Heureusement que Nyssa lui avait filé la moitié des cours du dernier TD, il n’avait pas réussi à suivre quoique ce soit. Sa nuit avait été agité à l’hôpital, et il s’était endormi la moitié du temps. Il regardait l’heure quand le professeur annonça qu’on reprendrait la prochaine fois avec l’aspect de la mort de l’enfant. Merveilleux sujet, tout pour déprimer. « Drop me off ? My car’s broken. » - « Yeah, where ? » - « Hospital. » Elle accepta sans problème et le déposa à sa deuxième maison, le service pédiatrie. Il pointa son doigt vers sa camarade et collègue de travail. « Tomorow, i’m the one who getting the solo ! » Et il tapa sur son front en riant pour entrer dans son lieu de travail favori. Il salua les infirmières et quelques médecins, des chefs, potentiellement. Il pencha sa tête vers la chambre de Charly mais elle ne s’y trouvait pas. « Alma, where is Charly ? » - « Playground, she’s got some colors. » - « Thanks. » Et il se dirige droit vers la salle indiquée. Il repère sa tête blonde qui avait un peu de rose sur les joues. « DOCTOR VICTOOOR. » A grandir trop vite, on finit par développer un langage déjà très tôt. Il la soulevait de terre pour venir l’embrasser plusieurs fois dans le cou. « Camila’s coming tomorrow ok sweety ? » Elle fit un immense sourire en acquiesçant vivement et il la remit au sol. Il tourna dans une salle de garde pour récupérer le dossier en question et regarda l’heure. Il fit demi-tour et prit le bus pour rentrer chez lui. […] Il tourna la clef dans la serrure et jeta ses chaussures dans l’entrée rapidement. « It’s meeeee. » Et il posa son sac et son dossier sur le meuble de l’entrée. « It smells good oh god i’m hungry ! »

j’aimais pas ce genre de suspens. vraiment pas. savoir qu’on voulait me dire quelque chose mais devoir attendre que le soir vienne sans avoir le moindre indice sur la question. et forcément, fallait que ça tombe le jour où je n’avais strictement rien à faire pour m’occuper. j’avais pourtant bien tenté de me pencher sur mes cours espérant que la distraction serait suffisante mais.. ouais, autant rêver. dans la finalité, j’avais plutôt l’air d’un lion en cage, incapable de tenir en place, faisant les cent pas sans oublier de regarder l’heure toutes les trois secondes comme si le temps allaient miraculeusement sauter. et finalement, en faisant mine de ranger un peu, j’étais tombée sur un vieux livre de recette. une des multiples choses que l’on avait pu m’offrir et qui n’avait jamais servit. alors à force de tourner les pages, je finissais par m’arrêter sur un truc en particulier et en avant l’expérimentation. visiblement, ça suffisait à me détourner de mes pensées puisque l’instant d’après, tu étais là. « it’s not for you » que je lance. nop, c’est pour charly et tous les autres gamins demain. j’détestais venir les mains vides et faire une fournée de pâtisserie me semblait être une bonne idée. refermant le four, je décalais une mèche de cheveux derrière mon oreille avant de venir jusqu’à toi te voler un baiser. « so, now you’re here, i’m waiting. » et tu sais très bien où je veux en venir, tout comme tu sais probablement que j’ai du imaginer trois mille scénarios dans ma tête en attendant que tu me dises vraiment ce qu’il en était. « oh come on, tell me » arrête de me regarder avec ce petit sourire, c’est frustrant.

Tout en Victor était en train d’entrer en ébullition. Il riait même de la situation, quand Camila recula le plat de lui pour lui dire que c’était pour les enfants de l’hôpital. « No, no, leave me just one… » Le lendemain, il ne serait pas là, il serait encore en cours et il ne pouvait pas accompagner Camila à l’hôpital. Il fit une moue boudeuse et plongea un doigt dans la pâte rapidement avant que Camila ne l’attrape. Il lécha son doigt et en mit sur le bout du nez de sa petite-amie quand elle continua d’insister pour savoir ce qu’il voulait lui dire. Il se mit à faire un petit rire machiavélique, le genre de truc très énervant, voire pénible pour une personne qui devait avoir patienté... comme Camila. Il alla d’abord se servir un grand verre d’eau fraîche dans le frigo, puis il enleva ses chaussettes. Il en fit une petite boule qu’il tenta d’envoyer dans le panier de linge sale qui se trouvait dans la salle de bain mais il rata sa cible. « What do you want to know ? » Puis, c’était un pari fou non ? Il ne savait pas si c’était même possible, mais il avait envoyé de voir le monde différent, que Camila aussi et que ça avance enfin dans sa misérable vie. Il se retournait ensuite vers Camila qui était à deux doigts de lui planter un couteau entre deux côtes. « Ok, ok ! I’m gonna tell you ! But… » Il pinça les lèvres. « I want to taste one of the cake tonight. » Et il levait les mains comme si c’était une évidence.

