l'amour il l'avait exclu pendant plus de vingt cinq ans et alors qu'il lui avait entrouvert la porte, il s'était pris une rafale de soucis en pleine figure. et si il avait deviné qu'ahreum espérait plus ? et s'il n'était pas tombé amoureux de sa jeune soeur ? tant de variables qu'il aurait pu contrôler. mais c'était trop tard, il ne pouvait plus revenir sur ces pas. il devait assumer toutes ses erreurs, ses secrets. pourtant sung y avait songé à tout dire à eunji mais ahreum lui avait demandé le contraire. au nom de l'amitié, de la famille, il s'était tut. il ne regrettait pas sa décision quand bien même ça l'avait mené ici. écouter les autres avant de s'écouter lui même. il avait fait tous ses choix, alors ahreum ne pouvait prendre la place de l'accusée. il s'y refusait fermement. elle n'avait pas les épaules pour quoiqu'elle en dise." c'est mon rôle de te protéger. " lui qui avait fait la promesse de ne jamais la blesser. il était profondément heurté du peu de reconnaissance qu'elle avait pour elle même. et il se savait responsable, lui qui lui avait pris sa virginité sans lui offrir le conte de fées. mais ça n'empêchait pas le fait qu'il la considérait comme essentielle. pas suffisant pour elle. son corps frêle qui semble si fatigué et toujours la même question. le même choix qu'il ne peut se résoudre à faire. c'est inhumain de choisir entre deux êtres qu'on aime, de briser un lien fraternel." je ne veux pas. " son coeur est contre. coeur qui s'agite rien que d'y penser, cerveau prêt à dérailler. pour une fois il voudrait être égoïste et les avoir toutes les deux. ne pas déséquilibrer cette balance si précieuse pour sa santé mentale. mains qui s'enfoncent petit à petit dans le siège, tente d'évacuer la rage, le désarroi, la peine. freinage brusque du métro. les réflexes qui reviennent trop précipitamment. son bras qui encercle son corps si fragile. à bas les principes. il ne la lâchera pas tant que le danger ne sera pas écarté, lui qui n'avait pas pu la protéger en début d'année dans les mêmes conditions.

le regard se détache finalement ; incapable de le regarder plus encore. refuse de graver ses traits, encore et encore, sur la toile de son esprit. plus vite, il est absent, plus ce sera facile, pour l’oublier. les paupières se ferment, lourdes — les épaules s’affaissent de nouveau et elle a l’impression qu’elle ne s’en sortira jamais ahreum. ses mots deviennent ses propres enclumes ; le fardeau est le sien quand elle essaye de faire comprendre les choses. elle est définitivement coincée dans cette boucle brisée. les mains qui agrippent les cuisses devenues trop fines, à cause, de tout ça. ❝ ne prends pas cette responsabilité s’il-te-plait — (cesse de me donner l’espoir de m’accrocher à toi). elle pince les lèvres, le cœur lourd des maux. et ça remonte comme de l’acide quand il refuse une nouvelle fois ce choix. pourtant, il n’a pas le choix. et peut-être, qu’au fond, ce n’est pas à lui de le faire. mais à elle. la gorge se serre, le ventre se tord et elle angoisse à l’idée de ne plus l’avoir dans sa vie pour le bonheur de sa sœur. les mains commencent à trembler et ahreum, elle agrippe, elle force, les jointures de ses doigts fins deviennent blanches sous la pression. ❝ stop — et ce n’est qu’un simple murmure du bout des lèvres, pourtant, c’est un cri du cœur. elle refuse. elle se refuse. ne trouve rien de bon à aimer, rien de bon à sauver. et elle ne comprend pas, elle déteste cette façon qu’il a de vouloir la garder quand elle n’apporte que les douleurs. elle ne comprend pas cet entêtement. et alors qu’elle se sent prête à se refuser, c’est une secousse brutale qui la fige. train brusquement arrêté et les sens sont en alerte. pupilles dilatées d’effroi quand les souvenirs d’une catastrophe défilent devant ses iris. un bras se glisse, encercle la taille et ahreum, elle sursaute. relève la tête vers lui. ❝ tu-tu crois qu-que — les mots sont difficiles à sortir. le corps se met à trembler - hélas, le sourire donné a toujours été une façade pour la jeune femme. les nuits sont fauves depuis cette fameuse journée. et aujourd’hui, c’était la première fois qu’elle remontait dans un train. une de ses mains attrape par réflexe la sienne. ❝ je ne veux pas mourir — murmure soudain alors qu’elle ferme les yeux. la poitrine qui se gonfle trop rapidement et il y a pourtant cette sensation d’étouffer. les perles salées, retenues avec grande force, roulent sur ses joues creuses. ❝ il faut que j’sorte d’ici sung —

