Peut-être que le destin avait décidé de les ramener à la réalité tout doucement. Quelques jours qu’ils étaient revenu de Londres, ils n’avaient toujours pas parlé de la grossesse de Camila, comme si le sujet était devenu tabou, mais il ne disait rien, voulant lui laisser le temps d’apprivoiser ses sentiments et prendre une décision. Elle était seule juge de ses besoins alors qui était-il pour lui imposer un choix ? Il avait préparé dans un sac à dos quelques sandwichs hawaïens, de l’eau en bouteille et des collations s’ils avaient faim. Victor ne portait qu’un bermuda beige un peu froissé et un débardeur blanc qui lui tombait sur le corps un peu loose, et voilà qu’il sortait le prospectus dans sa main annonçant leur destination, le parc national de Haleakalā où un volcan endormi crevait le paysage transcendantal. « Let’s go babe ? »

Spoiler:

peut être que partir, se comporter comme des étudiants normaux nous ferait du bien ? je sais pas. j’y crois. je me dis qu’on devrait sûrement arrêter de se focaliser sur ce qui n’allait pas et prendre le temps de vivre au moins un peu. alors ouais, on se retrouvait sur cette île paradisiaque et même si dans la finalité on passait surtout du temps à deux, moi ça me convenait. je finissais d’enfiler mes sandales, relevant finalement mes cheveux en une queue de cheval pour mieux supporter la chaleur alors que tu prenais la parole. « yes, i’m ready » tu vois, se balader dans un parc c’était un truc pire que bateau mais ça nous changerait forcément de tout ce que l’on pouvait s’infliger continuellement. « don’t you think i’ll take a little weight ? » je marmonnais regardant mes jambes dans le miroir, pinçant de la peau me semblant être un surplus. « forget that. » on avait parlés d’une journée positive, fallait que j’arrête de chercher le moindre de mes défauts.

Il récupérait son sac sur le dos, le portant d’une épaule et s’asseyait sur le bord du lit, histoire de bien visser sa prothèse. Petit à petit, il avait appris à l’étudier, la travailler, être propre à lui-même et c’était loin d’être facile. Il passait de la vaseline sur son moignon sans pour autant jeter un œil, toujours pas prêt à regarder, et il posa sa jambe de marche sur ce qui lui restait. Il se relevait en pliant le restant de son genou histoire de voir si l’articulation marchait bien, et il passait juste derrière Camila quand il entendit sa réflexion. Il vint embrasser son cou, en passant un bras autour de son cou. « You’re beautiful, trust me. I’m always right. » Et il se mit à rire légèrement, les lèvres dans le cou, puis la mâchoire, puis les lèvres. Il ouvrit la porte pour laisser passer Camila. « We’re going to walk a loooot today. » Il serait obligé de faire des pauses pour éviter les brûlures et autres ampoules sur la peau greffée.

j’allais juste essayer de tout enfouir au fond et puis ça ressortirait plus tard, comme une bombe, comme à chaque fois. et tant pis. tant pis parce que j’ai promis que j’allais faire des efforts. qu’on allait passer des journées à juste rire de rien. et je souris un peu bêtement à tes mots fermant les yeux quelques secondes. je vais pas surenchérir pour te dire que t’as tord même si je le pense un peu trop fortement. « that’s gonna be okay for you ? » et peut être que l’inquiétude se voit sur mon visage mais.. j’ai pas envie que ta condition s’aggrave parce qu’on est pas assez vigilant. et j’passe la morte, ma main partant en arrière pour attraper la tienne. « vic ? » je m’arrêtais soudainement, faisant volte face pour te regarder, l’air un peu trop sérieux. « i love you. » et je souris. juste comme ça. tu vois, on peut y arriver. à être normal.

