L’angoisse montait de plus en plus à l’intérieur de mon être au fil des heures qui s’écoulaient. J’avais passé quasiment toute la journée de Dimanche scotché à mon téléphone à attendre la réponse de Summer. Ma Wifey s’était sentie mal vendredi soir à l’anniversaire de Katalia et je savais qu’elle était censée voir un médecin samedi. Entre un gros projet pour les cours et mon service au bar, je n’avais pas été en mesure de l’accompagner et je n’avais fait qu’attendre impatiemment des nouvelles. Par message ou en face à face. Néanmoins, rien n’était venu et je m’étais empressé de lui écrire dimanche matin pour tenter d’en savoir plus. Je lui avais laissé suffisamment de temps pour encaisser quelque chose toute seule. Je voulais être là maintenant. Malheureusement, mon message était resté sans réponse. Tout comme tous les autres textos que j’avais envoyé au cours de la journée. Une journée qui avait donné vie à une angoisse toujours plus dévorante d’autant plus que ma soirée avec Lukas se rapprochait. Dimanche soir avait marqué la première véritable sortie en amoureux et en tête à tête entre Mio Amore et moi. Je n’avais pas été capable d’oublier l’angoisse qui pesait sur moi. J’avais simplement su la mettre de côté pour profiter totalement de cet instant merveilleux. Après un délicieux repas au restaurant, Mio Amore et moi avions été voir une pièce de théâtre avant de profiter d’une ballade dans la rue collé l’un à l’autre. Et, finalement, nous étions rentrés au sein de mon appartement pour vivre un corps à corps des plus délicieux. Lukas avait fini par s’endormir. Moi… Moi, je n’y parvenais pas. Tournant une énième fois dans mon lit, je finissais par attraper mon téléphone portable. Je ne pouvais plus laisser cette histoire de côté. Je devais savoir si la brune m’avait écrit. Oh… Un message de Summer se dessinait effectivement sur mon écran. Un message qui poussait mon cœur à s’accélérer au fil des mots. Un message qui poussait mon ventre à se tordre sous cette angoisse qui revenait si violemment. Les propos sur mon écran ne me plaisaient pas. Je n’avais rien fait de mal, mais elle allait prendre ses distances quelques temps. Elle n’allait pas bien et elle ne voulait embêter personne. Me redressant dans le lit, je restais un long moment à contempler ce putain de message qui me retournait la tête et le ventre. Je tentais de comprendre ce qui pouvait se passer. Avait-elle eu des résultats médicaux mauvais ? Ou peut-être avait-elle eu un soucis avec le mec qu’elle fréquentait ? Fronçant les sourcils, je finissais par soupirer. Je n’en savais rien et je refusais de rester ainsi dans le flou. Ça ne pouvait pas durer. Non. Ça n’allait pas durer. Pianotant sur mon portable, je faisais savoir à ma Wifey que j’allais l’appeler sur le champs et que si elle ne décrochait pas, je débarquais chez elle jusqu’à l’avoir en face de moi. Déposant un baiser sur le front de Lukas, je me faufilais silencieusement en dehors du lit. Où passer cet appel ? Je ne pouvais guère prendre le risque de le faire chez moi parce que je ne voulais pas réveiller mon copain. Le faire dehors me semblait alors la meilleure idée. J’avais besoin d’air de toute manière. Enfilant rapidement un jean et un pull, je glissais mes pieds dans mes baskets avant de quitter ma chambre et mon appartement refermant derrière moi. Tout en dévalant les escaliers à toute vitesse, je lançais déjà l’appel à destination de ma Wifey. Les tonalités se succédaient sans réponse et la peur me tordait un peu plus le ventre à chaque sonnerie. Putain, que se passait-il ? Débouchant dans la rue, je m’adossais au mur avant de glisser une cigarette entre mes lèvres. Une cigarette que j’oubliais presque lorsque finalement Summer décrocha. Sans lui laisser le temps d’en placer une, je babillais aussitôt « Oh bordel Wifey… Qu’est-ce qui se passe ? Comment ça tu veux prendre des distances ? Pourquoi tu vas pas bien ? C’est médical ? Amoureux ? Tu... T'es sûre que j'ai rien fait de mal ? » Le souffle court, le cœur battant à tout rompre, le ventre tordu, j'attendais la réponse. Cette foutue réponse que j'attendais depuis près de vingt-quatre heures.

