Putain, mais quelle semaine de merde ! Qu’est-ce que j’avais bien pu faire au karma pour qu’il se décide à foutre autant la merde à l’intérieur de mon existence ?! Non, sérieusement, la question cognait à l’intérieur de mon esprit. À croire que cette semaine, tout avait été choisi pour me faire chier. À croire qu’il avait été décidé qu’on devait me rendre complètement fou. Tout avait commencé Lundi lorsque je m’étais pris la tête avec Lukas sur des sujets sensibles. Le jeune homme avait essayé de me sous-tirer un certain nombre d’informations sur moi, sur mon passé, sur mon présent… Enfin il cherchait plus précisément à en découvrir plus sur l’argent que je gagnais pour payer mes médicaments pour mon trouble Borderline d’autant plus que, dans un état secondaire, je lui avais vaguement parlé de la rue. Mais, putain, je n’avais pas voulu céder face à ses interrogations. Il en savait déjà tellement sur moi. Il avait eu le droit à beaucoup plus de confessions que la plupart des personnes de mon existence. Je n’étais pas encore prêt pour lui parler de tout. Je n’étais pas encore prêt à avouer que je me prostituais. Non. Je ne pouvais pas. Pas tout de suite. Puis, zut, tout ce que je lui avais déjà dit aurait dû lui suffire… Mais non, bien sûr. Il tentait encore et toujours de déchiqueter mon être afin de trouver le moindre de mes secrets et ça m’avait rendu dingue. Complètement dingue au point où j’avais fini par prendre ma moto pour m’éloigner de Cambridge. J’avais roulé un moment avant de trouver un endroit suffisamment isolé et éloigné de toute habitation. J’avais roulé une bonne heure avant de me poser dans un champs où j’avais passé une partie de ma journée à shooter sur des canettes avec mon flingue pour me calmer. À cause de ma jambe droite, je ne pouvais toujours pas boxer… Ou en tout cas, pas suffisamment pour me calmer alors tirer sur des canettes m’avait semblé préférable à l’idée de prendre le risque de heurter ma jambe. Et, ça avait plutôt bien fonctionné. Au départ en tout cas. Bien sûr, lorsque j’avais cru m’être calmé et que je pensais avoir repris le contrôle, j’avais  de nouveau écris à Lukas. Et, malheureusement, il avait su me rendre encore plus dingue. Il avait su me faire perdre mon calme et pas de la bonne manière. Tirer ne m’avait plus suffit à tel point que j’avais fini par prendre une bouteille en verre de mon sac à dos. Une bouteille que j’avais cassée afin de récupérer un morceau de verre que j’avais fini par faire glisser sur mon avant-bras gauche. Résultat ? Je me retrouvais avec une putain d’entaille sur le bras et j’avais clairement mal calculé mon coup parce qu’à chaque fin de soirée de boulot, je souffrais le martyr tant ça tirait dessus. Lundi avait été assez horrible… Un véritable ascenseur émotionnel qui m’avait foutu en l’air pour toute la semaine. Heureusement pour moi, Nixon était venu me retrouver dans ce champs et il avait prit soin de moi comme il le faisait toujours. Il avait su me calmer et m’apaiser réellement. Et, j’avais pu récupérer de cette atroce journée en me calant dans ses bras toute la nuit. Je m’étais senti tellement mieux aux côtés de Nixon. Je m’étais senti si bien que l’idée d’une relation exclusive avec le sexy tatoué m’avait de nouveau traversé l’esprit. Une idée que j’avais bien vite repoussée parce que je ne pouvais pas imposer mon trouble à une seule personne et puis, dans le fond, malgré tout, j’avais besoin de Lukas. Mon karma ne s’était bien sûr pas limité à une journée catastrophique. Mardi, j’avais évité de parler à Lukas parce que je ne voulais pas prendre le risque de dérailler de nouveau. Néanmoins, j’avais accepté de le conduire à son rendez-vous chez le psy parce que je m’y étais engagé avant toute cette histoire. Je l’avais conduis et j’avais dû poiroter des heures à l’extérieur. Des heures à l’attendre et à m’inquiéter avant de le ramener chez lui et de filer faire mon service au bar. J’étais ressorti de cette journée complètement épuisé. Et voilà que nous étions mercredi à présent. L’enfer ne s’arrêtait pas pour autant de me poursuivre. J’avais trop peu dormi, très mal dormi. Mon père était revenu hanter mes cauchemars en plus des horribles images du métro alors autant vous dire que ce n’était pas la joie à mon réveil. Encore plus lorsque Lukas m’avait confié qu’il n’allait pas bien. Je m’étais alors rendu chez lui quittant le studio de Nixon pour me faufiler dans le lit de Lukas. Il s’était endormi à mes côtés tandis que je m’étais contenté de somnoler. Je n’avais guère pu me reposer. Je n’avais pas pu dormir suffisamment. De toute manière, mon réveil m’avait rapidement tiré hors de ce temps de repos et je n’avais pas eu d’autres choix que de quitter Lukas pour rejoindre le campus puisque mon professeur d’ingénierie m’avait donné un rendez-vous. Le stress m’avait tordu le ventre toute la durée du trajet quand bien même je me doutais déjà du sujet que nous allions aborder. Lorsque je m’étais retrouvé face au professeur, il m’avait informé de la nouvelle dont je me doutais : j’avais complètement foiré mon dernier devoir et cela ne me ressemblait pas. Même lorsque je pataugeais sur le sujet, je finissais quand même par m’en sortir.  Mon professeur m’avait alors questionné pendant de longues minutes sur mon état de santé et j’avais babillé autant que je pouvais sans me mettre dans les ennuis parce qu’il était hors de question qu’on m’envoie consulter un psychologue. Mon prof avait fini par se montrer compréhensif me donnant un devoir supplémentaire pour m’exercer et rattraper le tir. Savoir que l’horreur me coursait au point de me faire rater des devoirs me rendait complètement malade et angoissé… Mais, j’avais une chance de corriger les choses avant que l’enfer ne s’abatte vraiment et je devais la saisir.

