Peut-être qu’avec un peu de chance, il va changer d’avis ? Peut-être qu’il voudra que je reste à la maison. Après tout, ce ne sera que du passé. Alors, j’essaie de faire amende honorable en lui apportant quelques biscuits fait maison. Enfin… ils semblent bons et j’ai suivi parfaitement les consignes d’un tutoriel sur Youtube, ça devrait le faire, non ?
Je sais qu’aujourd’hui, il est dans cette station de police et je me présente à l’entrée en citant mon père. Evidemment, on m’indique où il est et je me faufile entre les bureaux. C’est alors que mon regard tombe sur une personne à laquelle je ne m’attendais pas, mais qui ne me surprend pas vu la dernière fois que je l’ai vu.

Une main se pose sur mon épaule, mon père, surpris de me voir. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Je lève la boite à la hauteur de ses yeux. « Je t’ai apporté des biscuits, je pensais que ça te ferait plaisir… » Il me jauge, prends la boite. « Merci. » dit-il simplement. C’est alors que je porte mon regard sur Adrian Dastanov, invitant mon père à en faire de même. « Pourquoi il est là ? » Il l’observe, et me réponds : « Je n’en sais rien, ce n’est pas moi qui m’en occupe, tu le connais ? » J’acquiesce. « C’est lui qui m’a sauvé de mon agression l’autre fois, tu ne t’en souviens pas ? » Le souvenir lui revient.

Autant ne pas lui dire qu’il n’a pas fait que ça… « En ce moment, il part un peu en vrille… il a besoin d’aide, pas d’être puni, tu sais… » Il acquiesce, m’observe et je tourne la tête sur le côté pour cacher la réalité. Mon intérêt pour lui est … spécial. Mon père me murmure quelques mots alors que je m’éloigne en direction de ce « crétin ». Je pose mes avant-bras sur la ligne horizontale du métal qui compose ces barrières ainsi que mon front, le regarde, soupire de désespoir…

« Salut… » dis-je pour attirer son attention. Je suis sur mes gardes, m’attendant à ce qu’il crache son venin sur moi…

Pris en flagrant délit. Un excès, un de plus. Adrian le savait, ça risquait d'aller très mal pour lui s'il ne se contrôlait pas plus, mais qui pouvait s'en soucier ? Personne n'était là pour le voir ni l'en empêcher de toute manière. Assis dos contre le mur, l'arrière de la tête contre le béton, le nez levé vers la lumière qu'il fixait, Adrian attendait. Il n'avait rien de mieux à faire. Sa joue étai rouge, les jointures de ses doigts aussi, et son t-shirt affichait quelques gerbes de sang. Il devait bien être là depuis quelques heures maintenant.

Un mouvement sur le côté attira son attention et son regard bifurqua pour tomber sur Aria. Décidément, fallait qu'il la croise partout en ce moment ? Vrai que son père était de la police, alors ce n'était pas tant surprenant. Cependant, si Adrian n'avait pas forcément envie de répondre, la possibilité lui échappait à cause du policier qui se ramenait et s'arrêtait à côté d'Aria pour lui parler, visiblement pas dérangé de la laisser voir Adrian vu la présence du paternel un peu plus loin.

─ C'est ton pote ce sauvage ? Il a fallut qu'on le mette en cage tellement il se calmait pas, cet ivrogne. C'est la deuxième fois qu'on le voit cette semaine et toujours alcoolisé.

Le policier posa les yeux sur Adrian qui, lui, tournait la tête de l'autre côté, ne souhaitant pas participer à cette discussion. Ses bras étaient complètement relâchés, le dos des mains sur les cuisses, complètement immobile.

─ Il est en garde à vue mais refuse de parler. Il risque la taule pour avoir envoyé un gars à l'hôpital cette fois-ci.

L'officier soupira, les bras croisés.

─ Les témoignages sont assez divisés et sa version des faits pourrait nous aider à y voir plus clair mais il est muet comme une tombe. Bref. Je suis au bureau derrière si besoin.

