« Ahahaha. » Aux environs de trois heures du matin ce samedi, le rire cristallin d'Inès résonnait dans les rues de Cambridge où elle marchait, sa colocataire et amie Briony à ses côtés. En réalité, elle ne se rappelait même plus pourquoi elle riait, mais ça devait forcément être très drôle ; sûrement encore une connerie de Bri, vu que cette dernière en avait toujours en stock. Elle ne sentait même plus le froid, malgré sa robe noire ultracourte, alors que les deux Mathers venaient de quitter la boîte de nuit bondée et surchauffée sur Harvard Square, après avoir décidé que finalement, les musiques qui étaient diffusées craignaient, et que l'ambiance ne donnait aucunement envie de rester, pour une fois. Cependant, elles n'avaient pas oublié de boire, évidemment, et de fumer tout ce qu'elles pouvaient trouver. Et après avoir fait défilé les martinis, les vodkas, les gin-fizz, et les tequilas, les deux filles étaient donc sorties à l'extérieur, tentant de retrouver le chemin pour rentrer au dortoir. Et ce n'était pas encore gagné, étant donné l'alcoolémie avancée dans leur sang. Évitant de se tordre la cheville après avoir raté de peu la chaussée avec ses huit centimètres de talons aiguilles, Lily-Rose lança, sans cesser de rire : « Imagine que les extra-terrestres existent ; genre y a des universités sur leur planète et tout, y a des Mathers comme nous, et ils font la fête. T'imagines E-T faire la fête toi. » A cette pensée, la blonde ria de plus belle, manquant une nouvelle fois de s'étaler de tout son long sur le trottoir. Certes, c'était loin d'être de la grande philosophie, mais après toutes les boissons ingurgitées, il n'y avait rien d'étonnant à cela. Un état auquel elle était habituée. Croisant ses bras devant sa poitrine, le regard d'Inès fut soudain attiré par trois personnes, assises sur un banc, qui semblaient en pleine discussion, non loin de là. Trois mecs, qui semblaient ne pas être si mal que ça, de loin du moins. Et alors, une illumination bizarre lui vint en tête, et elle se tourna aussitôt vers Silver, lui exposant son idée, un sourire qui en disait long aux lèvres : « Tu vois les mecs là-bas ? Chiche on fait genre on est des putes et on les accoste ? » Il ne fallait pas en attendre plus. Au fond, Inès espérait vraiment que Briony se prêterait au jeu, même si elle était déjà quasiment certaine que oui. Après tout, Silver ne ratait jamais une occasion de faire quelque chose d'un peu débile, surtout qu'elles étaient toutes deux complètement bourrées, et ne réfléchissaient donc pas sainement.

Je me sentais bien pour la première fois depuis un petit moment. Je me sentais revivre. J'arrivais à respirer et je ne pensais pu à tous les problèmes que j'avais chaque jour, depuis que j'étais arrivée sur Harvard. Je ne sais pas combien de verres d'alcool j'avais pris dans cette boîte et encore moins le nombre de joints que j'avais fumé. J'en avais rien à foutre et heureusement que personne ne m'avait vu. Surtout pas Keyla, Soliman ou pire encore Abygaëlle. Puis même.. si ils avaient vu ça, j'en avais rien à faire. Fallait qu'ils acceptent mon changement. Parce que j'redeviendrais pu la gentille petite fille Quincy que j'étais avant, c'était fini. « Imagine que les extra-terrestres existent ; genre y a des universités sur leur planète et tout, y a des Mathers comme nous, et ils font la fête. T'imagines E-T faire la fête toi. » Rien qu'à cette image, je me mise à rire comme une débile. Pis faut dire que mon rire n'est absolument pas discret, surtout après avoir bu. Comme tout le monde, j'avais déjà vu le film E.T. et je n'imaginais que trop bien le martien en train de picoler. Haaaan ce serait trop biiien ! Pis imagines les bourrés ensuite ! En train de s'casser la gueule et tout ! Je me remis à rire, ne faisant pas attention à où je mettais les pieds et me cassa la figure quand mon talon se prit dans un trou dans le trottoir. Putain de trottoir tu pouvais pas bouger ! Inès m'aida à me lever et je passa un rapide coup de main sur ma robe courte noire, comme celle de la jeune femme. Merci.. dis-je à son intention alors qu'elle en avait plus rien à foutre de moi, regardant déjà trois mecs sur un banc. « Tu vois les mecs là-bas ? Chiche on fait genre on est des putes et on les accoste ? » Un large sourire se dessina sur mes lèvres. Un défi ? Je le relève toujours, surtout avec de l'alcool dans le sang. Hendrix ? J'y pensais pu en cet instant et sobre, je ne serais absolument jamais aller voir ces mecs. Je me recoiffa un peu, essaya d'arranger ma tête. Chiche. Inès à mes côtés, j'allai auprès de ces mecs. Bonsoiiiir. Avec mon amie, on recherche un peu de compagnie.. Et vas-y que j'te sors le regard aguicheur et tout ce qui s'en suit.

