( from now on feat. @Archer Ralston )
Quand bien même il paraissait détaché, nonchalant, Miles bouillonnait de l'intérieur. Une sensation de déjà-vu, familière, un tantinet trop familière en si peu de temps. Lola, Nina, Archer, la liste s'accroissait chaque année à l'image du niveau d'angoisse et d'agitation de l'allemand - ou du présumé allemand. Miles le haïssait, son père, son paternel. Le méprisait de tout son être. Mensonges, manipulations saupoudrés d'indifférence rythmaient le quotidien de celui qui se proclamait son géniteur depuis le premier jour; et Miles se haïssait également pour ne pas avoir percé à jour cet homme, ne pas l'avoir confronté en bonne et due forme. En lâche qu'il était, dépendant de sa fortune, ses insultes à son égard avait été aussi vite ravalé, à peine sortis. Pour Caprice, qu'il scandait au quotidien. Pour Caprice. Sa lâcheté, sa docilité n'étaient là que pour protéger sa fille. Un jour, il s'en libérerait, il se le promettait. Mais à l'heure actuelle, la plus grande liberté dont il pouvait jouir était la distance et le retour à sa pseudo indépendance qui lui permettait de rencontrer ce jumeau qu'il avait minutieusement traqué. Archer Ralston. Très ironiquement situé dans la ville qu'il avait cherché à fuir à tout prix six mois plus tôt. Evidemment. Soit, peu importe. Déterminé comme il était, son retour à Boston, qui était auparavant inimaginable, s'était planifié à vitesse grand v. Et sa prise de contact avec l'intéressé en avait été de même. Clou du spectacle, Archer était même sur le chemin pour chez lui, pour un déjeuner - rencontre doppelgänger. Agitation à son apogée pour Miles. Il faisait actuellement les milles pas, en lançant un regard circulaire autour de la pièce intacte et sans une once de poussière, lorsque des tocs résonnèrent. Caprice, épuisée par sa matinée, devait s'être endormie. Un souffle puis deux, et le voilà qui fit trois grandes enjambées pour ouvrir à son invité. S'il avait déjà imaginé tous les sentiments qui l'habiteraient à cet instant, il avait bien été loin de la réalité. Le choc, extrême, lorsqu'il tomba nez-à-nez avec son.. sosie. Putain de merde ! T'es- t'es- moi ?!

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Alors comme ça, j’avais un jumeau. Ouais, enfin je le savais de base, mes parents ne m’avaient jamais caché ça. Seulement, il était mort. Mort à la naissance. Bien que né avant moi, il n’avait jamais eu d’air dans ses poumons, aucun cri, aucun pleur. Rien qui ne vienne prouver cette nouvelle vie qui t’était pourtant facile d’accès. Mais tout ceci n’avait été qu’un mensonge. Autant pour moi que pour mes parents. Nos parents. Ils n’étaient sûrement pas au courant de ça, jamais de la vie ils auraient caché la vie de leur propre enfant, l’exilant à des centaines de kilomètres d’eux. Non, ils étaient bien trop attachés à la notion de famille, l’agrandissant par tous les moyens avant d’avoir eu leur petit miracle. C’était quand même dingue cette histoire. Alors j’avais pris le sujet avec légèreté. Disons surtout que tant que tu n’étais pas face à moi, avec ton visage ressemblant comme une goutte d’eau au mien, j’aurais du mal à y croire. Après tout, des messages envoyés en ligne n’étaient aucunement une preuve. N’importe qui pouvait créer un profil bidon avec une photo de moi et… ouais, c’était pas une preuve. Alors je m’étais rendu à l’adresse indiquée et c’était pas un restaurant, étant donné l’état des lieux. Habitations, chez lui donc. Et vu le standing, je dirais même qu’il n’a pas lésiné sur la caution. Un soupir avant de pénétrer dans les lieux, jusqu’à retrouver la porte d’entrée. Je frappe trois fois, attendant simplement qu’on vienne m’ouvrir. Dans ma tête, c’était une gouvernante qui allait le faire. Mais la réalité était toute autre. La porte s’ouvre, et c’était moi, qui tenait la porte. Enfin, moi mais pas moi. C’était toi, donc pas moi, mais tu me ressemblais comme deux gouttes d’eau. « Non, toi t’es moi ! » C’était dingue, vraiment dingue. Et tout ce qu’il avait dit était donc vrai. C’était mon jumeau, à l’identique. Rien que d’imaginer l’annoncer à mes parents… Je crois que t’étais pas prêt à intégrer les Ralston, je te le dis. « J’dois attendre que le polynectar ait fait son effet pour voir ta vraie tronche ? » Touche d’humour, pas forcément habile mais j’étais pas forcément dans mon meilleur élément là.

