Dimitri A. Marriott-W & Aubrey Nicholson

J'ai pris une chance, mais tu sais que si un jour t'as besoin, j'atterris d'urgence

C’était une nuit paisible. Une nuit que j’avais cru me réveiller paisiblement, mais mon cerveau en a décidé autrement. Je m’étais réveillé en sueur, j’étais retombé sur terre rapidement, m’accrochant au matelas en me demandant si tout cela était réel. J’avais fixé le plafond en reprenant ma respiration avant de chercher à tâtons ma lampe de chevet. Quelques mèches de cheveux plaqué sur mon front je file vers la douche pour me changer les idées. J’y avais cru pendant un moment, j’avais cru entendre les coups de feu, j’avais cru entendre les cris de mon père. Mais ce n’était pas réel, il était toujours derrière les barreaux, bien loin de moi, bien loin de ma nouvelle vie. Je reste un moment sous la douche n’arrivant pas à reprendre le contrôle de mes pensées. Je sors de sous l’eau chaude, les cheveux plaqués sur les joues et je me rhabille avant de retourner à ma chambre. Je me pose sous mon lit en tailleur en pensant à Dimitri. En pensant que lui aussi il avait su faire appel à moi dans ses tourments. Bien trop fière, j’aurais envie de faire le contraire. Mes doigts se lancent sur l’écran tactile, l’envie est plus forte que la raison encore une fois. Il accepte de venir me rejoindre et mon ventre se charge d’électricité. Je me laisse tomber sur le lit en soupirant, en me tapant la tête avec mon oreiller. De plus en plus je me sentais stupide et faible. Je lui en veux terriblement de me faire sentir comme ça. Par chance je joue bien au jeu de la dissimulation. Subtilement, je sors de ma chambre en ne faisant aucun bruit. J’avais appris à le faire déjà à un très jeune âge et je connaissais chaque parcelle du plancher qui pouvait grincer dans l’appartement. Je descends rapidement et je l’attends sur le trottoir. Je le regarde au loin avec un grand sourire pendant que nous continuons à nous échanger des messages, puis il finit par arriver à ma hauteur. «T’es toujours aussi insomniaque à ce que je vois.» Et moi je suis quoi ? Je prends sa main et je grimpe de nouveau dans l’immeuble. J’ouvre tranquillement la porte en me retournant vers lui en posant mon index sur mes lèvres. Je retire mes souliers mon manteau et j’attends qu’il en fasse de même, avant de les prendre et les cacher dans ma chambre. Je le fais passer avant moi et je le suis rapidement. Ma chambre est éclairée que d’une faible lumière. De nombreuses photos se retrouvent au-dessus de mon bureau en désordre comme à son habitude suivit de mes nombreuses mentions sur le tableau d’honneur au lycée et à Harvard. Je me pose sur mon lit d’un bleu cyan parfaitement agencé au mur gris de ma chambre. Je l’attire vers moi pour qu’il s’assoie à côté de moi. Je le couvre de la couverture en chuchotant. «Je te manquais ?» J’ai l’impression d’être adolescente avec lui.  Le besoin trop grand de se voir en cachette trop impatient pour attendre. Vivre ce que je n’ai jamais vécu pendant ma puberté et me laisser m’enticher.

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J'ai pris une chance, mais tu sais que si un jour t'as besoin, j'atterris d'urgence

