depuis le début du spring break, tu te mets régulièrement la tête à l'envers, parfois même à ne plus savoir comment tu t'appelles. cela fait un moment que ça ne t'étais plus arrivé. et malgré la gueule de bois le lendemain, ça te fait du bien, ça te permet d'avoir un semblant de vie. faut dire que ta vie à boston était devenue d'un ennui ces derniers temps.. fort heureusement, peu de temps avant de venir faire la fête au mexique, t'avais enfin réussi à décrocher un nouvel emploi. quelque chose qui te ressemblait beaucoup plus. en te réveillant ce matin, t'avais une sacré gueule de bois. après avoir avalé un aspirine, tu te décides à descendre pour te rendre directement au bar, histoire de commander un jus de fruits frais pour bien te réveiller. accoudé au bar, tu regardes les gens autour de toi, ton regard s'arrêtant sur une tignasse brune qui te tournait le dos. tu fronces les sourcils, remerciant le barman qui pose le verre à côté de toi sur le bar. t'attrape ce dernier, te dirigeant vers cette fameuse demoiselle. ta main qui se pose sur son épaule pour qu'elle se tourne vers toi. c'est vraiment toi .. ? que tu demandes, un peu sous le choc. tu la regardes, bouche entrouverte. elle est là, devant toi. elle est magnifique. si on m'avait dit que j'te retrouverais ici, j'aurais certainement pas cru à ces conneries. tu sais pas trop quoi dire, tu vois à sa tête qu'elle est aussi désorientée que toi. elle ne peut pas s'enfuir ici. c'est l'occasion ou jamais.

@Leilah Nasbi-Angermann

Soirées qui s'enchaînent. Alcool bien trop souvent présent dans ton organisme. Le Spring Break, endroit paradisiaque. Cadre idyllique. Édénique et divin. Orion t'en avait déjà parlé. De cet endroit à couper le souffle. De cette période essentiellement plongée dans l'ivresse, adulée par tous les étudiants fêtards . Des souvenirs mémorables que t'allais garder précieusement toute ta vie. La tête en compote. Elle tourne depuis le réveil. Tu ne te sens pas forcément bien. Subissant les ravages de ce nectar que t'as ingurgité toute la nuit dernière, sans ménagement. Effet nocif sur ton crâne. T'avais quitté Reyna tôt ce matin. Histoire de décuver discrètement. Sachant pertinemment que le bar serait vide à ce moment-là. Enfin, presque vide. Ta boisson revigorante et rafraichissante à la main, tu sursautes dès lors qu'une main vient se poser sur ton épaule. Sans prévenir. c'est vraiment toi .. ? Les opales qui s'écarquillent. Tu fais volte-face. Cette voix. Tu la connais. Un peu trop bien. Et c'était pas une bonne chose. Bien au contraire. T'hallucines. Qu'est-ce qu'il fait ici ? Comment ? Comment t'avait-il retrouvé ? Fantôme de ton passé qui ressurgit devant toi. Le teint livide, blanchissant rapidement. Blême, déboussolée. Bouche qui s'ouvre, complètement stupéfaite, avant de se refermer brutalement. Sourcils qui se froncent. Les mains qui tremblent. Tu t’écartes, blafarde. Emotion intense qui envahit tout ton être dès lors que tu comprends les conséquences de ces retrouvailles.  Tu le dévisages longuement. Il n'avait clairement pas changé depuis la dernière fois. Un brin plus grand, voir même plus imposant ? "Enzo ? Mais..." Tes jambes faiblissent à vue d'oeil. Flageolants, incapables de te tenir davantage. Tu te fais violence pour rien laisser paraître. Peine perdue. "T'as raison, tu ne m'as jamais vu ici. Tu fais erreur...Je... Je pars de mon côté et tu fais comme si tu m'avais jamais vu..." tu décrètes, reculant encore de quelques pas. Oui voilà. Il se trompe. Vous vous leurrez tous les deux. Ça ne peut pas être réel.

tu ne t'attendais pas du tout à retrouver leilah ici. à vrai dire, c'était la dernière personne que tu pensais voir au spring break même revoir tout court un jour. la réaction de la jeune femme ne se fait pas attendre, elle semble être autant sous le choc que toi, si ce n'est plus. t'es sûr de toi lorsque tu entends le son de sa voix, lorsque ses pupilles rencontrent les tiennes. un bref regard suffit pour que tu saches qu'il s'agit bien de la leilah à qui tu as passé la bague aux doigts il y a quelques temps. te fous pas de moi, s'il te plait. que tu rétorques, levant les yeux au ciel comme pour montrer que son comportement n'est pas digne d'une adulte. t'aurais très bien pu faire comme si de rien était, t'aurais très bien pu passer à côté d'elle sans même lui prêter un seul regard mais c'était plus fort que toi. tu étais marié à une femme que tu ne connaissais absolument pas et une partie de toi avait fortement envie de la connaître. après tout, même si vous aviez été mariés de force, ce n'était pas une raison pour se détester. viens, on va s'installer là-bas pour discuter. que tu lui proposes tout en lui attrapant le poignet pour aller t'asseoir sur un canapé libre. toi à côté d'elle, cette proximité est limite étrange. arrête de me regarder comme si j'avais la peste. j'suis pas méchant et j'mords pas, promis. que tu finis par lui dire tout en soupirant.

