ça pourrait paraître con pour une fratrie fonctionnelle mais te demander de faire cette activité avait légèrement fait monter mon pic d’anxiété. traîner ensemble, c’est une chose qu’on a jamais vraiment fait. une distance qui s’est creusé d’années en années et que j’essaye de combler en te proposant de passer la journée avec moi aujourd’hui. la visite d’un mont et d’un temple dont j'essayerais jamais de prononcer le nom, c’est un moment de complicité assuré, non ? le temps est bon, les habitants particulièrement poli (ça change des français). je voulais profiter à fond de ce summer camp avant d’avoir le mal du pays. ma capitale commençait à réellement me manquer et j’espérais pouvoir y faire un saut avant la rentrée. le seul bémol sont les messages qui s’enchaînent sur notre group chat familial. je soupire à l’idée qu’eros t’ait possiblement mis de mauvaise humeur avant que tu me rejoignes. je sais qu’une conversation pareil m’aurait gâché ma journée mais toi, tu l’as déjà peut-être oublié. encore une différence entre nous deux. j'arrête enfin de ruminer lorsque j'aperçois ta silhouette et d'un signe de la main je te signale ma présence. une fois que tu es assez proche, je te lance j'espère que t'es en forme, on a un peu de marche à faire avant le téléphérique., d'un ton enthousiaste et le sourire aux lèvres. bien évidemment je n'avais pas pris la tenue pour, voulant être sur mon 31 en permanence, le confort n'est clairement pas ma priorité. si je le voulais, je pourrais même faire cette courte randonnée en talons.  

Il n'arrive pas à mettre le doigt sur la dernière journée qu'il a passé rien qu'avec sa sœur. Est-ce que c'est seulement déjà arrivé ? Il aime à penser que oui, que leurs rapports ne sont pas aussi distendus que ça. Qu'ils ont bien connus des moments de complicité, un jour ou l'autre, avant que les années ne s'accumulent, creusant un ravin entre eux deux. Il a été un peu surpris par la proposition de Théia. Il est resté pantois, un instant, son doigt suspendu dans l'air au dessus de l'écran de son smartphone. Et puis il a répondu par l'affirmative et maintenant le voilà en route, pré pour un moment de communion entre frère et sœur. Hm. Il met pas longtemps à repérer Théia, une fois arrivé sur le lieu de réunion. Un instant il l'observe, avant qu'elle ne le repère. Il essaie de décrypter son état d'esprit à distance. Savoir si elle est stressée, voir mal-à-l'aise. Il espère que non. Quelques secondes s'écoulent encore avant qu'elle ne le repère et l'incite à la rejoindre d'un signe de main. Perse ne se fait pas prier, rejoignant sa cadette en quelques pas. Il a une casquette vissée sur la tête, une paire de lunettes de soleil perchées sur le nez. « J'espère que t'es en forme, on a un peu de marche à faire avant le téléphérique. » Elle sourit, joviale et il lui rend son enthousiasme, les coins de ses lèvres se soulevant. Il plaque une bise sur la joue de sa sœur pour la saluer avant de se reculer et de jeter un rapide coup d'œil à sa tenue. Il est pas sûr qu'elle ce serait vêtu différemment pour aller passer une journée dans les magasins. Au moins, elle ne s'est pas juchée sur une paire de talons. Good for you. Il n'aura pas à la hisser sur son dos à la fin à cause d'un mal de pieds comme il a pu lui arriver de le faire lors de randonnées redoutées avec Daphnée. « Je suis d'attaque et à défaut d'une tenue adaptée, t'as mis des chaussures plates ! Qu'est-ce qui pourrait bien nous arrêter ? » Ouaip, il la taquine. Il y peut rien, c'est pour ainsi dire inscrit dans le manuel. Ca fait partie du rôle de grand frère. @Théia Arnault

