Allongée dans ton lit, t’es suivie de près par la floppée d’infirmiers et de médecins de ce service. Fichu service duquel tu n’es toujours pas sortie parce que selon, c’est trop risqué pour le moment. Ca fait trois jours que tu t’es réveillée, trois jours que tu fais des cauchemars à répétition alors même que le peu de souvenirs que t’as de ce qu’il s’est passé ne sont que des bribes de l’évènement. C’est Basile qui t’a raconté, Basile qui t’a expliqué ce qu’il vous est arrivé à tous et plus précisément à toi. Projetée lors de l’explosion, tu t’es retrouvée à moitié sous l’un des stands de la fête foraine, l’arrière de ton crâne blessé. Blessé au point où t’as perdu beaucoup de sang mais trop peu pour endommager totalement ce qui te sert de cerveau, heureusement. Lorsqu’Iris pénètre dans la chambre, première fois que tu la vois depuis ton réveil, un sourire illumine difficilement ton visage marqué par la fatigue et la tristesse. T’as pleuré, énormément pleuré. En te réveillant, prise de panique ; en apprenant ; en y repensant ; en tentant de dormir, en vain. La seule chose que t’attends, toi, c’est de sortir d’ici. Qu’au moins t’aies la chance de quitter le service de soins intensifs, de plus être raccordée à toutes ces machines autour de toi, de retrouver un teint à peu près normal et plus aussi blanc que tes draps d’hôpital. Ta gorge a fini par se remettre de tes cinq jours de sommeil profond, ta voix a fini par revenir, hallelujah. « Je suis aussi contente de te voir Iris… vous m’avez tous manqué, j’en peux plus d’être ici. » que t’avoues en l’observant déposer la pile de magazines à côté de toi, des chocolats et un café. Tu souris, encore une fois. C’est un amour, cette fille, heureusement qu’elle est là parce que t’as pas vu grand monde depuis ton réveil, si ce n’est ta famille et Basile. « T’es un amour, merci. Je suis tentée de le boire mais le médecin préfère que je fasse attention à tout pour le moment. Ca me saoule. » A ce rythme-là, il va te retrouver pendue à tes câbles, le petiot. « Tout va bien pour toi ? Je veux dire… t’y étais aussi ? »