13h45. Je suis assis sur les gradins du grand stade d'Harvard, comme prévu. Je t'attends. T'as dit que tu serais à l'heure. Moi, j'ai préféré être à l'avance pour une fois. J'sais pas, je suis plus à l'aise à l'idée que ce soit toi qui viennes vers moi plutôt que moi qui aille vers toi. J'sais pas pourquoi, c'est comme ça. J'ai les pieds posés sur le gradin de devant, les coudes sur mes genoux. Je scrolle instagram, je réponds aux mails et aux textos. Je fais passer le temps. Histoire de ne pas penser au fait que je vais révéler mon identité. A la réaction que tu pourrais avoir. Parce que c'est sur que tu me connais. Au moins de vue. Et t'auras sûrement entendu des histoires peu glorieuses sur moi. Peut-être même via ta soeur. Mais comme je t'ai dit, j'ai plus rien à perdre. J'ai pas repris de morphine, j'ai réussi à jeter mon matos, mon sevrage est loin d'être fini mais disons que je vais mieux. Je tremble plus, je vomis plus, j'arrive un peu à manger à nouveau et j'ai repris le sport. On est sur la bonne voie non? Et même si t'as des textos, t'as aucune preuve tangible si jamais tu voulais me balancer, même si j'pense pas que ce soit ton genre. On verra finalement... Peut-être que tu changeras d'avis en découvrant que je suis le président des Winthrops. Qui sait? De toute façon, il est trop tard pour faire marche arrière.

@Céleste Witherspoon

J’avais aidé une personne à se sevrer enfin j’avais essayé puisqu’elle m’avait rejeté mais après quelques semaines de silence j’étais retournée vers lui afin de lui souhaiter de bonnes fêtes de fin d’année. J’avais mal réagi lorsqu’il m’avait fait comprendre qu’il préférait faire confiance à sa petite amie qu’à une inconnu rencontré dans des toilettes. J’étais encore jeune et beaucoup trop naïve et impulsive mais j’avais reconnu mes tords et j’avais fais un pas en avant pour me faire excuser. Il m’avait donné rendez-vous au stade d’Harvard pour me révéler son identité et j’avais accepté même si je stressais à l’idée de reconnaître la personne. Je venais de poser un pied dans le stade et je voyais au loin une personne assise dans les gradins. Je m’avançais petit à petit vers lui et j’essayais de me concentrer sur autre chose que mon stresse car mon coeur battait de plus en plus rapidement et fortement. Je n’avais pas envie de faire une crise d’angoisse ici devant lui car il n’était pas au courant de tout ce que j’avais pu vivre lors de Thanksgiving et c’était mieux comme ça. La seule chose qui pouvait voir c’était des cicatrices sur mon visage à cause des coups que j’avais reçu lors de ma séquestration. Je soufflais à nouveau avant de grimper dans les gradins et je restais debout à ses côtés. « Est-ce que tu acceptes que je m’assoie à tes côtés…? » Je ne l’avais pas encore réellement vu donc je n’avais pas pu le reconnaître.

« bla bla »

Je ne t’avais pas repoussée. Je n’avais ps rejeté ton aide. J’avais juste préféré écouter ma petite amie. Je pense que tu peux comprendre ça non? Pourquoi dire non aux conseils de celle qui partage ma vie en faveur d’une inconnue? Agathe commençait à s’agacer que je lui parle de toi concernant mon sevrage, et quand elle m’a dit de tout couper du jour au lendemain, même si je savais que ce n’était pas la solution, j’ai préféré lui faire plaisir, ne pas la contrarier. Mais aujourd’hui ça allait mieux. De par les plantes que tu m’avais donné, par tes conseils, par ma volonté aussi. J’étais maigre mais tu ne le verrais pas puisque tu ne me connaissais pas. Enfin, pas en tant que proche en tout cas. Et tu allais bientôt découvrir mon visage, qui se cache derrière cette âme meurtrie que tu as rencontré à la rentrée en train de vomir toutes ses chances de réconciliation avec soi-meme. Tu arrivais, silencieuse, te postant à côté de moi et demandant si tu pouvais t’asseoir. “Je t’en prie.” que je réponds, tournant ensuite la tête vers toi une fois que tu as pris place sur les gradins froids. “Elliot Maxwell. Enchanté.” Et voilà. Plus de retour en arrière possible.