Je sortais de l’université hésitant sur le programme que je devais suivre. Il aurait sans doute été préférable que je me rende à la bibliothèque afin de boucler ce devoir avant le départ de vendredi au Spring Break. Néanmoins, je n’avais aucune envie d’être enfermé dans le temple du savoir. Je ne voulais pas risquer de faire une crise de panique là-bas parce que, vu mon état fébrile de ces derniers jours, le risque était trop présent. Un soupir passa la barrière de mes lèvres tandis que je consultais mon téléphone. Je n’avais toujours pas de nouvelles de Lukas et il dormait encore sans doute. En revanche, je savais que Nixon était dans l’atelier sur le campus et j’avais clairement la possibilité de le rejoindre. Est-ce que je devais le faire ? J’en mourrais d’envie. Mais, ce n’était pas de cette façon que j’avancerai sur mon travail. Alors quoi ? Je m’éloignais de plus en plus du campus me rapprochant alors de mon appartement tout en sachant que je ne voulais pas m’enfermer entre les quatre murs de chez moi. Non. Pas encore. J’arrivais en bas de mon immeuble et le coup de tête me prenait. Je me dirigeais vers ma moto l’enfourchant rapidement avant de partir en direction de Charles Street. Le trajet fut beaucoup plus rapide en moto qu’en taxi. En une vingtaine de minutes, j’étais dans la bonne rue et j’avais même trouvé une place pour ma moto. Secouant la tête pour remettre mes cheveux en place après avoir retiré mon casque, je finissais par me mettre en marche à la recherche d’un café attirant dans lequel me poser. Ouais, travailler dans un café semblait être le meilleur des compromis que j’avais pu trouver. J’allais travailler sans être réellement fermé quelque part. J’allais m’avancer sans pour autant me coincer dans une atmosphère trop studieuse. Tirant une cigarette de mon paquet, je la glissais entre mes lèvres l’allumant rapidement sans jamais cesser ma recherche. Mes yeux se baladaient à droite, à gauche, à droite, à gau… Wait… Attendez… Je retournais vivement la tête et putain ouais c’était bel et bien lui. Je le voyais là. À quelques mètres de moi. Mon cœur cognait plus fort. Mon ventre se tordait un peu trop agréablement. Bartholomew était là. Bart’ il préférait. Je me stoppais net alors qu’un sourire joueur se dessinait sur mon visage suite à ces retrouvailles totalement imprévues et pourtant tellement bienvenues – pour moi en tout cas. Bart’… Je l’avais rencontré des semaines plus tôt au Lord Hobo et je devais vous confier que j’avais vraiment bien accroché avec lui. Le même caractère… Des sujets de discussions… C’était vraiment top d’avoir quelqu’un comme lui comme client au Lord Hobo. Ça me poussait à aimer encore plus mon métier de barman. Bart’ avait passé sa soirée accoudé au bar et j’avais passé ma soirée à discuter avec lui autant que le boulot pouvait me le permettre. Il avait beaucoup bu ce soir-là et j’aurais peut-être dû refuser sa proposition d’aller boire un verre chez lui après mon service juste pour éviter des situations gênantes qui me feraient cogiter. Mais non… Je n’avais pas été fichu de refuser son invitation. Damn, pourquoi l’aurais-je fait ? Je passais un excellent moment en sa compagnie et je n’étais pas contre l’idée de le prolonger toute la nuit. D’autant plus qu’il était fichtrement attirant. Je n’avais aucune raison de me priver de cet instant et j’avais fini par le suivre avec plaisir chez lui. Chez lui où j’avais pu me lâcher acceptant de boire quelques verres. Je n’avais pas suffisamment bu pour perdre le contrôle. Je n’avais pas suffisamment bu pour oublier ce que je faisais. Aussi, lorsque j’avais couché avec Bart’, j’étais parfaitement conscient et désireux d’un tel corps à corps. Une nuit mouvementée qui m’avait comblé. Une nuit que j’avais adoré. Au petit matin, je m’étais réveillé dans le lit de Bart’ après une nuit sans cauchemars et je m’étais mis à penser à cette excellente nuit que je ne regrettais pas le moins du monde. Je m’étais simplement mis à penser au fait que je serais même partant pour d’autres rounds. Néanmoins, quelque chose clochait et l’atmosphère était devenue anxiogène à tel point que je n’avais pas tardé à rentrer chez moi. Et, après mon