La soirée avait pris une tournure intéressante. Loin des fausses surprises et des tensions liées à la table n°9, Hermès se trouvait dans sa voiture avec sur le siège passager, Zhaleh. Dire qu’il s’était rapproché de la saoudienne était un euphémisme et la destination de leur soirée n’était pas un secret. Ils allaient chez lui. Le français gardait sagement les mains sur le volant, alors même qu’il mourrait d’envie d’avoir les mains baladeuses. Plus que tout, il désirait s’arrêter au milieu de nulle part pour se pencher au-dessus d’elle et regoûter à ses lèvres qu’il n’avait qu’effleurées. « Au final, heureusement que ma cavalière m’a planté » dit-il pour briser un silence qui commençait à devenir insoutenable.

Hermès se gara dans le garage privé de son appartement, positionnant sa Mazda aux côtés de sa Porsche. « Un peu cliché les voitures, je sais » , lança le français avec un sourire presque coupable.

Plus tard, ils se retrouvèrent dans le salon du français. « Tu veux boire quelque chose ? Whisky, vin, tisane ? » demanda le jeune homme penché vers son mini bar.  

Presque tout le monde avait déserté la table. C'était le bon moment pour s'éclipser à leur tour. Zhaleh sentait son cœur battre fébrilement dans sa poitrine. Elle avait rêvé de ce moment durant des semaines et là, elle se trouvait dans la voiture d'Hermès. Le baiser échangé à la volé n'avait pas été assez pour elle, elle voulait plus. Elle espérait plus. Elle n'allait pas le suivre dans son appartement juste pour boire un verre, qu'il ne compte pas sur elle pour ça. La saoudienne tourna la tête vers le français quand il lui adressa la parole, souriant en coin avant de venir poser sa main sur sa cuisse. « Oui, heureusement. Mais crois moi, c'est toi qui l'aurait planté si elle avait été là. » Le français n'allait pas lui échapper, hors de question. Elle observa les voitures dans le garage et fit une moue boudeuse. « Tu aurais pu venir avec ta Porsche. » Parce qu'elle était bien belle bien qu'elle aimait aussi la Mazda, plus spacieuse. Zhaleh se dandinait tranquillement jusqu'à ce qu'ils arrivent dans l'appartement, retirant sa veste pour la poser sur un dossier de chaise. Elle observa un peu la déco avant de faire une moue songeuse. « Du vin, je veux bien merci. » Elle s'approcha de la fenêtre, observant la vue. Ça ne valait pas son appartement avec piscine mais c'était pas mal. Finalement, la saoudienne s'installa dans le canapé, attendant que le français revienne près d'elle. Elle ne put s'empêcher de l'admirer, ne le quittant pas du regard des qu'il fut dans son champs de vision. Hermès était attractif. Zhaleh vint glisser sa main sur la nuque du français. « Finalement, ce bal se passe très bien je trouve... » 

Lorsqu’elle prit la pose dans l’encadrure de la fenêtre, le français se détourna de son mini bar pour observer les courbes de la saoudienne. Elle était magnifique. Toujours dans sa robe du bal dont les paillettes brillaient face aux lueurs de la ville, la jeune femme était resplendissante. Il s’éclipsa néanmoins quelques secondes en cuisine – de l’autre côté du comptoir qui séparait sa pièce à vivre et la cuisine – pour débouchonner la bouteille et trouver deux verres à pied. Il vint alors s’assoir sur le canapé en prenant soin de ne pas froisser son costume, puis servit un verre qu’il tendit à la saoudienne. Il frissonna en sentant sa main froide sur sa nuque, puis tourna la tête vers elle pour ancrer son regard dans le sien. « Je trouve aussi … et pourtant il partait mal ahah » . Hermès leva alors son verre. « La dernière fois, on a trinqué à ton talent, cette fois-ci, c’est pour toi que je lève mon verre » dit-il avant de boire les premières gorgées de vin. Il la contempla une nouvelle fois. « Là-bas, je t’aurais bien invitée à danser mais je ne suis malheureusement pas un bon danseur » continua-t-il sans cesser de sourire ; et cela tombait bien, qu’il ne s’était pas présenté au bal pour danser.

