« Mais c’est pas à Cambridge de toute manière ? Ça fait un peu loin d’ici » Les épaules se dressent tandis que mon sourire s'amuse en te regardant. "Ce n'est pas le bout du monde non plus..." Surtout quand l'on sait qu'il n'y a pas tant de cours que cela à Harvard, l'université privilégiant beaucoup le travail personnel. "Dix minutes entre Boston et Harvard et trente minutes si tu pars d'ici". En voiture, bien sûr. Mais j'veux dire, c'est vraiment juste à côté. J'le sais pour avoir fait la route pendant des années. La ville de Boston n'avait plus aucun secret pour moi. Et ouais, des étudiants d'Harvard, on en croise beaucoup par ici, tellement que j'ai l'impression que tout le monde a fréquenté la célèbre université. Ou alors, c'est parce qu'avec le bar, j'ai l'habitude d'en croiser. Je ne sais plus. « Et tu vas chez un concurrent ? » Tu t'marres. Tu t'fous de ma gueule ? Les sourcils se dressent et un air faussement choqué apparait sur mon visage. « Mais… en sortant de là, t’avais pas des pistons normalement pour avoir une carrière toute tracée ? » Et... Tu me juges maintenant ? Les yeux se plissent et j'me tourne complètement dans ta direction en reprenant contenance, histoire d'avoir l'air plus intimidante - pas certaine que ça fonctionne. Ahm. "Oui, je vais chez le concurrent. Parce que mon bar et celui-ci n'ont absolument rien à voir et que mon établissement se porte très très bien qui plus est." C'était le petit un ça. J'adorais sortir et j'me voyais mal m'accouder à mon propre bar pour boire une bière en fin de journée. "Et... Ce n'est pas mon seul travail, ni même le plus important. J'ai obtenu un diplôme d'histoire de l'art et Harvard m'a ouvert beaucoup de portes, ça m'a aider pour démarrer en tant que critique d'art, mais tout reste à faire. Harvard ne donne pas le carnet d'adresses et la renommée. Comme il fallait vivre pendant les début, avec une amie, on a monté notre affaire..." Le bar, donc.

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w/ @Alaska Hamilton

Dans le fond, ça faisait dix ans que j’étais là, mais je ne connaissais pas vraiment les lieux comme ma poche, encore moins les alentours. Je savais qu’Harvard était à Cambridge et ça me semblait plutôt logique que les étudiants aillent habiter là-bas plutôt que venir ici, du côté de Boston. Mais tu m’indiquais les temps de parcours et j’étais assez surpris. « Oh… ouais, je suppose que c’est pas si compliqué que ça du coup, tant mieux » disais-je d’un sourire. Je n’étais pas très scolaire mais on ne pouvait pas me blâmer de ne pas être curieux. Je l’étais, sûrement un peu trop, et possiblement de la mauvaise façon. Alors quand j’apprends que tu étais étudiante là-bas et que tu as fini en tant que propriétaire d’un bar, je me demande ce qui s’est passé — normal — et les réponses ne tardent pas à tomber. « C’était juste une… une taquinerie » disais-je alors, presque timide d’un coup. Enfin, je suis timide, mais là, un peu plus je dois dire. Parce que j’aimais pas vraiment chercher la confrontation avec les gens et encore moins juger, mettre mal à l’aise ou pire, vexer les personnes avec qui je discute. « Ouais, okay, je vois… Désolé d’être si… curieux ou invasif, des fois je me rends pas compte. C’est juste que j’ai souvent du mal à exprimer ma curiosité » glissais-je avant de boire une gorgée de ma boisson. « Je te souhaite bon courage en tout cas, pour réussir dans le domaine qui te plait… L’art. C’est si… abstrait. C’est pas compliqué de critiquer l’art de quelqu’un ? » En vrai, je n’y connaissais pas grand chose, mais une œuvre est si personnelle, que ça doit être compliqué de juger ce que quelqu’un fait.