il avait déjà failli à sa promesse de ne jamais lui faire du mal, alors il était évident que sa garantie de veiller sur elle ne serait pas elle réduite à néant. une erreur mais pas deux. et surtout il se rendait bien compte que les atrocités de ce monde la consumait à petit feu. fleur qui se fane, atroce spectacle pour l'ainé des lee. lui qui d'ordinaire pimentait la vie des gens, la soupoudrait de couleurs fluos, il s'en voulait d'avoir fait tout l'inverse avec celle qui attendrissait son coeur, le rendait plus humain, plus doux. l'impression de ne pas être un monstre à ses côtés. comme quoi il avait besoin d'elle autant que d'eunji. alors une fois de plus, il se refusait à parler de préférences. il n'y en avait pas. sans doute incapable de comprendre qu'il aime les deux. refuse d'y croire car c'est invraisemblable. ce serait vicieux de la part de ce foutu destin. réponse qu'elle a du mal à entendre. c'est comme s'il entendait les battements intenses de son coeur, tant sa réaction est compréhensible à des kilomètres. et il n'est que déception de plus à ses yeux. soupir vite remplacé par les réflexes primaires. elle avant lui. c'est d'une logique implacable sur l'instant.garde son sang froid. il en a vu des pires.son corps devient armure. la serre un peu plus à sentir ses muscles tressaillir. inspecte la rame d'un rapide coup d'oeil, analyse la situation incertaine. les mots qui glissent tel des larmes sur ses joues." ça n'arrivera pas. " pas tant qu'il sera debout. l'incident semble mineur comparé à la dernière fois mais la peur se transforme souvent en hantise. il ne laissera pas vaciller. ses mains qui viennent capturer ses joues. ses pupilles plantées dans les siennes vides." regarde moi ahreum. " voix qui se veut réconfortante, presque enchanteresse." souviens toi quand je t'ai apporté le déjeuner à Harvard, souviens toi de l'air frais à travers tes cheveux sombres, du chant des oiseaux, du pain moelleux entre tes doigts. " lui faire oublier le métro où il se trouve, tandis que son pouce essuie délicatement les perles salées." on ira faire un pique nique à nouveau. un véritable festin cette fois. " sung qui se veut lueur d'espoir.

et peu à peu, comme un poison coulant en ses sillons, la peur prend possession du corps tout entier quand les mots traversent ses lèvres ; volonté de rester en vie, de ne pas revivre le passé. de ne pas. les paupières se ferment, tandis qu’elle se fige, se crispe alors qu’il la prend dans ses bras. incapable d’enlacer son corps - interdit. alors, c’est juste une main qu’elle ose attraper. les pensés carnages à l’intérieur de sa tête. les paupières qui font voile sur la réalité, refuse de regarder quoique ce soit. n’entends que le son de son cœur affolé. bulle protectrice qu’il tente de percer par des mots réconfortants. mais, elle n’arrive pas à attraper la corde pour la sauver. elle glisse entre les doigts. les poumons se gonflent si fort, mais elle n’a pas l’impression de pouvoir respirer. tout se bloque, y a tout qui se vide. arrachée de force par ses douces mains autour de son visage ; les paupières qui s’ouvrent, les orbes vides de vies. incapable de voir les siennes. elle s’est perdue ahreum, elle s’est perdue dans cette vie qui n’est pas la sienne. qui n’a jamais été la sienne. elle déglutit. et la tension dans son corps se relâche d’un coup, les épaules s’affaissent brutalement. à se demander comment elle tient encore assise. comment elle tient encore debout. lèvre supérieure coincée entre ses dents, réprime le sanglot remontant du plus profond de ses entrailles. ❝ okay — qu’elle souffle. mais, elle ment, ahreum. elle ment, elle ne veut pas se souvenir de cette période ou tout aller bien, où son cœur bourgeonner dans le mensonge. elle ne veut pas se souvenir de cette période où elle était presque heureuse de l’avoir à ses côtés, quand tout n’était qu’illusion. elle ne veut pas. à baisser le regard à la promesse. juste hocher la tête, mais elle sait, elle sait que ce pique-nique n’aura pas lieu. qu’elle sera loin, à ce moment-là, qu’elle ne sera plus dans leurs vies. et s'ils refusent de prendre la décision, alors elle la prendra. préfère se briser le cœur, plutôt que de faire du mal. après tout, elle n’était qu’un erreur de parcours, une erreur de jugement. une soirée trop arrosée. ❝ d’accord — et si t’as brisé ta première promesse sung, elle brisera celle-ci. et doucement, elle recule son visage, se détache de ses mains, essuie ses propres larmes. le regard qui se pose sur le wagon, les gens ne semblent pas avoir peur — et elle se sent idiote, idiote de tout envenimer. elle déglutit. ❝ c’est rien, ça va aller. ne t’inquiète pas pour moi — elle s’en sortira, comment, elle ne sait pas comment. mais, elle a encore des jours à vivre.