C'est sans doute une très mauvaise idée. Bien que mon père ne m'ait jamais privé de ma liberté il ne supporte pas que je fasse des choses dans son dos. Encore moins avec Dimitri. Il n'a pas eu une bonne impression de lui dès le départ. Toute la drogue avait disparu de ma chambre et j’avais réussi à dissimuler un dernier somnifère sous mon matelas. Peut-être en guise de souvenir, je n’en sais trop rien, j’avais eu ce besoin de le faire. J’étais bien plus insomniaque qu’il ne pouvait le croire, seulement c’était la première fois que je lui demandais de me rejoindre. J’avais l’habitude de rester seul et à foncer la tête dans les livres en attendant le lever du soleil, mais depuis notre dernière nuit, j’avais envie d’essayer autrement. Il ose dire avec confiance qu’il me manquait et pendant un moment je fige avant de lui tirer ma langue à mon tour. Les mots me manquent, car il a raison, mais je veux continuer de lui faire croire le contraire. Il est le premier homme à venir dans mon lit à l’appartement et j’imagine qu’il doit s’en doute. «Oh c’est chou que tu penses ça, parce que je suis accro à personne.» Je le regarde déposer son téléphone sur la table de chevet et j’en fais de même. Je lance un dernier message à Lydia, la mettant au courant de ma nuit avec Dimitri pour me sauver les fesses si notre père aurait la brillante idée de rentrer sans m’avertir. Ce qui n’arrive jamais. Je veux bien qu’on soit isolé cette nuit, aucun message pour briser notre intimité et la couverture qui nous sert de bulle. Je me rapproche de lui pour continuer de chuchoter à voix basse. «Les mêmes raisons qu’à l’habitude ou quelque chose d’autres te tracasse ?» Son insomnie est une routine, mais il me laisse croire cette fois qu’il y a quelque chose qui trame dans sa tête et ma curiosité est sans faille. Je me glisse un peu plus sous la couverture en m’allongeant sur le matelas. «Merci d’être là.» dis-je un sourire un coin. Je me sentais plus légère depuis qu’il était rentré dans la pièce. Je voyais mes souvenirs s’effacer et je sentais que ce soir je serais ouverte à la confidence. Prête à ouvrir un peu plus ma coquille encore une fois. C’était si dur et si désagréable, de percevoir que de plus en plus qu’il commençait à faire partir de ma routine et même à être vital. Pourtant la raison était simple, l'interdit m'a toujours attiré. Elle me permet de flotter.

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Il est tendu et ça se sent rapidement. J'essaie d'en venir au fait rapidement pour comprendre ce qu'il a. Je ne suis pas d'une grande écoute ce soir, ma tête est embrumée et je dors mal. Alors bien que je cherche à comprendre ce qui le tracasse, j'ai l'impression que ses explications rentrent par une oreille et sort pas l'autre. Je le regarde se glisser à mes côtés. Je me rapproche de lui en écoutant ce qu'il me dit et sa peau froide frôle la mienne qui brûle légèrement d'être sous le drap.   De cette façon, on peut chuchoter sans se faire entendre et je sens son souffle sur mon visage. Je fronce les sourcils en écoutant ce récit sans queue ni tête. J'avais pourtant joué les entremetteuses entre Mélu et Tiago ces dernier temps, mais je n'aurais jamais osé créer une conversation whataspp pour les forcer à engager une conversation. Et si on m'aurait fait le coup, j’aurais vu rouge en un rien de temps. «Sympa l'amie.» Je roule les yeux au ciel. Une tromperie serait un pas de trop pour moi aussi. Rancunière sans limite, j'ai beaucoup de mal à pardonner les erreurs des autres, encore plus si on me poignarde en plein dos. Mais sur le coup, que son ex revienne sur le tapis m'énerve. Un frisson parcourt mon dos et je réprime un visage de dégouts. Et s'il a bien chose que tu dois savoir sur moi Dimitri c'est que je déteste passer en deuxième. Je ne prendrai jamais la deuxième place et on ne parle pas de ses exs devant moi. Je l'ai bien mentionné à notre premier rendez-vous, mais il faut croire qu'il a rapidement oublié. «Ton ex tu dis ?» dis-je froidement. Je me redresse dans le lit et je passe par-dessus lui. Je plonge mon regard dans le sien et j'approche mon visage dangereusement du sien. Je viens prendre le contrôle sur ses lèvres en glissant rapidement langue pour venir chercher la sienne. Il est sans doute pris par surprise, mais je m'applique sur ce baiser en essayant de lui rappeler ce que nous avons déjà échangé. Puis, je le lâche en mordillant sa lèvre en relâchant sa bouche pour me laisser tomber à ma place initiale. «T'as raison il a rien de pire que la tromperie. C'est impardonnable selon moi.» Je le regarde sérieusement avant de lui faire un sourire en coin. Je me cale de nouveau sous la couverture en me positionnant sur le côté pour le regarder, dessiner ses traits dans la pénombre que je commence à connaitre par coeur.  

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J'ai pris une chance, mais tu sais que si un jour t'as besoin, j'atterris d'urgence