Le policier se reculait pour s'asseoir à son bureau, retournant travailler docilement, tandis qu'Adrian restait muré dans le silence. Il se refusait à regarder qui que ce soit. Elle serait tellement déçue si elle le voyait ainsi, mais qu'y pouvait-il ? Tout, en fait. Mais il ne le voulait pas.

Ce n’est pas vraiment une situation plaisante, au fond. Même si la partie rancunière en moi se satisfait de voir Adrian ici, dans un tel état. Il y a cette petite voix, encore sentimentale, qui est déchirée. Malheureusement, elle est étouffée par une personnalité trop venimeuse pour la laisser s’exprimer. D’ailleurs, venin à venin, je m’attends à une réaction de sa part, mais c’est l’ignorance qui prime.

Non, ne m’ignore pas.

Je vais pour lui dire deux mots que je suis interrompue par un policier. Je fais une petite moue gênée quand il me parle de son arrestation. Il part vraiment en live… Je ne réponds pas à ce qu’il dit, me contentant d’acquiescer. Un dernier regard à Adrian avant de rejoindre le policier à son poste. Pourquoi ?

Petite négociation, petit service : entrer dans la cage du fauve, caméra dirigée sur une autre cellule.

Il fait un peu la tête mais je réussis à le convaincre avec un petit sourire et une petite caresse sur l’avant-bras. Les hommes sont faibles. Je me présente devant la porte, qui s’ouvre suffisamment pour me laisser passer et se referme automatiquement derrière moi.

Je plaque mon dos contre le mur en face d’Adrian, la plante du pied gauche contre le mur et les bras croisés contre ma poitrine, je l’observe.

« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Pas la bagarre, je me doute bien qu’il a refusé tes avances aussi. Mais pour que tu en viennes là. Je suis peut-être pas ta pote, et clairement, je t’en veux énormément. Mais tu déclines, c’est ça que tu as envie d’offrir à ceux qui t’estime encore ? »

Je crois que je suis suicidaire… Le provoquer alors qu’il est justement là pour des raisons de violence. La folie n’a peu de limite…

La porte s'ouvra sur Aria et Adrian ferma les yeux deux petites secondes, le temps de maudire l'univers entier pour laisser les choses se passer ainsi. Bien évidemment, comme il s'y attendait, c'était une morale qu'elle lui offrait. Une morale et des jugements, sans procès, sans écoute. Il n'avait pas besoin d'aller au tribunal pour que son jugement soit rendu, il l'avait déjà reçu, se disait-il. Adrian l'ignora encore pendant un temps, la laissant savourer l'indifférence dont il était capable, avant qu'il ne daigne enfin poser le regard sur elle. Un regard vide, sans flamme, juste là. Il cligna des yeux, tourna la tête vers le policier plus loin, le bruit ambiant d'un commissariat affairé se faisant à peine entendre ici. Puis Adrian soupira doucement en baissant la tête, se rappelant des paroles qu'on lui avait dites ; assault... blessures volontaires... perte de connaissance... frais d'hôpitaux... jusqu'à deux ans fermes... Un nouveau soupir se fit entendre et l'arrière de sa tête, encore, percuta le mur derrière lui. C'était la lassitude qui l'emportait pour l'instant.

Mais à la question d'Aria, il ne voulait pas répondre. Il ne voulait pas répondre car il n'y avait pas de réponses à donner et elle le savait. Ce qu'il voulait offrir à ceux qui l'estimaient ? Mais qui ? Qui l'estimait ? Il n'en avait aucune idée. A sa connaissance il n'y en avait que deux et ces deux-là n'étaient plus de ce monde. C'était comme lorsqu'on lui avait demandé qui appeler pour prévenir et qu'il n'avait pas su dire le moindre nom car à ses yeux, personne ne viendrait le récupérait. Oh les gens qui affirmeraient l'inverse, qu'il avait des gens sur qui compter, seraient probablement nombreux ; mais nul ne saurait donner un nom avec la certitude aveugle que cette personne était proche, amicale, et le connaissait bien. Adrian déglutit, ferma les yeux, soupira longuement. Avait-il foutu sa vie en l'air aujourd'hui ? Ses lèvres s'entrouvrirent.