départ, Bart’ s’était transformé en l’homme invisible. Il ne répondait à aucun de mes messages. Il ne m’offrait pas la moindre nouvelle. Rien de rien. Je ne comprenais pas le problème. J’avais cru qu’il agissait comme ça pour me faire comprendre que je n’étais qu’un coup d’une fois. Mais, petit à petit, je m’étais mis à cogiter. Je m’étais mis à me demander si le problème venait de moi. Peut-être que Bart’ n’avait pas apprécié cette nuit. Peut-être qu’avec le recul, il s’était rendu compte de mon horreur et d’à quel point je le dégoûtais. Putain, j’en savais rien et cette histoire avait pollué mes pensées pendant de longues journées. J’avais fini par m’en remettre. Totalement. J’avais presque même fini par l’oublier… Mais, la vie était une garce hein et c’était lorsqu’on pensait avoir rangé une histoire au placard qu’elle se pointait sous notre nez. Bart’ se tenait là à plusieurs mètres de moi et mes yeux ne parvenaient pas à le quitter. Je l’avais vu. Et, je savais qu’il venait de me voir aussi parce qu’il se stoppait dans la rue en me fixant. Alors quoi maintenant ? Est-ce que je devais jouer au mec qui ne l’avait pas vu ? Est-ce que je devais le laisser approcher ? Est-ce que je devais m’approcher ? Tirant sur ma cigarette de mes doigts tremblants, j’avais fini par m’approcher de lui sans hésitation. Merde. Cette occasion était trop belle et elle ne se représenterait sûrement pas alors autant que je saisisse cette chance. Ce coup du destin. Sourire collé aux lèvres, je me pointais juste devant lui pour être certain qu’il ne pourrait pas jouer au mec qui ne m’avait pas vu. Bart’ arborait alors un sourire gêné me saluant et me demandant comment ça allait. Il essayait tellement d’avoir l’air à l’aise et normal. Mais, bordel, il ne l’était pas et ça m’amusait beaucoup trop. Passant lentement ma langue sur mes lèvres, je finissais par répondre « Bonjour Bart’ ! J’vais bien. Et toi alors ? Complètement remis ? » Remis de sa gueule de bois. Remis de cette nuit. Remis de son éloignement. Je jouais sagement. J’étais ce gosse beaucoup trop gentil et tellement poli. Je me comportais de façon trop douce alors que, merde, j’aurai pu me mettre à gueuler pour tenter de comprendre pourquoi il ne m’avait pas donné de nouvelles. Oh… Tiens… D’ailleurs, Bart’ finissait par s’excuser de ne pas avoir répondu à mes messages et il me sortait l’excuse de base. Vous savez l’excuse que tout le monde utilisait. L’excuse la plus ringarde du monde à tel point que je répétais simplement « Pas mal pris… » penchant la tête sur le côté avant de croiser mes bras sur mon torse comme pour lui dire que je ne le croyais pas. Qu’il ne pouvait pas me baratiner comme ça. Je savais qu’il m’évitait. Mais, soudainement, il me prenait au dépourvu en m’annonçant qu’il avait du temps libre et en me demandant si je voulais qu’on fasse un truc. J’haussais un sourcil clairement surpris de la proposition qui venait de tomber. Je mordillais nerveusement ma lèvre baissant les yeux sur le sol. Zut… Qu’est-ce qu’il entendait par faire un truc ? Parce que, merde, si c’était pour parler, je n’étais pas en état de supporter ça moi. Pas aujourd’hui. Pas après cette semaine merdique que j’étais en train de passer. Quoique… J’avais le pouvoir de transformer toute discussion en autre chose. Je savais jouer de mes charmes. Je savais me servir de mon corps pour rendre fou. Portant ma clope à mes lèvres, je tirais dessus trop lentement faisant traîner ma réponse. Je finissais par m’approcher d’un pas réduisant l’espace entre Bart’ et moi. Ma main libre se déposait sur son torse. Mon corps se collait un peu trop au sien et je mordillais ma lèvre un instant. Mes prunelles s’accrochaient aux siennes. Et je susurrais « On peut aller chez toi si tu veux… » avant de passer lentement ma langue sur mes lèvres. Un sourire amusé ne tarda pas à se dessiner sur mon visage. Je reculais sagement de deux pas comme pour remettre une distance entre lui et moi, comme pour lui permettre de réellement choisir. Et, un air un peu trop innocent sur le visage, je demandais soudainement.

Enfin… Vu ta façon de m’éviter après la nuit qu’on a passé, tu préfères peut-être qu’on aille dans un café ?