j’te jure que là maintenant tout de suite, j’ai juste envie de t’arracher les yeux. déjà parce que j’te vois prêt à voler les gâteaux. ensuite parce que tu fous tes sales doigts dans le plat et enfin parce que t’as le culot de m’en mettre sur le nez. j’grimace encore et encore alors que visiblement, t’as choisi de me rendre folle aujourd’hui. est-ce que c’est encore une vengeance pour instagram ? dans tous les cas, tu prends bien ton temps et moi, je croise les bras sur ma poitrine, tapant du pieds sur le sol. « i’m gonna kill you » et si tu veux pas dormir sur le canapé ce soir, t’as plutôt intérêt à pas continuer dans ce sens là. « but what ? » j’te jure victor, tu vas me rendre dingue avant la fin. « deal. » j’essaie même pas de parlementer parce que je sais que tu pourrais me faire tourner en rond pendant des heures et des heures et je déteste ça. alors ouais, si le prix pour avoir l’information est un cupcake, t’en auras un. « now, tell me » de mes deux mains, je m’hisse sur le plan de travail, déjà totalement à l’écoute. et j’te jure que si c’est une connerie, si tu m’as fait subir ça toute la journée pour finalement me balancer une connerie, j’te bouffe. « if you don’t tell me right now, i swear, you don’t touch me for the next three weeks. » ouais, là je crois que la menace est suffisante pour te faire cracher le morceau. preuve étant que j’affiche désormais un sourire victorieux.

Victor fit mine d’avoir un air choqué, quand elle utilisa le sexe comme monnaie d’échange pour avoir des informations. « It’s unfair ! » Il aurait voulu la faire tourner autour du pot encore un peu mais sincèrement, une part de santé sexuelle dépendait de sa survie s’il ne crachait pas le morceau maintenant. Il se mit à rire malgré tout, et il se pencha sur le plan de travail en inox, à l’opposé de Camila, pour la regarder droit dans les yeux. « I want to adopt Charly. » La bombe était lancée. Cette idée lui était venu aussi soudainement qu’elle avait dû germer depuis le jour où il avait rencontré cette princesse. Puis elle allait mieux non ? Il réfléchissait à beaucoup de chose en même temps, surtout si c’était possible de le faire. Puis…il ne savait pas si Camila allait soutenir cette idée-là vu que c’était une décision à prendre à deux, maintenant qu’il était en couple. « I want us to adopt her. » Il déglutit légèrement, scrutant Camila pour voir la moindre trace de réponse dans son regard. Elle n’allait peut-être pas vouloir, peut-être allait-elle penser que c’était une folie ? Surtout qu’ils n’étaient pas ensemble depuis longtemps. C’était un engagement sérieux et concret, rien à voir avec un petit appartement dans lequel il pouvait vivre. C’était une enfant. Alors il attendait.