« Haaaan ce serait trop biiien ! Pis imagines les bourrés ensuite ! En train de s'casser la gueule et tout ! » A cette idée, Inès s'esclaffa, une nouvelle fois ; genre des extraterrestres bourrés, qui devaient certainement avoir des boissons alcoolisées vertes bizarres, qui se cassaient la gueule, c'était hilarant. Mais ce fut encore plus drôle lorsque ce fut finalement Briony qui s'étala sur le trottoir, après que son talon se fut accrocher à un trou qu'elle n'avait pas remarqué. Inès en rit tellement qu'elle eut des larmes aux yeux, n'entendant même pas ce que dit son amie par la suite, l'aidant malgré tout à se relever, du mieux qu'elle put. Ça faisait un bon moment qu'elle n'avait pas autant rigoler, l'alcool aidant bien entendu, mais il n'empêchait qu'à chaque fois qu'elle se retrouvait en compagnie de Silver, il y avait toujours quelque chose qui la faisait marrer. Et étant donné que la vice-présidente était toujours prête pour relever des défis plus stupides les uns que les autres, c'est tout naturellement que Lily-Rose lui proposa, après avoir constaté la présence de trois garçons, de jouer les «  tepus «. Évidemment, comme elle s'en doutait, Briony accepta. Ça allait sûrement être drôle, très drôle. Malgré ses jambes qui titubaient, Inès tenta de marcher le plus droit possible, avançant à ses côtés, passant une main dans ses cheveux lisses, tandis que la brune lançait, lorsqu'elle furent près des mecs en question : « Bonsoiiiir. Avec mon amie, on recherche un peu de compagnie.. » La Mather dut se retenir pour ne pas rire, observant les visages des garçons s'éclaircir, devenir ravis. L'un d'entre eux répondit à Bri, un sourire scotché aux lèvres : « Ça tombe bien : nous aussi. » Inès, sans se gêner, prit aussitôt place sur les genoux de l'un, ajoutant, en haussant un sourcil : « On recherche même plus que ça. » Puis remarquant que ce dernier avait un paquet de cigarettes sur lui, la blonde extirpa de l'intérieur de son soutien-gorge un billet de dix dollars, sa cachette pour éviter d'apporter un sac quand elle se rendait en boîte, puis le tendit au mec, tout en lançant : « Dix dollars et tu me files ton paquet de clopes ? » Juste à ce moment-là, du bruit se fit entendre, et non loin d'eux, deux hommes en uniforme descendirent d'une voiture... de police. Inès tourna son regard vers Briony puis de nouveau vers les hommes qui arrivèrent près d'eux, s'exclamant : « Mesdemoiselles, le racolage est interdit par la loi. Vous allez devoir nous suivre jusqu'au poste. » Malgré la surprise suite aux paroles de l'officier, se relevant de là où elle était posée, Inès répliqua aussitôt : « Hein ? Mais on fait pas du racolage. Regardez, je lui demandais juste son paquet de cigarettes ; et puis je connais pas beaucoup de personnes qui accepteraient de faire quoi que ce soit pour dix dollars. » Mais il ne l'écoutait même pas, et fit signe aux filles de monter dans la voiture. Lily-Rose se tourna une nouvelle fois vers Briony, et vint se mettre près d'elle, comme si cette dernière allait pouvoir tout empêcher. Hors de question qu'elle aille au commissariat.