─ Reste en dehors de mes problèmes. Barre-toi.

La même rengaine. Vas t'en, pars, disparais, laisse-moi, casse-toi ; aide-moi à m'isoler. Car lorsqu'il n'y aura réellement plus personne pour ne serait-ce que constater sa présence et y accorder le moindre intérêt, peut-être pourra-t-il enfin disparaître.

Je me rends compte que ça ne va pas du tout pour Adrian. Tout simplement parce qu’il n’a aucune réaction avec moi. Avant, il s’énervait sur moi, preuve qu’il reconnaissait mon existence à ces côtés. Même si elle est négative. Là, il est tellement passif que ça me perturbe totalement. Ce n’est pas une simple période, n’est-ce pas ?

Je soupire, je n’ai pas envie de me montrer charitable. Je n’ai pas envie d’être gentille alors qu’il n’a eu de cesse de me faire mal pour me repousser. Mais la raison semble s’envoler en dehors de cette cellule dès l’instant où j’y ai mis un pas.

« J’ai pas envie de partir, ok ? Et rien à voir avec un quelconque caprice. »

Je me rapproche de lui, pose ma main contre le mur à côté de sa tête lui fait face. Bon… ça manque de puissance vu que j’arrive presque à sa hauteur alors qu’il est assis. Mais je m’en moque. Je fronce les sourcils, je le fixe … et lâche un soupir avant de m’écraser à côté de lui.

« Quel con... »

Je sais pas quoi faire.
Les relations humaines n'ont jamais été mon fort. Et rebooster les gens ? Sérieusement ? En général, c'est plutôt l'inverse que je fais. Je les démolis. Mais là...
Une partie de moi abandonne.

Je lui mets un coup d’épaule pour le chercher un peu, parce qu'on se refait pas, si ?

Il sera bien obligé de lâcher le morceau un jour.
Je ne m’en irais pas non plus. (sauf si Papa Chamberlain me retrouve)

Il n’est pas près de sortir de la cellule.
Ma présence est une torture à elle seule vu qu’il ne veut pas que je sois là…

Je sors mon téléphone et fait le tour d’instagram, histoire de patienter.

Elle ne partait pas. Elle n'abandonnait pas. Pourtant, c'était pas si difficile à faire non ? L'abandonner. Elle l'avait déjà fait, alors pourquoi pas maintenant ? Parce qu'il ne réagissait pas ? Adrian détournait le regard, prétendant être désintéressé. Elle s'asseyait, proche, mais il ne la regardait pas. Elle n'était pas là, elle n'était rien, elle ne pouvait pas l'atteindre. Et son épaule venait le toucher. Il ne réagit pas. Son regard se perdait sur les murs, le sol ; la lumière. Qu'est-ce qu'il pouvait bien dire ou faire ? Devait-il la frapper pour aggraver son cas ? Devait-il hurler pour qu'on la fasse partir de force ? Devait-il continuer à l'ignorer pour qu'elle l'abandonne définitivement ? Comment faire ? Que dire, quoi faire ? Il sentit sa gorge se nouer un instant et déglutit avant que sa voix ne se fasse entendre, murmure qu'elle n'aurait pas pu entendre si elle était resté à l'autre bout de la pièce.

─ A chaque fois que je te vois, j'ai envie de me tuer.

Puis il tourna la tête pour la regarder ; ses yeux se baissèrent furtivement pour voir ce qu'elle faisait et ce fut le détail de trop. Comment pouvait-elle avoir le culot de prétendre avoir tenu à lui ? Maintenant, les barrières sautaient. Puis, tant qu'il y était, autant lâcher sa plus grosse bombe, non ? Autant la détruire, la faire fuir de terreur pour que plus jamais elle n'ose l'approcher. Pour qu'elle disparaisse. Peu importe comment. La voix d'Adrian était grave, rauque ; brisée.

