Arrachée de New York par la force, la ville de Boston s’est imposée dans sa vie sans qu’elle n’ait la moindre envie. Fuir, c’est ce qu’elle a longtemps essayé. Peu importe où. Comme pour rechercher une certaine liberté. Loin des drames familiaux. Mais paradoxalement, c’est dans ses rues qu’elle s’est réfugiée. Pas dans ses grandes allées bondées mais dans ses petites ruelles étroites et peu fréquentées aux allures malfamées. Pas que des allures finalement. Parfois, il vaut mieux les éviter pour ne pas attirer la vermine. Mais pas que. Il y a aussi des artistes qui colorent les murs, des danseurs qui improvisent des chorégraphies et des musiciens qui jouent du saxophone. Il y a des airs de Harlem et du Bronx. Finalement, Boston n’est pas si mal. La vermine et artiste en elle s’y plait.

Silencieuse comme la nuit…
Souvent seule, elle donne l’impression de s’épanouir dans la solitude. Elle parait froide et inaccessible mais ce n’est qu’une sensation. Quoique… la demoiselle ne se livre pas facilement. Une certaine méfiance probablement… Et pourtant, elle est celle à qui on se confie facilement. A l’écoute, elle a toujours su donner de bons conseils et tous secrets sont toujours bien gardés.
Agréable comme un soleil…
Sympathique, elle est cette personne avec qui on peut discuter de tout et de rien, rire des heures sans voir le temps passer et sur qui on peut toujours compter. Toujours présent au rendez-vous mais jamais à l’heure. Vous voilà prévenu…
Calme comme l’eau…
La patience est une vertu et il lui faut beaucoup pour la faire trembler. Beaucoup trop détendue, elle vous inquiétera. Relax and take it easy est son leitmotiv.
Imprévisible comme le vent…
Aucune organisation, aucun code, il est difficile de comprendre son fonctionnement. L’indécision n’est pas son problème. Le problème est sa spontanéité. Une idée et un coup de tête suffit. En tout cas, elle ne reviendra jamais sur sa décision. Ou du moins, en principe…  
Violente comme l’orage…
Ne jamais provoquer l’animal qui sommeille en elle car elle est agressive et plutôt rancunière. D'ailleurs, en venir aux poings ne l'effraie pas. Malgré sa douce apparence, elle a un caractère bien trempé et des idées bien claires. Réaliste de nature, elle opte parfois trop souvent pour un discours trop cassant. Un brin démoralisatrice, elle essaiera toutefois d'atténuer ses propos avec du sarcasme.

L’amour, c’est ce que sa mère lui a donné. Plus que ses amis. Plus que son amant. Plus que son père. Plus que quiconque. Il n’y avait que sa mère et elle dans la chambre d’hôpital le jour où elle est venue au monde. Pas un seul visiteur. Tous absents. Inexistants comme son père. Plus tard aussi, dans leur appartement à Harlem, il n’y avait qu’elles. Elles étaient seules mais unies et cela leur suffisait. Ensemble, elles ne craignaient pas la misère. Elles ne craignaient personne. Elles étaient invincibles et inséparables jusqu’à ce que la mort vienne frapper à leur porte.

Elle n’avait alors à peine douze ans lorsque la faucheuse est venue. Sans doute en colère car elle était le fruit d’un adultère, un amour interdit entre une artiste de rue et un homme d’affaire marié. C’était d’un souffle déferlant qu’elle a balayé l’appartement. Des flammes incandescentes qui ont tenté de la dévorer mais elle a survécu. Enfant miraculé sans même une trace de brûlure. Mais la petite ne s’était jamais réellement remise. Elle se souvient encore du craquement du bois, de la chaleur étouffante et des derniers mots de sa douce mère. Elle en rêve encore. Elle angoisse même. Impossible d’oublier surtout que l’affaire n’est pas classée. Incendie intentionnel a été marqué sur le dossier et le meurtrier court encore.

Sa mère a toujours été bonne chrétienne. Contrairement à elle qui n’a jamais été bien croyante. Plutôt une sceptique de la vie. Se posant toujours les questions qui remet en doute l’existence de Dieu et sa bienveillance. D’ailleurs, elle a toujours trouvé les églises et cathédrales austères et froides. Préférant ainsi attendre sa mère dehors ou chez elle. Mais il y eu ce jour, où elle a passé plusieurs longues heures à l’intérieur. À pleurer et maudire ce Dieu qui n’a pas su la protéger. Où était-il se disait-elle. Nulle part. Comme tous les amis de sa mère… Personne n’était venu. Tous des hypocrites. Sauf lui qui ne l’a pas oublié. Et qu’il l’a réellement aimée. Son père était là. Douze ans plus tard. Il a décidé de la ramener chez lui et se racheter. Mais c’était bien trop tard pour se faire pardonner. L’amertume l’avait consumée.