Ca faisait bien longtemps que je n'avais pas joué au jeu de la séduction avec quelqu'un. Je disais pas qu'avec Hendrix on avait arrêté de se séduire, au contraire car c'était un jeu quotidien, mais ce n'est pas le même enjeu. Avec ces mecs que je connaissais ni d'Adam, ni d'Eve, c'était beaucoup plus excitant. Le goût du défi et du danger. Qui sait, peut-être que nous étions face à de véritables psychopathes ? Je me sentais revivre, je me sentais libre et incontrôlable. Avec de l'alcool dans le sang, personne ne pouvait m'arrêter, je faisais absolument tout ce que je voulais. Alors que j'avais pris la parole auprès de ces trois hommes, plutôt séduisants à part l'un d'entre eux qui avait une cicatrice sur sa mâchoire, genre comme un monstre, j'eus aussitôt une réponse. Mon regard d'ébène, fardé au maximum, se tourna vers mon interlocuteur, sourire aguicheur aux lèvres. « Ça tombe bien : nous aussi. » Mon regard ne quitta pu celui du jeune homme qui m'avait répondu, au contraire. L'intensité ne fit que croître. « On recherche même plus que ça. » Et bim, bravo Inès. Haha, c'était merveilleux comment qu'elle entrait aussi dans le jeu. On était parfaites, j'en étais certaine. Je vis ma coloc se mettre sur les genoux de l'un des gars et j'en fis de même. Je m'amusa avec lui, me mordant la lèvre en le regardant avec envie, l'aguichant totalement, en frottant doucement mon pied contre sa jambe. Chuis sûre que t'es du genre à aimer t'amuser toi.. Je n'entendais pas ce qu'Ines disait mais je suis sûre qu'elle était à fond dans son rôle aussi. Heureusement qu'Hendrix n'était pas là sérieux, sinon je me ferai défoncer. Il ne faut jamais qu'il ne sache ça.. jamais. L'homme qui me portait et qui avait approché ses mains de ma taille jusqu'à l'entourer et l'attirer près de lui allait dire quelque chose mais fut interrompu par un bruit. Une sirène. Naaan vous déconnez là ? Je m'écarta légèrement, surtout que ses mains devenaient baladeuses et jeta un regard à Inès. « Mesdemoiselles, le racolage est interdit par la loi. Vous allez devoir nous suivre jusqu'au poste. » Pardon ? Du racolage ? C'est quoi du racolage ? C'est quoi c't mot compliqué à trois heures du mat ? Aucune compassion pour les gens bourrés eux hein. Tout ce que j'avais retenu c'est qu'ils voulaient nous emmener au poste et ça c'était hors de question. « Hein ? Mais on fait pas du racolage. Regardez, je lui demandais juste son paquet de cigarettes ; et puis je connais pas beaucoup de personnes qui accepteraient de faire quoi que ce soit pour dix dollars. » Okay, j'avais compris le sens. Faire les tepus. Hm. Ma foi c'était plutôt embêtant ce qui était en train de se passer. Heeey mais vous avez pas le droit de faire ça ! Vous avez aucune preuve de ce que vous avançez ! Bon d'accord, le regard que le policier me lança juste après avoir observé toutes les personnes présentes me fit comprendre que si, il en avait. Okay, passons. Ils viennent avec nous au moins ? Le mec commença à me retirer de ses genoux, commençant même à se barrer avec ses potes. C'pas nous qui avons joué avec des gars, espèces de putes. J'haussa un sourcil. Batard, t'as jamais dit non ! Vas-y casses toi, enfoiré, j'veux plus jamais voir ta gueule de rat ! En espérant que tu crèves prochainement, dans d'atroces souffrances. J'crois que j'venais de ruiner toutes nos chances d'échapper au poste. Le policier se rapprocha d'Inès et de moi, nous mettant les menottes. C'est vraiment obligé ? Hm.. ça donne un côté sexy tu trouves pas.. ? Je ris, contente de ma connerie, avant de rentrer dans la voiture.