─ T'aurais pu m'aider à aller mieux mais tu m'as poussé vers le bas. Tu m'as fait tomber plus bas que je ne l'étais déjà et t'as brisé le peu de confiance que j'avais réussi à avoir. D'une envie d'essayer de vivre j'ai juste plus envie maintenant. Je m'en bats la race de finir mes jours en taule, j'irai me tuer là-bas plutôt que chez moi. Alors barre-toi. Casse-toi, disparais à jamais ; hais-toi, blâme-toi, déteste-toi, méprise-toi, tues-toi. J'en ai rien à foutre. Savoure un peu ma douleur, pour une fois. T'es un poison pour ton entourage et tu le sais. Tu ne vois que toi-même, t'as jamais regardé les autres. Tu te fiches d'eux. Ils sont là pour que tu te sentes bien, mais tu te fiches de savoir si eux vont bien. Tu pourrais bouffer sur la carcasse de tes potes avec la conscience tranquille. Charogne.

Et tout du long, il n'avait pas cillé. Pas bougé. Pas haussé le ton. Il était reste sur la même intonation, la même intensité de regard, sans bouger d'un centimètre. Elle vivrait à jamais avec ces mots sur la conscience maintenant, quoiqu'il arrive. Qu'il disparaisse ou reste, qu'elle fasse son IVG ou pas, qu'ils se réconcilient ou pas ; ou peut-être que tout cela lui passerait au dessus de la tête. Peut-être qu'Adrian allait être le bouc émissaire. Peut-être qu'il allait être le bourreau. Peut-être qu'il était les deux. Mais Adrian, lui, ne revenait pas sur ses paroles.

« Mourir ».

Je repose mon téléphone.

C’est à la fois dur à entendre car ça exprime exactement ce que j’ai fait jusqu’ici. Dégouter les gens à en mourir. Et vu la sensibilité d’Adrian à cause de son passé, je pense que je viens de faire face à la personne que j’ai le plus blessé.

Et pourtant, c’est la seule que je voulais protéger.

J’écoute ce cri de l’âme. Cette haine envers moi. Même si au fond, ça faisait mal. Il mettait une chose évidente que je savais depuis toujours. Je le sais que je suis toxique. Sinon pourquoi je suis aussi distante et méchante avec les gens ?

Une réaction plus qu’inattendu me vient.
Je ne maitrise pas.
Je ris.

Je ris de cette fatalité.
Ce n’est pas un rire joyeux.

Je ris de moi.

« C’est tout ce que tu as sur le cœur à mon sujet ? »

Je soupire. Mon air devient plus sérieux :

« Si je t’ai rejeté, c’était pour te protéger de moi, justement. Te protéger des erreurs que je commets, parfois sans me rendre compte. Je pensais que tu serais tellement plus heureux sans moi, sans tes sentiments pour moi. Et ça n’a pas été facile, vu que je t’aimais aussi. »

Je plonge mon regard dans le sien.

« ça fait mal mais je le sais depuis toujours que je suis une personne mauvaise. C’est donc mieux ainsi… Mais toi, tu as le potentiel d’être une personne bien. Alors, quand tu sortiras de ta cellule, tu ne préfères pas plutôt profiter de la vie avec des personnes bien ? Ce n’est pas le pays des bisounours dehors, mais tout n’est pas entièrement moche… »

Je croise les jambes, continuant de le regarder. Mon attitude est presque déconcertante…

Le rire ne le dérangea pas, bizarrement. Cela ne le fit même pas réagir ; tout au plus, cela confirma juste ses paroles. La vérité, c'était qu'il rejetait toute la faute sur elle quand il n'avait pas été aussi mal les mois d'avant. Ce n'était pas elle le problème. Pas le seul en tout cas, s'il devait en faire une liste. Adrian le savait, mais c'était juste plus facile de tout lui balancer sur la face. Mais il le voit à son attitude, elle n'a plus aucun lien avec lui autre que celui du passé. Et ça le blesse un peu, au fond, de se dire que la fille dont il était tombé amoureux n'avait pas été celle qu'il croyait. De se dire qu'une fois de plus il s'était trompé, il avait mal jugé et surtout, il avait fait l'erreur d'espérer. Alors peu importe les paroles d'Aria, elle se heurtait à un mur ne béton armé. Le rêve qu'elle voulait lui vendre, le monde qu'elle dépeignait n'était pas ce que lui voyait et il n'achèterait plus cette utopie de la bouche des autres. Adrian lui répondit, toujours sur le même ton.