j'avoue que je me sentais un peu délaissée. ce sentiment, que je savais égoïste, de ne plus être la favorite des frères Arnault. Entre Eros complètement sous le charme de Luna et Zeus fou amoureux de Rim, il y avait de moins en moins de place pour moi. mon côté optimiste me disait de voir ça comme une bonne chose ; une occasion pour nous les cadets de se rapprocher. occasion qui ne s’était jamais présentée au paravant. surtout que t'étais fourré toutes les secondes de l'année avec Daphnée. tu étais tout de même le dernier que je pouvais légitimer piquer, c’est toujours plus facile de décrocher quelqu'un de sa meilleure amie que de sa copine. premier bon signe, nous sommes tous deux souriants. tu viens claquer une bise sur ma joue avant de me taquiner sur ma tenue. les yeux qui roulent, ha. ha. ha. d'un ton faussement agacé puisque je finis par sourire amusé. la seule chose qui pourrait nous arrêter c'est l'état de tes poumons. que je rétorque tout en commençant à avancer. je sais que tu fumes... pas vraiment quoi, m'imaginant bien que ta consommation ne se limitait pas à du tabac. alors, t'as bien profité du japon ? ta réponse ne pouvait qu'être affirmative, Persès et profiter sont synonymes, non ?

Elle lève les yeux au ciel face à sa boutade. Typique. « ha. ha. ha. » Ses lèvres se soulèvent, trahissant un sourire qui veut percer. « La seule chose qui pourrait nous arrêter c'est l'état de tes poumons. » C'est de bonne guerre et il ne répond pas. Il est tenté de le faire pourtant, de tâter le terrain pour savoir ce qu'elle sait ou ce qu'elle croit savoir. Il s'en abstiens toutefois. A la place, il lui emboite le pas, entamant à ses côtés la progression vers le périphérique. « Alors, t'as bien profité du japon ? » C'est une question qui ne suggère pas de réelle interrogation. C'est de notoriété publique, après tout : Persès Arnault s'amuse tout le temps, même voir particulièrement quand la situation exige pourtant de lui le sérieux. Le branleur de la famille. L'éternelle tête brulée. Une réputation qu'il mérite et ne s'essaie même pas à défendre. « Il faut bien, je rentre voir les parents dans cinq jours. Les occasions de rire vont se faire moins nombreuses » une note d'amertume teinte légèrement sa voix à cette pensée. La perspective de ses futures journées sous le regard scrutateur de leur père lui donnerait presque envie que la rentrée arrive très vite. « J'en profiterais bien pour t'aider avec ton histoire d'appart, mais  je ne pense pas être la personne la mieux placée pour arracher un oui à papa. » Ou à Eros, d'ailleurs. @Théia Arnault

mon problème avec toi, c'est que tu me laisses toujours partagée. hésitante. divisée. deux Théia qui se battent en duel. y a la Théia empathique qui peine à te voir t'éteindre quand tu prononces le nom du paternel. puis y a celle qui est bien la fille de ce dernier aux tendances aussi strictes. et elle ne peut s’empêcher de penser que tu ne serais pas la bête noire de votre famille si tu faisais un peu plus d’efforts. mais non, t'inquiète ça va bien se passer. essayant de te rassurer au pire, c'est que quelques mauvais jours à passer. de relativiser. même si je ne comprends pas tellement ta position ayant toujours été la princesse de la famille. papa, je l'ai dans la poche. que je lâche nonchalamment, je ne sais si c'est le privilège d'être la seule fille, d'être le dernier enfant ou les deux combinés mais il était presque impossible pour tes parents te résister à tes envies aussi capricieuses qu'elles soient. c'est plus Eros qui me laisse pas trop respirer... y a rien à y faire, il est comme ça. j'hausse des épaules alors que je ralentis afin de lire les panneaux pour être sûre que nous étions sur le bon chemin. rassurée, je reprends ma pensée et le pas par la même occasion. mais j'ai pas à m'inquiéter puisque je peux venir m'installer chez toi. une colocation entre moi, toi et Daphnée... je ris à cette vision. une proposition de ta part que j'avais vite écartée même si elle était, je l'admets, adorable.

