- dis-moi papa, pourquoi t’es jamais là ?

et comment dire la vérité horrible à un gamin innocent. comment lui dire que maman est morte, et que c’est de sa faute. comment lui dire que dans son visage chérubin, il n’y a que les souvenirs d’un amour fané, douleur omniprésente qui écrase le palpitant. comment lui dire qu’il l’aime, mais qu’il ne peut pas le voir. alors il préfère fuir, devenir une ombre dans le foyer qu’ils partagent. and maybe that's when everything started to go wrong.

- pourquoi tu fais ça tonton ?

leo est un pantin, une marionnette de chaire dont tonton oscar tient les fils. leo sourit, leo approche les gamines – et jamais elles ne le rejettent, mais toujours elles l’abandonnent pour la compagnie de tonton. et leo il ne comprend pas, leo il a des questions, mais personne pour y répondre. parce qu’il n’ose pas demander, n’ose plus demander depuis cette fois où le sourire s’était effacé sur les lippes de tonton. and maybe that’s when everything went wrong. parce qu’il a été trop lâche, parce que le courage lui avait manqué – manquerait encore pendant des mois.

- pourquoi tu la voulais elle tonton ?

le soleil disparait, et leo sait où il est enfermé. il entend ses supplications à travers les lattes du plancher grinçant (( aujourd’hui encore les échos fantomatiques le gardent éveillé la nuit, cœur battant et épiderme suintant – hanté par ses regrets )). leo ne peut plus respirer, leo ne sait plus exister, le poids trop lourd sur les épaules et il suffoque. s’il ne peut pas la sauver, à quoi bon être. alors il ouvre la porte, la suit dans la forêt pour ramener le soleil jusqu’à son ciel. il se fait héros alors qu’il n’est que fraude. and, for once, that’s when everything was wrong right for a moment.

- pourquoi t'as fais-ça tonton ?

il a vu la peine crève-cœur, la terreur paralysante et les retrouvailles larmoyantes. spectateur et acteur, à se châtier pour chaque compliment reçu, chaque remerciement s’enfonçant dans le myocarde comme des aiguilles. il n’a jamais su dire leo, n’a jamais su avouer les horreurs coulant dans ses veines. gamin horriblement seul, les prunelles cherchent les astres quand les ténèbres l’entourent, implorent un peu de réconfort aux étoiles indifférentes. et parfois, quand le cœur menace d’exploser, quand les émotions se tentent à le noyer, il prend papier et crayon – s’abaisse à écrire à l’homme qu’il déteste le plus dans ce monde.

tonton oscar tueur au ruban rouge,
je te déteste. je te hais pour tout ce que tu as fait. pour tout ce que tu m’as fait faire. mais je me déteste encore plus de t’écrire, parce que j’ai personne d’autre, parce que t’es le seul à tout savoir.

je devrais tout leur avouer, quitte à ce qu’ils me quittent. ils méritent mieux… mais je peux pas. je pourrais pas vivre sans eux, ils sont tout ce qu’il me reste… pourquoi t’as fait ça. pourquoi. pourquoi. pourquoi. pourquoi.

l’abysse se ferme sur la silhouette brisée et le silence de minuit avale les sanglots, et demain, il sourira leo. il rira aux éclats, les étincelles de malice plein les yeux. il deviendra quelqu’un d’autre pour se protéger, se couvrira d’une armure d’exubérance pour dissimuler les ruines de son palpitant. and everything was wrong, but he didn’t know how to make it right.