Après ton petit séjour en Angleterre avec ta meilleure amie Katalia, tu es revenu à New York pour retrouver ta famille. Non pas par obligation, mais bien parce que tu en ressentais le besoin ces derniers temps. Par ailleurs, il fallait également honorer votre invitation pour la famille de Rim et bien entendu, tu avais très envie de revoir la jeune femme. Elle te manque terriblement, c’est encore pire maintenant que tu lui as avouée tes vrais sentiments. Certes l’idée qu’elle soit perdue entre l’autre et toi, ça te fait un mal de chien mais tu lui as clairement dit que tu ne comptais pas la forcer à faire un choix. Tu ne veux pas la perdre définitivement, donc tu te contenterais du peu de temps qu’elle te consacrerait actuellement. Cela te suffisait amplement, puisque de toute façon tu as un planning de plus en plus chargé avec tes ambitions. Qu’importe, le repas s’est bien passé : l’amitié entre vos deux familles semble toujours bien présente malgré le fait que Rim et toi ne soyez plus fiancés. Pour vos familles, votre relation s’est faite tout naturellement et le mariage s’imposait, ce qui aurait été une union importante pour l’Arabie Saoudite. Un jour peut-être, cette union se ferait vraiment mais pour l’heure, tu comptes vivre ta vie sans te triturer l’esprit. Bref à la fin du repas, pendant que vos parents discutaient de tout et de rien, tu t’installes sur le balcon de votre hôtel privé avec un verre de votre alcool saoudien, un grand sourire s’affichant sur tes lèvres alors que tu regardes la Grande Pomme illuminée. « Salut toi » dis-tu soudain, tout en tournant la tête en direction de ton amante et ex-fiancée.

Mardi 23 juin, New-York City.

Depuis plus d’un mois, tu n’as de cesse d’enchaîner les voyages aussi bien à travers l’est des Etats-Unis qu’en Europe. Le premier d’entre eux a été ton départ à Washington une semaine après le bal de fin d’année tout juste pour fêter l’Eid avec tes parents et le reste de ta famille présente là-bas. Le deuxième, tout juste après ton retour à Boston, s’est trouvé être un séjour de deux semaines en France, entre Paris et les belles régions dont regorge le pays. Séjour que tu as d’ailleurs grandement apprécié aux côtés de Zeus, quand bien même cela ne t’a pas permis de prendre ta décision quant à la suite de tes relations avec Reda et lui-même. Ton troisième, l’actuel, se trouve être à New-York pour un dîner auquel vous avez été invités par les Al Rajhi, tes parents et toi. Dîner dont tu ne connaissais pas réellement l’objet, si ce n’est la poursuite de la bonne entente entre vos familles respectives. A la fin du repas, Reda ayant disparu de table, après avoir pris congé, tu es partie le rejoindre sur le balcon de l’hôtel privé. Ton regard le détaille un instant lorsqu’il te salue avant de le poser sur la ville éveillée face à vous. « Besoin de te vider l’esprit ou simplement de prendre l’air ? » que tu le questionnes en prenant finalement place à ses côtés.

Tranquillement accoudé sur le rebord du balcon de l’hôtel privé des Al Rajhi, tu admirais le district de Manhattan illuminé par les lampadaires ou encore les voitures qui ne cessaient de défiler à vive allure etc. New York était aussi animée que Las Vegas, peut-être même plus à ton avis mais tu n’étais pas vraiment objectif étant donné que tu es né dans la Grosse Pomme. Qu’importe, tu étais là pour prendre de l’air et surtout pour éviter de penser à la jolie saoudienne qui était venue avec ses parents ce soir. Ce dîner entre vos deux familles te rappelait tant de souvenirs mais le but n’était pas de vous remettre ensemble. Heureusement d’ailleurs ! Tu ne voulais surtout pas que vos familles respectives se mêlent de votre histoire, c’était à Rim et toi de voir si vous étiez encore faits l’un pour l’autre. Oui toi tu l’aimes sincèrement et tu es prêt à devenir son mari, mais elle était perdue et tu en comprends la raison même si tu as toujours du mal à l’accepter. La jeune femme te rejoint et cela te tire hors de tes pensées, puis tu la salues avec un léger sourire. Elle se poste immédiatement à tes côtés avant de te demander les raisons de ta présence ici. « Prendre l’air… » réponds-tu mais en posant ton regard sur elle, tu rajoutes : « J’aime bien passer du temps ici à admirer New York parce que je peux réfléchir à tout. Puis j’avais besoin de chasser certaines pensées inadaptées pour le repas ». Un sourire malicieux s’affiche sur ton visage après tes mots. Tu te doutes qu’elle en comprendrait aisément le sens de tes propos.

Debout à ses côtés, ton regard planté sur lui avant d’observer la ville qui se dresse face à vous, tu lui demandes ce qu’il est venu chercher ici, sur ce balcon, tout seul. Si sa première réponse ne t’offre aucune réaction, la seconde a le don de te faire esquisser un sourire à la commissure de tes pulpeuses. Les yeux qui roulent, tu finis par reposer tes billes sur celles du saoudien en tentant de garder ton sérieux malgré son aveu qui t’amuse quelque peu, tu dois bien l’avouer. « J’espère que tu t’es bien armé pour les chasser, te connaissant elles doivent se montrer quelque peu réfractaires à ton autorité. » que tu rétorques en riant doucement, jetant un coup d’œil derrière vous pour t’assurer qu’aucun de vos parents n’ait eu l’idée de vous suivre.

