La noirceur qui envahissait le monde se perdait dans les interstices des doigts de Victor qui essayait d’attraper un peu de clarté. Il y avait un débat, dans sa tête, celui d’la haine et de la pitié, quand il voyait qu’il était incapable d’avancer plus de quelques pas et que le temps reculait en même temps que les murs s’écrasaient contre son corps. Il était contraint de voir le regard de Camila en train de perdre la vie encore et encore à travers des coups de feu qui transperçaient le ciel d’un bruit assourdissant. Il sentait son corps tenter de bouger mais il était cloué au lit, les sourcils froncés, le corps tendu. Paralysé, surtout. Puis Camila qui ne cessait de crever à nouveau, en cherchant à se raccrocher à des bribes du souffle de Victor. Et quand ce dernier tendait le bras pour l’atteindre, il n’y avait que du vide sous ses doigts glacés. Puis il faut happer en arrière, arrachait à la seule femme qu’il aimait pour se retrouver dans ce bar avant que l’attentat ne se produise. Il y avait des femmes, des hommes, des enfants, des personnalités diverses et variés. L’odeur du fer venait piquer les narines d’un Victor complètement sonné alors que Camila, tout sourire, lui parle de la petite Charly qui vient de guérir du cancer. Crois-le, Victor. Ce n’est que le pur produit de ton subconscient. Mais il baisse la tête et comprend d’où vient cette odeur de sang. Son mollet, complètement éclaté. Il est incapable de marcher. Il se retrouve éclopé et il a une déesse en face de lui qui lui fait les yeux doux. C’était le monde à l’envers. Et bien entendu, la belle et la bête. Un putain de conte pour enfant mais à la différence près qu’en tombant amoureux du monstre, il ne se change pas en prince. BOUM. Ca recommence. Et à nouveau la noirceur, le regard de Camila qui se vide de son essence vital et…

Victor se réveille en hurlant, puis met une main sur sa bouche, espérant ne pas réveiller Camila. Il regard devant lui, cherchant un bout de respiration, quelque chose pour se calmer. Il lève le drap pour regarder sa jambe bandée. Il  n’avait toujours pas eu le courage, même après trois semaines de retour à la maison, de regard sa cuisse sans bandage. Il avait peut-être honte. Toujours est-il qu’il était trois heures trente du matin et il en avait ras le cul de rêver de ce putain d’attentat.

parfois, j’ai cette sensation que rien ne sera jamais plus pareil. que l’on pourrait faire tous les efforts du monde que rien ne changerait. que cette journée resterait gravée dans nos mémoires quitte à nous faire perdre la tête de trop nombreuses fois. et à chaque fois que je ferme les yeux, je le vois. ce canon pointé sur toi, cette peur irrépressible de te perdre. cette manière probablement bête de me jeter au milieu comme si j’étais un bouclier capable de tout encaisser. de prendre la douleur pour toi. une heure du matin. j’ai chaud et le sommeil ne vient pas. toi, à côté, tu sembles paisible alors que moi, j’ai cette envie de vomir qui me prends aux tripes à chaque fois. je me tourne et me retourne, poussant un soupir en pensant à ce qu’est devenu mon quotidien. les dialyses qui s’éternisent et cette impression que mon corps n’y met pas du sien pour fonctionner correctement. c’est éreintant. comment tu peux rester avec moi ? je me pose la question à chaque fois et pourtant, t’es toujours là. même quand ça hurle, même quand on ne se comprends pas. je ferme les yeux une nouvelle fois puis les réouvres soudainement quand un hurlement vient calmer la quiétude de la chambre. trois heures trente. je me redresse instinctivement pour te découvrir en sueur, cette lueur de panique dans le regard et c’est ma main qui s’accroche à ton cou, ma tête qui se blottit contre toi. t’es peut être pas si apaisé que ça. ma main libre se pose sur ton ventre comme pour calmer la respiration saccadée qui émane de toi. calque toi sur moi. « i’m here babe, stay calm » est-ce que c’est comme les nuits précédentes ? le même cauchemar qui t’hante ? je suis là. garde ça en tête. à deux on est plus forts, pas vrai ? je veux y croire surtout. parce que je sais que sans toi je ne tiendrais pas. je ne pourrais pas.