C'était tellement bon de boire et de fumer jusqu'à tout oublier, où presque. L'exemple des deux Mathers, en train de déambuler dans les rues de Cambridge, le montrait. Insouciantes quant au lendemain, où des conséquences que pourraient engendrer leurs attitudes, c'était ça la vie. Une des raisons pour laquelle les gens choisissaient justement la confrérie des Verts, ce qui était par ailleurs, un excellent choix. Bref. Les filles, après s'en être lancé le défi, s'approchèrent donc des garçons, allant se jucher sur leurs genoux même, sans aucune gêne apparente, engageant directement la conversation. Se focalisant sur ' son mec ', Inès cessa de prêter attention à Briony, après l'avoir entendue chauffer ouvertement celui sur lequel elle s'était posée, ce qui lui arracha d'ailleurs un sourire. Elle avait pas un mec, elle ? Question rhétorique : si. Hendrix aurait été certainement heureux de la savoir dans cette situation. D'ailleurs, ça n'aurait pas été Briony, Inès serait sûrement allée expliquer les faits au mec, après avoir enregistré en cachette une vidéo, mais pas avec Bri. Mine de rien, elle l'aimait beaucoup sa garce de colocataire. Même si elle lui volait souvent son écharpe grise soyeuse. (a) Enfin, tout se déroulait très bien, jusqu'à l'entente d'une sirène et l'intervention de deux policiers, qui se mirent à les accuser de racolage. Aussitôt, avec son tempérament de feu, Lily-Rose tenta de les faire raisonner et de leur expliquer les faits réels, mais ces derniers ne voulant rien entendre, elle se tourna vers Silver, qu'elle espérait aller arranger la situation. « Heeey mais vous avez pas le droit de faire ça ! Vous avez aucune preuve de ce que vous avançez ! » Mouais. « Ils viennent avec nous au moins ? » En parlant des mecs. Bien sûr qu'ils allaient venir, non mais oh ! Mais la remarque de l'un d'eux l'offusqua : « C'pas nous qui avons joué avec des gars, espèces de putes. » Hein ? Pute toi même, avec ta cicatrice dégueulasse. En temps normal, de Givenchy ne l'aurait pas laissé parler d'elles de cette manière mais là, elle se décida à rester calme, pour ne rien aggraver. Sauf que Briony elle, ne se tut pas : « Batard, t'as jamais dit non ! Vas-y casses toi, enfoiré, j'veux plus jamais voir ta gueule de rat ! En espérant que tu crèves prochainement, dans d'atroces souffrances. » Euuuuuh. Bon, merci Briony. Rien qu'à apercevoir la tête des officiers, Lily-Rose comprit qu'elles n'auraient plus le choix que de les suivre. Et avec les menottes en plus. « Hm.. ça donne un côté sexy tu trouves pas.. ? » Elle n'avait pas du tout envie de rire avec sa coloc, surtout qu'elle se doutait que la cellule allait être glaciale. Dans un dernier effort inutile, Inès prit une mine de petite enfant mignonne, puis lança : « Une pipe et vous nous relâchez ? » « Mademoiselle ! » « En plus, une pute n'est rien d'autre qu'une femme libérée ! Les mecs, eux, est ce qu'on dit que c'est des putes ? Non. Et pourquoi ? Parce qu'on vit dans une société sexiste. Alors que les vrais putes c'est les hommeeeeeeees... aïeee. » Puis elle fut finalement forcée de monter dans le véhicule, qui se mit à rouler pendant dix minutes environ. La route lui donnait la nausée, heureusement elles arrivèrent à destination tôt. Aussitôt, on les entraina dans une cellule, comme prévu, puis un officier leur dit : « Vous allez d'abord vous calmer, et ensuite, nous allons vérifier si vous avez des antécédents quant au racolage. Si non, vous pourrez appeler quelqu'un pour venir vous chercher. » Puis, il s'en alla. Se tournant vers Briony, Inès lança : « On appellera Hendrix ? » Avant de se mettre à rire comme une gogole, fière de sa connerie.

