Une reprise tant attendue, la veille tu as bien trop abusé sur l’alcool. Te voilà déjà bien en retard pour ce premier jour, tu devais te rendre à l’amphithéâtre pour ta première heure de cours. Un café le long de la route, une rencontre que tu aurais préféré éviter, une femme que tu avais rayée de ta vie. Puis, quatre heures assises sur cette chaise en bois, peu confortable. Gueule de bois, migraine, l’envie de vomir, en plus de tout le reste, encore une journée qui allait être très longue. Pourtant, tu n’avais pas le choix, tu attaquais ta dernière année d’études, tu ne pouvais pas te permettre de sécher les premiers jours. La sonnerie retentit pour annoncer la fin du cours, la pause de repas, il était temps. La fatigue prenait le dessus et tu n’arrivais même plus à écrire un seul mot. Tu comptais sur ton voisin pour te donner ses notes, c’était devenu une habitude avec le temps. Tu pris tes affaires, direction un petit restaurant du coin ou simplement un fast food, tu n’étais pas compliqué tant que tu pouvais manger. Assise sur une des tables de la boulangerie, lunette de soleil, tu mangeais tranquillement. Téléphone qui sonnait, tu pianotais dessus. Voilà à quoi ressemblaient tes pauses repas, tu avais besoin de calme, rester à l’écart de tous les autres étudiants. Tu ne faisais pas attention au vas et viens de toutes ces personnes, les nouveaux arrivants, les anciens. Il est vrai que cette journée permettait de rencontrer des nouvelles têtes, de faire des nouvelles connaissances et pourtant, toi, tu restais là. Tu n’avais pas la tête à ça, clairement après avoir enchainé quatre heures de droit le lendemain d’une cuite, c’était déjà trop t’en demander. Repas terminé, petite pause clope histoire de te détendre et de reprendre ton après-midi sur une bonne note.

Plus le temps passait et plus tu te rendais compte que tu avais de plus en plus de difficulté à te remettre de tes nombreuses soirées. L’âge peut-être ? Une chose était certaine, tu allais certainement avoir cette gueule de bois pendant une bonne journée, jusqu’à ce que tu décides d’aller te coucher, enroulée dans ta couette. Tu en rêves, malheureusement il te reste encore un bon paquet d’heures avant de pouvoir rejoindre ton lit. Tu n’avais pas d’autre choix que de prendre un café bien serré, un petit repas et profiter de ces moments de calme pour te reposer. Du moins, reposer ton crâne et tes yeux. Assise sur une chaise, au soleil, profitant de cette chaleur sur ta douce peau, assez pâle. Tu avais toujours du mal à prendre des couleurs, malgré tes nombreuses heures d’exposition à la plage. Tu es de nature blanche, et tu resterais ainsi jusqu’à la fin des temps. Toi qui appréciais les femmes avec une peau mate, tu les enviais en silence, préférant trouver des solutions pour finir à peine plus bronzer que l’année précédente. Tes lunettes de soleil couvrant la moitié de ton visage, la tête légèrement en arrière, tu fermais un instant les yeux, simplement pour les reposer. Nombre de fois que tu as dû utiliser cette excuse pour ne pas avouer que tu avais encore des grammes de la veille. Tu as de la chance de pouvoir manger sans avoir envie de rendre tout ton repas, ta tête n’est pas encore sur le point d’exploser, ce qui fait que tu arrives à supporter cette journée. Du moins, c’est ce que tu pensais, avant que cet homme débarque à quelques mètres de toi. La tranquillité allait être terminée, toi, qui pensais connaitre personne ici et profiter de ta petite heure de pause pour faire le vide dans ta tête. Tu tournes instinctivement le regard, pour le poser sur cet homme que tu aurais reconnu entre mille. Il n’était pas ton professeur, mais tu savais pertinemment ce qu’il enseignait à l’université. Tu étais étudiante et tu entendais bien évidemment tous les ragots sur cet homme, et toutes les envies de ces femmes. Tu n’en revenais pas comment un homme pouvait faire autant de ravage, pourtant, qu’est-ce qu’il avait de plus que les autres ? Tu n’étais même pas capable de répondre à cette question, tu ne t’étais pas penché réellement sur le sujet. « Disons que j’ai connu mieux. » laissais-tu simplement glisser entre tes lèvres. Tu n’avais pas forcément besoin d’étaler ta vie, après tout, est-ce que ça le regardait ? Tu reportais ton attention sur ton repas, qui, finalement, ne descendait pas très vite. Tu pris ton café pour boire quelques gorgées, liquide chaud et enivrant. Tu espérais regarder de la force et de l’énergie avec ce café, même si tu en doutais fortement. Oublier la rentrée? C’était impossible d’oublier ce moment si chiant et ennuyant. Tu haussais les épaules « Je ne dirais pas ainsi, disons que j’ai profité de mes vacances jusqu’à la dernière minute. » avouais-tu sur un ton neutre.