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« Oh… ouais, je suppose que c’est pas si compliqué que ça du coup, tant mieux » Le sourire apparait. Éternel mimique qui se loge sur mes lèvres à la moindre occasion. Celui qui les étire simplement, mais qui est plus sincère que n'importe quel autre ravissement. Même dans des situations calmes comme celles-ci, avec un inconnu, mon visage reste expressif et ma façon d'être tout à fait naturelle. En témoigne la vitesse à laquelle j'ai couru vers toi pour mettre les deux pieds dans le plat. Je m'agace et je m'amuse en même temps, me faisant avoir comme toujours et tu ne tardes pas à me le souligner, « C’était juste une… une taquinerie ». Le fameux sourire qui s'étend et la tête qui se secoue. Pauvre Kai qui ne semble pas à l'aise en ma présence, peut-être trop impulsive pour lui. Tu vois, j'commence déjà à te cerner. « Ouais, okay, je vois… Désolé d’être si… curieux ou invasif, des fois je me rends pas compte. C’est juste que j’ai souvent du mal à exprimer ma curiosité » Le nez se fronce, légère grimace. "Détends-toi, tout va bien". J'prends rarement mal les choses, enfin, j'm'enflamme souvent, mais je redescends toute aussi vite. « Je te souhaite bon courage en tout cas, pour réussir dans le domaine qui te plait… L’art. C’est si… abstrait. C’est pas compliqué de critiquer l’art de quelqu’un ? » Les épaules se dressent, la réflexion s'impose pendant quelques secondes. "Non... pas vraiment non. C'est personnel d'accord, mais il y a quand même tout un travail de réflexion et de technique sur lequel on peut facilement débattre et s’épancher..." Puis, il y a l'Homme derrière. Il y a le vécu, le contexte, la personnalité... Puis... À partir du moment où l'artiste offre son œuvre au monde, lui appartient-elle encore ? Mais, j'entends la complexité. "Et toi ? Tu fais quoi toi ?".

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w/ @Alaska Hamilton

Il y avait bien des choses dont je ne me rendais pas compte dans le fond. Habitué de vivre dans ma bulle, tenter de me sortir de ces démons qui cherchaient à me tirer vers le fond. C’était quelque chose d’assez difficile de rester normal, comme si la vie ne m’avait pas écorché. Mais il fallait admettre une chose, ça faisait du bien d’avoir une conversation simple et posée, autour d’un verre, avec une inconnue. Enfin, plus si inconnue à présent. Alaska que tu t’appelais, et tu travaillais dans l’art, tout en étant propriétaire d’un bar. Mais il n’empêche que j’étais souvent à l’écart de tout le monde, avec une façon de penser qui différait. Parfois, je me demandais si je n’étais pas venu d’un autre monde. Enfin, à voir comment ça aurait pu être possible mais… ouais, je me le demande. Rares étaient les personnes comme moi. Un sourire qui s’esquisse à tes mots, me rassurant suffisamment pour pouvoir rester ici, sur ce siège. Puis le questionnement qui revient à la charge, n’étant pas vraiment de ceux qui s’y connaissent en art. J’écoutais, que dis-je, je buvais tes paroles, cherchant à comprendre le fin mot de l’histoire. « Si par exemple je fais quelque chose, tu penses réussir à déceler des parts de moi que je cache à tout le monde ? Trouver la complexité de mon âme ? » Parfois, je me demande si je ne devrais pas mettre à plat tous mes sentiments, sur une toile, dans une photo. M’exprimer de cette façon, sans y dire les mots, sans y avouer les actes. Mais tu rebondissais sur ma personne, ce qui me rendait d’autant plus timide. « Oh, pas grand chose… J’ai trouvé un poste dans un cabinet d’avocats récemment, je suis secrétaire assistant. J’essaye de me former aussi un peu dans le droit, avec pour vocation d’aider le plus de sans-abris… » Une moue qui se forme sur mon visage, avant d’y voir un sourire lorsque je baisse la tête. Pas honteux, mais disons que je n’aimais pas vraiment parler de moi et de mes quelques ambitions.

