Je ne sais pas à quoi ça sert que je vienne voir Phoebe. A m'excuser ? A la voir m'engueuler ? Je ne sais pas. Mais j'ai ce besoin de la voir. Trop de jours, trop de semaines se sont écoulées sans que je la vois et... mon coeur, ça, il n'arrive pas à l'encaisser. Je vous jure, je le reconnais pas, c'est comme si je n'avais plus le contrôle sur mes émotions, mes sentiments. il a besoin de parler, de sortir de sa cage. Et la seule personne qu'il veut, c'est elle, ma sorcière bien aimée. Le manque d'une personne aide souvent à y voir plus clair, et maintenant j'en suis sur. Je suis indéniablement entiché d'elle, c'est clair comme de l'eau de roche, et je suis malheureux rien que de la savoir loin de moi, que je sois inexistant dans sa vie. Certains me diront de l'oublier, de profiter. Mais je peux pas, j'ai ce goût d'inachevé, je l'ai quitté sans le vouloir au fond de mes tripes. J'dis pas que je veux la récupérer, elle aime Zoey, pas moi. Alors qu'est-ce que je fous devant sa porte à sonner chez elle ? Ce grand manoir où j'ai eu ma toute première fois avec elle. Cette nuit si magique... j'en ai encore des frissons. Ce qui m'empêche de recoller les morceaux avec elle, c'est le spermatozoïde que j'ai offert à Abigail. Une fille dynamique, gentille, belle, avec un énorme manque de confiance en elle. Une simple nuit sans importance et maintenant elle porte mon mioche. Et on a fait pété une bombe. Tout le monde nous déteste. On est obligé de se serrer les coudes, à deux, mais selon elle, elle pense que je m'en fiche, tout ça car je ne dis rien, je ne parle pas, j'suis pas expressif. C'est maladif, je suis comme ça, pas au point d'être autiste mais presque. Je m'en veux, ça a surement blessé Phoebe, et encore plus qu'elle sache que j'ai mise sa meilleure amie enceinte. Manque de bol, j'ai couché que quatre cing fois dans ma vie, et je suis déjà papa. Je prends une inspiration, je sonne à sa porte et j'attends qu'elle vienne m'ouvrir. Lorsque je vois sa tête, mon coeur se fend en deux et j'ai mon estomac qui se retourne. « salut. » wow, ça fait trop bizarre de la voir, après... trois semaines ? Je m'avance pas, j'attends qu'elle me laisse entrer, ou pas, et je fourre mes mains dans les poches de mon jeans.

Le gros canular. Laszlo Griggs veut me voir. Il veut venir enfoncer le couteau dans la plaie d’où jaillit des litres de sang. Il veut me tuer en chair et en os. Le culot. Comment a-t-il pu ? Comment as-tu pu ? Tu t’es déchargé dans ma meilleure amie et à présent, elle porte ton gosse. Tu crois quoi en venant jusqu’à chez moi ? Obtenir mon pardon ? Fous-toi le doigt dans l’oeil bien profond et qu’il ressorte par où je pense. Bordel, t’es un con et .. Je te hais. Ok, je t’ai envoyé balader indirectement pour Zoey, mais ce que tu as fait, c’est dix fois pire. Je te jure, si tu restes stoïque et à marmonner quelques syllabes, je vais vraiment disjoncter. Je disjoncte déjà de toute manière. Je fais les cent pas dans ma baraque. Je parle à mes chiens, je crache toute ma rage et ils me regardent avec un air craintif. Mon coeur s’emballe, c’est le stress, rien de plus. Je suis pas perturbée, foutez moi la paix. J’sais bien que t’es beau, que t’as tout pour plaire, mais t’es tordu aussi. Sacrément tordu. Un drogué qui drogue les autres. Tu m’as eu, tellement eu. Peu avant l’annonce de la grossesse, j’ai vraiment cru que l’on pourrait se retrouver, ne serait-ce qu’amicalement, mais désormais, tous ces espoirs sont anéantis. Je suis trahie. Abi, toi. Vous êtes au même niveau. Vous m’empêchez tous les deux de trouver le sommeil. Je suis devenue une insomniaque. J’feins de n’en avoir rien à foutre, mais c’est tout le contraire. J’suis tellement furax que j’ai commencé à créer une poupée à ton effigie. D’ailleurs, lorsque la sonnerie de mon manoir retentit un peu partout, je fonce vers mon atelier pour m’en emparer. Je me rapproche de l’entrée, un tambour à la place du palpitant. Je tourne la poignée et j’ouvre brusquement pour te découvrir. « Bonsoir Griggs » Bordel, j’arrive plus à respirer convenablement. C’est comme si on avait réduit le débit d’air auquel j’ai droit en temps normal. Je me sens oppressée. « Euh, bah, entre, à moins que tu sois là pour tondre la pelouse ? » T’en fais pas, mon buisson sous la ceinture est bien entretenu, je parle de mon jardin qui ne ressemble plus à rien. Me décalant ensuite sur le côté, je te laisse passer et referme lourdement derrière moi. « Je te sers à boire ? Une infusion ? Une potion pour te rendre stérile ? » Long soupir, je serre la poupée de chiffon dans ma main, comme si cette étreinte musclée allait se répercuter sur ton propre squelette.