bingo, en plein dans le mille. j’hausse les épaules l’air de rien. « tell me and you can touch me. » c’était aussi simple que ça. t’avais juste à lâcher l’information plutôt que me faire tourner en rond en prenant bien ton temps pour chaque action. sauf que yeux dans les yeux, quand tu lâchais finalement ce que t’avais en tête, j’me décomposais. pardon, quoi ? adopter charly ? j’ouvre la bouche, la referme, sans qu’aucun son n’en sorte. d’accord, je m’étais pas du tout attendu à ça en fait. et quand tu surenchérissais, j’fermais les yeux quelques secondes. tu voulais qu’on adopte charly. dans quel monde est-ce que qu’on nous la confierait déjà ? et est-ce que je saurais m’en occuper ? j’étais pas la personne la plus stable au monde et cette gamine, elle méritait ce qu’il y avait de plus beau sur terre. « like.. seriously ? » et j’le vois à ton visage que c’est sérieux. « but.. we have to move on. we need an other room and bought a lot of things. plus, we need to make a pretty big file and.. she’s gonna take your name or my name ? did you really think we have a chance ? » wow, j’ai l’impression d’avoir enchainée tellement de mot d’un coup que j’en ai perdu ma respiration dans la foulée. j’te regarde, l’air interdite quelques secondes. « if we adopt her we.. gonna be parents. like.. mom and dad. and we’re together since.. one hour. you.. are you sure about it ? » putain l’angoisse. j’ai l’impression que tu viens de me demander de t’épouser parce que ouais, c’est un putain d’engagement. « do you think she want it ? i’m not even sure to be capable of this. like.. and if i am a bad mom ? like.. wow. i need to breathe. » j’me laisse retomber au sol récupérant une cigarette au passage. god, help.

Et puis une tension dans l’air venait empester leur appartement. Le visage de Camila se décomposa, et en réponse, celui de Victor aussi. Il attendait son refus, sa bombe, sa négation. A l’inverse, elle se mit à paniquer. Mais surtout, à poser des questions stupides mais qui ne montrait pas clairement qu’elle ne le voulait pas. Un début ? Et elle commença à manquer d’air, à vouloir respirer un peu plus, et elle se laisse glisser sur le sol en prenant une clope. « Wow, easy babe. Calm down. » Il s’approcha d’elle, surtout pour s’asseoir en face d’elle, mais pas trop prêt non plus. C’était beaucoup à encaisser. Il récupérait une cigarette dans son paquet et il l’alluma avec son zippo. Il passait une main sur sa barbe qui repoussait bien comme il faut et il respirait un peu plus calmement, espérant que Camila se cale sur les mouvements de son torse, au rythme un peu plus apaisant que ce qu’elle voulait laisser paraitre. « I… because of you. » C’était parce qu’ils avaient parlé de ça que l’idée qui avait germé depuis un moment avait enfin éclos. « And she needs parents. Really. She needs to be loved and… lovers don’t want to adopt her just because she has a due date. And i can’t stand that. I’m gonna work to find a cure but… really, Cam. Think about it. » Il se voyait déjà avec la petite autour d’eux, l’amour à l’état pur, un ange qui traverse entre leurs jambes pour les réclamer quand elle s’angoissait. « I don’t want to do this alone. I don’t want to adoper her without you Camila. You’re the only woman i think is great for her. As a mom. » Et il en était profondément persuadé. C’était une certitude. « And my mom and dad knew each other for four months before having me. So i don’t care about the timeline. I’m sure. I’m really sure. About us and our future. » Et il tentait une approche, en glissant sa main vers elle.

en fait, y a des tas de trucs à penser. c’est pas le genre de décision qu’on prends du jour au lendemain. on se lève pas un beau matin en se disant qu’on va adopter la petite fille malade du coin. et j’ai l’impression que tu me tombes dessus comme ça, subitement. j’étais pas prête, j’étais pas préparée. pourtant, dans toutes les questions que je pose, j’ai l’impression que la décision est déjà prise. j’parle d’un nouvel endroit, d’une chambre supplémentaire, du dossier à construire et.. ouais, sûrement que dans le fond, je sais déjà ce que je veux faire mais c’est l’angoisse qui me submerge. « i’m calm. i’m totally calm. » faux. ça se voyait dans mes mains qui s’agitaient frénétiquement, dans ma respiration un peu trop lourde, dans la précipitation de mes questions. j’étais loin d’être calme pour le coup. et toi, tu venais t’installer en face de moi alors que ça continuait à fuser dans ma tête à toute vitesse. putain. t’étais en train de me dire que tu voulais que l’on adopte une gosse quoi. « i know she needs it. » ça se voyait dans ses yeux qu’elle voulait plus être là-bas. qu’elle voulait une maison avec des gens l’aimant sincèrement. « and if you don’t find it ? » si tu la trouves pas cette cure, comment est-ce que ça se passe ? parce que moi, j’ai plus le mental pour encaisser ça. « don’t say that. » j’serais probablement la pire mère qui puisse exister. j’ai même pas su porter à terme ma grossesse, c’était sûrement un signe du destin. « and.. are you sure about that ? » parce que tu parles d’adopter une petite fille. toi et moi. on s’tapait encore sur la gueule y a trois jours victor. mais malgré tout, j’attrapais la main que tu me tendais poussant un soupir. « i… i can use my name for all of this. nobody say no to a wildingham but.. it’s gonna be more intense than just a relationship. » ce serait pas juste toi, moi et nos crises à répétition. on aurait un petit ange entre nous devant qui on devrait se canaliser et.. on savait même pas où est-ce qu’on allait toi et moi.