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Sosie était même un euphémisme, une grossièreté pour qualifier la ressemblance indécente entre Miles et ce qui s'avère être son frère jumeau. Jumeau, ô que oui, aucun doute ne pouvait subsister. De la couleur de ses - leurs - pupilles jusqu'à cette fossette apparente sur la joue gauche qu'il a pu observer maintes et maintes fois dans un miroir; chaque détail physique semblait identique. Il en était même certain que scientifiquement, la situation relevait de l'impossible. L'ébranlement de Miles était un tantinet plus que justifié; et si dans les précédentes rencontres familiales s'étaient déroulées avec une anxiété certaine mais modérée, là, petit Miles, communément inébranlable, en perdait toute raison. Tout comme Archer, sans aucun doute vu l'absurdité insensé qui s'échappait de ses lèvres. Polyquoi ? Excusez-le, outre l'abasourdissement qui prenait le dessus, les références cultures pop de ces dernières années n'étaient décidément pas son fort. Caprice avait, de plus, une affinité particulière avec les goûts prononcés de son père pour les années 70's; si on ne comptait pas Peppa Pig, elle n'aidait pas dans sa culture d'aujourd'hui - et il mentirait s'il disait s'en plaindre. Soit. C'est.. dingue.. Dingue ? Est-ce que c'était le mot ? Hm, non. Tête inclinée, bouche mi-ouverte, Miles laissait ses prunelles errer sans gêne sur le moindre parcelle de visage de celui qui lui fit face, toujours incrédule. Non, 'dingue', vraiment, ce n'était pas le mot. Il en omettait même son rôle d'hôte en laissant poireauter son invité du jour sur le pallier. J'suis tenté de me baffer ou me pincer très très fort pour vérifier que ce n'est pas un rêve Ou un cauchemar. Parce que selon certains, et il fallait l'avouer qu'il n'était pas en tort, un Miles c'était suffisant, alors deux ? Autant s'auto flageoler en Enfer. Même si une petite voix lui susurrait que le doppelgänger ici présent, outre le physique, n'avait rien en commun avec lui. Bon ou mauvais point ? C'était sans aucun doute le mystère qu'il - ils s'apprêtaient à percer aujourd'hui. Hm, pardon, c'est mal élevé de te fixer comme ça mais.. hm.. tu veux rentrer peut-être ? Qu'il s'enquit par la suite, quelque peu réveillé de sa transe.

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Cette façon que j’avais de te regarder devait être vraiment étrange, je l’admets. En même temps, j’étais habitué à voir une seule version de moi-même, ou alors sinon via un miroir. Pas une copie conforme qui était indépendante de mon reflet. Alors le trac, le stress même un peu, tout venait se mélanger pour donner un cocktail assez étrange, et le Archie face à toi pouvait ainsi dire aisément de la merde. Comme l’histoire du polynectar. Chose que tu ne comprenais visiblement pas, ce qui me choquait intérieurement. « Polynectar. Harry Potter, tu connais pas ? » Peut-être qu’ils n’ont pas ça en Allemagne, faut croire. Mais quelque chose me dit que si, mais tu étais simplement dans une bulle qui était différente des gens de notre âge, voilà tout. En tout cas, je ne pouvais qu’approuver tes mots. C’était dingue. Dingue. Totalement dingue. Passer de frère jumeau décédé à frère jumeau vivant, en chair et en os face à moi, c’était pas vraiment ce que j’appelais être une étape facile à digérer, au contraire. Mais c’était cool non ? Vaut mieux ça que l’inverse. C’était une bonne nouvelle. Alors pourquoi j’étais stressé comme ça ? Après tout, c’était mon frère. Mon jumeau. Ju-meau. Je crois que j’arrivais pas à l’assimiler quant bien même t’étais face à moi. Et la réciproque semblait de mise. « Tant que tu me frappes pas, tu peux faire ce que tu veux » que je disais en tentative d’humour, puisque je n’étais pas vraiment un bagarreur dans l’âme, plutôt pacifiste à vrai dire. Puis finalement, l’éveil était arrivé. Tu m’invitais à entrer, ne plus rester sur le pas de la porte, ce qui était fort louable de ta part. « Ouais… j’pense ça peut être cool. Sauf si tu veux que tes voisins apprennent tout de nos vies » que je disais en rigolant légèrement, avant de pénétrer dans les lieux par ton invitation. C’était loin de ce dont j’avais l’habitude, mais c’était clean, sobre. On pouvait pas te reprocher de mal tenir ton habitation, pour sûr. « J’ai encore du mal à réaliser mais… mh, comment t’as découvert ça déjà ? J’veux dire, toi et moi ? » De toute évidence, c’était une recherche dûment effectuée mais il devait bien y avoir un déclencheur à tout ça.