Il jetait un œil à sa prothèse. Il avait choisi le modèle un peu sport, histoire d’avoir un appui sérieux et non douloureux, qui lui offrirait plus de souplesse qu’autre chose, et il hochait la tête. Convaincu. « Yep, i need to walk, to try it in real conditions, not in a reeducation room. » Il récupérait la carte de la chambre quand il fut interpellé par sa petite amie, et il releva la tête rapidement pour la regarder. Il leva un sourcil et… de l’amour. Que de l’amour, ce bout de femme. Son visage se détendit, et il vint embrasser ses lèvres, plusieurs fois. « I adore you, Camila. » Comme une religion, elle brillait dans ses nuits et ses prières qu’il chuchotait le soir pour que tout aille bien mieux, que rien n’entrave leur chemin qu’ils tentaient de construire petit à petit, à deux, avec beaucoup d’embûche mais la conviction de mille hommes. « And i will love you more if you don’t forget the… » Il tend son bras avant de fermer la porte. «…sunscreen. » Et il sourit le tube entre les mains pour le ranger dans son sac. « I’ve got the skin of a little baby. » Il n’était pas très bronzé et il avait besoin de crème pour ne pas cramer. Un bus les attendait, ils en avaient pour une petite heure de route avant d’arriver sur le sentier de terre rouge du volcan, alors ils prirent la direction de l’arrêt de bus où quelques étudiants d’Harvard étaient déjà pour faire ce que bon leur semblait. Et Victor réalisait que c’était peut-être la deuxième fois qu’ils étaient ensembles, deux amoureux, devant le gratin Harvardien.

ça va nous demander des efforts constants, de mettre beaucoup d’eau dans notre vin aussi mais on va y arriver. parce que malgré nos démons, nos mauvais côtés, on est tous les deux terrifiés à l’idée de perdre l’autre. « i know but.. maybe it’s a little bit too intensive. » tu vois, on aurait peut être pu commencer par se balader au bord d’une plage ou un truc comme ça. pas à crapahuter pendant des heures et des heures sous le soleil juste pour le test mais.. t’as l’air ravi de faire ça alors j’te suis. mais je serais constamment sur ton dos, crois pas. puis je préfère te dire des mots d’amour pour voir la réaction sur ton visage. pour sentir éternellement la multitude de baiser que tu peux poser sur mes lèvres. « i know you do » et ça fait du bien d’être aimée. vraiment. « i forgot something ? » j’arque un sourcil alors que tu sors la crème solaire. « not only the skin, you are a baby. » et je souris de plus belle déposant un baiser sur ton nez avant de réellement partir jusqu’à l’abri bus en bas de l’hôtel. bus qui allait visiblement se retrouver bondé vu la masse de monde attendant sous la chaleur. et y avait quelques regards qui se posaient sur le duo que l’on formait. logique. camila wildingham, la suicidaire, au bras d’un homme qui ne faisait pas parti de la haute. what a surprise. puis je déteste ça, être observée. alors dans l’attente, je préfère me tourner vers toi et faire abstraction de tout ce qui pouvait se trouver autour de nous. « oh and.. tonight, if you’re not too tired, i have a surprise for you. » une belle. quelque chose d’apaisant. un moment juste pour nous.

Elle n’avait pas tort Camila. C’était peut-être mettre trop de pression à son corps qui se remettait à peine d’une amputation. Mais après tout ce qu’il s’était passé, il avait juste envie d’un peu d’aventure positive pour compenser les malheurs qui leur étaient arrivé. Et Victor embrassait sa tempe. « And you ? It’s gonna be… okay ? » Malgré tout, Camila était enceinte. Et que le sujet soit tabou entre eux pour l’instant, ce n’était pas une raison pour mettre en danger sa petite femme qui devenait de plus en plus belle jour après jour. Alors peut-être qu’ils n’arrivaient pas à se rendre heureux, des sourires et des rires sincères sur le visage, mais au moins, ils avaient le mérite d’être têtu et de se battre pour réparer les verres brisés. Alors il se contentait d’être présent en donnant tout ce qu’il possédait pour que ça fonctionne. Un baiser sur son nez et les voilà sous l’abribus, les regards qui parlent et les lèvres qui chuchotent. Victor contracte la mâchoire, plusieurs fois, et ne se gêne pas pour les fusiller, les gens, un poing serré contre sa hanche. Pour qui se prenaient-ils ? Mais Camila détourna son attention en lui parlant de la soirée à venir et il était suffisamment tôt pour qu’il puisse se languir déjà. « What ? A surprise ? » Un sourire se fendit sur ses lèvres, petit garçon excité. « What kind ? » Le bus approchait et il récupéra la main de Camila pour qu’elle monte avant lui et qu’elle l’aide à monter cette marche bien trop haute pour sa jambe qui n’en était pas une réelle. Il s’appuya sur le bras de sa petite amie pour monter et les voilà se diriger vers deux places libres. « You’re full of secretiveness miss Wildingham. » Il lui laissait la place contre la fenêtre et s’assit juste à côté. Et les chuchotements ne s’arrêtaient pas.

