitions à longueur de journée. Voilà que le corps veut se sentir vivant, et s’impose contre le tien. S’impose.. puis s’décompose quand tu t’éloignes. La frustration est un grand principe qu’il faudra apprendre à Ellington, il en a lu quelques tomes, mais on est loin d’une maitrise absolue du sujet. Il la pousse du pied, dans un coin, comme il peut, et habille sa belle. " Le costard c'est tellement 2019 de toute façon ". Le sourcil s’arque, et le regard se baisse sur sa propre tenue. Le rictus est malicieux, sur les lèvres brûlées. « Et 2020 c’est.. ça ? » C’est que j’m’en moque.. non, j’m’en moquais, jusqu’à ce que t’attaque mon costard. Ce qui est pas loin d’être un crime dans mon code pénal. Mais qu’importe, quand l’impétueuse danse au bout des doigts, et que les pétales volent. Nous sommes de ces natures vivantes, de ces romantiques boiteux, de ces amoureux qui oublient de se le dire. " Ça se voit pas " Qui se moquent ; insolente rabrouée par un index qui glisse sur le bout de ton nez. Un nez d’un coup proche, et le reste du corps avec. " Fais moi l'amour Ellington " Et les doigts s’imposent contre les reins pour réduire le peu de distance restante, comme une réponse immédiate. Mais le navigateur s’accroche au mat, et ne laisse pas les lèvres de la sirène s’imposer. L’esprit est revanchard. Les nerfs mis à l’épreuve, s’amusent de sa propre frustration. La respiration contre la peau emporte le cœur, et alors que les doigts se glissent contre le ventre adverse, sous sa tenue d’apparat, ils repoussent délicatement le corps féminin sur le lit. « Nan, j’suis pas sûr d’avoir envie. » Le principe, c’est de serrer suffisamment la bouche, pour ne pas laisser de rire passer. Mon passif d’homme incapable de résister à tes battements de cils ne joue pas en ma faveur, question crédibilité. « J’crois que j’vais plutôt prendre un bain. » Et pour ce même soucis de crédibilité, les doigts ôtent le nœud papillon emprunté. Il a pas besoin de voir ça, le chaste.  

On peut pas se sauter dessus comme des sauvages, si vite. Je ne pouvais pas me résigner à mettre de côté la parade nuptiale. Oublie la fatigue et profite de cette bulle que nous offre la chambre d'hôtel. Les enfants sont entre de bonnes mains et c'est l'occasion rêvée pour que les deux parents s'amusent un peu. On n'était pas que ça, après tout. On était encore jeune, assez pour que je m'échappe, que j'te laisse en plan auprès de la porte d'entrée afin que j'puisse remettre le décors en place. Ce qui est bien avec toi Jasper, c'est que tu m'as toujours suivi dans mes folies. Tu as toujours pris l'occasion de faire n'importe quoi à mes côtés, avec moi. Le pire dans tout ça, c'est qu'on est en train d'en ressortir des belles choses de nos fracas du quotidien. Et au milieu de cette stabilité dont on construit des bases solides, j'oublie pas l'insolence. « Et 2020 c’est.. ça ? » Le sourire rayonne face au retour du boomerang. Puis, vient la danse. Séduire sans en avoir l'air, glissant des sourires comme on inflige des caresses. Tourne et tourne jusqu'à revenir dans tes bras avec insolence. On changera pas l'animal et ça n'a pas l'air de te déplaire. L'envie n'a jamais autant été au rendez-vous. Mes mains glissent sur ton corps, les lèvres viennent effleurer les tiennes. J'attendais presque d'en savoir plus quant à tes désirs pour pouvoir succomber aux miens. Tu vois, comme quoi, il m'arrivait d'être sage par moment. Le souffle s'accélère aussitôt que ton corps épouse le mien. Je ne comprends pas tout de suite, mais quand tes lèvres refusent d'abdiquer, j'ai la vague impression que tu vas me faire payer mes affronts de ce soir. « Nan, j’suis pas sûr d’avoir envie. » Le cul rebondit sur le matelas dans un grognement de désapprobation. " JASPER ! " que je m'offusque même face à ta tête de vainqueur. Bientôt, la grande gamine croise les bras, une moue boudeuse sur les lèvres. « J’crois que j’vais plutôt prendre un bain. » Ça fait toujours mal de se faire prendre à son propre jeu. Surtout quand on voit que tu peines à garder ton sérieux. " Sans moi... " que j'glisse en détournant le regard, toujours cette même bouille de déception. Le pire, dans tout ça, c'est que je savais pertinemment que je n'allais pas résister à l'envie de me glisser contre toi dans cette baignoire. Hum. " Parce que j'vais continuer de bouder dans le bain... " Après tout, rien ne me l'interdit. " Sauf... si tu me fais un méga câlin, je pourrais revoir le niveau de bouderie... " Et peut-être même que c'était le moment de marchander tout un tas de trucs.