« Mais non, t'inquiète ça va bien se passer. » C'est mignon de sa part, de chercher à le rassurer. Il ne la reprend pas du coup. Ne rétorque pas qu'il n'est pas inquiet, juste agacé. « Au pire, c'est que quelques mauvais jours à passer » Elle ne peut pas vraiment comprendre, évidemment et elle le sait bien. Leurs postures sont très différentes. Là où il est la tête à claques, la déception de leur père, elle est son bijou. La petite princesse, d'autant plus précieuse qu'elle a pointé le bout de son nez après pas moins de trois garçons. Il n'a jamais été jaloux d'elle, toutefois, Perse. Est-ce qu'il voudrait s'entendre mieux avec son père ? Oui, sans doute. Mais certaines natures, pour ce qu'il en pense, sont simplement trop promptes à s'opposer. Il hoche la tête en réponse aux paroles tenues par sa soeur avant de détourner la conversation vers la recherche d'indépendance (et d'appart) de Théia. « Papa, je l'ai dans la poche. » Lucky you. « C'est plus Eros qui me laisse pas trop respirer... y a rien à y faire, il est comme ça. » Il retiens un soupire alors que sa soeur se fend d'un haussement d'épaules. Eros. Perse a parfois du mal, aussi. Et parfois ça lui fou un peu la trouille. Il a peur du point de rupture, à certains moments, craignant d'en arriver un jour à un niveau d'exaspération tel qu'il finira par balancer des mots qu'il ne pense pas. Et ça lui ferait un mal de chien à Perse. Blesser Eros. Car il l'adore, son frère. Et il a envie de le satisfaire, mais pas tout le temps et surtout pas au détriment de ses propres envies. Il prend déjà assez sur lui pour composer avec leur père. Il n'a pas envie de s'enfoncer dans le même schéma avec son grand frère. « Mais j'ai pas à m'inquiéter puisque je peux venir m'installer chez toi. » Il hausse un sourcil et pour la énième fois, il est tenté d'aborder avec sa soeur la question en D. Daphnée. La meilleure amie de Perse envers qui l'aversion de Théia est désormais de notoriété publique. Quand le sujet viens sur le tapis, il est toujours tenté de défendre son amie. Car elle mérite pas ça. Elle est pas parfaite, Daph, mais elle a jamais rien fait pour justifier le ressentiment de Théia. C'est Persès qui a toujours repoussé sa soeur. Tous ces moments où il allait dans sa chambre avec Daphnée, Théia sur leurs talons, désireuse de les suivre et il manquait jamais de lui fermer la porte au nez. C'était pas de la méchanceté de sa part. A l'époque, le fossé de cinq ans entre sa soeur et lui lui semblait étourdissant. Le bébé dont il voulait pas s'encombrer. Daphnée, elle, elle aurait laissé entrer Théia. Vraiment. Il est tenté de le lui dire maintenant, Perse. Que tout le blâme lui reviens. Mais il a pas envie de foirer ce moment entre eux deux. Alors il en fait rien. « Je sais que c'est pas l'idéal, mais ça reste une option. » Voilà. Et puis il en reviens à leur frère. Sujet plus sûr. « Mais Eros n'est pas papa, Théia. Ne te ferme pas des portes à cause de lui. Quoi que tu fasses, il s'y fera. » Il a pas le choix, après tout. @Théia Arnault