Je ne savais pas comment allait se passer notre rencontre mais j’espérai au fond de moi que tout se déroule bien. Je me donnais le courage de grimper les quelques marches pour le rejoindre et je lui souris lorsqu’il me donnait l’accord de m’asseoir à ses côtés. Sans plus attendre je prenais place à ses côtés avant qu’il ne me regarde. Je l’avais déjà vu dans les couloirs d’Harvard et je n’aurai jamais cru qu’il puisse prendre des choses illicites mais au fond c’était un bon point pour lui. « Elliot. » Ce prénom aussi me semblait familier et très rapidement mes pensées s’agitaient et je fis facilement le rapprochement. Il était le président des Winthrop et je comprenais mieux pourquoi il avait voulu garder l’anonymat jusqu’à présent. « Je suis enchantée de pouvoir faire ta connaissance. » J’étais sincère et je ne voulais pas qu’il pense que j’étais venue ici pour le juger car ce n’était pas dans ma nature. « Je...tu...tu ne voulais rien me dire à cause de ton...rôle au sein d’Harvard ? » J’étais curieuse mais ça il le savait déjà.

« bla bla »  

Tu t'asseyais à mes côtés et je décidais qu'il était maintenant temps de relever la tête vers toi. De dévoiler mon visage, briser l'anonymat que j'avais instauré lors de notre première 'rencontre'. Alors, une fois face à face, je lâchais la bombe. Je te donnais mon nom, comme si tu en avais besoin. Après tout, nos confréries étaient alliées ce semestre, alors je me disais que tu devais bien connaître tes présidents. Et comme si les idées s'imbriquaient dans ton esprit, tes yeux s'illuminaient un peu. La lueur du savoir. Et à ta question, je hochais doucement la tête. "Si ça se sait, je perdrai mon rôle de président et je serai viré d'Harvard." Et j'disais pas ça pour te mettre la pression ou te menacer, non. C'était juste la réalité des choses. "J'en ai chié pour avoir cette place au sein de la Winthrop, et je viens de me réorienter dans un cursus que j'ai enfin choisi cette année alors... j'ai pas envie d'être renvoyé."

Il me connaissait mais le pire dans l’histoire c’est qu’on s’était côtoyés durant plusieurs soirées étant donné que nos confréries étaient liées. Je n’avais jamais fais le rapprochement avec sa voix mais c’était certainement parce que je n’avais jamais pris le temps de connaître le président de la Winthrop ni même l’inconnu des toilettes. J’osais espérer que tout soit différent à partir d’aujourd’hui. « Je me doute des répercussions que tu auras si un jour quelqu’un le sait mais ça ne viendra jamais de moi. » Je ne voulais pas lui enfoncer la tête dans l’eau bien au contraire puisque je ne voulais que son bien être même si je ne lui avais pas prouvé depuis notre brouille par message. « Je le comprend mais ce n’est pas seulement pour ça car je suppose que tu préfères qu’on te voit comme quelqu’un de clean et non comme quelqu’un qui a touché à cette merde...» Ni même d’être jugé sans même qu’on ait appris à le connaître et ça je pouvais le comprendre. C’était humain.

« bla bla »  

Eh oui, je te connaissais. C'était aussi pour ça que j'avais tenu à garder mon anonymat. Parce qu'on s'était déjà vus, parce qu'on aurait continué à se voir lors de soirées étudiantes. Parce que je connaissais vaguement ta soeur aussi, et qu'elle ne m'appréciait pas nécessairement vis à vis de l'histoire avec Meghan et Sullivan qui remontait à cet été. Parce que j'voulais pas être viré de la Winthrop House, parce que j'voulais pas être viré d'Harvard. Et puis... oui, t'as raison. Parce que j'voulais pas être jugé. C'était peut-être con mais je tenais à ma réputation. J'étais un gars qui avait toujours prêté attention aux on-dits, aux bruits de couloirs, aux rumeurs. C'était dans ma personnalité, j'y pouvais rien. "Tu diras rien alors? Tu promets?" Bah oui, j'étais comme un enfant qui avait fait une bêtise et qui s'était fait prendre par sa nounou, mais qui était terrifié à l'idée que ses parents soient au courant.