C’était un monde d’angoisse qui se dessinait devant lui. Comment est-ce qu’il arriverait à tourner après ce genre d’horreur absolue ? Victor préférait passer à autre chose mais le trou en bas de son corps était là pour lui rappeler constamment qu’il ne pourrait jamais courir correctement. Alors quand il sent enfin les mains de Camila sur son corps, sur son ventre, partout, il se mit à lâcher un soupir de soulagement. Elle était là, en vie, elle n’était pas morte, et ce n’était qu’un cauchemar de plus. Encore un. C’était l’enfer dans sa tête. Il venait poser sa tête sur son épaule et son nez dans son cou, et il refermait les yeux. Sa respiration devenait de plus en plus sereine, peut-être saccadée mais tout doucement, il y avait de l’apaisement dans ses souffles. « Nightmare again. » Elle avait l’habitude maintenant. Entre les siens et ceux de Victor, ils étaient servis. Est-ce qu’ils auraient un peu de paix tous les deux ? Est-ce qu’ils pourraient enfin retrouver un havre dans lequel ils seraient capables d’évoluer sans les obstacles ? Parce que pour le moment, ils n’avaient eu aucune chance. Entre leurs propres batailles à livrer, et ce putain d’attentat, Victor n’avait pas pu se reposer et trouver un équilibre à leurs relations. Il n’avait même pas eu l’occasion de présenter Camila à sa mère, et ça, c’était le comble. Lui qui voulait faire les choses bien. Puis de toute façon, sa mère lui envoyait des messages tous les jours pour lui dire que son grand gourou trouverait une solution spirituelle à sa jambe en moins. Il la laissait parler. Autant laisser Camila en-dehors de tout ce délire farfelu. « I’m going to make some coffee. » Oui, à presque quatre heures du matin. Il se relevait tant bien que mal. Et une fois debout, il récupéra ses béquilles qui lui permettaient d’avancer. Il n’osait même pas regarder vers le bas. Toujours trop tôt.

en si peu de temps, t’es devenu tout mon monde. et c’est peut être dingue de dire un truc pareil mais j’ai l’impression que je suis incapable de me détacher de toi. c’est peut être hyper nocif tu vois ? d’être dépendant à ce point, de plus saisir le but de quoi que ce soit si tu n’es pas là. je devrais peut être penser à prendre un peu de l’écart. me répéter que tu pourrais partir et que je ne devrais pas autant compter sur toi mais.. je n’y arrive pas. j’ai ce besoin de t’avoir à côté de moi, tout le temps. de chercher à t’apaiser toi même si de mon côté je pars totalement en vrille aussi. « i know » c’est la même rengaine toutes les nuits. tu te laisses happer par tes démons et je fais ce que je peux pour te calmer quand ça arrive. « oh.. okay » j’te laisse partir et reste là, seule. attachant mes cheveux, j’finissais péniblement par sortir du lit pour venir te rejoindre dans la cuisine. « you know.. everything’s gonna be fine » en tout cas, je l’espérais fortement. parce qu’on le voulait tellement ce bonheur que c’était injuste de nous le retirer à chaque fois. et j’voulais y croire. j’voulais croire qu’on allait y arriver une bonne fois pour toute. « you know that i love you, right ? » parce que si tu faisais bonne figure au début, j’ai l’impression que l’handicap que tu te traînes devient un fardeau. que t’arrives pas à l’encaisser. « i know things are a little bit complicated right now but we’re gonna figure this out babe.. » je déglutis difficilement alors que mes yeux restent plantés sur toi. je sais que c’est difficile mais on peut le faire. « it’s just a leg. » ouais, non, je ne suis pas à ta place, j’aurais peut être pas dû dire ça.