Bon.. J'dois vous avouer que jusqu'à présent, j'avais toujours su que les effets de l'alcool sur mon état mental étaient absolument désastreux.. Mais j'crois qu'aujourd'hui, on avait encore passé un cap. J'suis merveilleuse, je repousse toujours mes limites. Même si c'est dans un sens négatif. En tout cas, cette nuit, ce matin, bref maintenant, j'avais découvert une partie de moi-même que je connaissais pas jusqu'à présent.. une partie de moi violente tout d'abord car en temps normal jamais j'aurai agressé ce pauvre monsieur. Et une partie de moi qui aurait aimé continuer encore un peu le jeu. Et en fait, c'état limite un peu flippant. J'avais l'impression d'être shizo.. m'enfin, voyons le côté positif : quand je m'ennuierais j'pourrais me faire la conversation. Alors que le monsieur nous mettait les menottes, je décida de rien dire. J'avais déjà bien assez aggravé notre cas, pas la peine d'en rajouter encore hein. N'empêche.. que quand c'était pu moi.. c'était Inès qui reprenait le flambeau. « Une pipe et vous nous relâchez ? » « Mademoiselle ! » Haha, cette gosse elle apprends vite auprès de ses maîtres pour faire pile les trucs à éviter. Si y avait un espoir qu'ils nous relâchnte en plein milieu de la route pour on ne sait quelle raison maintenant c'était foutu. On était vraiment bonnes pour la cage. Arg, il allait faire froid.. tss. « En plus, une pute n'est rien d'autre qu'une femme libérée ! Les mecs, eux, est ce qu'on dit que c'est des putes ? Non. Et pourquoi ? Parce qu'on vit dans une société sexiste. Alors que les vrais putes c'est les hommeeeeeeees... aïeee. » Je ris comme une idiote en entendant les paroles d'Ines. Hey mais elle a pas tort du tout ! Je me poussa pour lui faire la place avant de poursuivre son combat.. à ma manière. De toute façon, les mecs c'est tous des connards et des putes à leur façon. Mais un jouuuur, les femmes vont se décider à agir et là, vous savez ce qui va s'passer ? Eh bien les hommes deviendront leurs esclaves ! Haaan le rêve parfait ! Vous irez enfin à la place que vous méritez et le monde sera sauvééé ! Naturellement, je me fis incendier par le policier et je me tus de tout le voyage, l'insultant dans ma tête de tous les noms d'oiseaux que je connaissais, comme une gamine de quatre ans qui venait de se faire engueuler. Arrivées au poste, on nous mit tout de suite derrière les barreaux. « Vous allez d'abord vous calmer, et ensuite, nous allons vérifier si vous avez des antécédents quant au racolage. Si non, vous pourrez appeler quelqu'un pour venir vous chercher. » Et il s'en va niquel sans nous demander nos noms. Crétins. Tu vas aller loin. Bon.. c'était un peu la merde là. Je fis le tour de notre prison en.. deux secondes et faillis pourtant à nouveau me casser la figure. Si on voulait trouver un truc positif dans l'histoire, on peut dire que si Charlie avait été là, jamais on aurait eu le droit à un coup de fil à un ami. Ca c'est clair.. quoique. Naaan, elle avait jamais fait du racolage elle.. « On appellera Hendrix ? » Je me tourna vers Inès, ptete un peu trop rapidement car ma tête tournait. Putain Hendrix.. ouh là, nan, nan, nan. Pas lui, SURTOUT pas. Je devais faire une de ces têtes, pâles, avec les yeux écarquillés. Il va me tuer Inès, il va me tuer en m'étranglant.. J'étais de plus en plus stressée plus j'imaginais sa réaction. Et ARRETES de rigoler d'abord ! Elle peut vraiment être méchante elle quand elle veut.. tss. Tu veux pas quelqu'un d'autre.. ?