L’inquiétude avait refusé de quitter mon corps depuis si longtemps. Depuis la soirée d’anniversaire de Katalia et le malaise que Summer y avait fait pour être tout à fait honnête. Je tentais de prendre sur moi pour ne pas laisser l’angoisse me bouffer. J’essayais vraiment de croire que l’absence de nouvelles n’était pas forcément une mauvaise chose. Peut-être que ma Wifey passait du temps avec un mec et qu’elle n’avait pas pensé à m’écrire. Ça me semblait dingue, mais je tentais de m’en convaincre et je faisais des efforts pour ne pas laisser transparaître mon angoisse. Cela avait dû fonctionner puisque Mio Amore n’avait rien aperçu… Ou peut-être qu’il avait vu les choses, mais qu’il n’avait fait aucune remarque sur cette angoisse qui me bouffait justement parce que je n’en parlais pas. Dans tous les cas, mon angoisse allait prendre fin ce soir alors que mon téléphone était collée à mon oreille pour écouter les propos de Summer. Pour découvrir ce qu’elle m’avait caché depuis des jours. La voix de la demoiselle résonnait pour m’annoncer une grosse bêtise et j’étais totalement effrayé. Elle avait gardé le silence. Elle était en train de sangloter à l’autre bout du fil. Était-ce si grave ? Tête renversée contre le mur, j’attendais le cœur battant beaucoup trop fort. Le nœud dans mon ventre s’accentuait tellement que j’avais l’impression d’être coupé en deux trop lentement. Ma Wifey tournait autour du pot pour retarder l’instant fatidique de la vérité et j’avais envie de gueuler. Je voulais lui hurler dessus pour lui dire de tout me dire tout de suite. Cependant, je ne pouvais pas agir de cette manière. Je ne voulais pas agir ainsi. Il fallait que je lui laisse le temps pour qu’elle se confie à son propre rythme. Alors, je me marchais de long en large espérant réduire cette montée de panique qui pulsait en moi. La demoiselle parlait d’hôpital et d’examens. Je sentais la peur me prendre un peu plus aux tripes. Et, ça tombait. Elle était enceinte. De quatre mois. Mon cerveau se lançait dans un bug automatique se déconnectant de la réalité. Je suspendais mon mouvement dans les airs laissant ma cigarette se consumer seule dans le vent. Une foutue cigarette qui venait brûler ma peau tout comme cette nouvelle semblait être l’étincelle venant brûler ma vie. La douleur me poussa à lâcher un juron et je laissais tomber le mégot sur le sol sans chercher à comprendre. Mon cœur semblait être en train de me lâcher jusqu’à ce que la voix de Summer ne résonne dans le combiné. La brunette se souciait de mon état utilisant même mon surnom et je marmonnais « C’rien… Ça va… » Je n’avais pas envie qu’elle s’inquiète. Je ne voulais pas qu’elle se préoccupe de ça alors qu’il y avait pire. Une petite brûlure n’était rien comparé aux mots qu’elle avait prononcé. Ces mots qui se jouaient et se rejouaient à l’intérieur de mon esprit. Elle était enceinte de quatre mois. Je me mettais à babiller sans le moindre sens. Mon cerveau était déconnecté. Je babillais de la bouillie sans être fichu de réellement m’exprimer. Il y avait trop de choses à dire. Il y avait tellement d’interrogations. Mais, je ne pouvais pas. Je ne savais plus. Je ne parvenais pas à réfléchir correctement. Ma Wifey me disait de me calmer et de respirer. Elle soufflait des mots apaisants venant utiliser le surnom qui me happait. Mais, trop de choses clochaient. Elle sanglotait dans mon oreille brisant mon cœur un peu plus. Fermant les yeux, je frottais mon front avant de souffler d’un ton suppliant « Wifey… Je… J’veux pas que tu pleures… Pitié… » Je ne voulais pas entendre les sanglots de la brune cette nuit. Je ne pouvais pas encaisser ça en plus de cette nouvelle. Summer était enceinte… Elle