La tête relevée – nuque brisée, mâchoire vers le ciel pour dissimuler un rictus pas très chrétien dédié à un dieu dont il se fout royalement – il manque un truc pour parfaire le tableau un peu cliché du gosse perdu, Frank Ocean à fond dans l’enceinte ((pour emmerder le voisinage)) squatteur illégal de toits de bâtiments publiques à une heure relativement avancée. 4:12, fumée de clope sans clope. Il frissonne, recrache la buée. Croque dans une pomme... La cigarette est un esthétique surfait. Le jus sucré coule sur son menton, trainée grossière qu'il efface d'un coup de manche, et effleure le bleu sur sa joue gauche. Dernier souvenir d'un paternel un peu fort bourré, large trainée sombre aux bords jaunissants, une voie lactée du pauvre - ça colle au personnage - marquée à même la peau. 4:56, l'insomnie à ça d'infect qu'elle est vicieuse, la pire des garces. Il croque dans sa pomme, la même depuis quarante minutes, flétrie. Noire dans la nuit, rouge en réalité - sûrement pour rappeler l'extrémité enflammée d'un mégot, on y revient toujours - il la termine, jette le trognon derrière lui. « ya, someone’s here ? » mouvement traître dans l'aurore naissante. C'est qu'une ombre, un chat peut être.

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