Inès n'aurait jamais pensé que cette soirée se terminerait de cette façon. Dire que ce foutu défi avait fini par attirer l'attention des policiers, puis les a conduit au poste, même s'il fallait avouer que leurs tenues ainsi que leurs comportements en étaient sûrement pour beaucoup. Enfin, ce qui était profondément injuste, c'était que les mecs avec qui elles avaient engagé la conversation prirent la fuite sans représailles de la part des policiers, alors qu'elles, elles furent obligées de les suivre et grimper dans la voiture. Quelle merde. Cependant, ceci n'empêcha absolument pas les Mathers d'ouvrir leurs grandes gueules, comme d'habitude, et après sa lancée, ce fut Briony qui reprit le flambeau : « De toute façon, les mecs c'est tous des connards et des putes à leur façon. Mais un jouuuur, les femmes vont se décider à agir et là, vous savez ce qui va s'passer ? Eh bien les hommes deviendront leurs esclaves ! Haaan le rêve parfait ! Vous irez enfin à la place que vous méritez et le monde sera sauvééé ! » Tout en tentant de s'asseoir aussi confortablement que possible, Inès éclata de rire aux paroles de sa colocataire : imaginez tous les hommes devenir les esclaves de toutes les femmes, c'était une idée magnifique. Mais sa joie fut de courte durée lorsque les officiers leur intimèrent de se taire et dans sa tête, de Givenchy se mit à imaginer les deux hommes attachés dans un lit, nus, et Briony et elle en train de les frapper avec une batte de base-ball. Certes, c'était bizarre, mais c'était la seule chose qui lui venait à l'esprit. Puis, ils arrivèrent enfin au poste, et les deux filles furent envoyées dans une cellule froide et sombre, où le policier les prévint qu'il allait revenir dans un moment. Et alors que Briony s'escrimait à ne pas tomber, Lily-Rose, assise sur un banc dur, tenta une blague douteuse à propos d'appeler Hendrix, qui ne manqua pas de faire aussitôt réagir la vice-présidente : « Il va me tuer Inès, il va me tuer en m'étranglant.. » Sans pouvoir se retenir, la blonde éclata de rire de plus belle, la tête tournant à cent à l'heure, ce qui suscita l'énervement de son amie : « Et ARRETES de rigoler d'abord ! » Mettant sa main devant sa bouche, Inès se tut, tandis que sa coloc' continuait : « Tu veux pas quelqu'un d'autre.. ? » S'allongeant sur le banc pour tenter de faire passer son tournis, Inès réfléchit à toute allure, avant de lancer : « Bah Charlie non ? Au moins, elle nous ramènera directement à la chambre. Si bien sûr, elle n'est pas occupée... Ou alors Hendrix. » Avant de se mettre à rire à nouveau.