Accroupie dans un coin de rue sombre avec une cigarette à la main, elle avait un regard à glacer le sang. Elle était cette voyou, tout droit sortie d’un film de gangster américain, laissant même entrevoir quelques cicatrices, probablement des séquelles d’une récente bagarre. Source de problèmes, on l’isolait et elle s’isolait, préférant être seule que mal accompagnée. Blessée par la vie, elle était devenue cette adolescente tant redoutée, celle qui avait mal tournée et que personne n’osait réellement s’approcher. Elle passait son temps dehors, fuyant la maison de son père et sa belle-famille qui lui semblaient toxiques. Pratiquement, tous la détestaient. Tous sauf lui.

Lui, c’était son petit et demi-frère. Il était celui qui avait miraculeusement mis fin à ce carnage. Il a suffi d’un regard et elle a ressenti son appel de détresse. Lui aussi, il se sentait seul. Négligé par les adultes trop préoccupés par leur travail, abandonné par sa grande sœur et tourmenté par les enfants de son âge, il s’est retrouvé livré à lui-même. Il n'avait personne à qui parler et avec qui jouer. Il n’avait que ses bouquins pour se protéger. Des bouquins qu’il n’aimait même pas, des bouquins qu’on le forçait à lire pour devenir un digne successeur de l’empire de leur père. Il était plus misérable qu'elle ne l'était. Pour lui, elle a commencé sa transformation : devenir une meilleure personne.

Son père est à la tête d’un cabinet d’avocats réputé et politicien actif qui songe à se présenter à la mairie. Elle a beau l’avoir côtoyé pendant quinze ans, elle a toujours du mal à se rapprocher de lui. Même si en soi, ça va de mieux en mieux. ➳ Sa belle-mère et le reste de la famille l’ont toujours dénigrée et regardée de haut. Ils la considèrent comme une menace, mauvaise influence et image pour la famille. Bien qu’ils aient une relation très conflictuelle, ça l’amuse. ➳ Ils ont six ans de différence mais étrangement, elle est très proche de son petit et demi-frère. Très fusionnels, ils ont toujours pu compter sur l’un et l’autre. Lorsqu’il était petit, elle a toujours été celle qui le défendait et donnait une correction à ceux qui l’embêtait. ➳ Anciennement garçon manqué, adolescente violente et membre d’un pseudo gang de jeunes voyous, elle n’obéissait qu’à sa propre loi. Il lui est arrivé de finir au poste de police une ou deux fois. Bien évidemment, sa famille a tout fait pour couvrir l’affaire. Quant à elle, elle ne cache pas son histoire. Son passé a forgé son caractère et identité. ➳ Ça a surpris plus d’un mais elle a été à Harvard en droit. On raconte que le directeur l’a fait entrer, influencé par le versement d’un pot-de-vin de son père. Rumeur ou pas, elle laisse planer le doute. Vérité, elle seule sait. Bachelor en poche avec la mention cum laude, cependant elle a tout arrêté pour changer de voie. Coiffeuse sur un simple coup de tête. Rien d’étonnant venant d’elle. Mais une indignation selon sa famille. ➳ A ses heures perdues, elle aime se balader sans but, faire des randonnées et du skateboard mais ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est faire de la céramique pour laisser parler sa créativité et se détendre. Elle aime aussi chiner des vieux meubles pour les restaurer et transformer dans l’air du temps, leur donner une seconde vie. ➳ Cliché de l’artiste, elle est pas mal bordélique et désorganisée. Elle cumule des objets de tout genre. Tout ce qui est un peu vintage et old school. Comme le vieux vélo, déniché à côté des ordures, qu'elle a décidé d'accrocher à son mur comme déco ou le coucou suisse bien cassé. D'ailleurs, elle collectionne les vinyles, les vieilles cartes postales et les sous-verres. ➳ Elle est un brin claustrophobe et elle n’est pas très à l’aise à côté d’une source de flamme. L'incendie qui a tué sa mère la hante toujours. Elle n’aime pas non plus se retrouver seule dans une maison et elle dort toujours avec la fenêtre ouverte, comme pour la rassurer.