Elle est tendue, ça se voit. Je la connais quand même un peu un minimum. Nope, elle est pas contente de me voir. Mais pourquoi a-t-elle acceptée ? Elle aurait pu m'envoyer chier, mais non, regardez, je suis là, le grand méchant loup. Celui qui jouit plus vite que son ombre. La porte se ferme et je me sens comme enfermé dans mon propre piège. Je regarde vite fait ce qui a changé dans sa déco puis je reporte mon regard sur elle. « un potion pour me rendre moins con ouais. » si t'as ça, je suis preneur. Je souris, en m'imaginant que ça allait l'amuser aussi, mais non. Je commence à me dire que c'est peut-être une mauvaise idée. Je remarque qu'elle tient un truc flippant dans ses mains, une sorte de poupée, et je comprends vite qu'elle veut me jeter un sort. « tu veux me tuer ? alors vas-y. » j'écarte les mains comme Jésus crucifié sur sa croix et je ferme les yeux. Mais rien, elle ne bouge pas d'un poil. J'avance vers elle, toujours avec mes bras ouverts comme un imbécile. Fais-le Phoebe, tord le coup de ce machin en paille pour voir si ça marche vraiment. Ou frappe-moi tout simplement si ça permet de te détendre. Je la coince jusqu'au mur. Je ne la touche pas, je garde mes mains chez moi mais je rapproche mon visage près du sien. Je prends le risque qu'elle m'arrache la langue avec ses dents, qu'elle me crève les yeux oui. Doucement, je pose ma main sur sa joue, pour essayer de la rendre plus tendre. « si tu m'laisses en vie, je vais t'embrasser. je vais te coincer contre le mur, t'empêcher de bouger jusqu'à ce je t'embrasse à en perdre le souffle. » je la désire tellement... j'en peux plus de plus la toucher, de plus l'embrasser, qu'elle soit à moi, que son corps soit à moi et cruel que je suis, je sais que c'est une façon de la faire craquer. Qu'elle oublie au moins mon meurtre quelques secondes le temps de se remémorer le goût de nos lèvres.

