Il avait toujours du mal à trouver du temps libre pour penser un peu à lui. Il doit s’occuper de sa femme enceinte, de sa fille.. Bref, il n’avait pas trop le temps pour se poser. Aujourd’hui, il n’enfilait pas sa tenue de travail et avait donc une bonne partie de sa journée de libre avant de devoir se rendre au bar où il allait retrouver un ami pour boire un coup. Si le brun avait passé une partie de sa matinée à comater dans son lit en ne faisant rien, il avait en revanche décidé de bouger ses fesses pour l’après-midi à venir. Après un bon gros repas consistant mais pas franchement élaboré (des pâtes avec un peu de sauce tomate et quelques lardons), il est parti sous la douche histoire de se réveiller et avoir un peu moins l’air d’un zombie. Pas besoin de trop se coiffer puisqu’il avait décidé de faire un petit tour. Pour sa tenue, là aussi, il fit dans la simplicité : débardeur noir, et un pantalon noir.

Sa tasse de café à la main, notre jeune ami regardait un prospectus avant de partir. Enfilant ses baskets et attrapant son sac à dos, il quitte sa demeure en début d'après-midi, marchant d'un pas léger. Il aurait pu rester à jouer à la console à taper des gens dans les jeux vidéo, c'était un bon défouloir, mais aujourd'hui, il avait besoin de bouger ! Quoi qu'il en soit, après une petite marche agrémentée de musique grâce aux écouteurs qu'il avait vissé dans ses oreilles, Haryong arrive devant un petit magasin, il rentre à l'intérieur et récupère un petit café bien chaud.
Une fois qu'il a récupéré sa boisson, il continue à marcher comme ci de rien était. Sans savoir où il allait. Il est dû genre à se promener sans avoir de destination. D'ailleurs, il aime se balader seul. Il n'a pas forcément beaucoup d'amis, mais le fait de se retrouver seul pendant un instant, ça lui procure une bonne sensation. En avançant comme il faut, il rentre dans quelqu'un. – fais chier. Dit-il en regardant de haut la personne qui se tenait face à lui. Lui et l'amabilité, ça fait deux.

Frénésie des semaines de travail qui s'enchaînent, sans jamais se ressembler, qui accueillent la joie des unions, et la magie d’un si court moment. Erza aimait son métier pour tout ça, fait de nouveautés et de surprises. Jamais elle ne regrettait  d’avoir entrepris ce changement au cours de ses études. Et elle savait qu’elle pouvait encore progresser, énormément.

Et pourtant, la brune avait du mal à prendre soin d’elle depuis quelques temps : juste le minimum, entre deux rendez-vous, cheveux toujours relevés en chignon négligent, tenues hyper classiques, même trop sages par rapport à son look habituel, mais sa boite commençait à tourner, son agenda se remplissait et elle pouvait enfin vivre dignement de son art, comblant sa douce de quelques sorties et cadeaux.

Encombrée de ses sacs de photo, ainsi que d’une petite valise d’accessoire, elle gardait les yeux rivés vers le ciel, à la recherche de l’adresse du logement qu’on lui prêtait pour un shooting photo : un cadre de rêve au coeur de Boston, dans un style des années 70 d’origine et conservé. L’idéal pour elle, et sa cliente qui voulait un shooting à thème. Mais surtout, elle entre vite en collision avec quelqu’un, une boisson chaude à cette odeur si reconnaissable se dispersant presque automatiquement sur son haut blanc, alors qu’elle manque d’échapper la sacoche simplement coincée sur son épaule. “Bordel, vous pouviez pas faire attention !?” Clairement, la journée commençait super mal.

Sa remarque le fait rire légèrement. Regard vide, il regarde celle-ci d'un air de dire qu'il va l'encastrer contre le mur. Il soupire, il essaye de prendre sur lui. Il veut éviter de répliquer méchamment. Il s'entraîne chez lui, il voit des personnes pour que son comportement se canalise. Son passé et son vécu n'est pas une excuse pour lui d'être hautain, arrogant, méchant. Depuis qu'il est marié et qu'il a des enfants, il fait en sorte d'être plus responsable de faire attention à ce qu'il dit... mais son regard le trahi, son regard dit ce qu'il pense réellement. Il est agacé, et le fait qu'elle vient de lui parler comme un chien, ça n'arrange pas la situation. - Ecoutez, on ne va pas s'embrouiller. Excusez vous et ça finira bien. Il voulait qu'elle s'excuse à cause de son langage et il s'excusera de lui avoir rentré dedans. Haryong cherche le donnant donnant avec les autres, mais il le sait très bien que ça ne va pas finir comme ça. Elle doit être la femme typique qu'il déteste. Celle qui va monter sur ses grands chevaux pour rien et l'embêter à lui dire qu'il est misogyne. Le coréen le sait d'avance. - Si vous ne vous excusez pas, vous bougez de mon chemin et votre journée sera refaite. Elle va oublier cet incident, elle va l'oublier, il va l'oublier et tout le monde sera content.