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Rares étaient les personnes qui me questionnaient à propos de mon métier de critique artistique. Trop obscur pour beaucoup, très peu essayer de s'aventurer à comprendre à sens à ma profession. Les domaines artistiques en lien avec les arts plastiques étaient, de toute manière, compliqués à cerner pour beaucoup. « Si par exemple je fais quelque chose, tu penses réussir à déceler des parts de moi que je cache à tout le monde ? Trouver la complexité de mon âme ? » Les épaules se dressent. " Il y a des petites choses qui pourraient me souffler à l'oreille que tout ne tourne pas rond chez toi... " J'reste sérieuse, mais pas bien longtemps. " Non, c'est bien plus compliqué que ça, tu sais... " Je ne pourrais pas tout déceler d'une toile. Il faudrait forcement des écrits ou des interviews en parallèle pour saisir toute la complexité. Et jusqu'alors, j'étais encore incapable de lire chez les gens comme dans un livre ouvert. Je préfère dévier la conversation, en apprendre d'avantage sur toi, Kai. Il serrait dommage que je reparte d'ici en ayant toujours la sensation que tu es un parfait inconnu. « Oh, pas grand chose… J’ai trouvé un poste dans un cabinet d’avocats récemment, je suis secrétaire assistant. J’essaye de me former aussi un peu dans le droit, avec pour vocation d’aider le plus de sans-abris… » Je hoche la tête, une moue admirative sur le visage. " C'est une très belle vocation " Ta timidité me touche. Comme quoi, les personnes les plus discrètes ne sont pas forcement les moins engagées. Mon doigt vient appuyer sur le bouton de mon téléphone portable pour constater l'heure. " Je vais devoir y aller, je dois libérer la nounou... " Je finis mon verre d'une traite avant d'ajuster ma veste. " Peut-être qu'on... pourrait garder un contact ? " Qu'il se sente libre de refuser s'il le souhaite. 

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w/ @Alaska Hamilton

Curieux, depuis tout petit. Je crois même que c’était ce trait de caractère spécifique que ma mère détestait et qui m’avait valu de nombreux coups sur le corps frêle que j’avais à l’époque. Alors oui, quand je comprenais que tu étais critique d’art, l’intérêt grandissait un peu plus exponentiellement, n’y connaissant vraiment rien à ce domaine et j’avais envie d’en savoir plus, de toute évidence. Buvant les mots que tu me balançais, je finissais par comprendre que c’était plus compliqué que ça, une simple œuvre ne donnait pas tout de la personne. « Oh… tu m’expliqueras un jour ? » Parce que oui, ça pouvait potentiellement m’intéresser comme sujet et ça se voyait certainement sur ma posture, sur mon visage. Je voulais en savoir plus, vraiment. Mais tu préférais en savoir plus sur moi et je te donnais suffisamment, pas énormément non plus. Je n’étais pas centré sur ma personne, au contraire. Je préférais de loin écouter les autres et les aider à surmonter leur problème plutôt qu’affronter les miens. « Merci… » Sourire timide, qui pouvait aller à la rencontre de bien des gens, au final. Mais c’était le moment que tu trouvais opportun pour prendre la poudre d’escampette. C’est vrai, une enfant, et un logement non loin d’ici. « Oui oui, t’en fais pas… Et bien sûr, tiens… » Je sors mon téléphone de ma poche pour l’ouvrir sur le clavier numérique afin que t’y entres ton numéro. « Ecris ton numéro, que je t’envoie un message de suite. Tu auras le mien et on pourra convenir d’un moment plus… libre » Sans être pris dans une course contre la montre, de toute évidence.

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« Oh… tu m’expliqueras un jour ? » Mon sourire s’agrandit et je hoche de la tête. " Oui, je pourrais... " J'adorais parler de mon travail, c'était ma passion, alors je pourrais le faire avec beaucoup de plaisir. Suffisait simplement que l'on soit amené à se revoir, mais j'me doutais à sa demande qu'il en avait envie. Je sentais que tu pouvais vibrer de la même façon, toi aussi. Quand un sujet t'enchante. Tu semblais curieux, dans la demande, toujours envie d'en savoir encore et encore. Et la vocation que tu avais choisie était intéressante. « Merci… » Aider les autres, c'était beau et courageux. Et puis, tout le monde n'était pas fait pour ça. J'aurais aimé discuter plus longtemps, mais le temps me presse, juste un trentaine de minutes de libre et je repartais pour la maison retrouver ma fille et libérer la nounou. Peut-être pourrons-nous garder contact tous les deux, se revoir d'ici quelques temps et programmer un moment plus long pour apprendre à se connaitre. « Oui oui, t’en fais pas… Et bien sûr, tiens… » Tu me tends ton téléphone que j'attrape « Ecris ton numéro, que je t’envoie un message de suite. Tu auras le mien et on pourra convenir d’un moment plus… libre » Je tape rapidement et je te redonne ton téléphone portable pour que tu enregistres à ta guise mon profil dans ton carnet d'adresses. " Je t'enverrais un message " dernier sourire et mes doigts te faisait une coucou comme une enfant avant que je ne disparaisse du bar.

FIN DU RP