Elliot semblait avoir peur que je révèle son secret mais il n’avait aucune crainte à avoir puisque ce n’était pas dans ma nature de faire du mal aux autres. « Je ne dirai jamais rien tu peux me faire confiance. » Je le regardais dans les yeux avant de lui sourire même je comprenais qu’il ne soit pas prêt à me croire sur paroles même si il n’avait plus que ça à faire. Il fallait qu’il apprenne à me connaître et dès que cela serait fait alors il ne se poserait plus de questions. « Et comment tu te sens maintenant ? » Il disait être clean et à ses yeux je pouvais voir qu’il ne me mentais pas mais je voulais qu’il soit honnête avec moi car sa manière de se sevrer n’avait pas été la meilleure et j’avais peur qu’il retombe dedans même si il pensait le contraire.

« bla bla »  

Bien sûr que j’avais peur que tu révèles mon secret. Après tout, on ne se connaissait pas. On ne se devait rien toi et moi. Je savais que t’étais la soeur de Marla, et tu savais que j’aimais les drogues dures. On ne savait finalement rien l’un de l’autre. Mes craintes étaient légitimes tu ne crois pas? Sachant ce que j’avais à perdre en plus... Ma place à la Winthrop, et même à Harvard. Ne pas pouvoir finir mes études. Peut-être même être dénoncé aux flics et me prendre les trois ans de taule que j’avais miraculeusement réussi à éviter l’année dernière. Et t’as beau me promettre de ne rien dire, m’assurer que je peux te faire confiance, je ne peux rien avancer sans te connaître un minimum. Tu m’as pas l’air d’être une mauvaise fille, au contraire, mais sait-on jamais, les apparences peuvent parfois être trompeuses... Puis tu me demandes comment je me sens et je soupire longuement, cherchant mes mots. « Je sais pas... Parfois ça va très bien. Et parfois ça va très mal. J’ai l’impression de ne jamais savoir sur quel pied danser. Je peux me lever un matin et manger pour quatre, aller faire du sport, être joyeux, avoir envie de voir du monde. Et puis le lendemain, je me lèverai du pied gauche et refuserai de quitter mon lit ne serait-ce que pour me doucher ou m’alimenter. C’est le grand huit des émotions en fait, et je sais jamais si ça va monter ou descendre au prochain looping. »

Ma sœur est une présidente de confrérie mais malgré tout l’amour que je lui porte je ne lui raconte pas tout et encore moins des sujets aussi sensibles que celui-là. Je suis consciente des risques qu’il endure si je le dénonce et je ne veux pas être la cause de son échec. Je me concentre à nouveau sur ses paroles et je l’écoute attentivement tout en hochant la tête. « Le sevrage n’est pas facile à faire et il te faut beaucoup de courage pour t’en sortir totalement. » Il ne pouvait pas être sevré au bout de quelques semaines puisque la route était longue. « Tes émotions seront ainsi pendant plusieurs mois car c’est le temps que ton corps s’adapte à sa nouvelle vie. » lui avouais-je avant de lui sourire légèrement. Je n’étais pas défaitiste mais je me devais d’être sincère avec lui même si il devait être conscient de tout ce qui l’attendait. Je sortais de mon sac quelques petits sachets et je lui tendais. « Ce sont des vitamines et de l’homéopathie qui pourrait t’aider à ne pas te sentir aussi mal certains jours. » Je ne savais pas si ça allait l’aider mais c’était aussi ma manière de me faire pardonner et de lui faire comprendre que je voulais qu’il arrive à s’en sortir.


« bla bla »