J’redoute le pire. Si tu t’es déplacé jusqu’à mon impasse bien glauque, c’est pas pour rien. T’es venu me demander la main de ma meilleure amie ? T’as pas besoin, j’te rappelle que tu lui as déjà fait un gamin sans mon autorisation. Sérieux, il manquerait plus que ça, que vous vous unissiez. La joke ultime. Putain, si tu savais que j’ai pu rêver de tout ça pour nous. D’un mariage en pleine nature, sans chichi et d’un bébé qui arrondirait mon bidon de mois en mois. Bah non, c’est Abigail qui s’est approprié ma vie, ENCORE. « Si seulement ça existait » Et ouais, pas de potion anti-connerie. Je devrais peut-être l’inventer, ça rendrait service à la planète entière. Plus de cons dans les rues, bonjour la paix et la sérénité. Vas-y, souris, je ne sourirais pas de sitôt moi. T’es un petit merdeux inconscient. Tu m’as trahi. C’était une vengeance ou quoi ? C’est le karma ? Ma poupée vaudou dans ma main, je la broie, cherchant à t’atteindre par la sorcellerie que je pratique. Seul hic, cette poupée n’a aucun élément t’appartenant, rien. Elle est vierge j’dirais. Vierge, tu connais ce mot non ? Dépuceleur ! « Tu mérites d’agoniser de longues heures. De te noyer dans ton propre sang ! » C’est quoi ton problème ? T’as décroché le rôle de Jésus au club de théâtre ? Tu me fais une démo de ton talent d’acteur ? Stop. Arrête d’avancer. Vade retro satana ! T’es le mal incarné putain. Ne souhaitant pas te repousser et te toucher, je recule et percute un mur. Fin de la fuite en moonwalk. Ma figurine de chiffon est sur le point de perdre sa tête. Je suis crispée et profondément perturbée par la proximité que tu as provoquée. Ma respiration se bloque. Ne pas inhaler ton parfum. Ne pas se montrer en défaillance. Garde la tête froide Phoebe, tu peux l’faire. Ta main se couche ensuite sur ma joue. Mon coeur entame alors une farandole effrénée. Volontairement, je détourne mon visage pour éviter de craquer sous mes pulsions. Plus je me perds dans le fond de tes yeux, plus la tentation augmente. « Pourquoi tu fais ça ? Tu croyais que t’allais me récupérer en engrossant ma meilleure pote ? Tu ne connais pas les poèmes et les fleurs ? » J’autorise un petit éclat de rire à voyager dans la pièce. Je pivote ma frimousse désemparée et retrouve alors ton regard possédé par l’envie. « Je ne te tuerais pas, tu vas endosser ton rôle de père loin de moi. Tu parles pour ne rien dire là. T’es un menteur Laszlo. Un butineur. Un collectionneur. Un mec qui s’rend compte que la seule femme captivante dans ce monde est celle qui lui résiste le plus. Vas-y, coince-moi, embrasse-moi, et après ? Tu délires .. »

Putain, même sa petite voix énervée elle m'a manquée. Voir ses gros sourcils se froncer, son nez remonté, ses yeux qui crachent des flammes... je suis un peu sadique non ? Mais c'est plus fort que moi. La voir dans tous ses états, ça m'amuse, et ça... m'excite ? Un peu, on va dire. J'ai juste envie de plaquer mes lèvres sur les siennes pour lui faire fermer son clapet. Mon dieu, je tremble intérieurement. Je me sens... comme une crevette qu'on vient de décortiquer. Nu. J'ai peur, peur que ça ne change rien, peur d'empirer les choses, de faire le mauvais choix. J'ai peur que ça soit la toute dernière fois que je vois ce beau visage blond qui fait tambouriner ma poitrine. Phoebe me crache des mots à la gueule mais ne me repousse pas pour autant. Je pose ma deuxième main sur sa joue pour qu'elle arrête de fuir mon regard. Et sans la laisser terminer sa charade, je colle tout mon corps contre elle et j'écrase mes lèvres sur les siennes. Putain, j'ai osé. Pfiouuu. Les secondes me paraissent des heures, j'adore, omg je revis. Je respire de nouveau. Ma santé va mieux.   « j'suis amoureux phoebe. » que je souffle contre ses lèvres en levant lentement le regard vers elle, maintenant que je l'ai calmée. Vous entendez ce bruit ? C'est moi qui porte mes couilles, pour de vrai, enfin ! Ce moment, je sais qu'elle l'attendait et je lui apporte sans doute trop tard. « amoureux de toi. » je pose mon front contre le sien et je ferme les yeux. Je déglutis. J'humecte mes lèvres, je suis... tendu comme un string maintenant. J'ouvre mon coeur oui, ma porte est ouverte, après tant d'années d'échec, et je décide de l'ouvrir à toi. Mes doigts glissent sur son visage et je laisse tomber mes bras le long de mon corps. « et ça me tue de le comprendre que maintenant. » après avoir baisé ta pote, l'avoir engrossée comme tu dis, après t'avoir poussé de nouveau près de Zoey et de me retrouver tout seul. J'sais pas si ça peut changer quoi que ce soit, mais je devais le dire. Absolument. Pour ne pas avoir de regrets, pour bien me casser la gueule comme il faut avant de remonter la pente. Mais c'est un fait, je suis bel et bien tombé amoureux de Phoebe Rowan. En retard oui, mais ça, c'est pas nouveau chez Laszlo Griggs le malfoutu.