Lentement, il tendit le bras jusqu’au visage de la saoudienne pour remettre une mèche en place, ne se faisant pas prier pour prolonger ce contact entre eux. Il y en aurait d’autre, des contacts, mais Hermès voulait profiter de chacun d’entre eux.

Un bal sans cavalier, une ambiance électrique à la table, une soirée qu'elle voyait finir seule chez elle. C'était tout ce qui avait traversé l'esprit de la saoudienne tout le long qu'elle était restée assise à la table. Elle avait senti que les tensions étaient présentes, palpables même. Neyla avait fini par s'isoler au bar, faisant soupirer sa cousine qui aurait préféré rentrer, partit même. Prendre un vol pour Hawaii ou Cuba et passer le week-end là bas. Au final, l'appartement d'Hermès n'était pas mal non plus. La jeune femme attrapa son verre, sans lâcher la nuque du jeune homme. C'en était fini de se retenir, de se cacher. Zhaleh n'avait plus envie de jouer les faux semblants. Elle désirait le français et il le savait. Elle haussa un sourcils. « Pour moi ? » Un léger sourire se dessina sur son visage. Elle but une gorgée de champagne avant de reposer son verre. « Je suis certaine que tu mens et que tu es un très bon danseur. » La demoiselle afficha un léger sourire un peu taquin. Un frisson glissa le long de sa peau alors qu'il venait remettre une mèche en place. Elle n'arrivait pas à décrocher de son regard. Elle se sentait autant attirée par Hermès qu'un papillon de nuit par une lampe halogène. Elle allait sûrement s'y brûler les ailes, peut être même souffrir, pleurer. Mais elle n'en pouvait plus de le regarder de loin, de se dire qu'elle ne serait jamais assez bien, aussi bien même, que Neyla. Pauvre petit cœur qui se plaint que les gens s'occupent d'elle quand Zhaleh cherchait désespérément la même chose. Elle avait tant de questions à poser, des questions aux réponses sûrement douloureuses, dont elle avait très peur. Mais pourtant, Hermès était avec elle à l'instant même. Pour combien de temps ? Il se lassera aussi d'elle ? Le lendemain, peut être qu'il la poussera dehors, l'ajoutant à sa collection. La fierté de la saoudienne la poussait à se taire mais son cœur lui hurlait de tout dévoiler. Plus tard peut être. La demoiselle attrapa sa main, glissant ses doigts entre les siens. Elle ne voulait plus rompre le moindre contact. Elle crevait d'envie d'avoir un vrai baiser de sa part, pas un truc volé dans un couloir. « T'es beau quand tu souris. C'est si rare. » Elle posa le dos de la main d'Hermès contre sa joue.

« Si tu attends de moi que je t’écrase les pieds le temps d’une musique alors oui, je suis un bon danseur » . Se déhancher gracieusement et en rythme ne faisait définitivement pas partie du catalogue de compétences du français. Sur la piste, le jeune homme avait la grâce d’un poisson hors de l’eau, se débattant à grand coups de mouvements saccadés pour tenter de regagner l’eau. Le compliment de la saoudienne lui arracha un sourire mais nulle réponse. Que pouvait-il répondre à cela à part un banal et mécanique « toi aussi tu es belle ». Elle était belle, ce n’était pas la question, mais il ne voulait pour rien au monde être banal et mécanique avec elle. Elle méritait mieux, beaucoup mieux. Les sentiments qu’il éprouvait pour elle étaient encore indistincts. Son désir pour elle n’était pourtant pas un secret. Du regard, il suivit sa main contre la joue de la jeune femme. Elle avait la peau douce. Ses mains mourraient d’envie de la parcourir, de découvrir chaque centimètre carré soigneusement caché derrière une couche de tissus. Lentement, le pouce du français se mit à parcourir la joue de la saoudienne. Son pouce lui effleura les lèvres, si attrayantes. Hermès plongea son regard dans celui de Zhaleh et se sentit une nouvelle fois chavirer. C’était comme perdre connaissance, perdu dans un rêve. Sans avoir conscience de ses mouvements et uniquement guidé par le battement de ses pulsions, le français saisit le menton de la saoudienne entre son pouce et son index. D’un geste délicat mais assuré, il rapprocha son visage du sien pour embrasser Zhaleh. D’abord hésitant – alors qu’il n’y avait aucune raison de l’être – il succomba finalement à ses envies.  