Le regard que le jeune homme lui lance la fait bouillonner. C’est pas trop son genre de chercher le conflit généralement, mais elle a du mal avec ce genre de réactions, et encore plus dès qu’elle était aussi fatiguée qu’aujourd’hui. Surtout pleine de café alors qu’elle se rendait à un rendez-vous. Il ne pouvait pas mieux lui arriver. “M’excuser ? Alors que vous m’avez couverte de café et avez manqué de faire tomber tout mon matériel ??? ” Bien qu’elle ait une assurance, du matériel cassé voulait surtout dire plus de travail pendant plusieurs jours. Et ce n’était clairement pas le moment pour ça, surtout qu’elle payait toujours un crédit dessus, à cause duquel elle avait été en difficulté financière pendant plusieurs mois. “ M’excuser ne changera rien au fait que je ne peux pas me présenter à un rendez-vous comme ça et que, quoiqu’il arrive, je serais maintenant en retard.” L’air fermé, le ton sec, elle avait pris son air détestable. Mais ce n’était pas le moment, clairement pas, alors que sa vie prenait un nouveau tournant.

Le coréen reste calme, il garde son sang-froid et fait tout son possible pour éviter de lui rentrer dedans. Il était connu pour casser des figures, que ce soit homme ou femme, il en n'a rien a faire. Dans le passé, il avait l'habitude d'en venir aux mains contre des toxicomanes ou même des personnes d'un autre quartier qui souhaitaient gagner un territoire pour vendre de la drogue. Il avait un casier pour violence, mais il faisait en sorte de travailler avec la police pour pouvoir arrêter des personnes qui lui donnaient des produits illicites afin qu'il puisse en vendre. Il regarde dans sa poche, compte un billet… puis deux… puis trois… Il attrape la main de celle-ci et lui donne l'argent fortement dans la main. - Vous avez de quoi vous payer un café, un croissant et un jus d'orange. Depuis sa reconversion dans la musique, il avait de quoi donner. Il regarde celle-ci de haut en bas, elle vient se plaindre qu'elle ne peut pas se présenter comme ça à son rendez-vous. Il hausse les épaules. Il s'en fiche, il en a rien à faire de la vie de celle-ci. - A partir du moment où vous agissez comme un mouton de la société, votre rendez-vous est voué à l'échec. Il commence à la regarder de haut avec un air plutôt arrogant. - Qu'est-ce qui vous empêche d'y aller comme ça et au culot ? Trop peureuse ? Il faut prendre des risques dans la vie. Il sait de quoi il parle, il a toujours avancé et il a fait en sorte de ne jamais faire comme les autres quittent à se faire exclure de la société.

L'homme face à elle la mettait hors d'elle. Il ne comprenait pas ou faisait semblant de pas comprendre, en lui plaçant ces quelques billets au creux de la main. Elle repousse ce geste sèchement. "Je n'ai pas besoin de votre pitié. Ni de votre argent. Et encore moins d'un petit déjeuner !" Elle montait dans les tours. Elle n'en pouvait plus, parce qu'elle était épuisée de tout ce qu'il se passait, de tout ce qui s'enchaînait dans sa vie, même si c'était positif.
Mais là, c'est le commentaire de trop, "un mouton de la société". Tout ce qu'elle n'était pas, tout ce qu'elle n'avait jamais été, quand bien même elle l'aurait voulu. Alors, elle rugit, hors d'elle. "Mon rendez-vous est tout sauf voué à l'échec ! Et je n'ai besoin d'aucun commentaire désobligeant venant d'un inconnu !" Elle sent le liquide devenu froid sur sa peau, qui la lance dans une brûlure dont elle essayait d'omettre la douleur, couler le long de son corps, par action de la gravité. " Les risques je les ai déjà pris, j'ai pas besoin de vous pour ça ! Le plus gros problème c'est que votre café de merde m'a brûlé et que j'ai du café imbibé jusque dans ma culotte ! " Une larme de rage perle au coin de ses yeux.

Haryong ne fait que de juger la personne qui lui fait face. Il commence en avoir un peu marre que des personnes l’agresses à cause d’un accident. Il est patient et écoute attentivement la colère de la femme qui est énervée contre lui. Il est du genre à envoyer boulet, mais visiblement la personne ne veut pas lâcher l’affaire. Il ne comprend trop la réaction excessive de celle-ci, il pense qu’elle a dû passer une mauvaise journée ou quelque chose du genre, alors il part chercher des petites serviettes en papier histoire qu’elle se sèche du mieux qu’elle peut. - Ce n’est pas un commentaire négatif, il est à prendre en considération. Certaines personnes voient la scène et n’oses pas intervenir dans ce genre de situation. En voyant le visage fermé, l’arrogance qu’il dégage, certains savaient qu’il ne fallait pas venir le déranger. - Je suppose que les serviettes vont vous aider à ne plus être imbibé de café. Il en a un peu marre de cette situation. Il en a marre d’entendre une femme lui crier dessus sans aucune raison. Et au moment où il relève la tête, il remarque une larme sur le visage de son interlocutrice. Est-ce qu’il l’a poussé à bout ? Il n’en sait rien et hausse légèrement les épaules en attendant qu’elle récupère les serviettes en papier qu’il a dans sa main.