Il était en train de se passer une main dans les cheveux quand Camila débarqua dans la cuisine pour tenter de le réconforter. Un sourire un peu faiblard sur le visage, il boita vers elle en lui caressant la mâchoire, puis récupéra le café dans une tasse. Toujours noir, histoire d’avoir la bonne amertume qui vous défonce le corps. Elle était pleine de compassion et d’amour, elle était belle malgré la fatigue accumulée et le rein en mois. La dialyse aussi tôt, les médicaments qui vous rend la peau sèche. Puis il y avait le sexe. Non, justement, il n’y avait pas de sexe, pas depuis les attentats ni même la sortie d’hôpital. Victor avait toujours une excuse. Il gardait son short, bien plus long que la portion restante de jambe amputée. « I love you too, but it’s… » Puis Camila prononça la phrase qu’il ne fallait pas. Il reposa sa tête dans un bruit un peu sourd et il serra les poings contre le plan de travail. Juste une jambe ? Il prenait sur lui, pendant une seconde en essayant de respirer calmement. Il avait essayé de faire passer son amputation pour de la merde, comme si ce n’était pas si grave, mais il ressentait tout le contraire de ce que sa tête voulait. Et putain, comment est-ce qu’elle pouvait le regarder encore ? Il était laid, il dormait pas, il se rasait plus, il avait une putain de jambe en moins. « Really ? » Il serrait les dents. « Just a fucking leg ?! » Il s’imaginait déjà ne pas pouvoir courir derrière ses enfants plus tard, ni même faire du sport avec son fils. Et le regard des gens comme si c’était une bête de foire à la con… « I… » Il n’avait plus les mots. Victor tout craché. « I CAN’T. Camila, i can’t fuckin’ move ! » Et respirer.

j’pensais pas à mal, tu le sais au moins ? je veux dire.. j’essaie pas vraiment de minimiser la situation mais je sais aussi qu’en parler de manière défaitiste ne t’aiderais pas. alors probablement que j’avais pas utilisé les bons mots mais j’pensais aussi que t’allais comprendre.. visiblement pas. j’ouvrais la bouche pour répondre mais t’enchaînais presque immédiatement. « yes, nothing more than a leg and.. » encore une fois, tu me coupes la paroles, tu me laisses pas aller jusqu’au bout. mais moi, ce que je voulais dire, c’était qu’on pourrait tout surmonter. et que c’était qu’une jambe, qu’il y avait des tas de solutions et que j’allais clairement pas changer mon regard sur toi vis à vis de ça mais tu t’en fiches visiblement. t’as pas envie de m’écouter. « and what am i supposed to do ? THIS IS NOT MY FAULT. » si tu veux hurler, je peux le faire aussi. t’es injuste là victor. on est deux à souffrir. peut être pas pour les même raisons mais on est deux. et crois pas que ta condition me passe au dessus de la tête, c’est loin d’être le cas. si j’pouvais faire quoi que ce soit pour changer tout ça, je le ferais. mais j’ai pas de super pouvoir, je suis juste.. je suis juste camila. « this is so unfair. you are unfair. where are all your pretty words, uh ? everything’s gonna be okay. BULLSHIT. » y a rien qui va. tu me repousses jour après jour quand j’fais tout ce que je peux pour t’aider à surmonter ça. « you want to cry on yourself ? go for it. i’m done. » j’suis pas fautive, j’suis pas ton punching ball.

