tu sors ta dernière carte, celle qui te permettra ou non d’te créer d’autres ouvertures par la suite. c’est pas super réglo de taper en plein dans la jalousie, mais t’as l’espoir qu’en dépit de votre rancune mutuelle, roxane elle garde en elle l’idée d’chasse gardée. si t’avais pas jugé l’effet too much pour la situation, t’aurais bien soupirer en portant ta main à ton front façon star hollywoodienne des années vingt. coeur qui se serre quand t’es derrière la porte, tu démarres alors ? t’es encore à tergiverser quand elle refuse de se fermer malgré tes tentatives. revirement d’situation quand le minois renfrogné apparaît à son tour suivi de ton prénom. retiens fort ton sourire dawie, ouais ça fait super longtemps qu’elle a pas crié ton prénom, mais c’est pas une raison d’avoir les yeux plissés à c’point. tu relèves pas, acceptes docilement de t’arrêter et te laisser manipuler, quelle brave bête. l’ado qui sommeille en toi se réveille, ce n’est qu’un contact bref, attendu depuis si longtemps. parce que j’suis l’plus beau mec qu’elles ont jamais vu et j’suis seul. ça semble pas aussi évident maintenant que tu l’dis à voix haute, malgré tout t’en es intimement convaincu. parfait mélange entre les traits du continent alliés avec cet exotisme de l’autre bout du monde. tu présentes tous les avantages de tes origines, parfait produit que tout l’monde s’arrache. en vrai t’aurais eu l’opportunité d’te remarier cent fois ici, si on oublie que la plupart des cœurs que tu avais fait chavirer avait l’âge de ta mère, voir le double. non, on taira ce détail à ta femme qui t’intime de ne pas faire un pas de plus. tu t’attends à tout, qu’elle sorte tes affaires de la chambre avant d’la claquer ou même d’en ressortir avec sa propre valise. tu perds un peu la notion du temps, la peau qui palpite encore sous les empruntes de roxane. certes on peut pas qualifier ça d’un geste tendre, mais ça te suffit pour l’instant. fidèle compagnon qui attend sa maîtresse dans le couloir, l’heure qui n’a soudainement plus d’importance, le retard ou même l’annulation, plus rien ne compte que le dénouement. tu te crispes au grincement de la poignée, laissant apparaître celle qui se laisse désirer depuis le début. j’en conclus ... que tu viens ? tu meurs d’envie de laisser ton regard glisser sur elle et deviner les marques d’un maillot, mais ça serait déplacé avec l’ambiance glaciale, quoique le réchauffement climatique s’annonce. geste de la main pour l’inviter à t’suivre, l’ascenseur à prendre qui semble être un test pour te mettre à l’épreuve, la petite cage forçant la proximité quand ton épaule la frôle. trajet étrangement silencieux quand on vous connaît, tu cherches même pas à faire la conversation avant d’arriver au point d’rendez-vous. les vestiaires sont séparés, on s’retrouve au hammam. et tant mieux, tu disparais dans le coin réservé aux hommes où tu te changes, jettes en boule tes affaires dans le casier avant de te frotter le visage pour t’sortir de cette torpeur forcée. t’sais que le plus dur reste à venir, t’es encore boudeur, mais être seul avec la femme de ta vie dans un espace restreint, enfumé avec la chaleur et surtout, tu l’sais, après tout ce temps séparés. jeu dangereux pour un être si simple comme toi. t’es l’premier à rentrer dans la pièce, priant pour qu’elle n’aie pas changer d’avis jusqu’à ce que la porte de la cabine s’ouvre.