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Si leur ressemblance était saisissante, Miles pouvait néanmoins desceller quelques légères divergences. Leur posture - un fier, un autre plus humble, leur faciès notamment l’expression - un plus endurci que l’autre puis leurs caractères et intérêts, s’annonçant d’ores et déjà opposés malgré le peu de contact établi. Archer  faisait plus son - leur - âge que l’ancêtre qu’était Miles, du moins si on s’accordait sur leurs références culturelles.  Harry Potter ne faisait définitivement pas parti du jargon familier du jeune père qui laissait sa perplexité s’afficher, éclipser l’étonnement. De nom. Je suis plus Tarantino, Scorsese et Spielberg. Balance-moi plutôt des références sur Kill Bill et je suis ton homme. Aparté futile au vue de la situation mais qui ravit l’allemand au plus profond de lui, enjoué, exalté par cette rencontre et la relation qui promettait par la suite. S’il avait quelques appréhensions dix minutes auparavant, celle-ci s’amenuisait face à l’ouverture et ton chaleureux, comique de celui qu’il pouvait dorénavant appeler son frère, son jumeau. Peu accommodé à une spontanéité telle quelle, Miles fut d’abord décontenancé par la tentative d’humour de son interlocuteur avant de finalement joindre un léger rire. Respire Miles, respire. Je risque plutôt de te bâillonner et t’enfermer dans la cave. Allant dans son sens - non sans cesser de le fixer - il esquissa un fin sourire pour finalement l’inviter à rentrer, d’un coup conscient de l’image du mauvais hôte qu’il devait rejeter. L’indiscrétion du voisinage l’importait guère face à l’image qu’il envoyait lui-même, face à la déstabilisation qui l’emparait sans crier gare. Son père le maudirait sur place s’il avait été présent - mais s’il l’avait été, cette rencontre n’aurait ô grand jamais eu lieu, lui l’ayant formellement interdit quelconque approche envers les Ralston après avoir lui-même fait exploser la bombe quelques mois auparavant. La soeur de mon père a pris un malin plaisir à lancer quelques sous-entendus dans un repas de famille, et mon père, sans aucune honte, a confirmé par derrière. Par la suite, j’ai simplement engagé un détective privé, et.. voilà. Explication si souvent répétée, auprès du détective privé, de son entourage, les Ralston qu’il en finissait par douter de la véracité, tellement ses propos pouvaient s’apparenter à un scénario médiocre de soap opéra. Sans doute toute sa vie n’était qu’un mauvais scénario rédigé par un gamin de cinq ans et demi. L’émotion lui reprit le dessus Miles, la colère avec l’image de son paternel figée dans son esprit; il inspira un bon coup avant de passer habilement sur un autre sujet : son loft, qu’Archer découvrait pour la première fois. Bienvenue dans mon humble demeure ! Tu veux boire quelque chose avant de passer à l’interrogatoire sur nos vies respectives ?

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w/ @Miles Hohenstaufen

J’étais un mec dans l’ère du temps. De ceux qui passent leur temps sur les réseaux sociaux pour être incollable sur tout ce qui concernait la pop culture actuelle. Et forcément, pour un jeune écossais comme moi, Harry Potter faisait partie du B.A.BA de la culture à connaître. Pourtant, toi qui avait le même âge, cela semblait t’être totalement inconnu. « C’est dans ma liste de films à regarder. Après j’connais quelques trucs mais… je suis plus Star Wars, Harry Potter, Seigneur des Anneaux » Sourire qui se veut presque gêné, tant on semblait venir de deux époques différentes, même si, en théorie, Star Wars venait des deux qu’on citait. Même trois époques différentes quand on y pense. Si c’était parti de pas grand chose, cet aparté sur nos cultures cinématographiques indiquait bien trop de choses sur nos deux façons de vivre. Bon, si on avait pas ça en commun, peut-être qu’on aurait autre chose, si ce n’est le physique, évidemment. L’humour semblait être là, autant pour toi que pour moi. Donc c’était déjà un bon point, on se comprenait. « Tu dis ça parce que tu viens du futur et qu’on peut pas être deux dans la même ville… Je le savais, t’es moi !! » que je disais en pénétrant dans les lieux. Rapidement, ma bouche se fermait, découvrant la grandeur de l’habitation, le luxe et surtout, la propreté. Rien qui ne déborde, tout est à sa place. L’interrogation venait de nouveau me titiller et je venais alors sans pincettes venir te demander plus de précision sur le comment du pourquoi. Comment on se retrouvait dans cette situation toi et moi ? « Aoutch… » Le genre de repas de famille à l’opposé de ce que je pouvais avoir de mon côté. Et j’étais bien heureux quand même d’être celui qui était resté avec les Ralston, même si c’était dommage pour toi d’avoir vécu tout ça, toute cette vie de mensonge. Tiré de mes pensées par ta voix qui me présentait de nouveau ton loft, alors qu’on avançait vers le salon, une invitation à boire qui n’était pas forcément de refus. « Une bière ? Ou un soda, qu’importe, ce que tu as » J’évitais de boire trop de bière, depuis que Veia était en désintox pour son alcoolisme. C’était une situation compliqué pour une personne comme moi, n’ayant alors aucune dépendance. Enfin, de toute façon, je n’étais pas tellement alcool fort. La bière me suffisait amplement. Et alors que tu t’en allais chercher tout ça, je m’installais sur le canapé, regardant toujours tout autour de moi pour tenter de savoir quel type de mec tu pouvais être, même si y’avait pas vraiment le moindre indice, à part le fait que tu aimais que tout soit droit, rangé, propre.

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