let's get drunk.
★ ─ w/ @Elvia Novak

Ce que je peux détester l'odeur de la cigarette, et cette ville est remplie de toxicomanes qui se droguent à la nicotine. Grand bien leur fasse, s'ils veulent mourir d'un cancer du poumon, mais ils ne sont pas obligé de m'entrainer dans leur chute vers la mort.
Je passe ma main dans la fumée, la dégageant avec mépris croisant le regard du fumeur, un jour tu mourras et je serai la première à rire. Je fronce les sourcils en faisant exprès de passer entre eux, le menton haut. Droite comme un piquet, les talons aiguilles qui claquent sur le sol, remontant parfois ma jupe jusqu'en haut des cuisses.
Tout habillé de blanc et d'or, je me déplace comme un ombre dans les rues éclairées de la ville.
Je replace mon décolleté, chatouillant la naissance de ma poitrine avant d'entrer dans la boîte de nuit où les étudiants ont tendance à se rendre.
Même si je repars sans rien avoir à me croquer sous la dent, les regarder me suffit à passer une bonne soirée après une journée épouvantable.
Même si je suis conditionnée pour suivre de la paperasse, en faire toute la journée a tendance à me mettre le moral à zéro. Et hors de question de retourner dans ces bails affreux, quand on fait la compta, on a tendance à rêvasser... Et je déteste éparpiller mes pensées car elles reviennent souvent sur le même sujet.
Et ça n'arrivera plus.
Alors j'entre dans la boîte, mon regard suffit à charmer. On m'a toujours donné moins que mon âge et j'apprécie grandement leur rappeler que je suis une trentenaire. Certains aiment avoir à faire à une femme mure, d'autres fuient à la simple mention de mon âge. Ils le regretteront. Tous autant qu'ils sont.
Je m'accoude doucement au bar en réclamant une vodka pomme qui m'est servie très rapidement.
Je soupire en me retournant pour observer les corps se tortiller sur la piste, se frôlant. La musique emplit mon espace alors que l'humeur semble s'envoler. Je lève les yeux au ciel soupirant, tournant la tête sur la gauche pour observer une demoiselle au regard assez froid et diabolique. Pas sûr que ce soit son soir aussi, mais dans le doute. « Servez la même chose, c'est moi qui rince ce soir. » dans une expression bien anglaise, j'attrape le second verre que je tends à la charmante et ténébreuse demoiselle. « Mauvais début de soirée ? » que je demande, un peu trop mielleuse.

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le regard posé sur les jeunes gens qui dansent, je suis assez envieuse de ne pas pouvoir danser sur la piste comme une endiablée, savourant le contact de la chair jeune et transpirante de la jeunesse.
sans aucun doute, j'étais jalouse de ces minettes qui pouvaient se la jouer bitch jusqu'au bout des ongles, alors que j'avais les jeunes prêts à tout pour se vanter de se taper une daronne et les autres que la timidité ou les aprioris faisaient fuir.
A croire qu'une fois passé trente ans, tu es considéré comme une vieille peau qui a passé un cap trop grand qui sépare la jeunesse de ce monde qu'ils appellent adultes. pathétique préjugé. foutue éducation. mais parfois ça arrangeait mes affaires.
J'entends le ton sec qu'elle emploie avec moi et je ris à demi en buvant mon verre sans m'en formaliser. je savais au moins comment la prendre, pas besoin de pincette, cette petite était de la même catégorie que fallyn. imprenable.
je hoche la tête à sa remarque et regarde les jeunes se déhancher. « pas tant que ça. » que je dis simplement. et sa question est plus proche de la réalité, là oui. « bingo. » que je lui dis en haussant les sourcils, joueuse. « j'ai plusieurs appellations. » que je dis en m'accoudant sur le bar, dos à celui-ci. « femme outrageuse, cougar, vieille peau... parfois même la momie. » je souris. « je n'ai pourtant que trente-deux ans, imagine quand j'aurais quarante piges. que dira-t-on ? » je lève les yeux en l'air.
je suis frustrée, c'est vrai. par beaucoup de choses, plus que je ne l'imaginais. mais j'en ai pleinement conscience, je n'ai pas de retour brutal sur terre, puisque je suis déjà en enfer. « maintenant qu'on a fait le tour, pourquoi, toi, tu fais la gueule ? » et oui, la mielleuse est partie.