Zhaleh dessina un sourire le long de ses lèvres, amusée. « Ne t'en fais pas pour mes pieds... » Au fond, elle avait envie de voir ça. De s'en amuser. De voir que Hermès n'était pas aussi parfait qu'il le laissait croire. La jeune femme frissonna doucement en sentant sa main contre sa joue, attisant l'envie qui grandissant doucement en elle. Elle en avait rêvé, l'avait trompé avec d'autres pour l'oublier, cherchant à se faire une raison que cette relation ne verrait jamais le jour. Mais ce soir, les choses prenaient une tournure qui lui plaisait. Ils prenaient le temps de se découvrir, de s'apprivoiser. Une légère angoisse noua la gorge de la jeune femme qui sentait que la soirée n'allait pas se terminer sur un simple baiser. Elle n'en avait pas envie. Elle voulait plus. Ses iris étaient ancrées dans celles du français, la captivant littéralement. Il pourrait faire ce qu'il voulait d'elle. Lorsqu'il posa ses lèvres contre les siennes, lui donnant un baiser bien plus profond que ceux qu'ils avaient pu échanger à la sauvette durant le bal, Zhaleh sentit son cœur tambouriner dans sa poitrine. Ses lèvres était chaudes et douces, enivrantes. La saoudienne se laissa totalement porter par ses pulsions, lui offrant le plus tendre des baisers qu'elle était capable de lui donner. Sa main vint se glisser sur sa nuque, la forçant un peu à se rapprocher de lui jusqu'à avoir collé son torse contre le sien. Elle glissa ses doigts fins dans ses cheveux, accentuant le baiser pour le rendre plus profond, langoureux. Doucement, ses lèvres finirent par se détacher de celles du français et elle plongeant dans l'océan de ses iris. « Hermès... Je ne veux pas être une conquête... » Elle lui avait déjà dit mais elle voulait en être sûre. Sauf que cette fois, Zhaleh semblait fébrile, vulnérable, fragile. Ses mots étaient plein de sincérité mais elle semblait également très sérieuse, malheureuse à l'idée que ça puisse arriver.

Plus les secondes passaient et plus la distance entre eux diminuait. Alors que leurs lèvres se rencontraient, le Français sentit son poitrail s’emballer. Ses doigts ne quittèrent pas le menton de Zhaleh, comme s’il allait être capable de la maintenir là et de faire durer cet instant. Il ferma les yeux, pour se perdre davantage dans cet instant privilégié. Des semaines qu’il la fantasmait, des nuits qu’il rêvait d’elle. « Je te l’ai déjà dit, tu n’es pas une conquête … » lui fit-il doucement. Elle était bien plus que cela ; elle l’avait touché comme une aucune autre femme ne l’avait fait. Ce qu’il ressentait pour elle n’était pas que motivé par la chair et pour une fois, dans l’esprit du français, les sentiments se mêlaient à ses pulsions. « Et de toute façon je n’emmène aucune conquête au restaurant » poursuivit-il avec un sourire sincère. Sur le papier, cette discussion flirtait avec le déjà-vu, ils s’étaient déjà dit tout cela par le passé mais ce soir-là, les choses étaient différentes.

Il finit par lâcher le menton de la jeune femme et sa main fila vers son verre de vin. Sans quitter la saoudienne des yeux, il termina son verre puis le reposa sur la table face à eux. Il se positionna alors face à elle et s’approcha un peu. Hermès vint lui prendre la main, délicatement comme s’il avait peur de la briser. Son pouce effleura le dessus de la main de la saoudienne. « Je tiens à toi, je veux faire les choses bien parce que justement, tu n’es pas une conquête » . Un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il plongeait son regard dans la prunelle de ses yeux.