Combien de fois je m'étais dit après avoir bu que je devais absolument faire quelque chose pour soigner mes.. petits problèmes on va dire ? Combien de fois ? Oh bah à chaque fois en fait.. disons que quand je buvais j'étais tout simplement intenable, je faisais tout simplement n'importe quoi faut pas chercher à comprendre. Une fois, j'avais dragué une plante verte, j'avais joué au marteau piqueur (ouai bon ça c'était vraiment particulier et fallait être là pour comprendre le contexte), je m'étais prise pour une déesse antique, pour une magicienne.. Et j'vous raconte pas le nombre de fois où je m'étais cassée la figure, où je m'étais engueulée avec les gens, où j'avais pas arrêtée de rigoler.. Ce soir c'était encore pire. Parce que j'avais été consciente de ce que j'allais faire : jouer la pute auprès de gars que je ne connaissais mais alors pas du tout. J'savais que j'avais un ptit ami et en plus de ça je l'aimais plus que tout au monde, mais j'sais pas ce qui m'avait pris.. J'avais perdu l'habitude des défis et celui-là avait été lancé au bon moment. Je l'avais fait. Je l'avais réussi. Maintenant, j'veux ma récompense. Surtout qu'à cause de ce putain de défi à la noix, on s'retrouve en cage comme des animaux. Kyaaaa, j'veux être un petit tigre, genre les bébés trop choupinous et qui peuvent vous manger si vous vous approchez de trop d'eux.. C'est mignon et fourbe : tout moi. Pourquoi j'parle de tigres moi ? Ah oui, cages. En parlant de ça, heureusement qu'il y avait pas d'autres personnes dedans. Manquerait plus qu'il y ait un ivrogne ou une tepu...... okay je dis plus rien, je me tais et j'essaie de ne pas me casser la figure par terre avec mes magnifiques talons. « Bah Charlie non ? Au moins, elle nous ramènera directement à la chambre. Si bien sûr, elle n'est pas occupée... Ou alors Hendrix. » Mais qu'elle arrête de rigoler putaiiiiin. C'est pas elle qui va prendre cher en rentrant à la maison.. ma gorge se serrait, mon coeur battait fort dans ma poitrine, j'avais vraiment peur de la réaction d'Hendrix. Si Charlie est encore en train de s'taper quelqu'un et qu'elle peut pas venir nous chercher, j'te promets que j'la fous dehors ! J'commençais vraiment à m'énerver, dû au stress. Tu touches un mot à Hendrix de ce qui s'est passé mais cherches pas, la vengeance sera froide, chaude ET tiède. Par la suite, un policier se ramena près de nous, tandis que je passais une main dans mes cheveux en soupirant. C'est bon, vous êtes clean. Vous pouvez passer l'appel. Qui y va ? Je regarda Inès. Comme tu veux.

Inès, allongée sur le banc, se demanda soudain ce que son père en penserait s'il l'apercevait dans cette situation. Ce qu'on pouvait affirmer était qu'il ne serait probablement pas très content. En effet, cet aristocrate autoritaire et exigeant, mais à l'écoute de ses filles, les avait élevé de manière, comment dire, noble, pour en faire des filles biens sous tout rapport, et certainement pas pour terminer une soirée en prison. Avec lui, Levah et elle se rendaient plutôt à de chics défilés, des bals, à de prestigieuses cérémonies et soirées de charité, entre autres. Heureusement, il semblerait que Briony et elle ne finiraient pas leur nuit ici, car apparemment, elles auraient le droit de passer un coup de fil pour que quelqu'un vienne les chercher, et c'était tant mieux, car dormir ici, cet endroit lugubre et glacial, ne lui disait rien du tout. Observant sa colocataire, qui paraissait agitée, et qui ne tenait pas en place, certainement dû au stress de se retrouver dans ce lieu et des conséquences que cela allait forcément engendrer, Inès s'arrêta de rire, lorsque le visage de Briony se rembrunit, suite