t'entendre dire que tu tenais encore à la vie, c'était un soulagement. non pire, une certaine délivrance. il n'était pas dupe. ta léthargie était loin d'être anodine et ce que tu disais était effrayant. toi qui ne t'aimais pas, toi qui tenais à rester seule. comme un cri de détresse et c'est exactement pour ça qu'il n'était pas prêt à te laisser partir. il ne le montre pas mais il a peur pour toi. au fil des mois, il s'en est bien rendu compte que tu étais une fleur fragile, que tes pétales pourraient s'envoler sous un coup de vent. et c'est sans doute pour cette raison, qu'il a tout fait dans ton sens lorsqu'il avait été question de cacher la vérité à ta soeur. c'est un crève coeur que de te voir si frêle. il le sent sous ses mains que tu n'es qu'une coquille vide désormais. lui qui a brisé ton coeur mais qui ne sait comment recomposer ce vaste puzzle. alors il tente ce qu'il fait de mieux: la sortir de ce monde avec des mots simples, des rêves. et sans doute que c'est sadique que de lui remémorer ces instants où tout était si simple, lorsque leur amitié ne posait aucun problème. c'est toujours quand il pense bien faire qu'en réalité il fait tout à l'envers et cause bien plus de peine qu'il ne faudrait. de simples syllabes qui traversent les barrières de tes lèvres mais pas un seul sourire. et il pense vraiment que tu acceptes de le revoir pour un autre déjeuner sur l'herbe. ton angoisse qui semble s'atténuer. distance prise mais sa main continue d'effleurer la tienne. il a peur que tu t'effondres à nouveau. lumières qui clignotent et le métro qui reprend sa route comme si de rien n'était." tu ne peux pas me demander ça. " c'est bien connu qu'il ne suit jamais les ordres qu'on lui donne. et tes mots ne sont que mensonges. t'as besoin d'aide, sans doute pas de la sienne, mais de près ou de loin, il gardera toujours un oeil sur toi. portes qui s'ouvrent sur la station, celle où il devrait descendre mais s'y refuse." laisse moi t'accompagner où tu devais aller. je veux juste te savoir en sécurité. " mais surtout t'avoir encore un peu pour lui. il se doute que tu le fuiras encore comme la peste, qu'il n'est que torture pour ton coeur. pour ton bien, il devrait te laisser partir sauf que chaque fibre de son corps s'y refuse. il reste intimement persuadé que t'es rentrée dans sa vie pour y rester.