Comment traduire ce qu’il ressentait en mot ? Il n’avait jamais été doué pour apposer ses pensées à travers des phrases. Il sentait qu’il n’était plus à sa place, dans son corps. Il se tournait vers Camila qui voulait défendre une cause qui n’était pas la sienne, à lui. Pas qu’elle n’avait pas envie d’être brutal, mais elle avait le don pour attaquer là où ça ferait écho quelque part dans tout l’bordel qu’était sa tête. Il passait une main sur sa barbe un peu sale, et avait le regard qui devenait dur. « It’s NOT nothing but just a leg ! » Il réalisait peut-être à ce moment là qu’il était en train de vivre un instant crucial. « You can have A FUCKING KIDNEY. I can’t take back my leg ! » Il n’avait jamais ouvert la bouche. C’était la première qu’il exprimait à voix haute tout ce qu’il gardait depuis plusieurs jours maintenant, parce que le retour à la maison lui avait mit la claque dans la gueule qu’il serait un incapable jusqu’au bout. Il avait envie de faire les cent pas dans la poèce, il en était incapable. Il soupirait, il ouvrait un placard et sortait un verre. Il avait besoin de boire un coup. Il se foutait de l’heure, il se servait un peu de whisky, les poings sur le plan de travail, la tête en avant. Les quelques mèches qui tombaient venaient lui couvrir le visage, pas plus long que la normale mais qui ne lui rendait pas justice. Il le but cul sec. Et il avait l’impression de sentir ses veines éclater par la dilatation. C’était tout ou rien, et il se retournait vers Camila quand elle jouait de sa pitié. Pour lui, du moins. « Oh you’re done ! You’re done of what ? Me ? » Il haussait un peu le ton, le verre en main. « Now that i’m a fuckin monster, a guy with just one leg, you want to leave ?! » Il posa le verre en frappant un peu fort sur l’inox, et il prit carrément la bouteille pour boire une autre gorgée. Il avait un besoin irrépressible de se noyer dans le whiskey, d’oublier pendant un instant que c’était pourri. Là, il aurait voulu se retrouver quelques mois en arrière, capable de prendre le moindre rail sans se soucier de quoique ce soit. « NO. EVERYTHING’S NOT GONNA BE OK. It's fallin' apart ! » Et il donna un gros coup du plat de son poing sur l’ilôt central de la cuisine. Il aimerait hurler. Est-ce que c’est juste ? Non. Il aimerait courir. Est-ce qu’il le peut ? Plus jamais.

je croyais qu’on avait dépassés tout ça. je croyais sincèrement que ce genre de crise, ce genre de moment où tu m’en mettais pleins la tronche, c’était terminé. mais chassez le naturel et il revient au galop, pas vrai ? ouais, tu me le prouves là. alors je ne sais pas si tu fais exprès de ne pas comprendre ce que je te dis ou si tu cherches le moindre prétexte pour déclencher un conflit mais dans tous les cas, j’suis en train de perdre patience là. « oh, i’m so sorry victor. i just take a bullet for you but look how lucky i am, i can have a kidney if i want to. » putain, tu te rends compte au moins des conneries que tu dis ? de la force avec laquelle tu te montres injuste avec moi ? j’te jure, t’es vraiment un putain d’enfoiré quand tu t’y mets. et comme si ça allait aider à arranger quoi que ce soit, c’était le whisky qui venait s’interposer entre nous. bah oui, vas y. continue comme ça, on est vraiment sur la bonne voie. et j’continue à en prendre plein la tronche comme si c’était moi la fautive de cette histoire. comme si absolument tout reposait sur mes épaules. j’grimace, mélange entre la douleur et la peine alors que tes hurlements viennent emplir la pièce. « done with this conversation. but if you see me like this girl who wants to leave you because you have a hard time.. wonderful. you keep sayin’ nasty things about me. why do you stay uh ? » elles sont où toutes tes belles paroles vic ? les promesses de m’épouser, de m’offrir la meilleure des vies ? ou t’es un menteur, ou tu te fous complètement de tout ce qui t’entoure mais moi, j’ai rien fais de plus que tenter de t’aider à surmonter chaque instant depuis l’attentat. j’sursaute quand ton poing se fracasse sur l’îlot central puis y a mes yeux qui lancent des éclairs. « okay. stay here. drink all the bottle if you want. get drunk. i don’t care, i’m going to sleep. » puis va te faire foutre.