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je souris en coin quand elle affirme ne jamais avoir entendu cette appellation. moi non plus, je lui avouerai bien. mais je préfère garder ça pour moi, depuis que je suis arrivée sur boston, c'était un tout blanc, tout noir. soit on accepte mon âge soit on le fuit. je n'avais jamais eu de réels problèmes mais cette conversation froide et insipide avec ce jeune homme m'aura laissé un arrière-goût amer. vaut mieux qu'on ne se rencontre jamais, ou mes aiguilles finiront, par inadvertance, en contact avec la chair d'un pied. oups. j'aime la vision qu'elle peut avoir de moi. on rit souvent des cougars, de leur envie de trouver, chasser et fondre sur leurs proies juvéniles. je m'arrête toujours à la limite, la majorité. jamais moins. « je ne chasserai pas ce soir. » pas parce que je ne veux pas ou ne peux pas, juste parce que la compagnie de la demoiselle me plait davantage. puis qui dit que je repartirai pas avec... après tout, ne dit-on pas que le monde est fait d'étrangeté ? et que les surprises du monde excellent. Vous croyez à l'effet papillon, vous ?
je ris silencieusement, soupirant légèrement. Elle est définitivement cheloue, mais j'aime le personnage. c'est vrai que c'est une créature étrange, mais elle a le franc parlé dans la gorge, et elle semble savoir dans quel monde pourri on vit. celui où l'hypocrisie est un pilier de la société... celui où le mensonge est un oxygène. « joliment dit. » que je la taquine. « mais vraie aussi. » je sirote mon verre en la regardant par dessus.
Puis c'est naturellement que je lui renvoie la question de son humeur. je ne m'attendais pas à en entendre parler d'un frère qui semble dur avec elle; tous les mêmes... quelque soit le lien.
Puis je ne m'attendais surtout pas à ce qu'elle me déballe le pourquoi du comment. n' y a-t-il donc aucun mystère de nos jours ? ou est-ce l'alcool qui délie les langues ? « je vois. » que je dis simplement et lentement en ne la quittant pas des yeux, avant de claquer des doigts et de pointer les deux verres vides du doigt au barman. « et bien, tu peux m'en parler à moi. » les verres servis, je pousse le sien vers ses mains. « on ne se connait pas, et honnêtement j'aurais oublié ton histoire demain. » je hoche la tête sur le côté. triste vérité mais le plus honnête possible. « et te libérer du poids te ferait du bien, peut-être que mes conseils pourraient t'aider à voir plus clair dans l'obscurité qui brouille ta vision. » puis on va se mentir, j'adore les histoires d'ados. ces rebondissements qu'ils ressentent comme quelque chose de puissant alors que d'un point de vue extérieur, c'est juste... banal. « tu lui as dit à ton meilleur ami que tu l'aimais ? » pas besoin de passer par quatre chemins, allons droit au but. je referme ma main sur le verre, faisant tinter le verre sous mes ongles.