─ Je n'ai pas l'intention d'essayer.

A l'entendre, sa décision était prise et irrévocable. Il n'en dit pas plus d'ailleurs car pour lui, c'était suffisant. Il avait assez parlé. Ce qu'il devait dire était dit. Se détournant d'elle, le dos à nouveau bien posé contre le mur, Adrian regarda droit devant lui en silence, attendant la suite ; qu'elle s'énerve, se lasse, rigole, parle, se taise, reste ou disparaisse, cela ne changeait rien se disait-il. Au point où ils en étaient, tout était déjà fini. Et c'était étrange ; mais le fait de l'avoir dit à voix haute l'avait conforté dans son idée de ce qu'il devait faire. La question c'était quand, comment ? Il avait encore quelques trucs à régler avant de partir.
Fascinant de voir combien son esprit avait si facilement accepté l'idée que le temps s'arrêterait bientôt.

Je lève les yeux en l’air. Sérieusement ? Il abandonne ? Juste à cause de moi ? De ce qu’il s’est passé entre nous ? Mais clairement, ce n’est pas possible ! Je suis certaine qu’il y a autre chose. Je me rends compte que sa réponse m’énerve.

Parce qu’elle me convient pas.

Je me rends compte que la jointure de mes doigts blanchit en serrant ce qui nous sert de banc. J’ai envie de lui coller une tarte mais ça ne sert à rien. Je lui en ai mise plusieurs depuis notre « séparation » et ça n’a jamais rien fait.

« Tu dis ça comme si tu en avais fini avec la vie. Sérieusement ? Il n’y a pas que notre histoire qui t’a blessé au point de ne pas avoir le courage d’avancer, Adrian… Tu es arrivé là malgré toutes les épreuves que tu as subi... Qu'est-ce qui t'empêche de continuer ? »

Je soupire, ça m’énerve.

« Je n’ai pas envie de partir… surtout si c’est pour te retrouver encore plus bas. Voir pire…  Quoi que tu penses de moi, ça ne m’amuse pas. Sauf que je suis incapable de savoir comment t’apporter quoi que ce soit. »

Je n’ai jamais apporté rien de bon, faire la bonne personne, ce n'est pas mon truc. Je suis nulle, je l’admets. Même si la motivation est là... Je me force à desserrer les doigts, je les plie et déplie pour éviter les crampes… Cette situation est plus stressante que ce qu’on a connu jusqu’ici…

Il pouvait sentir son agitation à côté de lui mais bizarrement, cela ne le dérangeait pas. C'était vraiment très étrange. Il réalisait que, à cet instant précis de sa vie, il était parfaitement ok avec l'idée de mettre fin à ses propres jours. Probablement que s'il avait été chez lui dans cet état là, il aurait juste écouté une pulsion pour en finir. Paf ! Juste comme ça, il n'était plus là. Mais, très certainement que l'alcool était à blâmer aussi. Sans cet alcool, il ne serait pas aussi bas. Sans cet alcool, il ne sombrerait pas plus bas qu'il ne l'avait jamais été.

Adrian se pencha légèrement en avant, coude sur les genoux, le regard devant lui. Une telle indifférence ne lui ressemblait vraiment pas. C'était comme si on lui avait anesthésié ses sentiments.

— Ça me va. Je suis pas mieux que toi de toute manière.

Il finit par se lever pour marcher jusqu'au milieu de la cellule et il s'adossa au mur, bras croisés.

— Tu ne pourras pas m'en empêcher. T'en as pas la capacité. Je suis fatigué de tout ça et je n'ai jamais eu ma place nulle part.

Son regard se posa sur l'officier de police qui était au téléphone et semblait avoir une discussion agitée. Adrian était d'un calme olympien. Tellement calme que cela était vraiment inquiétant.