Et il en était sûr, Victor. Elle était celle qui lui fallait. A la vitesse de l’éclair, ils avaient construit quelque chose de fort mais de super instable, malgré tout. Alors oui, elle avait raison Camila, ça allait être bien plus qu’eux deux, au-delà même. L’intensité allait être beaucoup plus forte qu’auparavant, et ils allaient devoir la concentrer sur Charly, et non pas leurs querelles de merdeux, de gamins pour qui tout allaient bien. « I’m gonna find it. » Ce n’était pas forcément une promesse, mais ça avait le mérite d’être sincère. Il allait se battre comme un chien pour obtenir ses diplômes, quitte à ne plus dormir, il allait faire des recherches et étudier comme un damné pour trouver un miracle. Il haussait les épaules quand elle proposa d’utiliser son nom. Elle n’avait pas tort, ça irait bien plus vite en utilisant Wildingham que Multrier. Son nom n’était connu qu’à travers la France, avec le groupe Webedia. C’est David et Raphaël qui resteraient cons de savoir qu’il allait adopter une enfant… Eux qui étaient déjà parents. « Even with you name, it takes at least three monts to a year. But that’s normal, they want us to be… perfect. » Et ils étaient loin de l’être, dans la perfection. « So we need to work on us. Like fast. » Et il prit sur lui une seconde. Il regardait Camila. Plus de secret, plus de mensonge. Il devait crever l’abcès maintenant pour éviter que ça débarque plus tard, avec une assistante sociale sur le cul pour vérifier qu’ils étaient suffisamment stables pour adopter un enfant. « Ok, i’ve seen Louison like two days ago to give back her five thousands dollars. I’m clean of debt with her. »

y avait tellement de choses à mettre en place en fait. j’avais l’impression qu’on allait devoir tout chambouler. d’un coup, comme ça. et ouais, j’avais la trouille parce que c’était une sacré charge de responsabilité. j’étais même pas certaine que mes proches comprennent. en fait, j’étais quasi sûre que le seul sur qui je pourrais compter était toi et.. ouais. « okay.. » je te crois. si tu dis que tu trouveras, je veux y croire. mais ça ne change pas tout le reste. c’était un dossier en béton qu’il nous fallait et.. regarde nous. j’étais sortie de cure il y a quelques mois, j’avais tenté de mettre fin à mes jours un nombre incalculable de fois.. qui allait me confier la garde d’une enfant ? j’étais même pas certaine qu’on me laisse adopter un chien en soit. « i know » mais on était pas parfait. on était même très loin de l’être. alors dis moi comment on allait faire ça ? « more than fast. » p’tain, c’était vraiment l’angoisse. j’savais pas ce qu’on allait nous demander ni même si on serait capable de le faire. j’voulais pas rentrer dans ma tête que ça allait fonctionner pour tomber de haut après et.. gosh. qu’est-ce qui t’es passé par la tête victor ? et pendant que j’me pose des milliers de questions, tu lâches une bombe. l’effet est immédiat. j’retire ma main, mes yeux qui accrochent les tiens. « you what ? » ça claque dans l’air, c’est sec, froid. « okay, fuck you. » j’me redresse, te laisse planté là, enfile une paire de basket, une veste. t’es un putain d’hypocrite en fait. à venir criser pour une photo avec mon meilleur ami quand tu revois ton ex derrière mon dos. salaud. et même si j’crie pas, même si j’ai l’air impassible, c’est toujours quand je suis le plus calme que je suis la plus dangereuse. « i’m gonna take some air. when i’ll go back, you and your stuff are gone. » simple.