J’ai fait entrer le Diable chez moi. J’ai fait entrer la créature la plus maléfique que je connaisse chez moi. Aucune potion, aucune incantation ou formule magique ne te fera faiblir. C’est un autre mec que j’ai face à moi. Un mec avec une détermination que je n’ai jamais aperçu du temps où nous étions encore ensemble. Et ouais, je t’asperge de mes paroles, de mon venin, mais t’écoutes que dalle. T’as pas changé, t’es toujours le même, obsédé par tes pulsions, complètement sourd. Ton corps virile se presse contre le mien. Nos formes s’emboîtent. Mon visage est emprisonné. Ma nuque ne peut plus pivoter. Il ne me reste plus qu’une option, fermer les yeux. Si je ferme les yeux, je pourrai éviter la tentation. Hop, paupières closes, le noir apparaît. J’évite de succomber, mais tes lèvres s’écrasent contre les miennes. Je les reconnaîtrais entre mille. Je sens leur empreinte qui s’imprègne sur mes lippes. Mes yeux se rouvrent et la gifle est sur le point de décoller. Je t’ai envoyé un signal ? T’as cru que je voulais qu’on se bécote là ? Quand je te dis que je veux ta mort, tu crois que c’est une invitation à se chauffer ? Maaaais bien sûûûûûr, t’es amoureux maintenant. T’es amoureux de ma pote et tu m’embrasses, y a pas plus logique ! Ton regard me tétanise sur place. Tu complètes ta phrase et j’crois que c’est l’équivalent d’une douche froide, ou .. de la foudre qui s’abat sur mon pauvre crâne doré. Tu t’accapares mon corps, comme si le tour était joué, mais rien n’est joué. C’est l’incompréhension la plus totale. Ton front force contre le mien. Tu t’appuies littéralement sur moi et je n’ai rien en stock, rien sous le coude. J’peux pas répliquer, c’est bien plus compliqué que ça désormais. « Attends .. » Je rigole, tout doucement. Nos nez se chevauchent à quelques reprises et puis je pousse, je pousse sur tes épaules pour nous séparer. « Comment tu l’as compris ? Faut que tu m’expliques là. » C’est reparti, je ris de nouveau. Mon bassin sortant de son alignement, je pose une main sur une de mes hanches, t’observant en remuant négativement ma bouille. « J’fais quoi là ? J’suis coincée entre toi qui reviens me déclarer ses sentiments et Zoey. Tu le fais exprès ? Tu lui voues une guerre et ton but c’est de l’anéantir en te servant de moi ? » J’suis un pion dans vos conflits ? Vous vous êtes ligués pour me rendre encore plus folle que je ne le suis ?