Les étapes j’les saute, au gré de mes envies. J’ai tendance à voir que la finalité, et à zapper les passages obligés. Certains estiment que c’est le chemin qui est important. Pour moi, y a que la ligne d’arrivée qui compte. Tout ce qui n’est pas réussite a des relents d’échecs. J’arrive pas à me satisfaire d’une demi-mesure, à applaudir une foulée, quand c’est une course entière qu’il faut accomplir. J’suppose que c’est ce qui me coutera le mot bonheur. J’ferais à chaque fois que l’effleurer ; puisqu’à tout vouloir, je n’aurais plus rien. Même toi, des fois, j’me dis que tu partiras. Et qu’importe combien nos peaux se correspondent, combien on arrive à transformer le drame des autres, en rires chez nous. Un jour tu seras lassée de mon impatience. De ton dos qui se plaque contre la porte, puis qui se dérobe et qui danse. De moi qui me fous des pétales de rose, tant qu’elles ne sont pas les seules choses qui t’habillent. De moi qui riposte ; puisqu’Il ne sait pas plier. " JASPER ! " Le sourire arboré est incrusté d’une malice qui provoque. D’une frustration passagère, j’en ferais des montagnes, juste pour entendre ce râle dans ta voix. Celui qui te fait passer de mère à gamine. D’adulte à turbulente. Et regarde comme ça marche, comme tu arbores tous les signes de la boudeuse. Ravissante effrontée. " Sans moi... " Les épaules se haussent, comme une provocation de plus. « Sans toi.. » Le regard qui va vers la pièce d’eau. « Tout seul.. dans cette grande baignoire.. » Si j’me souviens bien, tu tenais largement dedans. « Exactement ce qu’il me faut. » Après une journée, une semaine, un mois comme celui passé. " Parce que j'vais continuer de bouder dans le bain... " Les doigts qui dégagent la veste, et défont les boutons de la chemise, en beaucoup trop de temps. Juste pour que t’ai le temps d’imaginer. Et que moi, j’ai le temps de reposer le cœur qui s’anime. « Oh, parce que tu fais partie du bain, maintenant ? » Les doigts allument la salle de bain, puis font couler l’eau. Déterminé à s’enfoncer dans sa riposte. A jouer avec les nerfs, les tiens comme les siens. " Sauf... si tu me fais un méga câlin, je pourrais revoir le niveau de bouderie... " Revenu dans la chambre, les lèvres qui se pincent et la moue qui hésite. « J’sais pas, parce que j’aime bien quand tu boudes... » Quand c’est rugueux, quand t’oublies d’être celle qui exécute parfaitement la danse, quand t’es celle qui s’échappe un instant ; mais que je finis toujours par retrouver. Que je finis toujours par rejoindre, interrompu dans mon plan parfait. « Méga comment ? » Genou sur le lit, à côté de tes jambes assises, et corps qui s’avachie sur le tien sans franchement de douceur. On est plus proche du plaquage que du câlin. Les bras qui s’frayent un chemin sous ta nuque, et la carcasse qui t’écrase. Le visage enfuit dans ton cou. « Méga comme ça ? » Poids mort qui se marre, et se plait en diablotin.
 

« Sans toi.. » Les bras croisés sur la poitrine, la moue est boudeuse. Je ne marche jamais vers les portes que l'on m'ouvre, je cours vers celle-ci, même si c'est un piège. Je mords à l'hameçon et je me retrouve bête la seconde suivante. Je le suis quand tu refuses mes avances. D'où les bouderies qui s'invitent dans notre tête à tête. « Tout seul.. dans cette grande baignoire.. » Et toi, tu en joues évidemment. Parce que tu commences à me connaitre aussi, tu sais certainement que la culpabilité va pointer le bout de son nez, dans un coin de ma tête. Que je ne vais pas résister non plus à venir me blottir dans tes bras dans cette baignoire où tu m'invi- « Exactement ce qu’il me faut. » Le visage se décompose aussitôt. Pardon ?! Je le cris si fort dans ma tête, mais aucun son ne sort de ma bouche grande ouverte. Comment as-tu... osé ! Je... Tu te délectes de ma tête certainement comique à observer et je change d'avis ; je souhaite me retrouver dans ce bain, sans pour autant arrêter de faire la tête. Cette dernière qui change encore quand j'observe tes doigts défaire les bouton de ta chemise et ton torse commencer à se dévoiler. Puis, tu t'enfuies en direction de la salle de bain, juste le moment pour moi de retrouver mes esprits. « Oh, parce que tu fais partie du bain, maintenant ? » - " Bien sûr, c'est ma salle de bain aussi !! " que je braille en commençant me dessaper à mon tour. Les gestes se veulent rapide jusqu'à me retrouver en sous-vêtement. J'étais même prête à y entrer avant toi dans ce bain. Mais si tu veux qu'on y passe un bon moment, tu as toujours moyen de rattraper le tir en me faisant un câlin. « J’sais pas, parce que j’aime bien quand tu boudes... » Secoue la tête en levant les yeux au ciel. Faut croire que tu es bizarre Hamilton. Puis, finalement, tu te plantes devant moi et mon sourire apparait petit à petit quand je comprends enfin que je vais avoir ce que je désire. « Méga comment ? » Ça partait bien quand tu commençais à t'approcher, jusqu'à ce que tu finisses par te laisser tomber lourdement. Alaska, morte étouffée par son compagnon trop amoureux. J'ai plus que mes membres qui s'agitent dans tous les sens et ma gorge qui grogne comme un ours. « Méga comme ça ? » - " Maaais JASPEEEEER " continue de pester en essayer de repousser ton corps. " T'es looooooourd " dans tous les sens du terme pour le coup. Tousse à cause du manque d'air. Ça me rappelle toute ces fois où on s'est chamaillé et que tu as manqué de mettre fin à mes jours. " J'pensais pas que tu m'aimais autant quand même " que j'glisse d'une voix transformée par le poids de ta carcasse.