C’était de la colère qui bouillonnait en Victor, et il perdait patience parce qu’il avait l’impression que Camila prenait en dérision ou en futilité ce qu’il ressentait. Il reprenait une gorgée de whiskey, directement dans le goulot sans même le couler dans un verre. Camila, elle était sublime, mais elle avait le don d’être parfois à côté de la plaque. Enfin, c’est ce que Victor croyait profondément. « Yeah ! Go to sleep ! Maybe i can grow a leg until tomorrow ! » De l’incohérence. Il la regardait partir dans la chambre quand elle claquait la porte, et il tentait de se calmer mais tout ce qu’il faisait, c’était boire un peu plus de ce breuvage absolument malsain. Il passait sa langue entre ses lèvres, récupérant les dernières gouttes du poison. Est-ce qu’il n’y avait pas un moment où les cauchemars s’apaisaient ? Réalisait-il seulement que la vie serait différente, maintenant qu’il se retrouvait dans la peau de ces handicapés dont il se moquait souvent ? Il récupérait une béquille pour s’appuyer dessus et se diriger vers la table. Il claqua la bouteille sur le verre et ne bougeait plus, regardant le vide en face de lui. Au final, Camila s’était faite agresser pour rien. Pour rien ? Elle avait minimisé ce qu’il avait perdu. Oui, mais elle essayait de dédramatiser pour pouvoir avancer dans sa vie. Est-ce qu’il avait eu tort ? Il bu une autre gorgée. Ok, il n’avait pas été tendre mais… non, Victor avait tord, point à la ligne. Il soupirait. Difficilement, il se relevait et aller vers la chambre. Il entrait discrètement. Cela faisait une heure qu’elle était partie dormir, alors il n’avait pas envie d’la réveiller. On sait jamais. Il sauta jusqu’au lit et tenta de se glisser avec discrétion entre les draps. Et plus pour lui, il murmurait. « Sorry babe. » Il était assis contre la tête de lit, sachant très bien que le sommeil ne viendrait pas. « I need to find a guilty person and it’s easy for me to accuse you… » Il baissait la tête vers sa jambe encore couverte par son short. « It’s not over, for me, for you, i know that… It’s just… » Il passait une main sur son visage, et ses yeux qu’il frottait de son poing. « It’s worth what it’s worth but thank you. For almost dying for me… » Il ne lui avait jamais dis. Elle dormait. Tant mieux. Il s’allongeait un peu. Puis il se mit juste derrière Camila qui était dos à lui, sur le côté. Il passait son bras sur elle, sa joue contre son dos.

j’te jure, t’as cette capacité à me faire péter les plombs en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. et je peux pas. je peux pas t’aider si tu me repousses comme ça. si tu me parles de la sorte. alors ouais, je me tire. laisse ta colère éclater ici si t’en as envie mais je vais clairement pas faire les frais de tout ça. j’suis pas fautive et si t’as pas envie de l’entendre, tant pis pour toi. alors je retourne dans la chambre claquant la porte derrière moi histoire de te faire saisir mon mécontentement. j’veux même plus écouter tes sarcasmes parce qu’à ce point là, c’est juste puéril. t’es pire qu’un gosse par moment. et après, t’oses me juger sur mes réactions « excessive » ? c’est l’hôpital qui se fout de la charité. et j’reste là, sous les draps, à me morfondre jusqu’à ce que le sommeil vienne me récupérer. et y a rien d’apaisant dans tout ça. je déteste me prendre la tête avec toi. et j’sens que je m’agite, que rien ne va. puis c’est ton bras qui vient autour de moi me tirant légèrement de ma torpeur. c’est trop facile tu sais ? me faire tous les reproches du monde puis venir l’air de rien par la suite. mais j’ai pas le courage d’hurler encore. j’veux juste te retrouver, pas qu’on se fasse la guerre. alors je finis par glisser mes doigts autour des tiens soufflant légèrement. tu vois, ça, un truc aussi bête que ce que tu fais maintenant, j’ai l’impression que ce n’est pas arrivé depuis une éternité. comme si t’étais répugné à la simple idée de me toucher. est-ce que c’est le cas ? « when i said it was just a leg.. that was not what i meant. it’s just.. » pourquoi t’as pas essayé de comprendre plutôt que m’hurler dessus comme si je me fichais royalement de ce que tu étais en train de vivre ? et je me défais légèrement de ton emprise pour pouvoir me tourner et te faire face, les yeux cette fois bien ouvert. mes doigts qui glissent lentement sur ta cuisse que tu tentes de cacher par tous les moyens. « i.. still loving you. and i still want you. you’re the same for me. i still want to marry you and i don’t know why you don’t want me anymore but.. i’m sorry. »