aurait dû s’en réjouir non ? Putain ouais, c’était quelque chose qu’elle avait toujours voulu alors elle aurait dû être vraiment heureuse et non pas dans cet état pitoyable. Me laissant tomber au milieu du trottoir, la question idiote passait mes lèvres pour savoir s’il s’agissait d’une blague. Je savais déjà que ce n’était pas le cas. Néanmoins, il fallait que je l’entende. Ma Wifey me demandait si je croyais vraiment qu’elle pourrait plaisanter sur un tel sujet et je secouais négativement la tête quand bien même elle ne pouvait pas me voir. Je n’osais plus ouvrir la bouche. Mon cœur me faisait un mal de chien. Mon ventre était si tordu que j’avais l’impression que j’allais bientôt vomir M’allongeant sur le trottoir pour contrôler ma respiration et mon état, je posais la question qui me tracassait. Cette seule question qui semblait compter dans ma tête pour le moment. Quatre mois… Cela remontait à notre soirée. Cette soirée où, sous l’effet de l’alcool, de l’euphorie et du bien-être, nous avions couché ensemble. La réalité devait être mise en place. Et ça arrivait puisque Summer chuchotait sa réponse du bout des lèvres me poussant à m’exclamer un « Bordel de merde… » que je ne savais pas retenir. Cette nouvelle était trop inattendue. Cette situation était soudaine et complètement imprévue. Comment est-ce qu’on allait pouvoir s’en sortir ? Je ne savais pas. Je ne savais plus rien. Et voilà que Summer pleurait de nouveau me demandant pardon. Sans perdre de temps, je babillais « T’as… T’as pas à me demander pardon Wifey… Je… J’suis autant responsable que toi… Tu… On… On a fait ça tous les deux… » Ouais. Nous avions tous les deux eus envie de cette nuit. Nous avions fait les cons ensembles. Nous étions tous les deux responsables de cette connerie – peut-être la plus belle de mon existence au final, même si je ne la considérais pas encore comme ça – qui allait chambouler nos vies. Me redressant, je restais assis sur le trottoir pendant quelques secondes à attendre que les sanglots de la brune se calment. J’attendais sagement et en silence avant de pousser un lourd soupir parce que je ne savais pas comment souffler les mots que j’avais en tête sans blesser ma Wifey. Il n’y avait pas de bons discours pour éviter de lui faire du mal. Alors, je me lançais dans un murmure « Wifey… Je… J’vais raccrocher… Je… J’suis pas fâché après toi j’veux que tu le saches. Je ne suis pas fâché. Pas du tout. Mais je… Il… Il faut que j’encaisse tout ça… Je… J’suis certain que tu peux le comprendre… » Bien sûr que oui, elle pouvait le comprendre. C’était ma Wifey et elle comprenait tout. En revanche, ce n’était pas certain qu’elle l’accepte aussi aisément. Frottant mon front en me traitant de connard de faire ça, je continuais quand même « Je… J’suis désolé Darling, mais je… Je t’assure que j’suis pas en colère. Je te déteste pas… Je… j’ai juste besoin… De… D’encaisser… Ouais… Je… Essaie de dormir un peu… Tout va bien… Ça va aller… J’suis là… Je serai là… Je… J’vais t’écrire… Tout à l’heure… Je… Laisse… Laisse-moi juste encaisser… Quelques heures… » Juste quelques heures pour penser à tout cela. Quelques heures pour faire le point sur toute cette histoire. Marmonnant un « Je t’aime Wifey », je m’empressais de raccrocher le téléphone avant de me faire amadouer par la demoiselle. Mes prunelles se levaient sur mon immeuble. Elles se posaient sur la fenêtre de ma chambre où Lukas était endormi sans se douter du tremblement de terre que je venais de subir. Un tremblement de terre qui allait chambouler trop de vies. Un tremblement de terre qui allait peut-être détruire un peu trop la mienne parce qu’il n’était pas certain que Mio Amore accepte la situation…