ces derniers semaines ont été intenses. au bureau, andrew nous demande de nous donner à 200% et moi je veux me donner à 300%. la compétition commence à se faire ressentir et je veux mettre toutes mes chances de mon côté. alors forcément au début, quand tu me parles de SB, c'est mort. et puis je me dis que tu le mérite. tu mérites de prendre du bon temps au soleil, t'as guéris d'un cancer, survécu à un accident de métro et puis nous.. nous c'est un incroyable qu'on soit encore là ensemble. on mérite de prendre un peu de temps pour nous. andrew et mikke compte partir au SB alors de toute manière, je peux télé-travailler les premiers jours et profiter après. en plus de ça on est au mexique, mon pays. si on a l'occasion, on prendra l'avion pour Monterrey, que je te fasse découvrir la ville de mon enfance. mais ce soir, t'as une petite idée derrière la tête. je te suis au bord de la plage, plongeant mes pieds dans le sable fin au rythme des vagues qui s'écrasent sur le rivage. je m'assois à côté de toi et ouvre la première bouteille, buvant une gorgée. « ah ? et on verra les conséquences demain ? » je souris. « je crois que ça me plait assez » je bois une deuxième gorgée, grimaçant avant de te tendre la bouteille. « par contre.. je tiens pas la téquila » ah oui. je tiens pas du tout la téquila. alors ça risque d'être assez comique. « on pourrait en plus » se faire kidnapper.. je t'ai jamais parlé de mon père et pour certaines raisons. bah il serait capable de nous kidnapper dans un vanne noir ouais, comme dans les films.

ce spring break, je compte bien en profiter. je passe mon temps à bosser encore et encore. parfois quand je peux bosser en télétravail, je peux oublier de prendre en douche et de manger tellement que j'suis prise dans ce que je fais. je veux être la meilleure et pour ça je me donne les moyens. sauf que ça veut dire mettre ma vie sociale en pause. moins de soirée bière et remise en question du monde avec mikke et les autres. moins de soirée avec ma soeur, moins de moments avec toi. j'ai conscience qu'être avec moi ça peut être pesant. c'est pour ça que j'ai accepté de partir au SB avec toi, je veux te montrer que tu comptes pour moi et que je veux pas négliger notre relation même si je le fais forcément parfois. déjà tu le sais, les relations sérieuses, c'est pas mon truc. t'es la première, la première dont je me contente, qui me satisfait amplement et pour qui j'arrive réellement à ressentir des choses. j'suis jamais tombée amoureuse, je sais pas ce que c'est que d'aimer et pourtant, ce que je ressens pour toi, c'est forcément ça. c'est un sentiment que j'avais jamais ressentie. cette peur de te perdre, ce besoin de savoir que t'es à moi, les papillons dans le ventre quand t'es là, ce vide quand tu t'en vas. et pourtant, j'suis toujours incapable de te le dire.. alors j'essaie de te le faire comprendre, en profitant un maximum de ce genre de moment avec toi. « onon mais t'as raison, on boit local. » j'ai jamais réussis à tenir la tequila, comme quoi c'est pas des origines qui changent quelque chose. non j'suis pas parano » j'te donne un coup d'épaule avant de reboire une gorgée. tu proposes qu'on prenne une photo et je souris. on en prend une en souriant l'une à côté de l'autre, puis une où tu me fais un bisou sur la joue et enfin une autre où on s'embrasse. j'ai envie de profiter de ce moment pour t'en dire un peu plus sur moi. en vérité, tu connais rien de moi. même quand on se voyait à la nouvelle Orléans, on était juste voisine, à 10 ans on parlait pas de nos vies. « tu savais que j'étais mexicaine ? » ouais parce que Flores ça a une consonance hispanique alors je peux comprendre qu'on confonde.