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je suis rassurée de voir que nous sommes sur la même longueur d'onde. elle est prête à se livrer, et nous sommes surtout prêtes à oublier. oublier les douleurs, les sentiments... et franchement, elle se prend beaucoup trop la tête pour une histoire qui ne connaitra pas de fin heureuse. c'est vrai quoi ? pourquoi s'attacher autant à quelqu'un qui ne fait parti de votre vie que par distance ? elle se fait beaucoup de mal et apparemment, elle noie son chagrin dans l'alcool. je connais ça... je connais ce désir de gérer le mal par le mal. c'est pas la bonne solution, mais qui suis-je pour juger ? l'alcool est un élément vital de ma vie, autant que le sexe, autant que la haine. sans ces trois petites choses, ma vie serait difficile à vivre... vivre comme ces midinettes qui trouvent que l'amour est un remède à tous les maux du monde.
l'amour n'existe pas, et il n'existera jamais. ce sont des chimères inventées pour endormir les jeunes filles, leur faire croire que c'est normal qu'elles écartent les cuisses, c'est par amour, apparemment.
je déteste les hommes et leurs bons sentiments, ils n'ont pas les mêmes que nous, ils sont manipulateurs et elle ne mérite pas d'avoir le visage sombre, le nez dans l'alcool. c'est du gâchis. mais je ne peux pas rendre heureux le monde, je veux le voir sombrer... comme je sombre.
donc, c'est horrible comme pensée mais je suis ravie de la trouver dans cet état. ravie de pouvoir jouer de cette fragilité... et ravie de voir que son cœur encore tout guimauve peut se transformer en pierre. sois comme moi, gamine. tu seras forte.
je hausse les sourcils d'une moue compréhensive. des regrets, en somme... « tu es donc de ceux qui préfèrent les regrets aux remords... je ne suis personne pour juger. » je hausse les épaules en me tournant vers un jeune homme un peu bourré. j'aurais pu me le ramener celui-là... mais je finis par reporter mon attention sur elle. « tu devrais arrêter de te prendre autant la tête. » je fronce les sourcils quand je me rends compte que j'ai presque fini mon verre. « un martini s'il-vous-plaît. » je bois la fin de mon verre avec rapidité, pour poser mes doigts sur un nouveau verre, plus haut, sur pied. Je fais claquer mon talon et fini par m'asseoir. « tu es jeune, tu es belle, profite. profite de ce que la jeunesse t'offre... » car j'ai pas eu cette chance et pour une raison que j'ignore, j'ai envie qu'elle sorte de son état de transe.
je replace une de ses mèches de cheveux colorés derrière son oreille. « tu as déjà des copains ou des copines ? »

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l'alcool semblait une compagne de talent ce soir. je n'avais que très rarement vu des jeunes boire avec autant de mal être. généralement, ils boivent pour s'amuser, s'exciter, se désinhiber... elle, elle buvait parce qu'elle fuyait le mal. un mal qui la ronge et qui pourtant, de mon point de vue, me semble ridicule. l'amour est une étincelle mais ça ne changera rien à sa vie. il détruit tout, l'amour... et il ne faut pas le laisser pénétrer les cœurs. c'est un malin, comme un démon... il s'introduit dans l'âme et quand il perce, il fait pleurer les maux. et tout semble terne... et par amour, on a tendance à s'oublier, faire n'importe quoi. et au final, la seule personne qui souffre : c'est soi.
je veux juste m'assurer que ce soir, elle oublie pour de bon. au moins, ce soir, qu'elle se rende compte que la vie est pourrie mais que c'est elle qui est maîtresse de sa propre destinée. elle qui a encore le pouvoir de décider.
et elle affirme que quand elle boit, elle ne se prend plus la tête. bien alors buvons, étrange créature. jusqu'à plus soif. jusqu'à oublier même l'existence du bien et du mal. et oublions à quel point l'amour ça pue.
elle rit et ça étire un sourire en coin. c'est quand même plus appréciable que le regard noir qu'elle lançait à son verre quand je l'ai découverte, seule, à broyer son mal.
je pose une question, qui me semble anodine, mais la malhabile esquive. je n'en tiens pas rigueur, je suis la première qui ignore les questions dérangeantes. et puis c'est elle que ça regarde, très sincèrement ... je m'en fous.
je hausse les sourcils en souriant plus franchement. « je ne dis jamais non à la jouvence. » que je dis en finissant mon martini comme on finirait un verre d'eau. « que prépares-tu ? » demandé-je alors qu'elle interpelle le serveur pour servir plusieurs shots qui s'alignent devant nous. « je ne refuse jamais de jouer. » je prends le premier shot, le posant près de moi, mettant du sel entre l'index et le pousse, je mords dans le citron, aspirant le sel en suite puis frappe le shot avant de boire cul sec en grimaçant. « ok, une question. est-ce que tu aimes les femmes ou les hommes ? voire les deux même. » car après tout meilleure ami, c'est peut-être un nom de code.

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