cette proximité est toxique pourtant elle nous attire. elle s'y prend tellement bien, elle nous connaît mieux que nous. elle nous regarde tomber, baisser la garde. être deux à doigts de franchir cette limite. on s'aventure sur un terrain instable où la moindre chute nous sera fatale. mais il y a toujours ce moment de lucidité qui revient, qui nous rappelle le poison qui peut se répandre si on brise nos carapaces.

alors la distance remporte le combat. je désire rester à ses côtés, la protéger comme je lui ai promis. mais il y a une vérité beaucoup plus douloureuse qu'elle doit accepter. forcément elle ne comprend pas quand je l'oblige à ne pas s'attacher. si seulement elle connaissait la tristesse, la peine, la souffrance que je sème sur mon passage. elle se rendrait compte que c'est pour son bien que je la repousse.
mais évidemment je préfère garder le secret, garder ça enfouit dans de sombres souvenirs. ça je me ronge de constater qu'en face de moi se dresse une cascade de larmes. je ne bouche pas d'un centimètre, impuissant face au chaos qui s'abat sur nous. j'ai si honte de te faire subir ça. ses paroles me noient un peu plus dans les ténèbres de mon passé.

j'ai envie de lui crier de ne pas s'échapper mais je reste planté devant cette porte l'observant s'éloigner pour cacher ses sanglots. pas une fois nos regards se seront de nouveau croisés avant qu'elle ne file s'enfermer. la suivre et l'attendre derrière cette porte risque de nous faire plus de mal que de bien. de là où je suis je ressens cette tristesse qui se déverse. mon poing se serre. canaliser la rage est insupportable. mon poing atterrit contre le mur laissant une marque rouge. je suis devenu un monstre sans coeur. mes pensées sont troublées, je n'arrive plus à me remémorer son sourire. je n'ai que des images de larmes dans ma mémoire. l'atmosphère est étouffante malgré qu'on soit séparés. je n'arrive plus à reprendre une respiration normale. je dois sortir de là, m'oxygéner, prendre l'air. je quitte cette habitation, témoin de notre déchirement, claquant la porte derrière moi.