« yes. i’m perfectly okay. » mais je ne veux pas qu’on en parle là maintenant. les choses, elles sont toujours focalisées sur moi et pour une fois, je veux qu’on s’attarde sur toi. je veux savoir comment tu vas, comment tu sens, comment tu vis les choses. je veux te montrer que je ne suis pas juste qu’une égoïste et que tu m’importes aussi. alors ouais, c’est ta journée. et puis j’ai organisé tout un truc pour toi ce soir et je ne peux pas m’empêcher de divulguer les choses. du moins, la surface. pour le reste, tu n’auras pas d’autres choix que de prendre ton mal en patience. « you’ll see » j’arbore un sourire angélique avant de mimer le silence, preuve que je ne divulguerais rien de plus. et de toute manière, t’as pas le temps de m’assommer de question que le bus arrive finalement. moi, sagement, j’attends que les autres monde, préférant passer dernière plutôt que de voir quiconque te bousculer et te sers d’appui pour que tu grimpes finalement toi aussi à l’intérieur. deux places libres et on s’y engouffrent, ma tête qui se pose sur ton épaule et toi qui reprend. « i just want to make you happy » ni plus ni moins. et je sais que même si tu prends sur toi ces derniers temps, t’as énormément de choses à me reprocher. j’ouvre la bouche puis la referme finalement, roulant des yeux à l’entente des murmures incessants autour de nous. je pourrais même jurer avoir entendu mon prénom suivit d’un tacle à l’encontre de victor et.. « excuse me » je me redresse, me mettant à genoux sur mon siège pour jauger du regard tous les gens derrière nous. « did someone have a problem ? » et c’est le silence qui me répond, logique. « to be clear, if you’re life is not interesting enough, that’s not my problem. but if you start talkin’ about me or him i’m gonna be very pissed-of. » personne n’a envie que je le sois, pas vrai ? « and if i’m pissed-of, i’m gonna fucked everybody’s life here. did i make myself clear ? » j’soupire. « great. » et j’reviens m’installer convenablement, glissant ma main dans la tienne.