pourtant, elle le fait jisung; rien n’est éternel - et tout ce que tu lui demandes, tout ce que tu lui promets ne sont que des rêves, des pensées qui ne se réaliseront jamais. elle ne veut plus croire. parce qu’elle est trop plongée dans la réalité, ahreum. incapable de fermer les yeux, il ne lui ai plus possible de vivre. elle a perdu trop de choses en si peu de temps qu’elle a l’impression que c’est le destin qui se venge de crimes passés. le regard qui se baisse, les lippes forment une ligne si fine. elle s’empêche de rétorquer. ils ne s’entendent pas, ils ne s’entendront jamais. le coeur veux ce qu’il ne peut pas avoir. elle déglutit, ses mains accrochées aux sièges du train. serre si fort pour s’empêcher de trembler sous le poids des émotions. elle ne doit pas flancher, pas encore. il y a trop de monde, il est encore là. (reste forte, fait semblant) et elle se répète ces mots comme un mantra. elle ne doit plus flancher. le train repart de nouveau et elle reste dans son silence. parce qu’elle sait que si elle ouvre a bouche, où si elle le regarde, elle risque de revenir sur sa décision, se montrer égoïste et violente pour vouloir quelqu’un qu’elle ne doit pas vouloir. elle ferme les yeux, se concentre sur sa respiration. le train s’arrête, elle relève la tête. ( une minute ) les gens descendent tranquillement. les mots qui parviennent. elle ne répond pas, se mord les lèvres. ( quarante-cinq secondes ) et le temps défile devant ses yeux et malheureusement, c’est maintenant ou jamais. un battement de cœur et la jeune femme relève son regard vers le garçon. elle est désolée, tu sais, que cela tombe sur toi. elle est profondément désolée d’avoir tout merdé. de s’être laissée emporter dans ses rêveries. dans un mouvement vif, elle se lève, dépose un baiser furtif sur le front du garçon alors qu’elle sent déjà couler les larmes le long de ses joues. ( vingt secondes ) ❝ je suis désolée — un simple murmure et elle s’enfuit ahreum, file à travers les personnes protestant pour s’échapper à temps à travers les portes qui se ferment. un souffle s’échappe de ses lèvres alors qu’elle se retrouve sur le quai, le regard embué, le cœur brisé. et elle lui donne un dernier regard avant que le train ne s’efface de sa vision alors qu’elle se laisse tomber au sol. elle pleure ahreum, elle pleure ce passé qu’elle ne retrouvera pas. elle pleure face aux blessures qu’elle a causées. elle pleure, visage baissé, capuche sur la tête, les mains agrippant le pull comme si elle essayait de maintenir son cœur. elle est désolée, jisung. de t’abandonner; de te laisser.

tu ne devrais pas lui demander de s'inquiéter parce que c'est forcément tout le contraire qui se produit. sung tient à toi comme à la prunelle de ses yeux. il a assez fait de mal comme ça et il se refuse à n'être qu'un mauvais souvenir pour toi. et même si vous vous êtes éloignés ces derniers temps, il te connait. fleur fragile difficile à apprivoiser, à décrypter. un océan de secrets. mais il ne te lâchera pas. tu le sais et pourtant tu le pousses au bord de la falaise. il tient bon sur la pointe des pieds. il a conscience que chaque mot est essentiel, qu'un mauvais pas pourrait tout compromettre. et il pense t'avoir encore en sa possession, qu'il est capable de rétablir cette confiance. ne te brusque pas au risque que le château cartes s'effondrent. ton silence est cependant angoissant, comme si tu pensais pouvoir le rendre invisible à tes yeux. et ça fait mal de savoir que sa présence est encore une torture à tes yeux. il avait été son rayon de soleil et désormais il n'était qu'un cauchemar. constat dur à avaler mais devait rester fort pour elle, pour eux. il pouvait avoir de l'espoir pour deux. tu sembles être figée dans le temps alors que les passagers descendent à la station. pas de réponse à sa question. te mure dans le silence comme si les mots risquaient de te bruler les lèvres. angoisse perceptible, et sung accroche son jean de ses mains dans l'attente d'un mot, d'un geste, d'un simple signe plutôt que de le faire languir. mouvement qu'il croit être un miracle. baiser furtif. ne réalise pas le geste d'adieu avant qu'elle ne se faufile à travers la horde de voyageurs. *bip* annonciateur d'une fin brutale." ahreum... " qu'il hurle de toutes ses tripes, prêt à en perdre la voix. ne parvient pas aux portes à temps. frappe du poing contre la vitre. force brute. ses yeux empreints de doute, de peur de te laisser la seule. pourquoi tu lui fais ça ? pourquoi tu le détestes tant ? frissons qui parcourt sa peau alors qu'il reste stoïque, le poing contre cette porte qui ne s'ouvrira pas. la rage au ventre. n'accepte pas de te laisser partir.