je voudrais profiter de ce Spring break, cette échappée, pour en apprendre plus sur toi et te parler un peu plus de moi. parce qu'au final si on fait le bilan de ces derniers moi, on ne sait pas grand chose l'une de l'autre et pourtant ça fait presque neuf mois qu'on est ensemble. couple complètement atypique pour le coup, je connais très peu de personne ensemble depuis autant de temps et en connaitre si peu l'un de l'autre. parce qu'au final, ce qui nous a rapproché toi et moi, c'est le fait que petite on était voisine. mais entre temps on est devenue des femmes on à grandis, on a changé. je ne suis plus cette petite fille de 10 ans qui débarque dans le voisinage sans père et avec une soeur d'une couleur différente. on a changé. et qui aurait cru à cette époque, quand ton regard à croisé le miens pour la première fois que 15 ans plus tard, on se retrouverait là toi et moi. l'une à côté de l'autre, s'embrassant. je te confie un peu plus de mon passé. je suis mexicaine, ici c'est mon pays et pourtant je ne me suis jamais sentie plus américaine. je ris doucement quand tu proposes qu'on fasse un petit jeu d'alcool. « qu'est-ce que tu me fais faire. » je suis le genre de femme qui aime avoir le contrôle sur tout et surtout elle même. mais je tiens pas la téquila alors je pourrais très vite déborder. je bois une gorgée après ma révélation et je te tends la bouteille. « à ton tour » ce jeu c'est quitte ou double. ou on s'amuse en apprenant l'une de l'autre, ou s'avoue des trucs gênants et ça peut plomber l'ambiance de la soirée.

je crois qu'être avec toi ce soir, c'est tout ce que je voulais depuis longtemps. j'aime notre vie à Boston, on est indépendantes, on passe du bon temps sans s'étouffer l'une l'autre. je crois que c'est le secret de ces long mois de réussite. pas d'ombres au tableau, pas de dispute insurmontable. c'est comme si toi et moi on était faites l'une pour l'autre. j'ai jamais ressentie ça pour personne. c'est aussi agréable qu'effrayant. petit jeu qui débute, on se confie des choses en échange d'une peu de l'alcool qui réchauffe le coeur et l'esprit. « techniquement, j'ai pas fait le contrat, donc j'ai rien signé du tout » je te donne un petit coup d'épaule en riant. « mais oui, j'assume m'être engagée, j'en assume les conséquences » c'est à dire une belle gueule de bois demain matin. tu prends la bouteille et c'est à ton tour. je souris en laissant le vent caresser mon visage et puis quand tu me balances cette bombe au visage, j'arrête de sourire. « retourner y vivre ? » je tourne la tête vers toi. « ou y retourner en vacances, quelques temps ? » je ne sais pas trop comment réagir.. parce que ta réponse, elle pourrait tout changer.

je souris quand tu dis que je suis une cruelle avocate. « hm c'est vrai que je suis du genre cruelle et impitoyable. c'est ce qui fera de moi la meilleure. » je veux être crainte et respectée à la fois. je veux que mes clients se disent "c'est elle ou personne d'autre" et que mes adversaires se disent que la partie va être dur avec moi en face. je veux avoir un impact dans ce monde. je veux surtout montrer à mon père que je suis capable de réussir sans lui et en la jouant de manière réglo. et puis on se met à parler de toi, de tes envies d'évasion et de l'Afrique. je dois t'avoue que j'ai peur de ta réponse et que je déglutis difficilement. je me suis attachée à toi, pire encore, j'ai pas envie d'imaginer ma vie sans toi. alors l'idée qu'on est pas du tout la même vision de notre futur, que toi tu te vois entrain de faire de l'humanitaire en Afrique alors que moi je me vois monter les échelons dans une grande ville tel que New York, ça me fait peur. et ce que tu dis, ça continue de me foutre le moral en l'air. « je vois » ouais toi tu te vois à la campagne et moi à la ville. super. je prends une autre gorgée de tequila. pas pour révéler quoi que ce soit, juste parce que faut que je fasse passer la pilule. « hm bien sur. » tu sens à ma voix que je suis inquiète ? ouais. c'est tellement obvious. « mon père est presque aussi riche que cresus » je balance ça comme ça en faisant un sourire gêné. ouais non parce que quitte à balancer des vérités lourdes et gênantes.. go.