Je suis un enfoiré de faire ça, un putain d'enfoiré. C'est pas le bon moment, mais j'impression que moi tout seul, je suis pas un bon timing. Comme si j'étais né trop tôt, ou trop tard, pas dans le bon sens. Je ne comprends pas comment tourne le monde, comment on tombe amoureux, tout ça. J'apprends d'accord ? Je crois que c'est mieux d'exprimer ce que je ressens, plutôt que de ne rien dire. Abigail s'est moquée de moi en me disant que j'étais pas un sentimental, que j'avais le poker face, du mec qui s'en fout royal de tout. Mais non, c'est pas le cas. J'ai une boule de choses au fond de moi, dans ma poitrine, pleins de choses que je garde, dont j'parle pas et... non, stop, quitte à souffrir encore plus, je veux pas que Phoebe s'imagine une seule seconde que j'en ai rien à foutre d'elle. Mon coeur, il bat au rythme du sien et il déraille quand il n'est pas dans les parages. Elle me repousse. Je grimace. Ses mains me rejettent et même si je ne tombe pas à la renverse, j'ai l'impression d'être expulsé à l'autre bout de la pièce. « je... ne rie pas, je suis très sérieux. » rire, c'est se foutre de moi, c'est vraiment le truc à pas faire, ça me pousse encore plus à me fermer à tout jamais. Je me mords la lèvre et je cherche les mots, car moi et les mots ça fait dix-mile hein. « c'est ton absence, toi qui est pas là, toi que je ne peux pas toucher, toi qui m'manque. » je souffle, je regarde le sol, et évidemment, faut que ça parle de Zoey. On peut pas avoir un moment à nous non ? Faut qu'elle me parle d'elle, putain. Les nerfs. « je cherche pas la guerre ou quoi que ce soit. si tu me dis que celle que tu aimes c'est elle, alors je m'en vais de ce pas et je vais quitter ta vie, sans emmerder qui que ce soit. » c'est vrai, à quoi bon me battre si c'est voué à l'échec ? Moi je la veux heureuse Phoebe, Zoey aussi, mais mon bonheur à moi on en parle ? Je me sens petit, vraiment petit. « tu m'as tellement donné phoebe... tu m'as appris à m'aimer, à m'accepter comme je suis... et je veux t'aimer, j'veux... je sais plus ce que je veux. » mais je t'aime, ça c'est un fait et c'est pas prêt de passer dans l'oreille d'un sourd. Je suis perdu sans toi, un pantin sans vie, un fantôme...

J’en reviens pas. J’ai été attaqué entre mes propres murs. T’as osé. Tu m’as embrassé. Tu me dis que tu m’aimes. Tu vas me chanter une sérénade maintenant ? Sortez les violons. En fait t’avais besoin de baiser ma pote pour t’en rendre compte ? T’as pas le droit de revenir après tant de jours sans nouvelles. Tu remues le couteau, je pisse le sang maintenant. L’hémorragie que Zoey a freinée ressurgit. T’étonnes pas que je te repousse, c’est une technique de survie. J’éloigne le prédateur, celui qui pourrait me bouffer toute crue. Pourquoi tu ne ris pas ? Ça m’aurait arrangé moi, j’aurais vraiment préféré que tu te foutes de ma tronche-là. Ça se voit que tu ne mens pas et ça me fait chier. J’ai les nerfs. Le cul entre deux chaises, again. « Laszlo .. » Je perds ton regard et je rebondis instantanément sur la fille qui occupe également mon coeur. La poupée toujours dans ma main, je l’étrangle en te fixant. Je ferme même plus les yeux, ils sont tous secs. La boule dans ma gorge double de volume. Je me venge toujours sur la figure en chiffon, te laissant enfoncer les clous bien comme il faut. Ouais, tu ne fais rien d’autre que me crucifier là. Ensevelie sous les émotions, je balance ton double en paille au bout de la pièce et je cris ma rage. « J’croyais que tu reviendrais jamais ! » La respiration se saccade sous l’élan de colère. Je passe près de toi et puis je tourne en rond, comme un lion en cage. « C’est faux ! Je t’ai fait déconné encore plus ! Tu as mis enceinte une fille et pas n’importe laquelle ! Je parie que tu t’enfiles toujours des rails ! Je t’ai rien donné à part un peu plus de malheur » J’suis trop vénère, je shoote dans un guéridon et un vase s’explose sur le sol. Je m’en fous, les fleurs avaient fané de toute manière et moi aussi j’suis en train de faner et de mourir. « Je vous aime tous les deux et tu m’as manqué, mais .. Ça peut plus durer, je ne choisirais aucun d’entre vous, j’arrête. »