Comment as-tu réussi à tenir pendant ce repas alors que tes pensées n’avaient pas cessé de se dire vers la jeune femme à tes côtés ? Difficile non ? Mais voilà c’était la vie que tu as décidé de mener maintenant que tu savais qu’elle était perdue entre l’autre et toi. Le pire, c’est que tu as du mal à savoir ce que tu dois faire ou ne pas faire… Cela te rend nerveux et tu en perds les moyens alors que tout le monde connaissait ton sang froid unique chez les Al Rajhi. Bref tu détestes tout ça mais voilà ça ne quittera jamais tes pensées ! Tu as bien trop de fierté pour admettre que tu as mal etc. Qu’importe, tu donnes une réponse amusante à Rim qui en profite pour te demander si tu étais bien armé pour chasser tes pensées. Elle en rit même, ce qui te fait rire aussi. « Je dois admettre que c’est compliqué ! C’est bien trop indécent pour les personnes présentes dans la pièce à côté. » souris-tu tout en vérifiant aussi si on vous a suivi. « Je suis content de te voir, Rim » ajoutes-tu avec un ton bien plus sérieux tout en t’approchant d’elle et de déposer un baiser sur le coin de ses lèvres. « Vas-tu participer au Summer Camp ? Ou tu vas simplement suivre le chemin ? ». Pour toi, ça ne sera pas vraiment des vacances vu qu’on a prévu des rendez-vous professionnels au Japon. Ton ambition passera toujours avant tes amusements.

Lorsque Reda t’avoue que ses pensées sont trop indécentes pour vos parents qui se trouvent à quelques pas de vous tout juste, tu contiens un léger ricanement. « Oh, je n’en doute pas Monsieur Al Rajhi. » Pour autant, ses pensées le resteront uniquement et ne deviendront pas réalité dans la mesure où tu ne souhaites plus t’abandonner à ses bras avant d’avoir fait le tri dans tes idées et d’avoir pris ta décision. « Je le suis tout autant, tu le sais bien. » lui avoues-tu lorsqu’il te dit être heureux de te voir. Cela fait un peu plus d’un mois que vous ne vous êtes pas revus ; depuis le bal, depuis cette danse, depuis ce geste de Zeus. Près d’un mois entier que tu as accessoirement passé aux côtés de ce dernier, n’ayant informé Reda que de votre séjour de deux semaines en France. « J’y serai présente mais, comme tu t’en doutes, les jeux d’équipes qui s’y font ne m’intéressent aucunement. J’imagine que ce sera ton cas également ? »

Tu te doutes bien que tes pensées actuelles ne pourront pas se réaliser à cause de ce qu’elle vit et tu ne comptes pas lui forcer la main, ça serait contraire à tes principes. Tu l’aimes et tu veux qu’elle soit à toi, mais tu as bien trop de fierté pour franchir ce pas etc. C’était surement l’une des raisons pour lesquelles tu t’enfermes autant dans ton travail, pour ne pas souffrir inutilement. Tu lui souris d’un air amusé avant de hocher la tête lorsqu’elle t’avoue en retour qu’elle était contente de te voir. Tu l’espère bien mais ces mots-là ne franchiront pas la barrière de tes lèvres. Du coup, tu changes de sujet en lui demandant si elle comptait se rendre au Japon pour le Summer Camp. « En effet, je m’y rends afin de profiter un peu de mes vacances. Mais je ne partirais que dans quelques jours. Je dois terminer quelques missions importantes pour la société familiale. » révèles-tu d’un ton plus las que tu ne l’aurais cru. Elle sait très bien à quel point ça te pèse d’être l’héritier en titre des Banques Al Rajhi alors que tu n’ambitionnes qu’à créer ta propre société pour te faire une vraie place dans le monde du business.

Ta présence au Summer Camp ne fait pas de doute, pourvu que tu puisses profiter du beau temps et te ressourcer loin des tracas que tu rencontres depuis plusieurs semaines déjà. Malgré ce que tu peux bien montrer, la situation te pèse lourdement. Des choix s’imposent à toi, parmi ceux que tu espérais ne jamais avoir à faire. Car en faire signifie que tu perdras irrémédiablement l’un d’entre eux et que, peu importe la relation que vous pourriez bien avoir, tu as besoin de l’un comme de l’autre dans ta vie. Pour autant, tu tentes de chasser ces idées de ton esprit en avouant à Reda que tu ne participeras pas à la compétition des équipes, comme à ton habitude. Sa réponse te surprend toutefois, t’amenant d’ailleurs à hausser un sourcil. « Ton grand-père ferait-il à nouveau des siennes afin que tu reprennes l’entreprise malgré votre dernière discussion ? » Tu te souviens bien de votre séjour en Arabie Saoudite et de la raison de ce dernier.