La vie étudiante a enfin repris pour le meilleur et pour le pire, mais tout cela a un gout particulier pour moi car j’ai beau continuer à suivre mes cours, il n’en reste pas moins que je vais devenir parent et ce n’est pas un statut qui colle avec celui d’étudiant au premier abord. D’ailleurs malgré ma rentrée je n’arrête pas de rendre visite à Agathe pour qu’elle ne soit pas seule dans son appartement et autant au début c’était plutôt drôle, autant plus le temps passe, plus son ventre grossi et moins je me sens à l’aise avec ça. Non pas que la métamorphose de son corps me dégoute, mais simplement je ne suis pas sûr d’être prêt pour vivre ça, je suis si jeune pour devenir père. De plus cet été, elle m’a parlé de vouloir emménager avec moi dans une maison et là aussi au fur et à mesure du temps, le sujet reviens sur la table, ses visites s’enchainent et je suis comme qui dirait pris au piège de processus infernal. Je ne doute pas de mes sentiments pour elle, la question n’est pas là, seulement comment avoir une vie de famille quand en fin de compte j’ai vécu tout ce temps sans le moindre parent ou alors avec probablement ce qui se fait de pire sur terre ? Être en couple déjà avait été un grand pas en avant mais cette fois ci la marche est peut être trop haute à l’instant T pour moi. L’égoïste que je suis va devoir donner de l’attention non plus à une seule personne mais trois et je ne suis pas sûr d’être en capacité de gérer cela sans me perdre. Pendant le summer camp j’ai eu beaucoup de temps pour moi, pour profiter de cette vie de célibataire que je pouvais avoir à ce moment, mais le retour à la réalité aura été plus violent que je ne le pensais. J’étais persuadé de pouvoir gérer sans problème sa grossesse et tout ce que cela impliquer mais c’est pas tellement le cas. Pas un jour ne passe sans que je pense à cet engagement, mes nuits se veulent des plus agitées et ce n’est pas de la même manière qu’elles pouvaient l’être par le passé. Ceci dit je cherche mon mal aussi car au lieu de fuir totalement la situation et de faire l’autruche, je lui rends tout de même visite, faisant comme si de rien était, comme si j’acceptais la situation sans problème. Mes pensées sont tellement troublées que le trajet de l’université jusqu’à son appartement se veut de plus en plus court. « C’est moi » Que je dis après avoir ouvert la porte de son logement. L’environnement est plutôt calme ce qui est étonnant, la seule mélodie que j’entends est celle provenant de la radio ou alors de son portable, souriant alors à l’écoute des chansons. C’est assez rare une journée ou j’arrive chez elle sans qu’elle n’ait à se plaindre de quelque chose. Seulement en arrivant dans le salon très vite je déchante, arquant les sourcils en voyant tous les cartons qui jonchent dans la pièce, la belge face à moi qui me lance un large sourire, satisfaite de son travail ou de me voir alors que de mon côté je perds le mien. « Pourquoi tous ces cartons ? »

home, lundi 7 septembre

Pendant que les gens reprenaient les cours, moi je faisais des boîtes pour mon futur déménagement. Ça me faisait tout drôle de quitter l'appartement ou plutôt, la maison, que j'avais partagée avec Nora-Blue, Briséis et Wade. C'était un livre qui se fermait pour un nouveau départ, départ à quatre. Parce qu'il me restait bientôt un peu moins de trois mois avant mon accouchement. J'allais devenir maman et ça aussi, ça me faisait bizarre. On m'aurait dit ça trois ans en arrière, je l'aurais jamais cru. De base, c'était inenvisageable pour moi d'avoir des enfants. J'avais eu recours à un avortement à l'époque où je sortais avec un ex. À cause de mon background au niveau relation de famille, je voulais pas devenir comme ma mère. Élever des enfants dans un environnement tel que j'avais connu, non merci. Et entre-temps, j'avais rencontré Antonio et les choses ont changé. Notre histoire avait traversé des tempêtes tropicales dévastatrices. Deux ans plus tard, nous étions toujours là. J'étais plutôt contente du résultat de notre parcours, ça prouvait qu'on était fait pour être ensemble. Ou du moins, on pouvait pas ne pu couper les ponts à tout jamais. C'était l'une de mes plus longues relations amoureuses et j'm'en foutais littéralement des avis qui jugeaient notre relation en la qualifiant de malsaine et destructrice. Je l'aimais, c'tait tout ce qui comptait pas vrai? Bref, j'étais dans le salon lorsque j'entendais sa voix qui provenait de la porte d'entrée. « J'suis au salon. » disais-je, fière d'avoir rempli pas mal de boîtes. Anto débarquait, balayant son regard pour regarder autour de lui. Main qui caressait mon ventre, je le regardais en lui faisant un large sourire. « Je voulais m'y prendre d'avance. » dans le cas contraire, j'aurais eu la flemme de tout faire.

J’ai jamais eu peur de l’engagement car ça n’a jamais été dans mes plans de me lier à une autre personne autrement que sexuellement. La vie de couple je ne l’ai jamais envié car j’ai toujours été un soliste, menant ma vie sans le moindre souci, n’ayant à me contenter de m’occuper que de moi, d’assouvir mes désirs lorsqu’ils pointaient le bout de leur nez, me perdant entre les cuisses de la première sur laquelle je jetais mon dévolu, réalisant tous mes fantasmes. On peut dire que j’ai eu une vie assez mouvementée, c’est la moindre des choses. Seulement je réalise que tout ce qui m’a permis d’avancer, toutes mes habitudes vont réellement devoir s’arrêter là, l’engagement que je m’apprête à prendre auprès d’Agathe sera irrévocable, seul un test de paternité négatif pourrait me sortir de cette situation et pour le moment je me demande si ce n’est pas ce que je veux. Non pas que je renie ces enfants qui grandissent en elle, mais avec tout ça je vais devoir avoir des responsabilités auquel je ne suis pas sûr de vouloir faire face, ça arrive trop tôt, ça arrive alors que je n’avais jamais prévu cela dans mon plan de vie. J’étais censé continuer à m’amuser, ne me contentant jamais de la même chair et à la place de ça je suis en train de tourner le dos à qui je suis, à ce qui a fait ma force pendant tant d’année. J’aime Agathe c’est indéniable aussi fou que cela puisse être, mais je n’arrive pas à me faire à l’idée que tout cela est fini, j’ai à présent l’impression que chaque jour qui passe, un flic me serre un peu plus les menottes autour de mes poignets. Et je ne suis pas au bout de mes surprises en arrivant chez la belge, car si moi je ne suis pas des plus sereins à ce tournant, ce n’est pas son cas, au contraire, elle de son côté est toute heureuse et elle s’amuse même à faire les cartons ce qui me choque totalement. Celle là je l’avais pas vu venir et elle me coupe totalement la chique « Ah bah je vois ça … » Je rigole nerveusement, je suis gêné, je ne sais pas vraiment ou me mettre, il me faut du temps pour réaliser ce qu’il se passe sous mes yeux. « C’est même peut être un peu tôt » Je fais le tour de la pièce en regardant ce qu’il y a dans les cartons, comme si en ouvrant ceux-ci il n’y allait rien y avoir dedans et que ce n’est rien d’autre qu’une mauvaise blague de sa part, mais il n’en est rien. « J’vois même que t’as … bien avancé » C’est le moins que l’on puisse dire vu le nombre de cartons « Et pourquoi ce coup de motivation d’un coup ? » J’suis pas à l’aise, j’vis mal la situation, la vie telle que je la connais est sur le point de totalement changé et je ne suis plus vraiment sûr de le vouloir.