Brusque et sauvage, je suis égoïste vous me direz. Mais c'est plus fort que moi et ça toujours fait partie de moi. Enfant unique, je n'avais pas besoin de partager toute mon attention avec une autre personne et depuis ça se perpétue un peu partout dans ma vie. Ça me démange et même que ça me rend un peu agressive. Et ce baiser était farouche, comme si j'avais besoin de le marqué, alors qu'il ne m'appartient pas. Et je suis trop orgueilleuse pour admettre que ce n'était pas délicat. Ce soir, c'est lui et moi et personne d'autres. Autrement, il ne serait pas dans ma chambre à l'heure qu'il est. Je peux accepter de dormir avec Lydia ou même avec mon père, mais certainement pas avec un homme et je ne comprends pas que Dimitri ne le remarque pas. Je tempère du mieux que je peux en moi le feu qui se soulève. Mais il revient à la charge en me parlant de la mère de Thais. Je me mords l'intérieur de la joue pour ne pas dire une connerie. Il s'excuse avec un peu de maladresse prétextant que personne ne le comprend. Je prends mon oreiller et l'écrase contre mon visage en soupirant, avant de le frapper doucement avec celui-ci, pour ne pas faire trop de bruits. Je continue de chuchoter mais mon ton est plus énervé.  «Tu oses dire que personne ne te comprends devant moi. » Je souffle en regardant le mur en croisant les bras. Comme une enfant. «Je ne comprends rien à l'amour Dimitri en effet. Mais je t'écoute quand tu as besoin et je suis là pour toi tu ne peux pas le nier.» Ma jalousie reste près de moi, comme une tempête et elle n'a pas envie de partir. Je me perds je ne comprends plus pourquoi je suis autant à cran. «Selon moi quelqu'un qui trompe la personne avec qui elle est en couple, n'a pas le droit d'oser dire qu'elle l'aime. Et c'est pareil dans les cas de violences ou de manipulation.» Je m'emporte en repensant à mon père. Je n'arrive plus à le chasser de ma tête depuis que je suis réveillé. Je me retourne pour lui faire dos en essayant de chasser les images. «C'est toxique, c'est tout ce que j'ai à comprendre.» Mes mots retombent encore silencieusement, puis je me détends doucement. «Mon père a battu ma mère toute sa vie...alors pour moi l'amour ne rime à rien...» Alors oui je manque de tact dans ce sujet, encore plus quand on me fait passer en deuxième. Puis j’ai lâché cette information sans le vouloir, mais avec tous ses cauchemars au pied de la porte, je m'emporte. J'avais juste envie qu'il soit là ce soir et le reste, j'avais bien envie de l'envoyer valser.

Dimitri A. Marriott-W & Aubrey Nicholson

J'ai pris une chance, mais tu sais que si un jour t'as besoin, j'atterris d'urgence

C'est mal de penser ainsi. C'est mal de s'emporter pour si peu, mais j'aimerais qu'il ne pense pas à son ex ce soir. Il tente de se rattraper en disant qu'il ne me visait pas, mais les mots ont déjà été pesé et les petites flammes dansent sous mes yeux. Finalement, nous arrivons à la même conclusion. «Alors, j'espère sincèrement que tu nous retourneras pas avec elle. Il faut savoir reconnaitre sa valeur.» Et c'est ce que j'espérais au fond de moi quand j'intervenais dans les organismes centré sur les femmes. J'espérais voir leur reconstruction selon leurs différentes histoires. Qu'elles comprennent qu'elles pouvaient défoncer toutes les barrières si elles en avaient envie. Comme Dimitri arriverait à le faire, s'il tirait un trait sur certaine chose. Laisser ses épreuves bien ancrées dans le passé pour éviter de les réitérer dans le présent et même dans les futurs évènements. En m'apportant dans mes idées, je l'ai perdu en chemin. J'oublie par moment que je suis adopté, tant la vie chez les Nicholson me semble naturelle et innée. Je secoue la tête à sa question en voyant son regard remplis d'incompréhension lui signifiant que je ne parle pas de Daryl. Je soupire avant de me lancer. «Mon vrai nom n'est pas Nicholson. Je m'appelle Aubrey Wheeler à la base. Daryl m'a adopté à l'âge de 17 ans.» Je revois encore les images de l'arrestation de mes parents. De cette forme imposante qui a apparu dans la noirceur de la nuit pour la première fois. Mon monde s'est évanoui ce jour-là. Ma stabilité imprégnée du chaos a sombré et j'ai perdu tous mes repères. Parce que même dans le néant on arrive à retrouver le nord par moment. J'évite le regard de Dimitri, en essayant de me confier. Tiago et Peyton étaient les seuls à savoir tous les détails de ma vie. Alors le gros morceau, cette grande confidence que je m'apprêtais à lui livrer était pour moi une épreuve. Je me montrais complètement vulnérable. «J'ai grandi dans un trafic de drogues, c'est pour ça que mon père s'est emporté la dernière fois. Je vendais comme j'en prenais aussi et je protégeais les membres comme on me protégeait aussi. J'ai commencé à vendre à l'âge de 12 ans je crois...C'était mon quotidien. » Et pourtant je suis stable maintenant. Faut croire que les miracles existent encore.