à sa remarque sur le fait d'appeler Charlie, avant d'ajouter Hendrix. « Si Charlie est encore en train de s'taper quelqu'un et qu'elle peut pas venir nous chercher, j'te promets que j'la fous dehors ! » C'était très fin, dis-donc. Du Silver bourré tout craché. Sans pouvoir se retenir, et à cause de l'effet de l'alcool avancé, Lily-Rose se remit à rire. C'était plus fort qu'elle, comme si elle tenait à ressembler à une mongolienne le plus possible. S'agrippant presque au mur pour tenter de se relever, et rester assise sur le banc alors que sa tête faisait des tours de 390 degrés, la blonde, sans avoir eu le temps de lui répondre, entendit sa colocataire continuer : « Tu touches un mot à Hendrix de ce qui s'est passé mais cherches pas, la vengeance sera froide, chaude ET tiède. » Elle semblait vraiment furax. Cessant tout rire, de Givenchy ramena ses genoux à son menton, puis se décida cette fois à en placer une, tentant d'apaiser son amie : « Je dirai rien à Hendrix, t'inquiète pas. Mais, tu n'as rien à te reprocher en plus, t'as rien fait de mal, et en plus, c'était mon idée. » Puis, du bruit se fit entendre et un policier fit son apparition, leur annonçant que tout était en ordre et que donc, elles avaient le droit de passer un appel, ce qui soulagea Inès. Ouf, elle ne farcirait pas ici. Silver se tourna vers elle, puis lui dit : « Comme tu veux. » Honnêtement, Lily-Rose sentait que si elle se relevait maintenant, elle allait avoir la nausée ce qu'elle souhaitait éviter à tout prix pour ne pas vomir, et d'une petite voix lui demanda donc : « Tu veux bien y aller ? » Aha, elle faisait moins la maligne qu'en début de soirée là.

Dire que tout avait commencé par un simple défi. Juste pour s'amuser et rédecouvrir l'adrénaline erm. Mon attrait pour le jeu, le danger, la prise de risques me perdra un jour, j'en étais certaine. M'enfin, aujourd'hui, c'était déjà pas mal. Je m'étais déjà retrouvée quelques fois au commissariat en étant jeune ou un peu plus vieille, mais pour être honnête, jamais pour ce genre de délits hein. Jouer à la pute.. Punaise, comment est-ce qu'elle a pu avoir cette idée sérieux ? Elle est vraiment tarée Inès quand même. C'est pas ma coloc pour rien vous me direz.. Alors que je faisais toujours les cent pas dans notre cage, car y a que comme ça qu'on peut surnommer cet endroit, j'mettais à ma façon en garde la blondinette. Si jamais mon petit copain était au courant que j'avais joué avec le feu lors d'une soirée, surtout avec des mecs, ça allait trèèèès mal passer je pense et j'pourrais me faire terriblement engueuler. Notre couple n'avait certainement pas besoin de ça en ce moment. « Je dirai rien à Hendrix, t'inquiète pas. Mais, tu n'as rien à te reprocher en plus, t'as rien fait de mal, et en plus, c'était mon idée. » Je m'arrêta net et tourna mon regard vers la jeune femme. Wtf ? Elle assumait ce qu'elle venait de dire ou pas ? Parce que si c'était le cas, tous mes soucis étaient réglés. Vouala, j'suis la pureté incarnée, je le sais. Toi t'es le mal. Je lui lança un regard joueur avant qu'un mec se ramène vers nous pour nous parler de la situation. On pouvait téléphoner et rien que ça, c'était synonyme de bonne nouvelle. Je soupira, demandant à Inès ce qu'elle préférait. De toute façon dans le cas présent, il aurait été limite préférable qu'aucune de nous prenne le téléphone mais que ce soit quelqu'un d'autre. Maiiis, figurez-vous qu'on doit s'démerder toutes seules, eh voui, dure vie d'alcooliques en prison. « Tu veux bien y aller ? » Je passa ma langue sur mes lèvres, alternant mon regard entre ma coloc et le flic.T'veux une réponse sincère ou formatée pour t'faire plaisir ?