rien n'a plus de sens que c'matin quand t'as mis les pieds à l'aéroport. plein de contradictions, petit dawie qui poursuit son chemin à contre-sens. tu peux être sûr d'avoir une note négative dans ta capacité à gérer les conflits. avec un peu -beaucoup- d'chance, les vapeurs pourront t'aider un minimum à t'éclaircir les idées. à part avoir été dans la fuite constante, puis dans l'rentre-dedans la seconde d'après, t'avais fait r. t'as sûrement encore quelques minutes pour trouver une solution, enfin c'est un grand mot ça. on peut vraiment l'régler ce soucis-là ? sérieux, ça part un peu en cacahuètes, à moins d'avoir une machine à remonter dans l'temps, tu vas devoir improviser. l'air sérieux qui trône sur ton visage qui commence déjà à perler, bonne chance. tu t'apprêtes à saisir l'verre d'eau mis à disposition quand l'brouillard s'atténue durant une fraction d'seconde avant de laisser apparaître la silhouette reconnaissable entre toutes. main hésitante qui manque sa cible et renverse l'contenu sur le carrelage humide. incapable d'dompter tes pulsions adolescentes, c'est qu'elle te ferait presque saigner du nez à débouler comme ça. tu ramasses l'gobelet pour le reposer à sa place, tu devras survivre avec les gouttes qui dégoulinent du mur. ne serait-ce pas un petit noeud dans ta gorge mon cher dada ? muet face à sa question, sonnant davantage comme un reproche. que tu profites ? 'fin c'est l'but d'un hammam quoi, c'est fait pour aider à respirer askip, tu peux pas faire grand chose non plus, c'est petit comme pièce. déblatères des conneries plus grosse que la touffe de cheveux qui commence à former un casque plus vrai qu'nature sur ton crâne. tu bafouilles un peu, cherches tes mots et les enchaînes pourtant, les doigts qui glissent le long du banc comme si il pouvait être d'une quelconque utilité pour y essuyer la sueur. d'ailleurs, stress ou tu vas mettre ça sur l'dos de la chaleur ? t'appuies ton dos contre la surface légèrement plus fraîche en regardant un peu partout, évitant avec soin l'équivalant d'aphrodite qui semble être encore ta femme. souffrance silencieuse quand tu sais au fond d'toi que ça devait pas s'passer comme ça, la distance et la froideur malgré la chaleur brûlante. l'thermomètre devait encore plus monter, tu t'voyais déjà te jeter sur elle, impossible de t'en détacher plus d'une seconde malgré ses plaintes habituelles, un dawie toujours plus épris aux faux airs de sangsue. j'mattendais à l'faire avec aidan, j'suis soulagé. parce que tu peux pas dire autre chose, caches encore une fois l'fond de ta pensée alors que t'es le premier à tout déballer quand tu vomis ton amour pour elle.

pourquoi t'en es arrivé là ? ça te ressemble pas, constamment à t'en foutre de qui s'approchait d'elle, car ta confiance elle était inébranlable. mais river ... tu saurais pas qualifier c'que t'as ressenti, aussi douloureux que ta jambe disloquée en plein match si on peut comparer. c'tait sorti de nul part, un peu comme une ombre menaçante qui planait au dessus, prête à s'emparer d'ta pauvre dépouille une fois que t'aurais eu l'dos tourné. l'incapacité de mettre un visage dessus, les messages qui n'avaient pas de sens, tout du moins pas dans une relation où tu pensais avoir l'exclusivité des bonnes grâces de roxane. tolérance envers la plèbe qui faisait des siennes pour attirer ne serait-ce qu'un regard dédaigneux, alors pourquoi tant d'panique pour un gars comme lui ? peut-être parce qu'elle t'filait entre les doigts, l'impression que si elle changeait, elle aurait la possibilité d'aller voir ailleurs, enfin non pas qu'ça le soit impossible dans l'cas présent, mais qu'elle ouvre la porte à d'autres possibilités. si reine roxane s'adoucie, qui sait ce qu'il adviendra de ceux qui la craignaient trop pour l'approcher. et toi, t'as rien pour riposter, mec idiot qui trébuche derrière un ballon pour mieux s'faire plaquer au sol et y rester coucher de longues minutes avant de pouvoir se rappeler d'la date du jour. c'est sûrement ça, la queen b qui ouvrait son palais jalousement gardé à d'autres que toi. je- te redresse pour intervenir, les mots qui s'entrechoquent dans ta gorge, se mêlent les uns aux autres mais peinent à sortir, simplement grognement d'exaspération contre ton incapacité à communiquer dans l'immédiat. j'suis désolé roxane. purement, simplement et d'tout ton coeur. désolé comme la première fois où tu lui as brisé l'coeur, désolé comme quand tu lui as menti, et désolé d'avoir été jaloux qu'elle voit au delà d'ta simple personne. t'es tendu, les muscles qui veulent plus se détendre et l'visage aussi crispé que s'en est physiquement possible. excuses-moi, c'est pas clair dans ma tête, j'ai besoin d'réfléchir ... sur moi. poids qui s'envolent quelques secondes avant de revenir écraser ta cage thoracique et t'empêcher de poursuivre davantage. tu te lèves, frottes tes yeux cernés. j'dois faire le bilan, y s'passe trop de trucs que je gères pas. parce qu'avant t'avais l'illusion en fait. on se retrouve quand même dans la chambre plus tard ? quand tu veux, si tu veux. lui laisser l'champ des possibles. t'ouvres la porte, fraîcheur qui te saute au visage, ta main qui timidement prend la sienne. je t'aime roxane. la buée qui reprend rapidement sa place sur la vitre quand tu refermes derrière toi.