J'espère ne pas avoir fait tout ça pour rien. Sinon je pense que je vais jamais m'en remettre, je pense que jamais plus je pourrais m'ouvrir comme ça à une fille, là c'est mort. Est-ce que j'ai la réaction que j'attendais ? Non, déçu, mais pas étonné. C'est normal. Elle allait tout de même pas me sauter dans les bras, hyper heureuse. Mais une part de moi est content de la torturer, de la faire mijoter, d'foutre le bordel dans sa tête. Et dans son coeur peut-être. J'ai espoir qu'elle se rapproche, qu'elle m'embrasse de nouveau, qu'on se retrouve, merde. mais c'est bien mort, j'en ai l'impression. J'ai un mouvement de recul par réflexe quand elle se met dans une couleur noire. Elle balance sa marionnette de j'sais pas quoi et elle se met à aller de tous les côtés, à casser ce qui se trouve sur son passage. « j'pensais que tu m'attendais pas ! » que je dis pour me défendre. C'est vrai. Comment aurais-je pu le savoir ? Elle m'oubliait dans les cuisses d'une autre, ouep pour pas dire un autre, Phoebe elle aime varier les plaisirs, fille, garçon, peut-être les deux même. « arrête, stop ! si tu veux t'en prendre à quelque chose, je suis là, mais pas ton mobilier. » j'attrape ses avant-bras pour la stabiliser, pour l'empêcher de faire encore plus de dégâts et pire, de se blesser. Je desserre doucement mes doigts de ses membres et je capte son regard. « frappe-moi allez, je le mérite. pour avoir couché avec abigail, pour l'avoir mise enceinte, pour lui avoir donné de la drogue, pour être un imbécile qui n'a pas pu se battre pour toi, pour t'avoir quitté parce que j'avais la trouille ! » bien sur que je la provoque, je veux qu'elle décharge toute son énergie pour ensuite souffler, voir tout ça au clair et au  calme, mais là, c'est mission impossible. Le torrent Phoebe renverse tout sur son passage. Y compris mon p'tit coeur de pierre.

Tu attends quoi de moi ? Que je te saute dans les bras ? C’est formellement interdit par mon règlement intérieur. Je ne dois plus te toucher. Je t’ai suffisamment torturé. Tu n’as rien à faire ici, t’es complètement fêlé. Il te manque une case ouais, je peux pas le justifier autrement. Sérieusement ? Tu t’es vu Laszlo Griggs ? Arrête de croire que tu n’es qu’un pauvre retardé bon à rien, maladroit comme ses pieds, t’es un putain de beau gosse qui peut avoir n’importe quelle nana en un seul regard. La preuve ? Mon Abigail. Je suis certaine qu’il n’y a pas eu qu’elle depuis notre séparation, je suis persuadée que tu t’es rapproché d’autres femelles. Et moi je deviens folle là. J’éclate ma propre décoration. Je gueule. « T’as raison ! Je n’attends plus rien de personne ! » Furieuse, je détruis tout sur mon passage. Plus rien n’a de valeur. Ce vase chiné dans un petit marché de Boston meurt sur le sol. « Oh si, il vaut mieux que ce soit mon ‘mobilier’ que toi darling ! » Prête à martyriser un autre élément de ma piaule, tu accoures et freines ma colère. Je secoue mes pauvres poignets entre tes pinces, mes yeux bleus s’assombrissant en rencontrant ta putain d’paire d’prunelles. Vas-y, joue à la victime ouais. Accuse-toi pour tes cent millions d’erreurs. T’as raison. Ça va encore plus m’filer l’envie de boxer ta petite gueule d’amour. Faux. Ça fait grimper l’envie en moi, l’envie de bouffer tes lèvres pour te faire fermer ton clapet. Le coeur à dix mille à l’heure, je coince tes maxillaires entre mes paumes et traîne ton visage jusqu’au mien pour savourer ta bouche un peu trop aventureuse. J’sais pas ce que je fabrique, mais je le fabrique. Je me régale même. Je me délecte de ce qui a pu être à moi. J’écrase nos lippes d’une force démesurée, nos nez viennent se rencontrer. Je te pousse à t’en faire perdre l’équilibre. Mon souffle s’éteint dans ce baiser et je relâche tout. J’remplis mes poumons et je .. te tarte. Une belle gifle qui fait pivoter ta frimousse sur le côté tant c’était puissant. « Allez, sors de là, c’est stupide. Tu t’ennuyais et tu n’as rien trouvé de mieux que de revenir ici, parce que tu savais que j’étais encore paumée. Tu peux pas survivre à Phoebe Rowan. T’es trop faible, fuis Laszlo, fuis .. »