Un pas hésitant. Tu chancèles dangereusement. Tes jambes flagellées, prêtes à se dérober sous ton poids. Dès que ton regard apeuré se pose sur le sien. Pourquoi était-il là ? Debout devant toi. Ici, au Mexique. Pas une seule seconde t'avais envisagé ce scénario. Tout du moins, pas aussi rapidement. Tu t'en doutais Leilah, qu'un jour ou l'autre, on finirait par te retrouver. Et te ramener de force chez toi. En Israël. Mais t'avais pas imaginé que ce jour arriverait aussi vite. Genre maintenant. T'es abasourdie. Ne sachant pas trop comment réagir face à lui. Préférant miser sur la carte de l'insouciance. Ignorance qui vient prendre possession de tes traits. Priant pour qu'il fasse erreur. Te fous pas de moi s'il te plait. Tes traits qui se durcissent face au ton qu'il emploie. Et merde. C'est bien lui. T'en es certaine à présent. Et qu'est-ce que t'étais censée faire maintenant ? Te dérober ? Fuir ? Opales qui tentent d'apercevoir une traversée possible jusqu'à la sortie. Jusqu'à ta liberté. Mais il se tient devant elle. Devant ton issue de secours. Rempart qui se dresse devant toi. Ses doigts qui viennent agripper ton poignet. Sans crier gare. Tes lippes qui s'ouvrent pour laisser échapper un râle de mécontentement. Sourcils qui se froncent. Désemparée face à cette violence nouvelle. T'as pas le temps de protester. Ni la force de t'en dégager. Forcée de le suivre jusqu'au canapé. Résignée, tu ne peux t'empêcher de laisser ton regard dériver dans sa direction. Enzo, il n'a pas changé. Toujours aussi imposant. Toujours aussi séduisant. Charisme qui transfigure de part et d'autre de son être. La façon dont il te regarde, en cet instant, te donnait l'impression qu'il pouvait lire en toi à livre ouvert. Tu détournes les yeux, gênée. Soupir qui vient s'échapper de ses lèvres. Essayant de te raisonner. De te faire comprendre qu'il n'était pas si méchant qu'il en avait l'air. Il ne comprenait pas… "C'est pas ça Enzo…" tu commences, lippe mordillée, décontenancée. "C'est pas toi le problème…ça ne l'a jamais été, et tu le sais très bien…" T'en avais bien conscience, mais t'arrivais pas à passer outre. Dans d'autres circonstances, t'aurais pu être heureuse d'être sa femme. Vraiment. Mais pas aujourd'hui. On t'avait uni à lui. Contre ta volonté. Ton âme lui appartenait. Et ça, tu ne pouvais l'accepter. Ta liberté, tu ne pouvais pas t'en passer. Plus maintenant. Plus jamais. Et t'avais bien l'intention de faire échouer cette union. Par tous les moyens. Prends du recul Leilah. T'inspires, tentant vainement de garder un semblant de calme. Quand bien même ta poitrine t'élance. Palpitant qui ne cesse de s'agiter depuis qu'il est apparu. Ses doigts toujours accrochés à toi. Contact qui ne te fait plus mal. Contact familier qui devenait bien plus agréable que tu ne l'aurais imaginé. Alors, tu te tais. Laissant davantage son corps avoir une emprise sur toi. "Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu… Tu participes au SB ?" cette question te brûle les lèvres. Parce que t'es pas prête d'en connaître la réponse. Simple coïncidence qui se retrouve lui aussi au Mexique ? Certainement pas.

tu ne peux pas la laisser s'échapper, hors de question. elle a l'air tout aussi étonnée que toi de te retrouver ici. il faut dire que vous ne vous êtes pas vus depuis un long moment. elle n'a pas changé, toujours aussi jolie. leilah elle a ce quelque chose dans le regard que tu as toujours trouvé intriguant. elle est mystérieuse, ça t'intrigue. l'envie d'apprendre à la connaître, peut-être le moment opportun pour assouvir cette envie, même s'il n'est pas certain qu'elle ressent le même besoin que toi. tu l'obliges en quelque sorte à te suivre jusqu'à un canapé, sachant très bien que de son plein gré elle n'aurait jamais accepté une telle proposition. t'es un bourreau pour elle pourtant.. vous vous retrouvez dans la même situation. mariés à contre cœur. tu ne voulais pas de ce mariage. toi qui a toujours pensé que la première fois que tu passerais la bague au doigt, ce serait un moment magique, plein d'émotion. loin d'être le cas, ça avait été un moment gênant. je sais que tu ne veux pas apprendre à me connaître mais je pense que ça pourrait être plus simple pour tout le monde. que tu réponds, haussant les épaules. ouais, t'es quasi certain que ce mariage serait moins dur si vous vous connaissiez. j'veux dire.. on est pas obligés de faire des trucs de couple, juste .. se connaître. que t'ajoute pour pas passer pour un profiteur. tu veux pas qu'elle pense que tu veux profiter des plaisirs de la chair ou autre. non, ce n'est pas du tout le cas. oui, tout comme toi je profite du spring break. petit sourire, hochement de tête. c'est marrant de se retrouver ici.. j'aurais jamais misé sur ça.

@Leilah Nasbi-Angermann