je ne peux m'empêcher de grimacer définitivement pas convaincue. mouais... je préfère de loin la confrérie. on sait tous les deux pourquoi, pas besoin de s'étaler sur le sujet même si je pourrais sûrement m'en plaindre tout le reste de la journée. habiter avec toi et Daphnée ne sera jamais une option mais plus une punition ou encore un calvaire et tous les synonymes qui vont avec. tenir la chandelle tous les soirs, ne pas comprendre vos conversations remplies d'inside jokes et de vos souvenirs dans lesquelles je suis inexistante. c'est un grand non merci. habiter avec ta parfaite meilleure amie pour qu'elle me rappelle par sa simple présence qu'on sera jamais aussi proche... très peu pour moi.  t'as raison, Eros n'est pas mon père mais il se comporte comme tel. voire en plus autoritaire, il me donne des ordres, me met des limites. que je trouve parfois extrême. mais sans lesquelles je pourrais survivre, sans la protection d'eros, je le sais, je m'effondre. je peux pas. je pourrais pas supporter d’être en froid avec lui.. je secoue la tête comme pour enlever cette pensée de mon cerveau. s’il faut passer par des disputes, des insultes et des mois de silence, le choix est vite fait. je les fermerais ces portes. j’avais appris de ma dernière grosse dispute avec lui. la morale de l'histoire était qu'absolument rien ni personne ne valait le coup de me prendre la tête avec ma famille. je suis pas comme toi. d'un ton neutre sans expression, ne sachant pas moi-même si c'était une critique ou un compliment. encore une fois, je suis partagée. est-ce que je t'envie ou t'en veux de savoir garder cette distance entre notre famille et toi, de ta liberté. aucune idée. si moi, je ne saurais survivre sans vous, j'ai l'impression que toi ça ne te dérange pas tellement de vivre sans moi.

« Mouais... je préfère de loin la confrérie. » Les mots s'entassent au bord des lèvres de Perse. Il ne les prononce pas. C'est leur mécanisme habituel avec Théia. Il est plus facile de taire les choses au quotidien que de s'engager dans une véritable conversation qui pourrait faire autant de mal que de bien. C'est un peu lâche, ça l'est même complètement, mais Perse garde ses lèvres scellées. Il se dit ce que sa sœur doit penser : que y a pas grand chose à dire finalement. Que ça peut rester dans l'ombre. Mouais. C'est plus facile de changer de sujet alors c'est ce qu'il fait, pivotant vers le sujet Eros. « Je peux pas. je pourrais pas supporter d’être en froid avec lui. » Il devine la suite avant même qu'elle ne la prononce. Les mots planent au dessus de la tête de Perse quelques instants déjà avant qu'ils n'échappent à sa sœur. « Je suis pas comme toi. » Gagné. Ce n'est pas une critique. Ou pas. Le ton employé, neutre, ne suggère rien de tel, mais Persès connait assez sa sœur pour savoir que ses intonations ne renferment pas toujours la vérité. Loin de là, même. « Je ne suis pas en froid avec Eros. » Qu'il se sent presque obligé de soulever, même si là encore, il sait ce que sa sœur va lui répondre là encore. Que leur dernier échange en ligne suggérait le contraire. Cette foutue histoire de confrérie. Ca prend la tête de Perse, vraiment. Il a envie de saisir Eros par les épaules et de le secouer pour qu'il percute. Que ce n'est qu'une confrérie. Que ce n'est pas sa famille. Que ça ne représente foutrement rien pour lui, pour eux. Il ne comprend pas l'entêtement d'Eros et refuse de plier à ce qu'il perçoit comme un simple caprice. Mais il ne va pas faire l'étalage de ce conflit devant sa sœur. « Tu fais comme tu veux. Je n'ai juste pas envie que t'éprouves de la frustration. » Comme lui. Car sous ses dehors invariablement entêtés et rebelles, il est coincé, Perse. Tout autant, voir carrément plus qu'elle. Il a un collier autour du coup, une lanière de cuir qui lui obstrue la respiration depuis cinq ans. Et ça le démange toujours, même si les dernières années lui ont rendues la situation plus accessible, plus tolérable. Au fond de lui, il sait tout de même qu'il ne parviendra pas à continuer toujours comme ça. @Théia Arnault