C’était l’excitation d’un moment partagé à deux, ce soir-là, qui rendait pleinement heureux Victor. Il commençait à voir le bout du tunnel, petit à petit, aux côtés de Camila et c’était peut-être difficile à croire, mais voilà que la lumière apparaissait un peu plus claire. Les voilà alors dans le bus, en direction d’un parc national, endroit impossible à découvrir dans leur ville de vie. Et si Victor avait pu beaucoup voyager avant ses douze ans, ce n’était plus le cas après et il avait oublié les beautés que ce monde avait à lui offrir. Il espérait que l’endroit soit préservé de toutes crasses humaines. Camila semblait apaisé. Pas forcément remise des derniers événements mais au moins, elle avait trouvé un peu de paix intérieur et c’était enfin le début de quelque chose. Il y avait trop de choses à combattre, trop de batailles à livrer pour elle-même et il ne savait pas encore par quelles étapes elle souhaitait passer pour se sortir de ses démons qui l’enfonçaient chaque jour un peu plus loin dans les ténèbres. Elle pose sa tête contre son bras et lui fais de même sur le sommet de sa tête après y avoir déposé un baiser, les yeux qui se closent en s’extasiant presque d’une sieste dont il allait profiter quand les murmures se faisaient de plus en plus virulents, le prénom de Camila qui ressortait et celui de Victor qui était inconnu au bataillon. Il passait une main sur sa cuisse en se demandant s’il n’allait pas enlever sa prothèse le temps du trajet pour ne pas l’abîmer, mais c’est finalement Camila qui s’excuse et qui se redresse. Et elle offre une magnifique tirade en sa défense et celle de Victor. Et putain, c’était quelque chose à voir. Un chien de garde. Et son sourire à Victor qui s’étire tout doucement, rieur presque, fier surtout. C’est ma nana. Il connaissait ses talents de garce, et il savait très bien qu’en un claquement de doigt, il irait défoncer la gueule de n’importe quelle personne qui s’approche de près ou de loin de son bonheur. Puis, elle revient tranquillement, comme si de rien n’était installer ses fesses sur le tissu du fauteuil. « Oh girl, i promise i’m never gonna make you angry again… » Il fit semblant de trembler de peur en riant légèrement mais ne retira pas sa prothèse pour autant. Pas besoin de rajouter aux murmures qui avaient décidé de se faire moins présent mais toujours là, quand même. « If that’s a piece of shit here, i’m not gonna imagine what’s is gonna be back to Harvard. » Et il hochait la tête. Parce que si à Hawaii c’était déjà l’enfer pour les ragots, Harvard était un nid à potins, raclure les plus impressionnantes du monde. Puis une idée lui vint. Il se redressait légèrement de façon à ce que leur tête dépasse des sièges et il glissa une main dans son cou pour verrouiller son visage et il vint embrasser ses lippes pulpeuses et chaudes, avec pas mal de fougue et avidité.

vraiment, je suis agacée. des comportements des gens, des rumeurs, des murmures. y a jamais rien qui va à personne et surtout tout le monde qui se mêle de tout comme si ça regardait le monde entier ce que je pouvais vivre. c’était dingue de besoin constant d’interférer dans la vie des autres et donner son avis comme si on en avait quelque chose à foutre. j’veux dire.. chacun sa route ? pourquoi venir mettre son grain de sel là où on n’était clairement pas concerné ? et même si le coup de gueule que je venais de pousser avait probablement fait sensation, il suffisait que je tourne le dos pour que les murmures reprennent même s’ils étaient bien plus atténués. « you love to see me angry » tu me l’avais déjà dit. que c’était limite quelque chose pouvant t’exciter de me voir péter un câble de la sorte. et t’étais le premier à chercher à me faire sortir de mes gonds alors j’savais pertinemment qu’à la moindre occasion, tu saisirais la perche pour me voir m’énerver. « who cares ? » t’avais raison, à harvard ça reprendrait probablement de plus belle. et puis ? est-ce qu’on allait laisser les autres dicter notre vie ? certainement pas. « they can say everything they want, i’m still with you. » même si t’es pas de ma classe sociale. même si on vient de deux mondes radicalement opposés, même si t’es pas la personne avec qui on aurait pu m’imaginer. je fais mes propres choix et personne n’a son mot à dire dans tout ça. et puis soudainement, ta main venait s’accrocher à ma nuque, tes lèvres épousant chaque courbe de ma bouche pour un baiser bien trop torride pour être exécutée dans un lieu public. et je les sens les frissons qui m’envahissent, mes doigts qui s’accrochent fébrilement à tes cheveux. qu’ils parlent donc du spectacle qu’on leur offre, personne ne vit ce que l’on vit et c’est foutrement triste pour eux. moi je t’ai toi, j’ai pas besoin d’autres choses et encore moins des commentaires disgracieux qu’ils pourraient avoir envie de faire. « you make me regret the room » que je souffle, la respiration saccadée. ouais, parce que là, j’aurais pu te faire des tonnes de choses dont tu n’as même pas idée.