Ce sentiment qu'elle déteste profondément. L'impression qu'elle va souffrir, se retrouver le cœur dans l'eau, noyé dans un océan de chagrin. L'homme est capable du pire et elle ne sait pas où placer Hermès dans cette affaire. Des promesses en l'air, des babillages pour mieux l'appâter, la glisser dans ses draps et profiter. Retour vers une cousine qui doit attendre son amant régulier qui, de ses dires, ne la touche plus. Moue boudeuse qui redessine ses lèvres, l'inconscience de ce que tout ça engendrera par la suite. Elle ne veut pas jouer, ne veut pas être un jouet. Elle désire, ardemment, n'être qu'à lui, ne l'avoir que lui. Ne plus se soucier de n'avoir jamais de tendresse. Un petit sourire en coin qui se dessine, l'amusement qui se lit dans ses yeux. Elle dévore ce français du regard, persuadée que cette relation ne sera pas anodine pour lui comme pour elle. « Et dans ton lit ? Elles y vont ? » Petite vérité cruelle qu'elle doit sans doute partager les mêmes draps que d'autres avant elle. Elle soupire doucement, suivant du regard chaque fait et geste d'Hermès, peut être à la recherche de vérité. Il doute sûrement de l'attraction qu'il exerce sur elle, de la façon dont il a volé son cœur pour mieux en faire sienne. Il n'y a eu que des regards, des échanges de mots soufflés au détour d'un couloir, dans le dos de cette cousine qui risque sûrement de la détester. Mais Zhaleh crève d'envie de se lier à ce riche héritier dont elle veut tout connaître. Hausse un sourcil en l'écoutant se confier, se dévoiler, persuadée que jamais Hermès Arnault n'étalerait ses sentiments si facilement. Douceur qui peint son visage presque au bord des larmes. Peu d'hommes lui ont avoué tenir à elle. Ses cousins uniquement en vérité mais eux ne comptent pas réellement malgré tout l'amour fraternel qu'elle peut leur porter. Lui le collectionneur est prêt à prendre l'exclusivité de la relation pour elle. Ses yeux ne peuvent s'empêcher de dessiner ce sourire enchanteur, celui qui fait battre son cœur violemment dans sa poitrine. Parfois, elle veut tout plaquer, se mettre à nu et pleurer dans ses bras, savoir qu'il peut la comprendre. Inspire doucement, cherchant à redresser les épaules. « Je trouve que tu les fais très bien ces choses. » Le tire vers elle pour mieux l'embrasser à nouveau, savourant ses lèvres contre les siennes avec douceur. Elle rompt doucement le baiser pour mieux planter ses iris sombres dans les siennes. « J'ai envie de toi Hermès. » Souffle contre sa peau une vérité qu'elle cache et garde au fond d'elle depuis trop longtemps.

Ce nouveau contact avec les lèvres de la jeune femme le fait une nouvelle fois chavirer. Attiré vers elle, Hermès savoure cet instant. Son cœur s’emballe en même temps que sa vertu ; il la veut pour lui, et rien que pour lui. Zhaleh était un joyau qu’il voulait préserver, un bijou dont la valeur était inestimable. Leur baiser se rompt et il vient coller son front contre celui de la saoudienne, l’une de ses mains s’aventurant alors dans sa nuque. « Moi aussi » lui répondit Hermès avec un sourire. Aussitôt, la main libre du jeune homme se posa sur la taille de Zhaleh pour l’étreindre davantage contre lui. A l’intérieur de sa poitrine, son palpitant se déchaîne et une certaine ivresse vient s’emparer des veines du français. Autour d’eux, le monde s’efface et disparaît. La main d’Hermès se fait plus insistante et ses lèvres ne quittent plus celles de Zhaleh. Il a envie d’elle, de chaque centimètre carré du corps de la saoudienne. Elle l’avait hypnotisé et l’avait fait sien. Du bout des doigts, il effleure la peau matte de la jeune femme. Son index, appuyé contre la taille de sa muse, dresse de légers cercles, comme s’il tentait d’apprivoiser ce corps qui l’obsédait. Le temps s’arrête et Hermès voudrait que cet instant dure toujours. Dorénavant collé contre elle, il ressent contre lui la même chaleur qui l’habite. Doucement, il interrompt leur baiser pour mieux la regarder. « Tu veux aller dans la chambre ? » . Il lui laissait choisir le théâtre de leurs ébats à venir : la chambre, ici, n’importe où. Chaque endroit lui suffirait. Depuis le temps qu’il attendait cela ; ce soir, ses fantasmes devenaient réalité.